L'Archipel du Dingue

Alors qu'elle pensait avoir réussit à retourner la situation et à détendre complétement l'atmosphère pour créer un véritable climat de confiance, Viridium se rendit compte que, d'un coup, les suspicions de la femme-Gardevoir s'étaient ravivées, comme s'il y avait eu un déclic en elle. La Déchue passa sa main dans sa belle chevelure verte, se grattant le crâne en ayant l'air un peu gênée alors qu'elle entendait les paroles de la Stalkeuse :

-Vous m'avez bien eu, ma chère Viridium... Un peu plus et je tombais totalement dans le panneau...

La jeune Mousquetaire se mit à rougir un peu en entendant Anastasia dire ceci. Même si la voix de la jeune femme était toujours aussi douce et que ses paroles ne cachaient pas une quelconque animosité, son attitude n'ayant pas particulièrement changée, Viridium ne pouvait s'empêcher de sentir quelque chose de réprobateur. Elle détourna le regard, n'osant pas trop regarder la femme qui lui faisait face.

-Moi qui ait ouvert mon cœur... Me voilà flouée, très chère... Mais je ne vous en veux même pas, après tout, je suis la première à pêcher et à manipuler mes adversaires...

La Mousquetaire secoua légèrement la tête, comme pour nier les propos. Elle n'avait jamais voulu manipuler qui que ce soit, au contraire, elle pensait vraiment chaque mot qu'elle avait prononcée... Si Anastasia avait été d'accord avec elle, c'était très certainement parce qu'elle était assez raisonnable pour comprendre à quel point sa vision de la Justice était belle, voilà tout... La Déchue regarda à nouveau la Stalkeuse droit dans les yeux, reprenant un peu de contenance alors que son coeur se mettait à battre plus fort tandis que la belle Gardevoir se rapprochait d'elle de façon envoûtante, presque mystique à ses yeux. Elle était d'une beauté incroyable... Pourquoi aurait-elle voulue manipuler une femme aussi parfaite... ?

-Quelle plaisir de rencontrer une personne qui, exactement comme moi, possède l'un des Sceaux Divins, la "Persuasion Sensuelle"...

En entendant ces paroles, la Mousquetaire, qui semblait un peu perdue et étourdie par l'attitude mais aussi par les charmes de son interlocutrice, changea tout à fait d'expression pour laisser place à un air ravi, comme si elle avait enfin compris, son attitude semblant tout à coup bien plus légère alors qu'elle frappait sa paume avec son poing, l'air agréablement surprise :

-Aaaah, je vois ! C'était donc ça ! Alors ça veut dire que ça fonctionne vraiment ce truc ? J'y croyais pas trop pourtant, hahaha !

La Légendaire Bannie eut un rire adorable et insouciant, qui témoignait d'à quelle point elle ne pouvait décidément pas représenter une menace pour Anastasia mais qui montrait aussi à quel point elle ne partageait pas les suspicions de la femme-Gardevoir, semblant prendre la situation très à la légère. Elle avait cependant regretté de ne pas en avoir parlé plus tôt à la Stalkeuse, s’en voulant de ne pas avoir été franc de suite avec celle-ci. Maintenant qu’elle se rendait compte que ce Sceau fonctionnait effectivement et qu’en plus la belle Gardevoir possédait le même pouvoir qu’elle, elle comprenait maintenant pourquoi elle se sentait aussi séduite par les charmes de Zéro, envoûtée par ses mouvements, apaisée par ses paroles… Est-ce que les gestes et les paroles de la Déchue lui procurent les mêmes effets ? Toujours souriante, la jeune femme se mit à acquiescer, comme pour approuver ses propres pensées :

-Je vois, je vois, tout s’explique maintenant ! Je comprends pourquoi je ne peux pas m’empêcher de t’écouter et de t’approuver, tout comme tu ne peux pas le faire pour moi… Cela prouve encore à quel point nous sommes proches, n’est-ce pas ? Nous sommes deux belles pacifistes qui ont reçu le même Sceau. J’étais dubitative au début, mais je m’étais dis que si cela me permettait de ne blesser personne et de les convaincre sans les manipuler alors je ne pouvais qu’être ravie. Evidemment, le seul moyen pour que ça ne fonctionne pas vraiment, c’était de tomber sur quelqu’un qui a le même Sceau que moi… Quelle plaie, hahaha !

La jeune femme avait repassé la main dans ses cheveux, semblant légèrement gênée, mais lorsqu'elle rouvrit les yeux après avoir rit, Anastasia pouvait lire dans son regard une certaine curiosité, un intérêt et une détermination certains qui brillaient dans l'éclat de ses yeux noisette.

-Et en même temps... C'est magnifique, n'est-ce pas ♪ ?

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Alors qu'elle prononçait ces paroles, Viridium fit cette fois-ci un mouvement en avant, se rapprochant d'Anastasia, les visages des deux femmes n'ayant jamais été aussi proches, tandis qu'elle posait délicatement sa main sur la joue de la Stalkeuse, les deux femmes pouvant à nouveau sentir la douceur de leur peau et la différence de température entre elles qui rendait chaque contact si agréable. La Légendaire avait un magnifique sourire, comme si la situation ne pouvait pas la rendre plus heureuse, semblant aussi curieuse et intéressé par cette rencontre que l'était Anastasia.

-Oui, c’est quelque chose de vraiment merveilleux d’être face à quelqu’un qui possède le même Sceau que moi… Nous n’avons pas les mêmes idée mais nous sommes capables de trouver un terrain d’entente, de nous écouter, de nous charmer l’une l’autre de la même manière… C’est une égalité, une équité, un équilibre absolument parfait… Aaah, comme cela me rend heureuse, Anastasia !

En prononçant ses paroles, la jeune femme avait lentement bougé sa main, caressant la joue et la nuque de la feme-Gardevoir pour finalement saisir sa main, d'égal à égal, dans un geste de pure joie. La Légendaire n'avait peut-être jamais semblé aussi rayonnante et heureuse qu'en cette instant, alors qu'elle se rapprochait à nouveau de la femme-Gardevoir, celle-ci pouvant sentir la chaleur et la douceur de son souffle sur une partie de sa nuque et sur son oreille tandis qu'elle lui disait doucement, sans pour autant cacher son excitation :

-C'est magnifique, tu te rends compte ? Nous réalisons pleinement mon idéal de Justice en ce moment ! Voilà la Justice dont je suis la Lame, voilà la Justice pour laquelle je vis et pour laquelle je serais prête à mourir ! Ah, c'est merveilleux, absolument magnifique ! Deux femmes avec le même pouvoir qui refusent toute deux de se faire du mal, qui apprennent à s'apprécier et à se connaître sans que l'une puisse vraiment se jouer de l'autre... C'est une égalité, une harmonie parfaite ! C'est si rare, même pour moi, d'assister à ce genre de situation ! Qu'y a-t-il de plus beau pour une Mousquetaire que d'être face à l'idéal qu'elle a chérie pendant tant d'années...

La Déchue s'éloigna légèrement après avoir dit cela. Elle était déjà sous le charme d'Anastasia à cause de son pouvoir mais la situation la rendait tout simplement euphorique. Terrakiou et Cobalt' pouvaient exercer assez souvent leur vision de la Justice, toujours avec le même plaisir, bien sûr, mais l'équité, l'égalité, c'était une vision de la Justice bien plus abstraite et difficile à réaliser. Quelque part, c'était elle, la grande rêveuse, l'idéaliste des Mousquetaires et elle ne s'en cachait pas. Alors un tel face à face, avec une personne si admirable, si parfaite qu'Anastasia, mais en plus dans une situation qui reflétait parfaitement sa vision de la Justice... Elle ne pouvait qu'être euphorique et, dans cette joie indescriptible, se sentir encore plus troublée par la beauté de la femme-Gardevoir. Soudainement, Viridium eut une idée lumineuse. C'était quelque chose qu'elle avait toujours voulu faire mais sans que ce ne soit jamais possible, car elle ne s'était jamais retrouvée dans une situation de telle égalité. Elle frappa son poing contre sa poitrine, l'air décidée, avant de déclarer :

-Oh, je sais ! Puisque nous avons le même pouvoir, cela signifie que nous pouvons avoir un duel parfaitement équitable !

Elle repensa à ce qu'elle venait de dire et secoua les mains, l'air un peu gênée :

-Ah, bien sûr, je ne parle pas d'un duel à l'épée ou quoi que ce soit de ce genre, haha ! Je parle plutôt d'un duel verbal, d'un véritable débat où seul nos arguments compteront ! Tu connais ma vision de la Justice, mais je suis loin de connaître la tienne. Et si nous essayons de nous mettre d'accord sur une vision commune de la Justice ? Si tu acceptes ma vision, tu me suivras pour la défendre à mes côtés... Si tu me prouve que ta vision de la Justice est meilleure que la mienne, alors ma Lame sera à ton service pour défendre tes idéaux… Et dans le meilleure des cas, peut-être trouverons nous un terrain d’entente pour former un nouvel idéal de Justice que nous voudrions suivre toutes les deux… Mains dans la main.

Comme pour accompagner ses paroles, la jeune femme tendit à nouveau sa main vers Anastasia, comme celle-ci l'avait fait vers la Déchue lorsqu'elles s'étaient rencontrées, dans un signe d'acceptation d'autrui et d'ouverture, une volonté de se confronter à autrui mais surtout de s'y lier. Une volonté de partir sur des fondations solides et honnêtes. La jeune femme sourit à Anastasia, l'air sûre d'elle et de la réponse de la femme-Gardevoir :

-Alors ? Est-ce que ma proposition t'intéresse ? Tu as le droit de refuser bien sûr, mais je serais ravie que tu acceptes !

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-Viridium : Et en même temps... C'est magnifique, n'est-ce pas ♪ ?

La suspicion et l'intérêt réprobateur qui s'étaient levés jusqu'alors de manière plutôt naturelle chez la femme Gardevoir venait de s'effacer, laissant d'abord place à un visage surpris et intrigué, puis finalement, à un rougissement. Anastasia était juste complètement séduite par cette Légendaire Déchue. Pas par son physique ou son pouvoir, ce coup-ci, mais par sa façon de penser, sa pureté, son idéal si redoutable, son optimisme, sa fraîcheur de vivre, tout, tout, tout, tout, tout chez elle. La chef des Stalkers n'en pouvait plus de voir ça, elle voulait se faire réconforter par cette incroyable femme, être blottie dans ses bras, se laisser baigner dans sa vision utopique mais rassurante des choses. Elle ne voulait plus faire qu'un avec elle, lui être tout dédier. Elle ne croyait pas avoir de nouveau cette sensation un jour, et ce coup-ci, c'était différent de Mavis... C'était juste trop sain, trop envoûtant, trop parfait... Et la voilà, dans tout son enthousiasme et son charisme, qu'elle lui proposait un duel de mots, un débat sur la Justice, pour déterminer laquelle des deux appartiendrait à qui.

C'était juste trop beau. Ce n'était pas juste une femme charismatique et pure, c'était aussi une femme avec un idéal de non-violence hors du commun, c'en était presque naturel. Anastasia avait passé sa vie à devoir intriguer, manipuler, se défendre comme elle pouvait dans un monde où primait la brutalité et la force à l'état brut. Elle en avait énormément souffert et ça en avait fait ce qu'elle était aujourd'hui. Mais aujourd'hui, elle faisait face à cette femme, si compréhensive, si similaire à sa personne... Si belle... Elle voulait tout partager avec elle, et ne pouvait s'empêcher de dévorer la Légendaire Déchue des yeux, le désir brûlant dans ses yeux, mais un désir sincère, émotionnel, qui venait du cœur. Anastasia eut un sourire. Cette Déchue la défiait. Elle ne pouvait pas se laisser aller ainsi. Une si belle occasion de faire atteindre ses talents une apogée idyllique, elle ne pouvait passer à côté. Dans un mouvement naturel et incontrôlable, la femme Gardevoir profita de la proximité de Viridium et lui empoigna doucement la main... Mais son corps aussi suivit, avec une douceur et une légèreté enivrantes alors que son corps semblait flotter tel un drap de soir vers la mousquetaire... Les lèvres d'Anastasia se posant sur celles de Viridium.

C'était un contact doux, chaud et sincère.

C'était comme une véritable explosion de saveurs, de chaleur et de sensualité.

C'était une véritable drogue, inlassable et faisant tourner le cerveau.

Anastasia avait beau être envoûté par la Persuasion Sensuelle, elle ne pouvait imaginer que ce léger contact humide, lèvres contres lèvres, qui l'emplissait d'euphorie et d'assurance, était une simple conséquence de ce pouvoir. La femme Gardevoir aurait voulu rester ainsi collée à la bouche de la Déchue pendant des heures, mais ce n'était pas l'objectif. Elle voulait tenter la mousquetaire. Lui montrer ce qui serait sien si elle réussissait. Elle voulait la voir plus motivée que jamais pour que ce débat soit anthologique... Mais en même temps, la chef des Stalkers ne ressentait en cet instant aucune crainte : Quelque fut l'issue, elle serait là l'une pour l'autre, son objectif initial concernant Miranda passant totalement à la trappe. Anastasia se détacha avec douleur et contraire des lèvres de Viridium, ayant l'impression de diviser son corps en deux, et se leva doucement un sourire aux lèvres, aidant avec une douceur maternelle la Déchue à se lever. La femme Gardevoir prit une posture déterminée et concentrée, bien qu’enthousiaste, la femme semblant finalement motivée à donner sa réponse.

-... C'est d'accord, allons-y ~~

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L'ambiance changeait du tout au tout, la femme Gardevoir ayant adapté son attitude. Cet instant de proximité et de désir venait de laisser place à une autre facette différente d'Anastasia, que Viridium avait fait ressortir du placard. La Stalkeuse ne pensait plus qu'à une chose : Gagner ce duel, et faisait preuve d'un regard empli de défi et de passion. Tout son intellect et son charisme étaient devenus palpables tellement ils avaient été mis en exergue, et on avait l'impression que la femme jouait désormais sa vie dans cette joute verbale.

...

En fait, oui, elle la jouait. C'était l'instant le plus beau de sa vie. Son éveil. Son potentiel, honteusement gâché et destiné à un objectif sombre, de manière indirect, venait de jaillir. Elle ne reculerait pas. Elle ne défaillirait pas. Elle allait utiliser chaque petite parcelle de ses talents à son maximum, ne jamais sous-estimer l'adversaire, pour pouvoir atteindre la victoire. Elle allait offrir ce match parfaitement équitable à Viridium. Elle allait l'affronter à la loyale, dans les règles, au même niveau. Et elle allait gagner, pour que chacune atteigne la quintessence de ce moment. Rien au monde, que ce soit sur ce champ de bataille ou ailleurs, ne semblaient pouvoir arrêter ce qu'Anastasia initia alors, posant fièrement sa main sur sa poitrine. Sa voix était déterminée, passionnée, et complètement confiante, chacun de ses mots frappant avec force et conviction le cerveau de Viridium, chaque syllabe semblant être une lance qui se plantait en plein dans le torse de la Déchue. Mais ces lances ne faisaient pas mal... Non, au contraire... Elles étaient incroyablement agréables.

-Comme vous l'avez dit, je connais votre vision de la Justice, Viridium. La première étape est donc de vous présenter la mienne. Il va s'en dire que je suis d'accord avec vous sur pas mal de points, sinon quoi, je n'aurais pas été en accord sur autant de choses jusqu'à maintenant. Mais je dois nuancer certaines de vos visions du monde avec les miennes, pour vus ouvrir un tout nouvel horizon. La Justice, hein...

Anastasia donna un revers du bras où sa main était posée sur sa poitrine dans le vide, comme pour marquer la puissance et la détermination de ses futurs propos.

-Cela ne peut consister en juste être tous sur un pied d'égalité. C'est effectivement louable, mais insuffisant. Car il n'y a pas que l'inégalité, pas que les forts d'un côté et les faibles de l'autre. Il y a ceux qui font les bons choix et ceux qui font les mauvais. Peut-on vraiment comparer deux personnes, avec des capacités, un physique, un intellect, et des origines similaires, d'une manière totalement identique ? Non, ce n'est pas si simple que ça. Car chacun a son parcours. Chacun a ses erreurs. Certains vont dans un sens, d'autres vont au strict inverse. SI la première personne a tué des millions de gens par simple satisfaction du combat, et que la deuxième en a tué qu'une seule, par accident, qui plus est, même si on admet qu'elle était de base sur un exact pied d'égalité, peut-on les comparer équitablement ? Absolument pas.

La femme Gardevoir fronça les sourcils, le débit de ses paroles ne semblant pas prêt de s'arrêter.

-Il faut une Justice au-dessus de cette simple notion. Une Justice qui fasse la différence entre le Bien et le Mal. Une Justice où les personnes qui ont pêchés pour ça, et où ceux qui ne l'ont pas fait ont une vie heureuse. Mais qui peut donc appliquer cette Justice, si tout le monde a sa propre vision du Bien et du Mal ? Comment peut-on être sûr que les actes d'une personne ont été fait dans une volonté d'injustice, et non pas l'inverse, sans qu'on ait le doute que quelqu'un d'autre la trouve complètement bancale ? Ce n'est juste pas à notre niveau d'humanité. Ainsi, voici ce qu'est mon idéal de la Justice.

Anastasia fit un pas en arrière, levant légèrement son bras en l'air et sur le côté dans un élan presque théâtral tellement elle se laissait aller au jeu.

-Un monde où chacun n'est pas seulement amené à être considéré équitablement physiquement, mais aussi à être jugé en fonction de ses méfaits et de ses bienfaits. Un monde où la Justice serait une notion impartiale, objective, où chacun se retrouverait. Un monde manichéen où le Bien et le Mal se distingueraient complètement, et où tout le monde arriverait à se mettre d'accord sur la ligne à suivre. C'est totalement utopique ? Pas plus qu'une équité parfaite, je pense. Et pourtant, je ne cesse de me dire, qu'un jour, un monde où je pourrais me lever en me sentent l'égale de mon prochain, et où je sais que faire quelque chose de bien me rendra du bien, et que ceux qui me font du mal ne pourront le faire impunément... Un tel sentiment de sécurité... Un tel sentiment d'apaisement... Un tel sentiment d'équité... C'est à cela que j'aspirerais, si le Destin m'en offrait le choix !

Viridium avait frissonné en sentant les lèvres d'Anastasia sur les siennes, ne s'attendant visiblement pas à ça. Ce fut une surprise ravissante pour la Légendaire, qui était heureuse au point qu'une larme avait perlé au coin de ses yeux. Elle trouvait cette femme Gardevoir si belle, si intelligente, si parfaite depuis le début et elle avait la nette impression que tout ceci pouvait bien dépasser les pouvoirs des deux femmes, comme s'il y avait quelque chose de plus grand, de plus profond qui se jouait qu'une "Persuasion Sensuelle". Elle aurait pu demander à Anastasia si elle pensait la même chose, mais elle sentait déjà la réponse de la Stalkeuse à travers son baiser, à travers chacun de ses gestes. C'était si doux, si chaleureux... Une chaleur qui lui donnait envie que ça ne s'arrête jamais, qui lui donnait envie de prendre Anastasia dans ses bras et de ne jamais la lâcher... Après tout ce qu'elle avait vécue, après toutes les injustices qu'elle avait subie dans sa vie, toutes les horreurs qu'elle avait vue, la Légendaire ne pensait jamais vivre un moment de tendresse pareil dans ce monde qui n'avait plus voulu d'elle il y a bien longtemps. Elle se sentait renaître. Elle se sentait vivre plus que jamais et elle aurait même été heureuse si sa vie se résumait à ce baiser. Tout l'attirait chez cette femme. Elle avait un je-ne-sais-quoi de tragique dans son caractère, dans sa vision du monde qui, combinée avec son apparence frêle, ravivait l'instinct protecteur de la Mousquetaire, qui voulait rester à ses côtés pour la protéger de ce monde atroce et, en même temps, elle avait une force de caractère, un esprit habile, une intelligence à toute épreuve qui donnait envie à Viridium de lui faire confiance, de l'écouter, de la suivre jusqu'au bout du monde. La jolie jeune femme eut un sourire frustrée, presque triste, lorsqu'Anastasia éloigna ses lèvres des siennes mais retrouva tout de suite son sourire lorsque la femme-Gardevoir lui tendit la main pour l'aider à se lever. C'était un moment fantastique pour les deux femmes, Viridium le pressentait. Elle avait envie d'aider cette femme et d'être aidée par elle à son tour. C'était tout ce qui comptait en ce moment même. Même la promesse que Missingno lui avait faite n'avait plus d'importance. Si elle pouvait aider cette femme à réaliser son idéal de Justice dans ce monde plutôt que d'en créer un nouveau, alors...

Alors peut-être que cela la rendrait encore plus heureuse que si Missingno parvenait à ses fins. La belle Légendaire prit une profonde inspiration, comme pour se calmer et retrouver ses esprits après le torrent d'émotions que ce baiser avait suscité en elle. Elle renvoya à Anastasia un regard déterminé et plein d'entrain, les deux femmes se contemplant et se défiant amicalement l'une l'autre. Pour elle, c'était un instant de pure complicité, quelque chose de rare qu'elle ne vivrait peut-être plus et qu'elle voulait absolument savourer maintenant. Elle écouta attentivement les arguments de la femme-Gardevoir. Sa vision de la Justice était aussi utopiste que la sienne, effectivement... Mais ce n'était pas pour déplaire à Viridium, bien au contraire. Elle aimait les rêveurs, ces esprits libres et si larges qu'ils sont capable de concevoir l'inconcevable, de rêver d'un monde qui dépasse les limites dures et froides du cauchemar quotidien. C'était toujours rafraichissant. Elle hochait la tête de temps en temps, son esprit focalisé sur chaque mot que prononçait la belle Stalkeuse, tandis que ses yeux étaient rivés sur le moindre de ses faits et geste, non pas de façon perverse ou pleine de luxure mais avec un regard plein de tendresse, amusée de façon candide par la manière dont la femme se prenait au jeu du débat. Tout ça donnait encore plus envie à la Déchue d'acquiescer, d'accepter chacun de ses arguments, si troublant de vérité, mais aussi de l'enlacer et de lui promettre qu'elle l'aiderait à réaliser ce rêve magnifique qu'elle lui décrivait, cette vision si personnelle du monde que la femme-Gardevoir acceptait de lui offrir... Malgré son air rêveur, Viridium restait concentré sur ce que disait son adversaire. C'était un duel d'éloquence et d'arguments après tout, elle ne pouvait pas se permettre de se concentrer uniquement sur la grâce et l'intelligence de la Stalkeuse, même si elle ne pouvait s'en empêcher. Viridium resta pensive un instant, en murmurant :

-Je vois...

Elle eut un grand sourire et joignit ses deux mains pour exprimer sa joie :

-Ta vision de la Justice est de toute beauté, Anastasia ! Je n'en attendais pas moins de toi, haha ! En effet, cette Justice offrirait une telle sécurité, une telle tranquillité que des personnes comme nous pourrions vivre alors dans ce monde sans avoir à craindre sans cesse pour notre personne... Ce serait merveilleux, vraiment...

La Légendaire Bannie posa sa main sur son menton, se remémorant chaque mot prononcée par la belle Gardevoir. Elle reprit alors, et sa voix était d'une douceur, d'une insouciance incroyable :

-La seule chose sur laquelle nous divergeons vraiment, c'est que tu vois l'égalité comme un commencement et moi comme une fin. Tu as tout à fait raison, malheureusement il faut pouvoir sévir et c'est à cela que la Justice doit aussi servir, c'est pour ça que, pour un Mousquetaire, la Justice sera toujours au dessus de tout. Néanmoins, dire qu'une personne est en dessous d'un idéal aussi pur et hiérarchiser les personnes n'a rien à voir pour moi. Il y a des personnes qui font le bien et des personnes qui font le mal et cela pourrait être injuste de les mettre sur un pied d'égalité, certes... Mais si ces personnes qui font le mal existent, n'est-ce pas à cause de la hiérarchie ou de l'importance qu'ils se donnent ? Cette personne dont tu me parles qui a tué des millions de gens, si elle l'a fait, c'est parce qu'elle a décidé que son but, que sa personne ou, pire encore, que son plaisir, avait plus de valeur, plus d'importance que la vie de toutes ces personnes. A partir du moment où les personnes créent des hiérarchies, des ordres, des inégalités, elles créent des barrières infranchissable entre chaque individus qui nous empêche de voir en autrui ce qu'il est : notre égal, notre semblable, notre ami. Qui aurait envie de faire du mal à son semblable ou a quelqu'un qu'il aime ? J'ose espérer que ce n'est le cas de personne...

Viridium baissa les yeux en prononçant cette phrase, l'air attristée par ses propres paroles l'espace d'un instant. Si toutes ces personnes avaient eu l'intelligence de la percevoir comme une amie, comme une alliée, alors son passé aurait été bien différent. La hiérarchie la plus difficile à supprimer n'était pas la hiérarchie sociale ou politique mais bien celle que chaque individu créait dans son esprit en se comparant sans cesse à autrui. La Déchue sembla se ressaisir, faisant un grand geste déterminé, dénué d'animosité mais pétri de convictions :

-Si je pouvais être cette Lame dont tu rêves, cette épée qui sépare radicalement le bien et le mal, qui aide les Justes et qui punit les mauvais personne, alors je serais ravie, crois moi ! Mais si je pouvais être cette Lame qui coupe les hiérarchies, qui détruit l'ordre instauré, qui brise les masques que nous portons en permanence pour que chacun puisse se voir tel qu'il est, c'est à dire pareil à ses prochains, ni mieux, ni moins bien, alors je crois que la jalousie et le besoin de reconnaissance n'auraient plus de raison d'être et que sans ces deux ressentiments, les Gijinkas n'auraient plus jamais à se faire de mal car ils cesseraient de se voir comme des moyens. C'est de cette Justice dont je rêve tant... Il est important de distinguer le Bien et le Mal de façon objective, tu as tellement, tellement raison sur ce point... Et en même temps, je suis une rêveuse insatiable qui ne peut s'empêcher de se dire que si on doit distinguer les deux, c'est pour éradiquer les cause mêmes du Mal, pour que plus personne n'ait à souffrir de mauvais actes et que les mauvaises personnes, n'ayant plus de raison d'être mauvais, n'aient pas à craindre la Justice non plus. Je rêve de cette Justice que tout le monde suivrait et que tout le monde aimerait...

La jeune femme termina ses paroles sur un sourire plein de tendresse et d'optimisme. C'était peut-être ridicule, c'était peut-être niais, c'était peut-être utopique et irréaliste... Mais c'était la Justice telle qu'elle la désirait, telle qu'elle la rêvait et elle voulait qu'Anastasia connaisse sa vision des choses de façon absolue.

-Un arbitre aurait du mal à dire qui est la plus utopiste de nous deux, n'est-ce pas ? Mais je crois que c'est en rêvant grand, comme nous deux, que l'on finit par vivre de grandes choses à notre tour !

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La femme Gardevoir fixait longuement Viridium avec des yeux pleins de tendresse et d'affectuosité alors que cette dernière se lançait dans une nouvelle couche d'argumentation, non pas pour détruire ses arguments, mais au contraire pour les sublimer, les rendre plus puissants, trouver le juste bon milieu non pas tant sur la Justice en elle-même, mais sur le moyen le plus efficace de l'atteindre. Car c'était en ce moment le seul sujet qui n'était pas devenu un total accord commun entre les deux interlocutrices. Viridium avait raison. Anastasia avait raison. Elles étaient dans cette espèce d'univers parallèle, de rêve fou, d'utopie idéaliste, où deux personnes pouvaient comparer leurs idées, et en ressortir toutes les deux grandies, et en gardant chacun l'essence complète de leur propos. C'était définitif, cette rencontre entre les deux femmes était providentielle. Pas seulement à cause de ce Sceau Divin en commun, mais bien parce qu'elles étaient déjà de base, sur un terrain d'entente très proche. La "Persuasion Sensuelle" n'était que l'étincelle pour allumer la flamme, alors que ce sentiment d'apaisement en présence de la Déchue augmentait pour la Stalkeuse. C'était étrange. Elle était ravie de faire ce débat il y a encore quelques secondes. Elle avait une forte volonté de gagner. Elle avait l'intention de mettre à profit ses talents pour remporter ce duel. Mais tout comme son objectif par rapport à Miranda, c'était déjà passé à la trappe. Tout passait à la trappe, face à Viridium. Là, Anastasia ne voulait qu'une chose en cet instant. Trouver comment l'idéal de la mousquetaire accessible et réaliste, en même temps que le sien. Trouver l'ultime juste milieu.

Anastasia Sunchuka sembla prendre plusieurs secondes pour se plonger dans une profonde réflexion, alors que Viridium avait terminé de donner son point de vue. Elle avait passé des siècles à essayer de plaire à une unique personne, par simple naïveté et égoïsme,. Elle avait passé des années à fomenter un plan pour se venger de ces deux personnes qui l'avaient brisée, trahie, laissée par terre, humiliée, traitée comme une moins que rien, par simple colère et désespoir. Et finalement, elle avait passé ses dernières années à jouer du désespoir des gens, à donner son corps, son pouvoir, sa création, à une cause aussi perfide que la guerre éternelle... Pour sauver le monde. Pour rattraper ses erreurs. Pour empêcher ce dont elle s'était rendue compte que trop tard. Qu'était-elle au juste, dans la logique qu'elle avait présentée à Viridium, et que cette dernière lui avait présentée ? Une bonne personne ? Une mauvaise personne ? Qu'est-ce qui était le pire dans ce qu'elle avait fait ? Faire des choses "biens" pour une "mauvaise" raison ? Ou faire des choses "mauvaises" pour une "bonne" raison ? Cette femme, Viridium, devait avoir tuer des gens, ou en tout cas, fait du mal, à sa façon, contrainte ou non. Mais est-ce que ça en faisait un crime pour autant ? Peut-on reprocher au bourreau d'abattre sa hache lorsque cela est la résultante d'une Justice établie et universelle ? Mais après, comme disait la Déchue, si il n'y avait plus de Mal, il n'y aurait plus besoin d'une telle Justice... Mais c'était juste impossible avec les sentiments inhérents aux Gijinkas, non... ?

La femme Gardevoir haussa les sourcils et regarda la mousquetaire dans les yeux, comme si elle venait d'avoir une illumination. Anastasia fronça les sourcils et commença à s'approcher au plus près possible de Viridium tout en parlant. Sa voix était totalement sérieuse et en même enivrée, comme si la Stalkeuse était dans un état second, que tout était en train de changer sa tête. Que cette rencontre la faisait prendre un nouveau virage dans sa vie. Et c'était sûrement le cas. Cette utopie... Elle était possible. Il existait un moyen. très difficile certes. Mais il existait. Il suffisait de se mettre d'accord sur la manière de laquelle s'y prendre, et d'avoir bien pris le temps de déterminer ses règles... C'était possible.

Il existait un juste milieu.

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-Anastasia : Et si les deux notions que nous défendons chacune comme une fin, c'est-à-dire le Bien et le Mal pour moi, et l’Équité pour vous, pouvaient être regroupées dans une seule même fin ? Ce serait extraordinaire, n'est-ce pas ? Ce serait presque un miracle en soi d'atteindre un tel stade d'accord mutuel, n'est-ce pas ? Rien que le fait d'être du même avis que vous me fait chaud au cœur. Votre point de vue est édifiant, l'égalité totale viendrait forcément réduire le travail de la Justice... Mais il y a un point où je me dois de vous nuancer, pour rendre votre idéal encore plus solide, encore sensationnel, encore plus imaginable... On peut en venir à faire du mal à une personne qu'on devrait aimer en théorie, Viridium, car les Gijinkas ne sont jamais maîtres de leurs émotions. Un malentendu, un accident, une bonne volonté qui se transforme en une mauvaise chose, même si cela était dénué de tout "Mal" à la base, peut alors être perçue comme tel par les autres, et commençait à créer un cercle vicieux. De l'accident découle une tragédie, de la tragédie découle de la tristesse, de la tristesse découle de la haine. Et nous retombons alors dans le piège dans lequel nous sommes actuellement en ce monde...

La femme Gardevoir eut une étincelle dans les yeux, alors qu'elle prenait les mains de Viridium entre les siennes, toujours avec douceur et tendresse, et les coller contre sa poitrine sans agressivité mais avec suffisamment de force pour que la Légendaire Déchue sente les formes harmonieuses sous sa robe, mais surtout, pour sentir son corps battre. Anastasia se mît alors à sourire légèrement, alors que son battement augmentait d'excitation, autant à l'idée de ce qu'elle allait énoncer qu'à l'idée de sentir la forme des mains de la Déchue contre son corps, comme si un rêve éveillée devenait soudainement palpable pour elle, et que sa volonté de ne faire qu'un avec Viridium était devenue plus forte que jamais.

-Et pourtant, nous sommes bien sottes, ma chère Viridium, car la solution à ce problème, cette dernière pièce du puzzle à compléter pour atteindre toutes les deux notre utopie... Nous l'avions sous les yeux. La "Persuasion Sensuelle". Ce pouvoir qui nous a permis de nous trouver, de nous comprendre, de nous accepter, de nous lier... Et si nous arrivions à reproduire cet effet, cet instant incroyable que l'on vie, à une échelle mondiale ? Et si nous arrivions à créer un monde où chacun comprendrait les propos de l'autre, chercherait à les améliorer plutôt qu'à les détériorer, et où chaque personne que l'on rencontrait était une véritable bénédiction de la Nature ?

Anastasia glissa lentement mais sûrement sa main le long de la joue droite de Viridium, étant de plus en plus entreprenante. Elle ne voulait plus retenir ce qu'elle ressentait. Elle ne voulait pas le cacher. Elle ne voulait pas faire quoique ce soit qui pourrait l'éloigner de cette femme.

-Dans un tel monde, l'équité et la Justice existeraient de manière totalement naturelle ! Chacun comprendrait l'autre, et il n'y aurait pas de malentendu. Chacun aimerait suffisamment l'autre pour lui pardonner, et il n'y aurait plus d'accident tournant à la tragédie. Il n'y aurait plus de guerre, car tout le monde serait d'accord. Il n'y aurait plus de Mal, vu que tout le monde aspirerait au même "Bien" que les autres. Il n'y aurait plus de fossé hiérarchique, puisque tout le monde se respecterait et se considérerait de la même valeur... Tout comme nous en ce moment-même. Ce serait une Justice naturelle, totalement ancrée dans l'individu, où chacun aimerait son prochain et le considérerait comme son égal.

La femme Gardevoir enlaça la femme mousquetaire, la berçant du bout des mains alors que son front se collait au sien. C'était instinctif, naturel, et d'une assurance démesurée. Anastasia n'avait jamais ressenti ça. Elle sentait qu'elle admirait l'autre autant que l'autre l'admirait. Elle ne pouvait plus se mentir face à ce fait inébranlable.

Elle l'aimait.

-C'est donc pour ça que le Destin nous a réuni. Nous sommes les piliers de cette utopie. Nous en avons les moyens. Nous pouvons créer un nouveau mouvement, une nouvelle force dans ce monde, qui se battra non plus pour survivre, pour la guerre éternelle, ou autre objectif à double tranchant... Mais pour que tout le monde aime son prochain. Le chemin sera forcément tumultueux et demandera des sacrifices, mais cela en vaut trop la peine. Car ce n'est plus une utopie, on en a la preuve. C'est une réalité qu'on peut atteindre, pour laquelle on peut se battre. J'en serais le bouclier, et vous l'épée... Et nous... Et nous serions ensemble jusqu'au bout...

Anastasia se mît à rougir alors qu'elle plongeait ses yeux dans ceux de Viridium.

-Nous serions ensemble pour toujours... Afin de voir toutes les deux cette utopie... Ce serait formidable, n'est-ce pas... ?

La belle Légendaire se laissait bercer par les paroles et par les gestes de la femme-Gardevoir. Elle avait d'abord rougit lorsqu'elle avait pu sentir un peu plus les courbes de la Stalkeuse, mais maintenant, elle ne ressentait plus que de la tendresse et un profond réconfort dans les bras de cette femme, front contre front, les deux plongeant leur regard plein d'espoir dans les yeux de l'autre, une même détermination, un même amour, de mêmes convictions y brillant. C'était un instant magnifique que Viridium aurait voulu prolonger à l'infini. Elle était si bien, là, dans les bras de cette femme, à écouter ses propos sur la Justice, sur le Bien et le Mal, sur l'Égalité... Effectivement, il devait bien y avoir un moyen de réaliser cette utopie. Elle avait raison.

Elles avaient raison.

Viridium avait passé toute sa vie à défendre son idéal de Justice mais aussi à défendre les autres Gijinkas. Les Mousquetaires avaient tous, sans exception, un coeur noble ; ils souffraient de chaque injustice comme si elle les touchait directement. C'était un éternel tourment pour chacun d'eux mais c'était aussi leur force, leur motivation, cet apaisement face à la Justice, ce besoin de la suivre sans cesse, chacun à leur façon. Là, dans les bras de cette femme, à travers ses gestes et ses paroles, la Déchue comprenait que son chemin vers la Justice venait de croiser le chemin d'Anastasia. C'était ainsi. Ce n'était pas une simple attirance physique, ni une Persuasion Sensuelle de haut niveau comme elles auraient pu le penser. C'était un coup de foudre. Elle aimait cette femme et elle savait pertinemment que c'était réciproque. Qui aurait pu en douter ?

Elle n’aurait plus à cheminer seule à présent. Elles marcheraient ensemble vers leur idéal commun, vers cette Justice dont elles rêvent toutes les deux. Après un long moment à contempler la jeune femme et à frissonner sous ses gestes, Viridium se rendit compte qu’elle n’avait toujours pas répondue à Anastasia.

Elle était si heureuse qu’elle aurait presque eu peur que les mots ne soient pas suffisants pour retranscrire tout ce qu’elle ressentait en ce moment même. Elle savait cependant que pour cette femme elle aurait toujours les mots justes.

-J'ai essayé pendant si longtemps de réaliser mon idéal de Justice, Anastasia... J'ai échoué, j'ai été bannie mais je n'ai jamais perdue espoir. J'ai l'impression que notre rencontre est presque une récompense, une façon pour le destin de me prouver que je n'ai pas gardé espoir pour rien.

Elle rapprocha son visage de celui de la femme-Gardevoir et l'embrassa passionnément à son tour, resserrant son étreinte autour de ce corps frêle et magnifique qu'elle voulait garder près d'elle pour toujours. Leur amour serait pur comme leur idéal. Elle le pressentait. Toutes les saveurs, tous les sentiments que Viridium partageaient en ce moment avec Anatasia étaient pour elle comme une preuve de son engagement auprès d'elle, auprès de leur vision de la Justice et de cette utopie qu'ils voulaient réaliser. Au bout d'un moment, elle décolla ses lèvres de celles d'Anastasia, leurs visages toujours proche, aucune des deux femmes ne semblant prête à sortir de cette étreinte pleine de tendresse.

-Dorénavant, je serai la Lame de notre Justice, la Lame de nos idéaux... La Lame que j'ai toujours voulu être mais que je ne pourrais être sans toi. Nous marcherons chacune dans les pas de l'autre pour arriver vers cet objectif. Ensemble, nous allons atteindre l'utopie.

La Mousquetaire se mit à rougir légèrement après avoir prononcé ces paroles. Elle ne s’était jamais déclarée à qui que ce soit avant. Elle n’avait toujours eu d’yeux que pour la Justice. Maintenant, elle comprenait que la beauté de certaines idées venaient aussi des personnes qui les incarnaient. Elle se sentait en harmonie totale avec cette jeune femme. Elle savait que ses amis ne lui en voudraient pas de suivre son chemin avec cette femme. Elle se sentait plus légère et heureuse que jamais.

Toujours en ayant l'air aussi heureuse, le visage de la jeune femme prit cependant une expression plus pensive, semblant réfléchir à ce qui serait la première étape, le premier pas de ce long chemin. Elle caressa la joue de cette femme qui représentait tout pour elle en cet instant et lui déclara d'une voix déterminée et pleine d'espoir :

-Je ne pense pas que ce soit un hasard si notre rencontre a lieu ici, sur ce terrible champ de bataille. C'est au milieu de la guerre que germera notre idéal de paix... Nous devons aller sauver toutes ces âmes égarées qui errent ça et là sur le champ de bataille. Faire le premier pas vers eux pour qu'ils fassent un pas vers nous en retour... Oui, je suis persuadé que si nous nous sommes rencontrées, c'est aussi pour aider toutes ces personnes !

La Déchue eut un grand sourire assurée qui appuyait ses propos. Elle se sentait si bien, là, avec cette femme. Dans tout son altruisme et son amour pour les autres, elle voulait que chaque personne soit capable de connaître ce bonheur. Elle laissa sa main parcourir tendrement la joue, la nuque, le corps d'Anastasia jusqu'à arriver à la main, qu'elle prit dans la sienne avant de s'éloigner un peu de la jeune femme pour sortir de leur étreinte, la tenant toujours par la main pour l'entraîner avec elle vers la recherche de ces personnes qui avaient besoin d'elles. Elles allaient parcourir ce monde de guerre ensemble et le transformer. Elles allaient forger leur utopie de paix et de justice, ensemble. Elles allaient rester ensemble, main dans la main, pour toujours. Elle ne pensait pas que c'était possible, de trouver un tel bonheur sur un lieu de mort et de désolation comme ce champ de bataille. Elle eut une expression de joie et de bonheur pur alors qu'elle s'élançait vers l'avenir en emportant Anastasia par la main.

-Allons-y... Commençons notre chemin ensemble, Anny ♪ !

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Neun avait l'air extrêmement concentrée alors que Joey Kirks venait d'arriver et se présenter à Terrakium. Poings fermées, joues un peu gonflées, front rouge, yeux concentrés, elle semblait être en train de réfléchir intensément mais surtout de la façon la plus mignonne qu'il fut imaginable alors qu'elle fixait longuement l'homme Cacturne. Il était encore une fois, au-delà de cette fixation et de cette étrange et amusante concentration, difficile de déterminer ce qui passait alors dans la tête de la femme Fragilady. Puis finalement, la femme sembla avoir un éclair de génie, ses yeux et sa bouche devenant toutes rondes alors qu'elle tapait avec une force qu'elle présumait présente mais alors inexistante le poing de sa main droite contre la paume de sa main gauche, laissant échapper un bruit de compréhension très exagéré et ridicule, qui ne pouvait que rendre que la scène encore plus chou à regarder.

-Roooooo ! Bakaki Neun ! "Joey" ! Tiketi naki mateki naki, notoki motoki niki naki ! "Haaans", "Haaaaans" ~~ Niketi nataki mireki ?~

La femme Fragilady insista énormément sur les "Hans" avec un étrange accent, comme une personne qui parlerait un accent étranger et qui dirait les mots de la langue commune en gardant ce dernier. Sauf que la Neuvième Muse faisait ici avec un ton clairement amusé. Pour le reste, il était difficile de comprendre ce qu'elle disait, mais Neun enchaîna vite en affichant un très sourire espiègle.

-Naraki noki tanuki ? Mataki~

Le détective semblait ignorer complétement la jolie Fragilady, la laissant se concentrer de son côté alors qu'il continuait à serrer la main du Mousquetaire dans une sorte d'amicalité exagérée, pour ne pas dire hypocrite.

-"Haaans", "Haaaaans" ~~ Niketi nataki mireki ?~

L'homme-Cacturne écarquilla les yeux en entendant ce nom sortir de la bouche de Neun. Lentement, avec un sérieux et une gravité qui étaient d'une rareté incroyable chez cet homme, il tourna la tête vers la Stalkeuse, ses pupilles jaune tremblants tandis que son regard semblaient renvoyer un mélange de colère et de crainte, sans qu'il soit possible de vraiment deviner quel sentiment avait pris le dessus dans l'esprit du détective.

Le trentenaire tira longuement sur sa cigarette, avant de recracher une épaisse fumée verte, celui-ci semblant concentrer toute sa pensée sur les paroles prononcées par la jeune femme. Celle-ci avait l'air de trouver la situation très amusante et elle savait visiblement que Hans et lui se connaissaient. Vu le malin plaisir qu'elle prenait à prononcer ce nom, il était clair pour le détective qu'elle ne pouvait pas parler d'un autre Hans qu'il ne connaissait pas. L'homme-Cacturne fronça les sourcils. Évidemment, si Dès était revenu à cause du pouvoir de Cresselia, il était logique que Hans Giftig soit revenu à son tour et qu'il ait peut-être même rejoint Dès, même si cela ne semblait pas du tout convenir au caractère calme de ce chef de police peu habitué à se battre. Ainsi, il aurait pu rencontrer Neun lors d'un combat entre Stalkeur et Destructeur... Et bien sûr, avec son esprit lent et pataud, il n'aurait pas compris le pouvoir de Neun avant un bon moment.

Enfin, le Florizarre n'avait pas un esprit si lent que ça. Il avait bien réussit à mettre Joey dans l'embarras, après tout.

Joey soupira, visiblement embarrassé. Hans avait donc mentionné son nom pendant son combat face à cette jeune fille. Il espérait au moins qu’il n’en avait pas dit plus à son sujet. Connaissant le commissaire, il devait toujours répéter le même genre de bêtise, comme le fait qu’il voulait la mort de Joey. Il ne fallait pas qu’il en dise plus. Surtout maintenant qu’il se sentait si prêt du but. Le détective avait réfléchi à cela à toute vitesse, si bien qu’il eu terminé son raisonnement au moment où la Stalkeuse déclara :

-Naraki noki tanuki ? Mataki~

En entendant Neun prononcer ces dernières paroles, Terrakium tendit son bras vers Joey, comme pour le protéger ou le prévenir, mais à sa grande surprise, il ne put atteindre l'homme-Cacturne puisque sa main se changea en herbe au moment où la jeune femme avait fini de prononcer ce mot. Le détective tira à nouveau sur sa clope, l'air détendu, lançant un regard assuré et calme vers le Mousquetaire qui prouvait bien qu'il y avait réfléchi à l'avance.

-Comme je le pensai, c'est un pouvoir aussi passif que noble. Un vrai héros ne choisit pas qui il protège, n'est-ce pas ? Donc à partir du moment où quelqu'un entre en contact avec vous pour la première fois et sans aucune animosité... Alors votre instinct et votre pouvoir protecteur prennent le dessus, n'est-ce pas ? Passionnant. C'est pour ça que je suis tout de suite venu vous serrer la main.

Le Mousquetaire resta interdit un instant. Qui était cette personne capable de comprendre son pouvoir en un coup d’œil ? Tandis qu'il y songeait, sa main se reconstituait à nouveau, comme à son habitude.

Terrakium : Bien vu, c'est...

-Très malin ? Je sais, on me le dit souvent. Ne vous inquiétez pas, malgré mes compétences de haut vol mes honoraires de détective ne sont pas si élevés, hahaha !

L'homme-Cacturne se mit à rire tout seul de sa blague, que le Mousquetaire n'avait visiblement pas compris ou pas apprécié. Le Déchu fronça les sourcils. Il était bien content que quelqu'un vienne l'aider et que cette personne ait utilisé son pouvoir pour ne pas être touché par celui de leur adversaire mais il aurait préféré tomber sur quelqu'un de moins excentrique. Il avait l'impression qu'il n'arriverait pas à cerner cet homme ou à comprendre ses motivations ; il y avait quelque chose d'inquiétant dans tout ça.

-Écoute, c'est vrai que mes pouvoirs nous protège tous ici, mais en attendant nous n'avons trouver aucun moyen de la neutraliser. Elle a un force surhumaine qui est sûrement plus grande que la mienne, alors que je suis l'un des Déchu les plus puissant en terme de coup physique. Il faut qu'on se fasse confiance et qu'on agisse ensemble pour trouver son point faible.

Le détective acquiesça tranquillement. Assurément, il fallait peut-être allier la force du Déchu à son intellect prodigieux. Un des plus puissant Déchu avec le plus grand détective du siècle, ça ne pouvait que fonctionner dans son esprit. Cependant, même si Neun faisait face à deux adversaires, l'homme-Cacturne ne pouvait s'empêcher de se sentir plus visé par la Stalkeuse que Terrakium. Depuis qu'elle avait prononcé le nom de Hans, il semblait mal à l'aise, même s'il faisait tout pour s'en cacher. La situation semblait amuser beaucoup la femme-Fragilady. Il avait tendance à rire de tout de façon un peu cynique, mais là, le détective ne riait pas, loin de là.

-Elle détient potentiellement des informations sur moi mais je ne sais pas si elle connait autre chose que mon nom et le lien qui m'unit à ce dénommé "Hans".

Terrakium lança un rapide coup d’oeil vers son nouvel allié. Il pouvait sentir le malaise de celui-ci et vu la nature perfide de leur adversaire, qui n’avait pas hésiter à abuser du point faible de son pouvoir de protection, il était certain que, si elle pouvait en tirer profit pour son propre amusement, la Fragilady allait en profiter pour retourner le couteau dans la plaie. Joey le ressentait aussi, la façon dont cette femme était espiègle. Il eut un sourire cynique. Il n’avait pas tous les jours l’occasion de se battre face à quelqu’un d’aussi malicieux que lui. Il tira une dernière taffe sur sa cigarette et la laissa tomber au sol. Au moment où celle-ci allait toucher le sol, des dizaines d’épines surgirent de la terre pour danser autour de la femme-Fragilady, avant d’exploser chacune pour former une épaisse cage de ronces qui entourait la jeune femme.

-Terrakium, je te laisse l’occuper physiquement pendant que je réfléchis à son pouvoir.

-J’ai l’impression d’être un idiot, dis comme ça, pour être franc.

-Et moi d’être un faiblard rachitique à côté de ta carrure, alors allions nos forces au lieu de se plaindre de nos faiblesses.

La remarque du détective fit sourire le Mousquetaire. Il reconnaissait dans ces paroles une vision de l'entraide et de la protection mutuelle qui lui plaisait. Le Déchu abaissa son chapeau et frappa du pied contre le sol, une onde sismique se propageant de son pied jusqu'à l'endroit où se trouvait Neun tandis que la prison de ronces éclatait pour donner lieu à un véritable déluge d'épines qui fonçaient à vive allure sur la Stalkeuse. Avec une rapidité prodigieuse, Terrakium réapparut face à le jeune femme et concentra toutes ses forces dans son poing couvert de pierre qu'il tenta d'abattre dans le ventre de la jeune femme. Il ne savait pas s'il y arriverait ou pas. Mais il savait qu'il devait protéger les autres corps et âme le temps que Joey trouve un plan.

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Neun semblait flâner et être complètement distraite, regardant l'index sur la bouche et l'air un peu idiot la prison d'épines qui l'entourait, ne pouvant s'empêcher de lâcher l'air jovial :

-Kiii, naruki naki matanaki ! Noki noki !

... Ce qui n'apportait évidemment aucune précision sur ce qu'elle en pensait. Puis la femme écouta tranquillement les deux Gijinkas parler, ne leur accordant qu'un grand sourire paradoxalement aussi innocent que malicieux, comme un enfant sur le point de faire une farce à ses parents. Sans étonnement, lorsque l'attaque d'épines de Joey partit, ces dernières se heurtèrent alors au bouclier orange habituel de Neun, qui se mît à rire doucement et gentiment, comme une gamine devant son dessin animé comique préféré.

-Kikiki, naraki naki niki ! Motoki noki... Ki ?

Un peu paniquée, la femme Fragilady se cacha vivement le visage l'air effrayé lorsque le Légendaire Déchu chercha à la frapper, mais son poing se heurta également au bouclier, et se transforma en herbe, alors que Neun soupirait d'aise, encore un peu apeurée.

-Manaki teraki noki... Maki naraki no naki ! Viriki !~

La Neuf pointa son index vers le mousquetaire comme si elle montrait quelque chose à l'horizon, en se mettant sur la pointe des pieds et en titubant un peu, mais au-delà de cette position mignonne et comique, l'index servit surtout à regrouper toute l'herbe sur le terrain, soit une grande quantité maintenant, et de la condenser en une boule dense au bout du doigt, qui propulsa ensuite un immense rayon d'herbe solide, comme tout à l'heure contre Easton et Marcus, qui frappa à la fois Terrakium et Joey de plein fouet, les deux étant alignés. Pour toute réponse à cette violence, la femme Fragilady trépigna d'amusement en rigolant innocemment, les coudes pliés et les poings fermés près de sa poitrine comme pour simuler une personne contente de sa réussite.

-Yaki ! Naraki tikeki naka ! Yoyoki noki maki tonoki naki biki noki ki !

Joey resta pensif un moment, des épines se décollant de son chapeau et de ses habits en général pour former un cercle-bouclier face à lui, plus par réflexe que par nécessité puisque le pouvoir de Terrakium lui servait de bouclier, le Déchu ayant encaissé à lui seul toute la douleur et les dégâts que l’attaque aurait dû causer aux deux hommes. Le détective eut un léger sourire en coin. Ce pouvoir était définitivement bien pratique pour quelqu’un comme lui. Un éclair de malice brilla dans son regard alors qu’il écoutait les paroles de la jeune femme, son cerveau carburant à toute vitesse pour comprendre la situation et les pouvoirs de la Stalkeuse. Il devait bien y avoir un moyen de la battre… Soudainement, il eut comme un déclic et ricana.

C’était à son tour de s’amuser.

-Qu'est-ce qu'il y a de si drôle, Joey ? Nos attaques ne servent à rien face à elle !

Le détective haussa les épaules, visiblement peu intéressé par la question du Déchu. Il plongea son regard espiègle dans celui de Neun, et lui demanda :

-Nokonoki naraki Yuki no noki Tsukaki ?

Le Rebelle enleva son chapeau de sa tête et commença à jouer avec de façon insouciante, l'air très fier de lui, tandis que Terrakium se retournait vers lui, l'air complétement perdu et désabusé.

-Attends, quoi ? T'invente des mots là ou tu comprends vraiment ?

Pour toute réponse, le détective fronça les sourcils avant de prendre un air un peu contrarié, jusqu'à ce qu'il déclare, une pointe de déception dans sa voix :

-Tsukaki, ruki naraki poki Tikaki doki noki Tanaki !

Terrakium fronça les sourcils et poussa un profond soupir, l’air visiblement désespéré et paniqué car il comprenait qu’il était justement le seul à ne pas comprendre la situation. C’était une sensation des plus désagréable, d’autant plus qu’il n’était pas certain de ce que le détective essayait de faire. Le Mousquetaire frappa son front avec sa main, l’air aussi décontenancé que perdu, avant de déclarer :

-Bon sang, me dis pas qu'elle a cachée un pouvoir qui t'a contaminé et qui t'empêche de parler normalement ?

En entendant ces mots, l'homme-Cacturne ne put s'empêcher de souffler du nez et de rire face à l'absurde de la situation. Il reposa son regard sur Neun, scrutant la moindre de ses réactions, avant de prendre une position ridicule, levant les deux bras avant de se mettre en équilibre sur un pied et de pointer ses deux bras vers Terrakium pour le désigner, le détective s'exclamant :

-Noki Bakaki, Terrakium ! Kikiki !

Le Mousquetaire serra le poing, comprenant qu'il était clairement moqué ici. Il s'était toujours considéré comme une personne ayant le coeur sur la main mais là, l'excentricité et la conduite de son allié allaient beaucoup trop loin. Il avait presque l'impression d'être humilié.

-Eh, mon gars, j'ai tout fait pour protéger tes amis et pour t'aider jusqu'ici et toi tu te paies ma tête ?!

Toujours dans une gestuelle comique le détective haussa les épaules de façon extrêmement exagéré, comme pour signifier un "Bwarf" ou un "C'est la vie" au Déchu. Cependant, alors qu'il faisait le pitre de cette manière, le détective semblait complétement ignorer le Déchu dont il se moquait pour se concentrer uniquement sur Neun.

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Neun se mît à se moquer à la première phrase "étrange" de Joey, riant doucement en cachant sa bouche avec sa main de manière mignonne... Mais perdit son sourire à la deuxième. Ses sourcils se froncèrent, et la femme Fragilady devint soudainement très sérieuse et droite, avec un allure étrange mâture à ce moment-là. Elle lâcha d'une voix sombre et tout aussi sérieuse :

-Kaki naraki muruki deki Natoki noki maki Tukaki Potoko.

La femme Fragilady regarda l'homme Cacturne faire le mariole et se moquer de Terrakium, mais ne riait toujours pas, sa stature et son comportement ayant complètement changé. Elle semblait plus stricte, sérieuse, et clairement perturbée, bien qu'elle restait calme, par le charabia que disait Joey.

-Tonoki Sotoko kukeki maki Tukaki "Neun" Tanaki ?

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