L'Archipel du Dingue

Lindenergh eut un bref sourire en entendant la remarque de Midales sur ses cuillères. Effectivement, d'une certaine façon, l'Alakazam n'était pas à sa place ici, en ce sens où il venait chambouler ce combat de bretteur et de force brute, lui qui avait l'habitude de se battre avec ses pouvoirs psychiques. Le gentleman fronça les sourcils en voyant le Légendaire apparaître derrière le Stalkeur pour l'attaquer dans le dos. Il n'avait donc pas menti tout à l'heure : il combattait sans noblesse et mettait tout sens de l'honneur de côté. Voilà qui déplaisait fortement au Rebelle et qui semblait déplaire tout autant au lieutenant chevalier. Au lieu de rejoindre la mêlée, le professeur jugea bon de profiter de la prise de distance que Cobaltium lui avait offert, pour mieux prendre conscience des capacités de ses individus. Avec son Sceau Divin, il était plus utile pour lui d'attendre que les deux adversaires montent encore en puissance pour frapper pile au bon moment. En attendant, il espérait que le Stalkeur touche le Déchu pour lui donner une bonne leçon.

-Pathétique.

Le mot était tombé comme une sentence, comme une lame sur la nuque d'un condamné. En prononçant cela, Cobaltium laissa éclater son aura, toutes ses capacités physiques semblant augmenter considérablement par rapport à avant et il se projeta vers le javelot, son bras libre se recouvrant d'une couleur semblable à celle de l'acier tandis qu'il attrapait l'arme à main nue et qu'il fit volte face vers le Stalkeur. Il lâcha le javelot du Stalker qui tomba à terre, son aura éclatant encore plus tandis que le sol se fissurait de part en part et avec une vitesse phénoménale, il ne cessait de se mouvoir autour du Chevalier, sa vitesse étant si grande qu'on aurait pu croire qu'il se téléportait, essayant sans fin de toucher son arme et ses ouvertures. Au bout d'un moment, il leva sa main libre et une seconde épée, semblable en tout point en la première y apparut, le Mousquetaire profitant de l'effet de surprise pour tenter de lacérer avec les deux épées le visage du lieutenant.

-Si vous croyez encore à des enfantillages comme l'honneur ou la noblesse à votre âge alors vous êtes bien bêtes ! Vous ne valez pas mieux que moi, nous sommes tous sombre, fourbes, corrompus jusqu'à la moelle et vous vous complaisez dans des "valeurs" pour croire que vous êtes au dessus tout ça... Alors que votre seule délivrance et l'Exécution que la Justice vous offre !

C'est le moment que Lindenbergh jugea comme opportun pour apparaître au dessus des deux combattants, donnant un coup de canne dans le vide qui projeta une puissante vague psychique sur l'ensemble de l'île, la défigurant encore plus au passage, la vague étant clairement plus puissant au centre du point d'impact, là où se trouvaient le Stalkeur et le Déchu, ce dernier recouvrant tout son corps de ce qui semblait à nouveau être de l'acier pour résister au choc.

Lindenbergh : Il ne s'agit pas du tout de se glorifier et de se complaire dans un honneur hypocrite comme vous essayez de le sous-entendre... Il s'agit simplement de ne pas se vautrer dans l'acceptation de nos faiblesses et de se surpasser sans cesse, cher Légendaire !

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Midales fronça les sourcils, ses yeux suivant avec réflexe et précision les mouvements de Cobaltium, alors que celui-ci cherchait à le prendre de vitesse. L'homme Airmure ne se laisserait pas prendre à ce jeu-là. Il pouvait suivre l'aura du Légendaire Déchu comme des tâches de sang au sol, et n'avait aucune crainte à ce niveau-là. Il était bien plus inquiet face aux pouvoirs inhérents du mousquetaire, qui étaient tout sauf acceptables, et qui étaient également très dangereux. Son adversaire apparut alors avec ce coup-ci deux épées en main, et tenta de lacérer le visage du Stalker avec ces derniers, l'ancien Kentucky fronçant les sourcils face aux remarques désobligeantes sur l'honneur du Déchu. Pour toute réponse, Midales leva son poing fermé devant lui et pointé vers l'avant, coude plié, et un immense bouclier apparut dans ce poing, parant l'attaque de son adversaire sans problème. Si la force physique de l'Homme Airmure était un désavantage face à Cobaltium, sa capacité signature en était un contre complet, et il n'avait rien à craindre en les utilisant sans modération face à son adversaire.

*Cet Exécuteur n'arrive pas à me mettre en danger pour le moment, mais c'est assez réciproque. Je dois trouver une faille, sortir le grand jeu contre cet Homme Alakazam n'étant pas la meilleure des idées. A moins que...*

Le chevalier fut interrompu dans son fil de pensées par Lindenbergh, qui avait surgi au-dessus d'eux pour provoquer une véritable vague psychique, visant les deux combattants physiques et abîmant fortement l'île sur le coup. Midales plissa les yeux. Il n'avait plus le choix, là.

-Art interdit, énergie chevaleresque. Distorsion.

L'homme Airmure disparut soudainement, évitant ainsi la redoutable attaque de l'homme Alakazam. Alors que ce dernier faisait son discours sur l'honneur afin de contre-carrer les propos de Cobaltium, Midales réapparut face aux deux gijinkas, titubant un peu à son arrivée. Il n'était pas habitué à ce pouvoir. En vivant cela à une si petite dose, d'une manière si limitée et indirecte... Le chevalier se demandait comment John pouvait bien supporter cela aussi facilement et à un rythme aussi rigoureux. Midales soupira et s'avança vers ses deux adversaires, complétant les propos de Lindenbergh.

-Ce cher Sharl a raison, Cobaltium. Tes propos ne sont que la transparence de ton propre échec à tenir cette voie. Si tu voies tous les gens comme des êtres corrompus, ce n'est que pour cacher ta propre faiblesse. Après tout, comment peux-tu te reprocher d'être un être mauvais et sans principes quand tu te forces à considérer que nous sommes tous comme cela ? C'est ce que tu aies, cher "Déchu". Un Gijinka qui plutôt que de faire l'effort de se remettre en question et d'affronter son plus grand adversaire, c'est-à-dire soi-même, a décidé de se complaire dans la haine d'autrui et même des Gijinkas de manière générale, afin de justifier ses propres gestes. Tu es le symbole même de la lâcheté et de la corruption. Et tu essaies de nous faire croire qu'on vaudrait autant que toi ?

Midales se mît en garde, ne mâchant plus ses mots.

-L'Honneur, les Principes, la Chevalerie. Je ne suis pas cette voie pour la notoriété, la complaisance ou un quelconque complexe. Je la suis pour me surpasser moi-même. Physiquement, certes, mais pas que. Je veux être capable de faire face à chacun de mes démons, et les surpasser quelque soient les épreuves. Je veux pouvoir mourir l'épée à la main, en me disant que j'aurais été fier du Gijinka que j'ai été. Personne n'a une vision du Monde parfaite, et les principes des uns contredisent ceux des autres... Mais ce qui compte, c'est de suivre les tiens jusqu'au bout du monde et de ta vie, sans t'en détourner, et de croire en eux...

Un concept que tu ne pourras jamais comprendre, Cobaltium.

Lindenbergh écoutait en acquiesçant les nobles propos de l'homme-Airmure. Effectivement, leurs visions de la noblesse et de la chevalerie se croisaient et s'opposaient clairement à la vision abominable de la Justice que Cobaltium proposait. L'homme en costume fronça les sourcils, visiblement pensif, avant de déclarer :

-Vous êtes pourtant un Mousquetaire... Vos paroles trahissent votre idéal de justice, non ?

Pour toute réponse, le Déchu émit un rire plutôt étrange, tandis qu'il se courbait en avant, les mains sur son estomac, alors que son aura semblait devenir hors de contrôle, des arcs d'énergies crépitants ça et là sur son corps, son aura oscillant en dents de scie entre la force et la faiblesse, entre la détermination et l'abandon, jusqu'à ce qu'il se relâche et penche son corps en arrière en éclatant de rire, un rire froid et dénué de vie, alors que son énergie devenait de plus en plus folle, le Légendaire Banni ne semblant plus être capable de s'arrêter de rire jusqu'à ce qu'il se ressaisisse et qu'il déclare :

-Ah, je ne saurais jamais si les paroles des sots dans votre genre cesseront un jour de m'amuser autant qu'elles m'énervent. Effectivement, mes paroles trahissent mon idéal. Mais est-ce qu'elles trahissent la Justice en elle-même ? Non, bien sûr que non. En réalité j'ai d'abord été naïf, comme vous, jusqu'à ce que la réalité s'abatte sur moi dans tout ce qu'elle a de plus brutal et de plus terrifiant et c'est grâce à toute cette souffrance que j'ai pu saisir la Justice dans tout ce qu'elle a de plus pure et de plus brutale... La Justice est une rédemption par la mort. L'Exécuteur qui vous tranche la gorge vous soulage de tous vos crimes.

Les mains tremblantes et les yeux complétement révulsés, le Mousquetaire prit ses épées et se les enfonça profondément dans le corps, se transperçant encore plus qu'il ne l'avait déjà fait auparavant, semblant presque dans un autre monde tant ses actions et ses paroles auraient pu être incohérentes pour qui que ce soit d'autre que lui :

-C'est pour cela que je vais vous tuer, vous, les Rebelles, les Stalkeurs, les Déchus, les Civils, je vais tous vous tuer pour vous sauver, vous tuer pour vous offrir la paix, la seule véritable paix dans ce monde en guerre et ensuite, une fois que j'aurais brisé mon âme et mon corps en tuant chacun d'entre vous, une fois que mes épaules seront brisées sous le poids de la culpabilité, sous le poids de toutes ces vies que j'aurais ôtées, mon dernier acte de Justicier sera de tuer le plus grand criminel de tous les temps, moi-même ! La boucle sera bouclé ! LA JUSTICE AURA TRIOMPHEE ! BIENVENUE A VOTRE EXÉCUTION ! BIENVENUE A VOTRE ULTIME DÉLIVRANCE !

Soudainement, l'aura du Légendaire éclata complétement alors qu'il s'enfonçait ses épées dans le corps mais, qu'au lieu qu'il se fasse transpercer, son corps absorbe cette fois-ci les épées, son corps se couvrant complétement d'acier qui avait l'air extrêmement tranchant, mais ce n'était pas tout : son aura, devenue immesurable, recouvrait maintenant toute l'île qui se fissurait de plus en plus mais qui prenait elle aussi la même couleur gris acier que le corps du Déchu.

-JE SUIS COBALTIUM, LE MOUSQUETAIRE AU COEUR DE FER ET LE MONDE ENTIER EST MA LAME QUI S'ABATTRA SUR VOUS POUR FAIRE RÉGNER LA JUSTICE ! J'ACTIVE MON SECOND SCEAU DÉCHU...

Le Mousquetaire baissa son chapeau, le sol se fissurant de part en part et le sol explosant en un tas de gravas d'acier qui d'un coup se changèrent en des milliers d'épées semblable à celles que Cobaltium avait absorbées, celles-ci fonçant de tous les côtés vers le Rebelle et le Stalkeur. Lindenbergh s'entoura alors d'un épais champ de force psychique et sortit ses cuillères qui se multiplièrent à nouveau mais au grand désarroi du gentleman, celles-ci se changèrent à leur tour en épées qui se retournèrent contre lui et contre Midales, fournissant encore plus d'armes au Mousquetaire.

-Voilà le pouvoir que la Justice m'a offert ! "La Lame Universelle" ! Ce champ de bataille, vos armes, vos défenses... CE MONDE ENTIER EST UN MOYEN POUR MOI DE VOUS DÉLIVRER DE CETTE VIE !

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Anastasia Sunchuka était exactement dans la même posture qu'auparavant, sur les genoux, l'herbe se frottant avec délicatesse contre la peau soyeuse de ses jambes nues, alors que ses mains posés sur ses cuisses, cumulées avec sa fine robe, semblaient être la barrière magique vers le monde enchanté qu'était le corps de la femme Gardevoir. Viridium, malgré qu'elle soit du même genre qu'elle, ne pouvait s'empêcher de sentir une forme de boule au ventre, des petites fourmis lui caressant l'estomac, lui triturant chaque parcelle de sa peau jusqu'à la faire légèrement rougir. Affichant un grand sourire sincère et plein d'empathie, la chef des Stalkers leva son visage et ouvrit des yeux magnifiques, les posant avec douceur sur la belle femme qui venait de se positionner devant elle... Belle, oui. Bien qu'Anastasia était une femme très ouverte, comme toute femme comme elle ou Miranda d'ailleurs, elle ne pouvait s'empêcher d'être étonnée par la beauté saisissante de la mousquetaire dénommée Viridium. Elle avait un sourire sincère et sympathique, et on sentait en elle une volonté de bien faire très inspirante. Cependant, la beauté n'apportait que peu aux yeux de la femme Gardevoir. Ce qui comptait... C'était ce qu'elle pourrait faire de cette Légendaire Déchue.

*Hmm, j'ai de la chance que Démétéros soit déjà parti faire ce que je lui ai demandé... Gérer les deux personnages en même temps aurait été complexe. De ce que je sais, cette femme est grandement tournée vers l'équité, la justice et l'honnêteté. Sans être une pacifique, on pourrait parler d'une personne très compatissante. C'est assez admirable... M'enfin, je devrais pouvoir faire de grandes choses d'elle. Allons-y.*

-Oh ! Enchantée, ma chère... Viridium, c'est ça ? Je suis touchée que mon petit jardin personnel vous plaise... Je me donne Anastasia Sunchuka, c'est un véritable plaisir de vous rencontrer~ Ce n'est pas tous les jours qu'on croise quelqu'un d'aussi guilleret et jovial sur un champ de bataille...

Restant assise, Anastasia tendit cependant sa main en avant pour faire des présentations un minimum décentes, son bras glissant dans les airs avec une légèreté presque envoûtante, comme si il s'agissait d'une feuille volant autour de la branche d'arbre qu'elle venait de quitter. Sa main en elle-même était douce et blanchâtre, à un point qu'on n'avait pas seulement envie de la caresser, mais aussi d'y blottir la joue, de la sentir nous caresser les cheveux, qu'elle glisse doucement le long du lobe de notre oreille jusqu'à nous faire frissonner. La femme Gardevoir eut un petit sourire sympathique et tint ces propos afin d'accompagner sa volonté de poignée de main :

-J'espère que vous ne prendrez pas cette main tendue comme une occasion de vous piéger ou de vous attaquer dans le dos... Je peux vous assurer que ce n'est pas mon genre. Et mon petit doigt me dit que ce n'est pas le vôtre non plus. Cette bataille est décidément une bien belle surprise, à permettre à des personnes aux mœurs communs de se rencontrer, se faisant face à face "d'égal à égal", sans supériorité aucune... Tout du moins, je vous laisserais me rassurer là-dessus ~

La Déchue semblait détailler chaque geste, chaque détail émanant de la femme-Gardevoir qui la frappait, qui la charmait dans leur élégance, dans leur douceur, dans leur bienveillance. Elle ne pouvait pas s'empêcher de sentir qu'elle rougissait un peu lorsque la jeune femme la regardait ou lorsqu'elle lui tendait la main. Elle entendit la remarque de la Stalkeuse sur le fait qu'il ne s'agissait pas d'un piège et elle se mit à rire, mais pas d'un rire moqueur ou malicieux, non, un rire élégant et charmant qui laissait transparaître sa gentillesse et son honnêteté, comme si, même sur un champ de bataille, elle n'imaginerait pas qu'on puisse la trahir ou tenter de lui faire du mal. Elle prit la main de la jeune femme sans aucune trace d'hésitation, tout chez elle semblant rayonnant de simplicité et de sincérité, les deux femmes pouvant chacun sentir la douceur de l'autre.

-Ne t'inquiètes pas, l'idée que quelqu'un m'attaque comme ça ne me traverserait même pas l'esprit haha ! A part mon supérieur, nous, les Mousquetaires, sommes des êtres pacifiques. Je n'ai rien à craindre sur une bataille ni aucune raison de mépriser mon adversaire ou de vouloir l'agresser.. C'est pour ça que je peux me permettre d'être aussi joviale sur un champ de bataille, chaque face à face est une rencontre sur un pied d'égalité qui me rend très heureuse, haha ♪ !

La belle Légendaire posa sa deuxième main sur celle d'Anastasia à son tour, une main au dessus une main au dessous, non pas dans un désir de supériorité symbolique mais bien dans un souci de proximité, dans une volonté qu'elle n'expliquait pas qui la poussait à vouloir se rapprocher de la femme-Gardevoir. Celle-ci pouvait voir que la Déchue faisait elle aussi des gestes nobles et graciles mais surtout que tout chez elle semblait naturel, que sa sympathie n'avait rien d'exagéré ou de faux. C'était juste le genre de personne que Viridium était : elle était incapable de faire du mal à quelqu'un qui n'essayait pas de lui en faire de façon explicite. A bien y réfléchir, c'était peut-être sa plus grande différence avec Terrakium. Ce dernier voulait protéger, elle souhaitait concilier. La jeune femme se remit à sourire et déclara d'un ton plein d'entrain :

-Aaah comme je suis contente de ne pas tomber sur quelqu'un qui veut absolument se battre ! J'ai vraiment horreur de ça. Dans chaque guerre, dans chaque conflit, dès qu'il y a une tentative de se battre, personne ne gagne mais tout le monde perd quelque chose... C'est affreux, n'est-ce pas ? J'ai l'impression que nos façons de penser sont assez proche, haha !

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Anastasia Sunchuka écoutait attentivement les paroles de Viridium, s'en imprégnant en prenant une pose pensive avec sa main sur son menton, et son autre main appuyant son coude, semblant tout à fait dévoué aux propos de la Légendaire Déchue dans une véritable forme de respect gestuelle. Elle avait raison, c'était toujours la même chose, des situations dramatiques qui s'enchaînaient sans cesse et engendraient la haine et la soif de vengeance. Elle savait de quoi elle parlait, étant toujours autant motivée par sa volonté de faire payer à Miranda ce qu'elle avait fait. Même si dans son cas, ce n'était pas juste une question de revanche... De même, la femme Gardevoir, en tant que Zero, avait exploité le désespoir et la haine de beaucoup de personnages pour les amener à rejoindre les Stalkers. Ce n'était pas qu'elle y prenait un quelconque plaisir, mais c'était comme ça, le monde marchait ainsi et il fallait être prêt à se salir les mains d'une manière ou d'une autre pour atteindre son objectif. Penser pouvoir atteindre un objectif au niveau même ou au dessus de la notion même de la guerre, sans faire ce genre de sacrifices, qu'ils soient personnels ou envers autrui, c'était de la pure naïveté. Anastasia elle-même, malgré son Art Interdit et son pouvoir de persuasion, avait été obligé de souiller son corps pour satisfaire cet effroyable personnage qu'était Mercer, ainsi que de renier toute humanité en lui fournissant les troupes qu'il demandait tant.

Tout ça pour un objectif qui n'était toujours pas atteint, bien que Anastasia y travaillait. Peu importait ce qui arrivait après, ce qui comptait, c'était de tuer Miranda avant qu'il ne fut trop tard pour ça. Et, en bonus, lui faire payer ses crimes au passage, afin d'allier l'utile à l'agréable. En voyant que tant de sacrifices était à peine suffisant pour atteindre son objectif... Comment était-il seulement envisageable de l'atteindre sans en faire un seul ? Curieuse de l'avis sur la question de la mousquetaire, la chef des Stalkers pencha la tête sur le côté et décida de faire d'une pierre deux coups : Demander son avis avec cette belle et sincère jeune femme, tout en préparant le terrain pour obtenir d'elle ce que Anastasia voulait.

-Anastasia : Je suis d'accord, la guerre est un véritable cercle vicieux, et personnellement, je serais bien rassasiée si tous les conflits se réglaient par des mots et par de la sensualité, et non pas par des combats et par des morts. Cependant, ce serait naïf de penser que cela est facilement évitable, n'est-ce pas ? Le fait que vous ayez une épée en ait la preuve : Il faut parfois être prête à tout donner, à se battre, à faire des sacrifices, pour qu'ensuite, le monde devienne comme l'on y aspire. Et encore, même avec toute la dévotion du monde, cela est rarement évident, et beaucoup échouent face à la violence et le mépris...

Comme pour Démétéros et Yukimoto, une étrange impression commençait à monter à la tête de Viridium, comme si les mots de la femme Gardevoir faisaient de plus en plus de sens au fur et à mesure qu'elle parlait, et qu'elle mettait de la sincérité et de la passion à l'acte.

-J'ai moi-même un objectif. Très difficile à atteindre. Et même controversé. Je ne suis pas forcément fière du chemin que j'ai parcouru pour l'atteindre... Malheureusement, même si je trouverais ça beau que nous soyons tous égaux, et j'y aspire fortement, il est incontestable que pour le moment, la Justice n'est pas établie dans ce monde. Et certaines personnes plus faibles que d'autres, comme moi par exemple, sont forcées de s'adapter et d'utiliser leurs talents comme ils peuvent pour s'y défendre...

La femme Gardevoir afficha un air ému alors qu'elle plongeait son regard honnête dans celui de Viridium. En cet instant, la seule envie qu'on pouvait avoir, c'était de consoler cette femme à l'aspect si fragile, qui semblait avoir un lourd vécu et beaucoup de culpabilité sur le cœur. De l'enlacer et de la plaquer contre soi, afin qu'elle puisse se loger contre un torse et dans des bras réconfortants afin de la plonger dans le pays des rêves et de l'espoir.

-C'est pour cela que vous êtes sur ce champ de bataille, n'est-ce pas ? Je le sens en vous. Pour permettre aux gens comme moi d'avoir leurs chances... Pour qu'une bataille ne se résume pas au profit du plus fort, comme ce champ de bataille s'y dédie obstinément depuis le début. Si c'est le cas... Je suis certaine qu'on pourrait trouver un terrain d'entente. Faire en sorte de lutter ensemble contre cette injustice. Se débarrasser de cet Eins et lui faire payer pour ses crimes...

Anastasia sembla réfléchir à la situation, son air pensif étant envoûtant tellement il était pur et naturel, puis la femme Gardevoir ajouta finalement :

-Mais ce n'est pas suffisant, n'est-ce pas ? Vous savez pourquoi toutes ces personnes, en recherche d'équité et de justice, se battent ? Pour une personne qui leur a ordonné de se sacrifier. Qui leur a demandé de dédier leur vie, profiter de sa position de force pour les pousser au combat... Tout ça pour ramener à ce monde une personne rien que pour sa puissance, sa hiérarchie, et même PIRE, sa position sociale par rapport à la chef qui a ordonné tout cela. Ne trouvez-vous pas ça honteux, ma chère Viridium ? Une telle inégalité...

La Mousquetaire resta pensive, hochant la tête de temps à autre pendant le discours de la femme-Gardevoir, fermant les yeux pour mieux s'imprégner de ses paroles puis les rouvrant pour mieux s'imprégner de son image, de ses gestes, de tout son être cette fois. Elle 'était impressionné par la beauté, la grâce, les charmes de chacun de ses mouvements, ceux-ci semblant créer une harmonie parfaite avec la douceur de sa voix et, le plus important pour la jeune femme, la cohérence de ses propos, ses arguments bien construit qui lui semblaient impossible à démontrer comme étant faux. Elle acquiesça une nouvelle fois.

-Tout cela est bien vrai... Je suis une Lame de la Justice effectivement et une lame peut trancher, blesser... C'est une arme et l'existence des Mousquetaires ne fait que prouver la triste réalité : même les plus belles valeurs, même les idéaux les plus nobles, se doivent d'être armés face à tous les insensés qui ne peuvent suivre ou accepter la Justice ou la paix. Pourtant, je rêve d'être une Lame qui servirait à autre chose. Une arme qui défend plutôt qu'elle n'attaque, sans voler le travail de Terrakiou bien sûr... Mais une lame qui coupe le problème à la racine, une lame qui coupe la pomme en deux pour les enfants qui ont faim, une lame qui aide et qui rallie tout le monde sous une même Justice... Ce serait merveilleux, et n'est-ce pas possible, même dans un monde en guerre ♪ ?

La jeune femme souriait en y réfléchissant. Oui. C'était le genre de personne qu'elle avait toujours voulu être. C'est pour ça qu'elle avait sauvé Misaki, qu'elle avait passé tant de temps à essayer d'éviter le combat avec Vier, qu'elle avait suivit Cobalt' et Terrakiou pendant leur périple... Elle faisait tout pour défendre sa vision de la Justice. Elle resta pensive un moment, regardant le ciel. Il était trop beau pour surplomber une bataille aussi atroce. Quelle ironie. Son regard se concentra à nouveau sur la femme-Gardevoir. Elle avait envie de lui faire confiance. Elle avait toujours envie de faire confiance à tout le monde, mais cette femme l'inspirait encore plus. Elle continua :

-C'est affreux de se dire que toutes ces personnes sont mortes uniquement pour réaliser l'ambition de quelques-uns... Chez les Déchus, nous savons que chacun de nous se bat non seulement pour soi mais aussi pour les autres, tout comme Missingno se bat lui aussi pour chacun d'entre noux... C'est une vision si proche de la nôtre, Mousquetaires, nous ne pouvions que le suivre dans son projet. Mais se dire que toutes ces personnes sont mortes uniquement pour les besoins des hauts-placés, c'est révoltant ! Je hais les manipulateurs et les personnes qui ne considèrent les autres que comme des pions.

La jeune femme poussa un soupir, comme pour extérioriser toutes cette négativité. Elle posa ensuite ses mains derrière son dos, touchant l'herbe fraîche du jardin et laissant tomber légérement son corps en arrière, le mettant ainsi inconsciemment en valeur, tandis qu'elle regardait le ciel.

-Pourtant, si tous ces Gijinkas ont accepté de se battre et de mourir pour ramener à la vie une seule personne, en sachant que cette personne aurait fait la même chose pour eux tous si elle avait été la dernière à pouvoir se battre... Alors là, c'est une égalité parfaite, c'est une défense de chacun pour chacun, le sacrifice de tous pour une et d'une pour tous... Ce serait merveilleux, n'est-ce pas ?

La jeune femme se releva en riant doucement et gracieusement, enivré par l'idée d'une cause si noble et si proche de sa vision de la Justice, avant de plonger ses yeux noisettes et rieurs dans ceux de la femme-Gardevoir.

-Qu'en penses-tu ? Ce ne serait pas fantastique de vivre dans un tel monde, où tous acceptent de se défendre malgré leurs différences de force ou de croyances ?

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-Viridium : Je hais les manipulateurs et les personnes qui ne considèrent les autres que comme des pions.

Jusqu'à cette phrase, la femme Gardevoir s'était contentée d'écouter tranquillement et avec compréhension la Légendaire Déchue, hochant instinctivement et positivement la tête à chaque fois que Viridium donnait un argument ou lui posait une question. Mais lorsqu'elle entendit ces mots, Anastasia ne put s'empêcher de faire preuve d'un léger malaise, prenant un air légèrement embêté, comme si elle s'en voulait. En cet instant, elle ne pouvait que se sentir visée par une telle remarque, et bien qu'elle ne considérait pas particulièrement les personnes comme des pions, contrairement à Eins, elle ne pouvait nier être une grande manipulatrice dans l'âme, qui essayait de se servir des gens même si elle les appréciait. D'habitude, elle ne ressentait pas vraiment de honte à manipuler les gens, bien qu'elle avait toujours un peu du mal lorsque cela impliquait de mettre en danger contre son gré une personne qu'elle estimait. Après tout, ça faisait partie de sa nature, et surtout, c'était son "talent", sa grande spécialité, sur quoi d'autre pouvait-elle se baser en temps de guerre ? Et en même temps, elle ressentait le besoin de se justifier, comme pour échapper à l'étreinte des mots de la mousquetaire. Cela faisait sans doute du fait que cette femme était si pure, si sincère, si déterminée...être jugée, même indirectement, par une personne aussi admirable faisait mal au cœur.

Et pourtant, c'était la même personne qui avait mise Anastasia dans ce malaise perturbant qui l'en sortit, de manière naturelle et inconsciente. En effet, la femme épéiste décida de se relaxer un peu, glissant en arrière pour poser ses mains sur l'herbe de la femme Gardevoir. Ce geste donnait l'étrange impression que c'était Anastasia elle-même qui venait de se faire toucher le corps, la faisant frissonner, ce qui était très étrange car ce jardin n'était pas particulièrement une extension de son être. C'était juste... une bonne impression. Et puis, même si c'était juste par aise et convenance... La Légendaire Déchue avait prise une pose plutôt suggestive tout en étant très naturelle, qui mettait particulièrement en valeur son corps. D'un manière très instinctive, la chef des Stalkers ne put s'empêcher de parcourir le corps de Viridium du regard, comme si elle la déshabillait des yeux. Se rendant compte de cet écart gênant et clairement visible pour la mousquetaire, la femme Gardevoir fut très embarrassée et se mît à rougir, regardant ailleurs quelques secondes, oubliant ainsi complètement ce malaise causé précédemment dans un gros ascenseur émotionnel, son attirance pour la Légendaire Déchue étant réelle. Qu'est-ce qui faisait ça au juste ? Elle était jolie, mais pas plus que d'autres femmes... C'était sans doute son côté chevaleresque qui lui rappelait Mavis, au temps où elle aimait encore ce dernier...

-Ce serait merveilleux, n'est-ce pas ? Qu'en penses-tu ? Ce ne serait pas fantastique de vivre dans un tel monde, où tous acceptent de se défendre malgré leurs différences de force ou de croyances ?

-... Vous... Vous avez sans doute raison...

La femme Gardevoir haussa les sourcils, l'air décontenancé. Qu'est-ce qui lui prenait ? Elle n'arrivait pas à répliquer instantanément, à manipuler cette femme comme elle le faisait d'habitude. C'était la phrase de tout à l'heure qui l'avait tant bouleversé ? La beauté de Viridium l'avait trop absorbée ? Ce n'était clairement pas le genre d'Anastasia de diverger comme cela. Elle allait rapidement, non, immédiatement rattraper le coup. Et en même temps, elle avait une drôle d'envie. Elle avait envie... d'être sincère avec elle. De lui expliquer son côté manipulatrice, de se dédouaner de ce malentendu, se justifier et lui faire comprendre que ce n'était pas sa faute, de répondre aux critères de justice de la mousquetaire. Anastasia prit un temps pour réfléchir, puis comprit alors. Son instinct la prévenait qu'elle devait agir ainsi avec cette belle femme. Si elle jouait trop la carte de la non-manipulatrice et des cachotteries, ça se retournerait inévitablement contre elle. Viridium faisait partie de ces personnes, comme les Sinistres, avec qui il fallait être très franc directement, afin de gagner leur confiance par le fait que tu démontres ton honnêteté et ta confiance en eux. Anastasia appréhendait un peu ce que la mousquetaire penserait d'elle... Mais elle devait tenter le coup. Après tout, au pire des cas, Viridium ne lui accorderait pas sa confiance, et les deux femmes cesseraient de se parler. Mais si au contraire, elle appréciait le geste, Anastasia lui mettrait définitivement la main dessus, tout en se libérant de ce poids de culpabilité qui ne voulait pas définitivement partir.

-... A vrai dire, vos mots sur les manipulateurs me sont douloureux, Viridium... Vous savez, je n'ai jamais été douée en combat. A vrai dire, je suis même particulièrement faible. Et pourtant, j'ai été mise dans un contexte très difficile, où la survie l'était tout autant. Et je n'ai eu que trois armes : Ma beauté naturelle, ma rhétorique et mon intelligence. Pas de puissance cachée, pas de magie extraordinaire, rien de tout ça... Juste un talent qui se prêtait au charme et à la manipulation. Et ce serait mentir que de dire que je n'en ai pas abusé. Je n'ai jamais considéré les gens comme des pions... En fait, j'ai même beaucoup d'affection pour les gijinkas, je les trouve plein de ressources, et chaque personne est unique. Je veux voir le meilleur de chacun... Et les seuls que je manipule sans honte sont ceux qui sont mes ennemis et veulent me faire violence, malgré ma faiblesse, car selon moi, ils ne méritent que cela...

La femme Gardevoir leva un regard sombre et sérieux, particulièrement sincère et en recherche de soutien, alors qu'elle continuait de s'expliquer en toute franchise.

-... Il n'empêche que j'ai manipulé beaucoup de gens, même dans cette optique bienveillante, pour arriver à mes fins. Car je considère mon objectif principal comme d'une importance capitale pour moi. Je ne pourrais l'atteindre sans utiliser ces atouts. Ce n'est pas pour autant que je ne respecte pas les gens, mais je dois jouer le jeu de la guerre à ma façon si je veux pouvoir continuer à survivre et progresser...

Anastasia fronça les sourcils alors que des perles de larmes d'émotions pointaient sur ses yeux, la femme posant dans une véritable recherche d'appui et de confiance sa douce et frêle paume de main sur la jambe dénudée de Viridium au niveau du dessus de sa cuisse, les peaux des deux femmes se touchant jusqu'à faire frissonner la Légendaire Déchue, la femme Gardevoir ayant une peau juste assez froide pour être extrêmement agréable et excitante, la Stalkeuse reprenant l'ascendant sur son interlocutrice.

-Je refuse de me comporter comme ça avec vous. Vous êtes trop digne pour que j'ose passer par des subterfuges avec vous. Vous avez une vision du monde si incroyable, je peine à croire qu'une personne aussi formidable existe en ce monde. Comment pourrais-je oser vous flouer ? Je sais qu'avec ce que je viens de dire, vous allez forcément vous méfier de moi... Et vous avez bien raison. Mais nous sommes si en accord sur cette vision de l'égalité et la justice... Vous avez totalement raison pour ces rebelles par exemple. Ils font tout de même ça de leur plein gré, et c'est grâce à ce choix qui est le leur qu'ils sont uniques, qu'ils existent... Mais... C'est en admettant que ce soit vraiment leur choix, non ?

La femme Gardevoir baissa les yeux, semblant très touchée par ce qu'elle disait.

-Je vais encore être franche avec vous. En fait, je ne vais que faire de l'être, désormais... Je connais cette femme, Miranda, pour qui ils se battent actuellement. Et elle est une manipulatrice, comme moi. Elle embourbe l'esprit des gens pour arriver à ses fins. Ce qu'elle va faire de cette femme à ressusciter... C'est forcément pour son propre profit, et quel statut auront alors les rebelles en voyant ça ? Le désespoir. La trahison. Ils ne croiront plus en eux. L'injustice et l'inégalité régneront quand ils perdront leur seul piédestal qu'est leur espoir et leur confiance entre eux.

Anastasia détourna les yeux, comme si elle avait honte de ce qu'elle allait dire.

-... Nous devons les sauver, Viridium. C'est de ma faute si ils se font manipulés ainsi par cette Miranda... Et la meilleure solution pour qu'ils gardent confiance en eux, je pense, et d'empêcher cette femme d'arriver à ses fins. Nous devons réfléchir à un juste milieu bien sûr. Un moyen pour ces rebelles de garder espoir, de les faire briller même dans l'échec, et de se dire que ce n'est pas de leur faute. Si on fait ça... La Justice aura été rétabli dans cette bataille. Vous avez le droit d'être en désaccord... Vous avez le droit de ne pas me faire confiance... Nous partirons alors chacun sur notre voie respective... Mais personnellement, je ne peux laisser cette trahison, cette fatalité arriver à ces pauvres hères cherchant juste un objectif à leur modeste vie. Je les comprends particulièrement, parce que je suis comme eux. Aidez-moi Viridium... Je vous en prie...

Viridium avait pu remarquer le changement d'ambiance, comme si la discussion avait pris une tournure plus sérieuse. Est-ce qu'elle avait mise son interlocutrice mal à l'aise ? C'était la dernière chose qu'elle aurait voulu faire, surtout à une femme si belle et si intelligente, une femme qu'elle ne voulait jamais blesser, tant par ses gestes que par ses paroles. Elle avait sentie une sorte de gêne dans la réponse de la femme-Gardevoir et la belle Légendaire n'arrivait pas à comprendre que cela pouvait être provoqué par ses paroles ou par sa beauté. Elle pencha la tête légèrement sur le côté, semblant des plus perplexe, tandis que la Stalkeuse reprenait la parole. La Mousquetaire l'écouta attentivement, le visage neutre, ne semblant ni approuver ni réprouver la situation de la femme qui lui faisait face ou ses explications. Son regard rencontra celui d'Anastasia, les deux semblant sérieuse. Pour Viridium, cela témoignait de leur commun désir de se connaître et de se comprendre, de se dire la vérité et de s'accepter. Elle appréciait réellement le geste de la jeune femme. Après tout, ce n'était jamais facile de reconnaître ses propres défauts, encore moins de les avouer face à quelqu'un qui venait de dire qu'elle détestait ce genre de personne. Elle détaillait tellement la femme Gardevoir du regard, semblant scruter le moindre de ses charmes avec une attention toute particulière, qu'elle ne put échapper aux larmes qui commençaient à perler au coin de yeux de la magnifique Stalkeuse. La Mousquetaire se mordilla les lèvres, légèrement crispée car elle s'en voulait que ses mots, lancées avec désinvolture, avaient pu blesser son interlocutrice à ce point. Elle ne voulait pas lui faire de mal, pour rien au monde. Dans un élan d'affection elle voulut s'avancer vers la jeune femme pour essuyer ces larmes d'un geste rapide avec ses longs doigts fins mais la femme-Gardevoir fut plus rapide, posant sa main sur ses jambes. La belle Déchue se figea et se détendit tout de suite grâce à la sensation agréable que ce geste lui procurait. C'était comme si elle voulait rester aux côtés d'Anastasia pour toujours et sentir sans cesse la douceur de sa peau. La jeune femme ne put s'empêcher de poser sa main sur celle de Zéro, pour se rapprocher encore d'elle et pour prolonger cette sensation agréable aussi longtemps qu'elle le pouvait, sa main caressant doucement celle de la Stalkeuse.

Elles restèrent ainsi longuement, la Déchue écoutant les propos de la femme-Gardevoir, sans acquiescer mais sans réprouver les propos de celle-ci, semblant tout à fait neutre. Lorsqu'elle comprit que la séduisante Stalkeuse avait finit, la Déchue posa sa main libre sur sa poitrine et poussa un long et profond soupir. Ce n'était pas un soupir de tristesse ou d'ennui, loin de là. Viridium ne pouvait tout simplement pas cacher le soulagement que les douces paroles d'Anastasia lui procurait. Elle fit un grand sourire plein de tendresse à la femme qui lui faisait face et déclara d'une voix sincère :

-Aaah, comme je suis contente que tu m'aies dit la vérité ! Je ne pense pas la mérité plus que les autres mais j'aurais été si triste que tu me mente...

A ces mots, la Mousquetaire bougea gracieusement ses mains pour saisir complétement les mains de la Stalkeuse, se rapprochant d'elle, toujours l'air calme et souriante comme à son habitude :

-Mais je me rend compte que si tu me dis ça c'est que tu es une personne honnête qui ne voulait pas me faire de peine... Pas vrai ? Ca a dû être très difficile pour toi de te confier comme ça et de me dire la vérité après ce que j'ai dis sur les manipulateurs, je suis désolé si je t'ai blessé avec mes propos ! Ce n'était pas du tout mon but. Je pense qu'on peut tout se dire d'égal à égal maintenant, c'est ce que tu as l'air de vouloir depuis le début et je suis tout à fait d'accord !

Alors qu'elle avait été penchée vers Anastasia pendant tout ce temps, leurs visages plutôt proche, la Légendaire se remit dans une position assise, étant toutefois plus proche de la femme-Gardevoir qu'elle ne l'était auparavant. Pour la première fois, Viridium prit une expression plutôt attristée, prouvant ainsi à quel point elle s'en voulait d'avoir remis ainsi en question la jeune femme mais aussi à quel point elle était touchée par les paroles de celle-ci.

-Tu as l'air de véritablement t'en vouloir et de vouloir changer tout ça... Tu vas même jusqu'à dire que c'est de ta faute si cette "Miranda" manipule tout le monde, ça me rend si triste de te voir dans cet état...

La jeune femme enleva sa main droite de celle d'Anastasia, tout en la tenant toujours par la main gauche, serrant le poing et relevant un peu son bras dans un geste déterminé comme pour accompagner ses paroles, son visage redevenant souriant alors qu'un véritable éclat de détermination et de courage brillait dans le regard de la Déchue :

-Mais ne t'inquiète pas, je suis là pour toi à présent et tu n'auras plus à porter ce fardeau toute seule à présent ! Comme je te l'ai dit, je n'aime pas vraiment les manipulateurs, mais si tu en étais vraiment une tu n'aurais pas été jusqu'à dire la vérité à une simple inconnue comme moi, alors que cette Miranda n'a pas l'air de vouloir dire la vérité à ses propres alliés ! Maintenant, je sais que je pourrais toujours te faire confiance tout comme tu pourras me faire confiance. Je vais donc t'aider, comme tu me l'a demandé... Après tout, n'est-ce pas le rôle d'une Mousquetaire mais aussi de toute bonne personne ? En travaillant ensemble, d'égale à égale, avec honnêteté comme tu l'as fait, je suis sûr que nous pourrons faire de grande chose...

Le sourire de la jeune femme s'élargissait alors qu'elle finissait de parler, son sourire radieux étant semblable à une main tendue qui témoignait de la façon dont elle voulait se rapprocher de la Stalkeuse et de continuer à l'écouter. Après tout, Viridium ne voulait pas la juger sur son passé mais surtout elle pensait que la femme-Gardevoir avait raison. Si elle était prête à reconnaître ses propres fautes et à vouloir les corriger, qui était-elle pour refuser ?

-Qu'en dis-tu ? Si tu le souhaite, tu iras là où j'irai mais, surtout, j'irais là où tu iras !

Capitaine du Space Mountain Messages : 2092 Age : 29

Anastasia eut un doux sourire en entendant les propos de la mousquetaire, ne pouvant s'empêcher à chacune de ses phrases de se dire qu'elle avait totalement raison, et buvant chacun de ses mots, non, chacun de ses syllabes comme si ce serait la dernière. Posant se main accoudée contre sa joue, la femme Gardevoir rougit légèrement puis répondit finalement, se laissant complètement aller à la logique de Viridium.

-Oui, Viridium... Vous avez totalement raison... J'irais là où vous irez, jusqu'au bout du-

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La femme Gardevoir écarquilla les yeux, s'interrompant en pleine phrase en écarquillant les yeux. Il y avait un souci. C'était bizarre. Elle avait gagné, là, n'est-ce pas ? Viridium avait totalement accepté les aveux de la Stalkeuse, les avait approuvé, et avait accepté le fait que Miranda était une mauvaise personne à neutraliser. Elle a dit qu'elle irait où Anastasia voudrait qu'elle aille, c'est une victoire, non ? La Légendaire Déchue s'était laissée convaincre... Bon, elle avait raison, mais... Le résultat était le même... N'est-ce pas ?

Non.

Quelque chose n'allait pas.

Anastasia n'était pas dans son état normal.

Elle se faisait rouler dans la farine.

Et la clé... C'était d'où venait cette Viridium.

D'Eternal, évidemment... Et elle a du avoir un Sceau Divin.

...

-Anastasia : Ah ah... Ah ah.. Oh là là, c'est splendide... Vous m'avez bien eu, ma chère Viridium... Un peu plus et je tombais totalement dans le panneau...

La chef des Stalkers se maudissait pour sa négligence. A force de se complaire dans son pouvoir et ses capacités de persuasion, à force de ne se concentrer sur son avancée personnelle sur la Déchue, Anastasia ne s'était même pas rendue compte... Que Viridium faisait sa propre avancée. Et qu'un peu plus, et elle finissait sa route. Prenant un sourire amusé, et malgré la révélation qu'elle venait d'avoir, la femme Gardevoir ne changea pas particulièrement de comportement, pencha la tête sur le côté en fixant avec un grand intérêt

Bon sang... Elle aurait du y penser bien avant même que cette rencontre ait lieu. Que CETTE possibilité existait.

-Moi qui ait ouvert mon cœur... Me voilà flouée, très chère... Mais je ne vous en veux même pas, après tout, je suis la première à pêcher et à manipuler mes adversaires... Je n'ai que ce que je mérite, et je confirme que vous êtes définitivement une personne formidable... En tout cas...

Semblant de plus en plus attisée par la situation, Anastasia s'approcha un peu plus de Viridium, lui collant presque le visage.

-Quelle plaisir de rencontrer une personne qui, exactement comme moi, possède l'un des Sceaux Divins, la "Persuasion Sensuelle"... C'est la première fois que j'y fais face et que je le subis... Ça fait donc cet effet ? Vraiment bluffant... Il semblerait que notre conversation doit prendre une nouvelle tournure avec cette information en plus, Viridium ~~