Archipel du Roi Gla XVI

Invité

Glacia ouvrit la bouche et la referma. Elle ne savait pas comment Kailla allait résister à la seconde partie des Larmes de Saphir.

Persephone éclata de nouveau de son rire de démente. La femme-Givrali créa encore quelques pics glacés pour se protéger des tirs et, à une lenteur affolante, elle créa une dernière flèche, se moquant éperdument de la faille et des autres sabres et la tira. La flèche siffla l'air et explosa en de minuscules paillettes.
Aussitôt, une gigantesque aura bleu ciel s'élança sur toute la surface du champ de bataille, créant une prison de glace solide comme du cristal. Sur les multiples facettes de l'eau congelée, on voyait le reflet de Persephone, mais plus aucune trace d'elle.

- Est-ce que tu pourrais me trouver ? Hihihi !

Kailla décomposa son sabre. Elle fit geste circulaire et des dizaines de tentacules de sable sortirent du sol, tentant tous en même temps de détruire la demi-sphère de glace qui la piégeait, chaque tentacule attaquant l'un des visages de Perséphone.
-Raaaah, je déteste les illusions d'optique !

Invité

Glacia prit sa tête entre ses mains. Persephone était vraiment puissante, elle devait bien l'admettre. Il fallait qu'elle arrête ce massacre. Une nouvelle fois, la femme-Givrali frappa l'unique chose qui l'empêchait de rejoindre son corps.

Une volée de flèches surgit de nulle part et ricocha contre chacune des facettes de la sphère glacée. Quelques unes se désagrégèrent en se heurtant aux tentacules de sable, mais la plupart foncèrent une nouvelle fois sur la femme-Carmache.
Les reflets de Persephone disparurent, et la véritable femme-Givrali réapparut de nouveau.

- Je suis la Légendaire N°7 ♫ Tu ne penses quand même pas avoir une chance de me vaincre ? Même... En oubliant ta douleur et en serrant les dents, n'est-ce pas ?

Persephone plissa les yeux d'un air malicieux et imita un ciseau avec ses doigts.

- Tu te rappelles de ça ? Et aussi de la façon dont vous aviez tué ce prof ? Enterré vivant... Il t'avait fait mal après tout...

Kailla ferma les yeux. Un nouveau mur de sable bloqua les flèches.
-... Tu lis dans la mémoire de Glacia. Pas dans la mienne.
Le mur se volatilisa.
-Tu ne sauras jamais ce que j'ai précisément ressenti ce jour-là. Tu n'as vécu aucun des moments dont tu te souviens.
Le sol se remit à trembler, comme peu avant que Kailla ne détruise le mur pour entrer, mais cette fois le tremblement de terre était d'une formidable violence.
-TA MEMOIRE NE T'APPARTIENT PAS !
Le sol et le plafond se fissurèrent tellement qu'on se demandait si ils allaient céder. Toutes les Lames de roc logées dans le plafond par la précédente attaque de Kailla sortirent de leur trou et vinrent lui tourner autour. De nouvelles pierres brisèrent le carrelage de glace, déjà bien endommagé, et suivirent les autres lames. Finalement, tous les morceaux de roches arrêtèrent de tourner pour commencer à s'agglutiner sur le bras de sable de Kailla, le recouvrant complètement, et allant même jusqu'à dépasser son extrémité pour se prolonger encore plus loin. La femme Carmache leva son autre main, montrant la marque des ciseaux, qu'elle portait sur les deux côtés de la main.
-Mais tu as néanmoins raison... Ce jour maudit de mon histoire, j'ai appris quelque chose. La faiblesse n'est pas permise. Les faibles se font écraser, les forts subsistent.

Début du Flashback

-Humpf ! Humpf !
-Bon bah là il risque plus de faire bien joujou avec ses ciseaux.
-J'espère que ça va pas nous retomber dessus...
-Si t'as peur Léa, t'avais qu'à pas venir !
-De toute façon c'est trop tard, maintenant, ce qui est fait est fait. Pas de retour en arrière. Ni pour nous... Ni pour lui.
Kailla avait prononcé cette phrase avec un sang froid effrayant. Pourtant, ce qu'elle et ses trois amies venaient de faire était tout aussi effrayant. Sanglant. Placé sur une planche en bois aussi grande que lui, non loin des quatre jeunes filles, se trouvait l'Homme-Alakazam de la veille. Celui-là même qui avait humilié la fille Carmache en lui trouant la main avec une paire de ciseaux. Le professeur était allongé sur le dos, sur sa planche en bois, les yeux bandés et un bâillon sur la bouche. Comble de l'ironie, ses deux mains sanglantes, placées le long de son corps, étaient épinglées à la planche par... des ciseaux. Ses jambes étaient tout simplement attachées à la plaque en bois par une corde.
Cette scène se déroulait dans un terrain vague, non loin de l'Académie. Kailla, Glacia et Léa étaient en train de creuser un trou dans le sol. Lydia faisait le guet, cachée derrière un poteau.
-Pourquoi t'utilise pas l'attaque Tunnel, ça irait plus vite non ?
-Pour la simple et bonne raison que l'attaque Tunnel sert à creuser des TUNNELS !
-On reprendra cette discussion plus tard, faites moins de bruit et continuez de creuser...
-Léa, la voix de la sagesse.
-Humpf ! Humpf !
Quelques minutes plus tard, les trois adolescentes avaient terminé leur trou. Il était un peu plus large que la planche en bois et d'une profondeur convenable.
-Argh... Lydia, vient nous aider, il est pas léger le mentaliste !
La Elecsprint poussa un soupir et quitta son poteau pour aider ses trois amies. A quatre, elles réussirent à déplacer la planche et à la pousser au fond du trou. Le professeur continuait de gémir.
-Humpf ! HUUUUUUMPF !
-La ferme, toi.
Kailla passa sa main pansée sur son front. La main en question était recouverte d'un bandage, mais le sang de sa blessure avait laissé des traces rouges au centre du linge blanc.
-Plus qu'à reboucher le trou...
-Tu t'en occupes ?
-Avec plaisir...
Kailla arracha la pelle des mains de Léa et commença à reboucher le trou, un horrible sourire au visage. Six pieds sous terre, l'homme Alakazam était incapable de faire quoi que ce soit. Il allait être enterré vivant. La terre recouvrit progressivement son corps et son visage...
-Voila, c'est fait. C'est terminé.
Le trou était rebouché. Plus aucun bruit. Les quatre élèves hochèrent la tête.
-Bon, ben... Partons vite.
Léa joignit les mains, ferma les yeux et se téléporta chez elle. Lydia pris son élan et quitta les lieux à toute allure, ayant déclenché sa Vit.Extrème. Glacia jeta la pelle par dessus son épaule et partit. Kailla s'apprêtait à faire de même dans la direction opposée, lorsque soudain...
FLAAAAAAASH
Une puissante lumière aveugla la jeune fille Carmache. Elle trébucha et tomba en arrière.
-MAINS SUR LA TÊTE !
Il y eût un autre flash de lumière, suivi d'un bruit sourd. Puis plus rien. Le vide complet.

Fin du flashback

Toutes les pierres s'étaient collées au bras de sable.
-... ET JE NE SUIS PAS FAIBLE !
L'agglutinement de roches explosa, projetant des pierres dans toutes les directions. La fumée disparu rapidement, révélant que les pierres avaient fusionné pour former une énorme paire de ciseaux de pierre, presque plus grande que l'épée de Perséphone. L'objet était monstrueusement tranchant et parfaitement taillé dans la roche, on aurait dit un vrai. Il avait remplacé le bras de sable et Kailla le portait au bout de l'épaule.
-Je ne manipule pas aussi bien la pierre que le sable, certes. Mais j'ai récemment appris un petit tour, que j'avais gardé pour cette occasion particulière. Ces ciseaux... Ce sont les Ciseaux de la Douleur !
La prison de glace éclata en morceaux.
-Le deal est simple. Je te propose de terminer ce combat sans magie, au corps à corps.
La femme Carmache se mit en garde.
-LAME CONTRE LAME !

Invité

Glacia leva le poing et hurla sa joie. Kailla utilisait enfin son attaque la plus puissante ! Depuis la mort du professeur, la jeune femme avait souvent vu son amie s'entraîner à une technique, mais la femme-Carmache n'avait jamais osé - ou voulu ?- parler de cette technique. Enfin, elle comprenait.

- Kailla... Tues-la, il le faut... Même si je dois partir avec elle...

Persephone hocha la tête et siffla son admiration. L'attaque la stupéfiait réellement, même si elle n'en laissait rien paraître. Le regard brûlant de Kailla était aussi effrayant. Persephone sourit, découvrant toutes ses dents, lui donnant un sourire de prédateur.

- Pathétique. Je ne vais pas accepter la proposition d'un cafard. Tout de même ♫ En revanche...

Une chose étrange se passa. Persephone sauta dans les airs et y resta, comme suspendue par un fil invisible. Son tatouage avait pris une teinte bleutée, un bleu marine presque spectral.

- Je vais... Tricher ♫

La salle se plongea dans une brume noire épaisse. On ne voyait que les yeux bleus de Persephone qui brillaient, comme deux lanternes.

- Pouvoir Légendaire ! Rêves d'un Dragon !

Une silhouette tribale de dragon illumina soudain le champ de bataille, derrière la femme-Givrali, qui souriait, les mains dans les poches, les pieds croisés, toujours dans les airs.

- On passe au niveau supérieur. Tu vas pleurer ♫

Tout autour des deux femmes disparut pour laisser place à un vide blanc. Les yeux de Persephone brillaient, seul contraste avec la blancheur immaculée.
La Gijnka Légendaire fit un clin d’œil à la femme-Carmache et imita un pistolet avec ses mains, qu'elle croisa, poignet l'un sur l'autre. D'un seul coup, elle tira.
Les projectiles étaient d'énormes dragons en glace. Quelques mètres avant l'impact, ils se transformèrent en forme d'étoiles filantes et fonçaient à une vitesse folle sur Kailla.

Kailla intercepta les étoiles avec ses ciseaux, luttant avec force pour contrer les projectiles. Ceux-ci finirent par céder et éclatèrent. La femme Carmache afficha un sourire.
-Je me doutais de ce genre de réaction. Aussi, j'ai préparé une autre surprise pour toi.
Elle leva l'objet de pierre, sa pointe dirigée vers le bras de Perséphone où se trouvait le tatouage. Les ciseaux s'entourèrent d'une aura verte émeraude.
-Tu peux lire dans les souvenirs de Glacia. Mais t'attends-tu à...
Un bruit de ressort se fit entendre. Un minuscule objet, oscillant entre le vert et le transparent, surgit de la pointe de la paire de ciseaux et partit se planter dans le tatouage de Perséphone, sans que celle-ci n'ait le temps de réagir.
-... ça ?
L'objet était une seringue, pas plus grande qu'un doigt. Elle était remplie d'un liquide verdâtre qui était en train de se déverser dans les veines de la femme Givrali.
-J'ai volé ça dans le labo de Nelly avant de partir, j'espère qu'elle m'en voudra pas. C'est de l'Antimaj.
L'aura autour des ciseaux cessa. Cependant, l'aura sombre qui entourait Perséphone commença à faiblir, à changer de couleur, sans pour autant disparaître totalement.
-C'est un produit chimique très puissant. Si tu te souviens des cours de Sciences de l'Académie, son effet devrait te revenir. Il annule tout pouvoir ou attaque chez la personne qui reçoit l'injection. En gros, dans quelques secondes, tu devrais voir flou et te casser la figure, puisque marcher dans les airs est synonyme d'usage de magie. Ton illusion va également disparaître.

Flashback

-... Ergh...
Kailla ouvrit les yeux, encore sonnée. Son corps ruisselait de sueur. Ce qu'elle remarqua en premier, c'est qu'elle se trouvait dans une pièce sombre. Le sol était en pierre, les murs constitués de métal. Un lit était placé dans un coin. La jeune fille tourna ensuite son regard vers la seule source de lumière qui éclairait les lieux. Ce qu'elle vit la terrifia. De lourds barreaux d'acier la séparaient du couloir où était suspendue l'ampoule qui produisait cette lumière.
-La... la... la prison ?!
D'instinct, elle se leva et fonça sur les barreaux pour les tordre d'un coup de Casse-Brique. Elle ne pût réussir qu'une chose : à se faire mal à l'autre main. Kailla tomba en arrière, surprise. Sa main aurait dû être normalement entourée d'une aura, comme à chaque fois qu'elle utilisait l'attaque. Elle tenta une seconde attaque, sur le sol cette fois. Même chose. La fille Carmache releva sa manche et constata avec horreur la trace de piqûre verte qu'elle portait sur le bras.
-Ce... ce n'est pas possible ?!
L'antimaj. Le produit privait sa cible de tout pouvoir, attaque, ou moyen de défense faisant appel à la magie. Kailla et ses amies l'avaient étudié en cours de Sciences le jour-même. Le liquide était même fréquemment utilisé dans les prisons et autres lieux d'isolements pour empêcher les Gijinkas prisonniers de s'échapper. Et sous trop forte dose...
-Il peut tuer...
Kailla rampa afin de s'asseoir contre le mur, soudain prise d'un affreux mal de tête. Combien de temps s'était écoulé depuis l'enterrement du professeur ? Et surtout... Où se trouvait cette prison ? Dans n'importe quelle détention «normale», les détenus, ou même les gardiens, faisaient un minimum de bruit. Ici, le couloir était désert et le silence affreusement pesant. Il n'y avait même pas le tic-tac d'une horloge, ni même le bourdonnement d'une mouche.
-Pitié, que quelqu'un dise quelque chose si il m'entends !
Aucune réponse. La jeune fille commença à pleurer. Elle était seule, dans un endroit inconnu, sans aucun signe de vie d'une autre personne qu'elle-même. Et elle n'avait pas la possibilité de s'échapper. L'effet de l'Antimaj finirait par disparaître, mais dans combien de temps ? Elle ignorait la dose qu'elle avait reçu. Si ça se trouve, elle allait mourir dans les heures suivantes... De toute manière, si l'Antimaj ne la tuait pas, alors la faim s'en chargerait sûrement.

Fin du flashback

-L'effet dure plus ou moins longtemps selon la dose reçue. Avec ce qu'il y avait dans ma seringue, tu seras privée de magie pendant environ 24 H. Sache que jusqu'à ce jour, il n'a été découvert aucun pouvoir qui échappe à l'Antimaj. Tu me diras que les légendaires font exception ? Peut-être. Aucun test n'a été fait sur un cobaye légendaire vivant, pour des raisons faciles à deviner.
Kailla gloussa, puis éclata de rire.
-Hélas, pas de bol pour toi ! Le corps de Glacia, même doté d'un pouvoir légendaire comme ton tatouage, est légendaire à 0% ! Tu vis dans le corps d'une Gijinka ordinaire, fais-toi une raison !
La femme Carmache cessa de rire, fixant son adversaire avec une lueur de défi dans les yeux.
-Privée de toute magie, tu n'as qu'un seul choix : Accepter ma proposition et te battre à la force de ta lame !
Kailla fondit sur Perséphone comme un aigle sur sa proie, la frappant avec ses ciseaux.

Invité

Persephone grogna et fit une grimace, terrifiée. Elle arracha la seringue de ses mains tremblantes, les larmes aux yeux et l'Antimaj mit finalement fin au second niveau de son Pouvoir Légendaire.

*Pourquoi je réagis comme ça ?*

Tout avait disparu. La jeune femme était tombée à genoux, se contentant d'observer ses mains tremblantes. Elle serra lentement le poing où un point vert luisait faiblement à présent. Lentement, elle releva la tête, prise de spasmes comme jamais. Incapable de faire autre chose que de foudroyer du regard son adversaire.

- Tu... COMMENT...

Persephone déglutit avec difficulté, laissant ses larmes couler.

- ... MES POUVOIRS ! hurla t-elle. Sa voix semblait presque vibrer tellement la jeune femme était en proie à la rage.

Lentement, luttant pour contenir ses frissons et ravalant ses larmes, elle saisit son épée dans sa main droite et se leva, tenant à peine sur ses jambes. Elle papillonna des yeux, remarquant alors un détail.

*Merde, je vois plus grand chose...*

Glacia leva les bras au ciel. Kailla était en train de gagner. Et Persephone avait un léger souci de vision... Sûrement à cause de Palkia.

Plissant les yeux pour tenter de voir où était Kailla, Persephone fixa le point violet. La Légendaire déglutit une nouvelle fois, prit son élan et tenta de frapper.

Kailla passa brutalement à gauche et frappa sa cible à l'épaule, tout en évitant son coup d'épée.
-Un peu de nerf ! Me dis pas que t'es déjà fatiguée ?
Elle passa derrière Perséphone et lui donna un nouveau coup de lame, dans la jambe gauche.
-Je te le répète une dernière fois... SORS DE CE COOOOOOOOOOOOOORPS !
Et elle tenta d'asséner à son adversaire un violent coup vertical.

Invité

Persephone ricana et prit le coup sans broncher, crachant un peu de sang. Elle fit volte-face et, contre toute attente, planta son épée dans sa propre poitrine. Persephone s'effondra avec un sourire de prédateur sur le visage.

Glacia frappa la barrière. Kailla allait être tuée. Cette technique était très dangereuse pour l'adversaire.
S'acharnant avec ses poings irréels, elle répétait inlassablement la même phrase avec mépris :

- Kailla, tue-moi...

Kailla fût surprise. Perséphone venait de se... suicider ?
-... Bon bah on va pas faire la difficile... Désolé, Glacia.
La femme Carmache planta la lame de ses ciseaux dans le coeur de son ennemi.

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