L'Archipel du Dingue

Capitaine du Space Mountain Messages : 2092 Age : 29

-Tu veux un spectacle, jeune femme ? Peut-être qu'il ne te plaira pas ou que tu ne le trouvera pas distrayant mais c'est tout ce que je peux t'offrir en ce moment.

Acht ne répondit pas, se calmant légèrement, et se mît à écouter silencieusement la Légendaire Déchue, ne s'avançant pas plus vers elle et éteignant même le son de ses haut-parleurs pour laisser la place à la voix de plus en plus naturelle et normale de Meloetta. Étonnamment, cette dernière semblait devenir de plus en plus belle et sincère au fur et à mesure qu'elle s'efforçait à chanter normalement, la femme Chapignon affichant un air ému et abasourdi alors que ses ailes commençaient à redevenir progressivement blanches.

-Cette... Cette voix... Elle est si... Bellle...

La Muse Dansante se laissa emporter par ce chant tragique, dansant légèrement sur place avec un partenaire invisible. Elle semblait ne faire plus qu'un avec le chant de Meloetta, et au bout d'un moment, s'arrêta finalement, pour dire d'un air triste.

-Je... Je ne peux pas... Je ne peux pas te retirer la vie... Quelque soit les ordres... Ton amour pour Missingno... Ta volonté de chanter... Je la sens dans chacune de tes syllabes... Je ne peux pas briser ça... Ce serait beaucoup trop... Odieux... Tu as réussi à me divertir, bravo. Je vais t'épargner.

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Une musique se mît alors à surgir des haut-parleurs, couvrant complètement le chant désormais bien moins fort de Meloetta, un son horrible et démoniaque. Son son était désagréable, stressant, totalement décalé avec la situation dramatique. Acht eut un grand sourire et réapparut soudainement devant la Légendaire Déchue, ayant plongée sa main dans la bouche, posant ses doigts tendus sur la langue de cette dernière, alors que son adversaire essayait toujours de chanter, malgré le vacarme autour d'elle.

-Acht : ... Ou pas ~

Les doigts de la Neuf vibrèrent alors à une vitesse folle, telle une tronçonneuse. Du sang gicla de la bouche de Meloetta. Celle-ci se sentit étouffée par ce dernier. Et elle sentit surtout sa langue lui échapper, tranchée par ces doigts diaboliques. La femme Chapignon agitait la langue de la Légendaire devant elle, en rythme avec l'horrible musique, et afficha un grand sourire sadique alors que ses ailes redevenaient complètement noires, et ses yeux rouge sang.

-Désolé, mais le drama, j'aime pas ça ! Trop mélancolique pour moi ! Je préfère quand c'est CRUEL et IMPITOYABLE ! Tu le ressens, le désespoir, maintenant que tu as perdu ce qui comptait le plus pour toi ? Parce que ce n'est pas fini, hahaha !

Des larmes de douleur perlèrent sur les yeux de Meloetta alors qu'elle recrachait du sang, mais celle-ci se redressa bien droite, regardant de nouveau le Ciel l'air digne et déterminé, et continua malgré tout de chanter. Son chant était indistinct et pas forcément agréable, mais de toute évidence, rien au monde ne l'arrêterait de chanter jusqu'à sa mort. Anita afficha un air amusé, alors que des bras de cadavres fonçaient sur la chanteuse et l'agrippaient fermement par les bras, les jambes et les cheveux. D'autres bras se chargèrent de déchirer sa tenue, révélant par plusieurs endroits sa peau douce et blanchâtre. Les yeux d'Anita s'écarquillèrent alors d'excitation.

-Dis... C'est génial d'avoir des sensations physiques, hein ? Tellement de frissons, de vie, de bonheur... Avoir la chance d'avoir un tel corps... CA ME DONNE ENVIE DE TE L'ARRACHER !

Acht remit sa main en mode scie, et se mît à pénétrer la peau du ventre de la femme Légendaire, l'incisant avec précision de droite à gauche, alors que les mots résonnaient dans la tête de la femme Chapignon en boucle, en rythme avec la musique à un point qui en était malsain. ARRACHER. ARRACHER. ARRACHER. ARRACHER SA PEAU. ARRACHER. ARRACHER. ARACHER. LA FAIRE HURLER !

-Meloetta : UUUuuuuggh... !

-CA FAIT MAL ? OH OUI ! C'EST LA PARTIE QUE JE PREFERE ! LA PARTIE DU DESESPOIR ! DESESPOIR ! DESESPOIR ! Hurle de tous tes poumons, vas-y !

Les yeux de la Déchue se renfrognèrent, ces derniers continuant de brûler de détermination et de dignité, alors qu'elle continuait de toutes ses forces d'ignorer la douleur et de continuer de chanter, sa voix passant de cris de douleur à des cris harmonieux et tragiques. Dans la tête de Meloetta c'était d'autres mots qui résonnaient.

Missingno. Missingno. Missingno.

Acht fronça les sourcils en voyant cela, et affichant un sourire sadique, la femme Chapignon pénétra sa main dans le ventre de Meloetta, déchiquetant totalement son estomac. La Légendaire Déchue, par réflexe corporelle, cracha du sang sur la femme Chapignon ,qui se laissant asperger son visage déformé par la folie avec un plaisir malsain. Car c'était là leur raison de vivre.

S'entretuer. S'entretuer. S'entretuer.

-Acht : Allez, le bouquet final ! Que ta souffrance soit une véritable apothéose et me fasse transpirer de plaisir !

La femme Chapignon se mît à trancher le corps, avec des blessures non mortelles, cherchant à faire souffrir au maximum Meloetta. Mais cette dernière ne lâchait pas, faisant tout ce qu'elle pouvait pour chanter malgré tout. L'une pour le Désespoir. L'autre pour Missingno.

Désespoir. Désespoir. Désespoir.

Missingno. Missingno. Missingno.

Désespoir. Désespoir. Désespoir.

Missingno. Missingno. Missingno.

Désespoir. Désespoir. Désespoir.

Missingno. Missingno. Missingno.

Désespoir. Désespoir. Désespoir.

Missingno. Missingno. Missingno.

Désespoir ! Désespoir ! Désespoir !

Missingno ! Missingno !. Missingno !

La musique s'arrêta.

Anita avait donné un dernier coup de paume de main, haletante, alors que Meloetta trempait dans son sang. A peine en vie alors que l'hémorragie lui ôtait progressivement, ses vêtements déchiquetés, son estomac et ses tripes qui pendaient, sa langue au sol devant elle, ses cheveux rasés. Et pourtant, dans un dernier élan d'énergie, la Légendaire leva avec difficulté son visage défiguré, et d'une voix obstruée mais tout de même mélodieuse, la Déchue laissa échapper faiblement des syllabes de sa bouche, l'air toujours aussi fier et plein d'espoir..

-Meloetta : ... Mi...in... no...

Acht eut un rictus de colère et trancha d'un seul coup net la gorge de Meloetta. Le corps de la Déchue resta sur place, à genoux, le visage baissé, alors que les morceaux de cadavres tombaient mollement au sol. Anita s'effondra au sol, haletante et pas du tout rassasiée. Comment... Pouvait-il... lui rester malgré tout... tant d'espoir... La femme Chapignon se mît à se griffer à sang le visage, essayant désespérément et vainement de ressentir une quelconque douleur alors que du sang bleu coulait légèrement sur son visage.

Pourquoi ne pouvait-elle pas juste vivre, comme son adversaire ironiquement défunt ?

Sur leur île, Démétéros et Yukimoto étaient encore face à la femme-Gardevoir, aucun d'eux n'ayant osé ne serait-ce qu'entrer dans le sanctuaire fleurie de la jeune femme. Visiblement, les deux nouveaux Alliés réfléchissaient et surtout ne savaient pas quoi faire. Le Génie se disait qu'il n'avait pas dû tant utiliser ses pouvoirs que ça puisque l'appel de Missingno avait eu lieu quelques minutes après qu'il ait levé son premier sceau, il avait donc pu scellé à nouveau son pouvoir pour ne pas s'épuiser inutilement. Il aurait donc assez d'énergie pour un nouveau combat mais n'était pas sûr que ce soit le cas de Yukimoto.

Mais ce n'était pas ce qui l'inquiétait le plus. Le vrai problème, c'était...

-Elle n'a pas vraiment l'air d'une ennemie, non ? Qu'en penses-tu Yukimoto ? Je me vois mal attaquer quelqu'un qui ne m'a rien fait.

Le Déchu fronça les sourcils, l'air pensif. Pour qu'elle ne soit pas blessée après tout le temps qu'elle avait dû passer ici c'est que soit on ne pouvait pas entrer dans le "jardin" qui l'entourait qui agissait comme un champ de force, soit qu'elle pouvait dans tous les cas se défendre et qu'il s'agissait d'un adversaire très puissant. Peut-être même qu'ils ne seraient pas à la hauteur et qu'il vaudrait mieux éviter le combat. Il n'aimait vraiment pas se battre, de une et en plus il n'aurait pas envie de salir ce somptueux jardin. En tant que Dieu de la Terre et de la fertilité, il aurait l'impression de souiller ses principes et la Déesse-Mère. Il était donc moralement handicapé face à un adversaire pareil. Après avoir mûrement réfléchit, il poussa un profond soupir et déclara à l'Homme-Persian :

-Nous sommes Alliés maintenant, aussi je respecterai ton choix... Ceci dit, j'ai l'impression qu'elle est puissante mais il est clair qu'elle n'est pas agressive. Que fait-on ?

Yukimoto resta silencieux un moment, suite à aux remarques de Démétéros. Suite à la fin de son affrontement avec lui, il avait désactivé son armure et son épée, revenant à sa forme de base ; et avait pu prendre un peu de repos avant que les deux hommes ne se lancent à l'assaut des soldats Stalkers sur le reste de l'île. Depuis lors, il se battait principalement en invoquant en alternance les armes des quatre Valets de son jeu. Néanmoins, le problème ici était moins une question de capacité à combattre... que de volonté de le faire. Les doutes du Déchu semblaient fondés. La position de cette Stalker, à genoux, dans une sorte de transe, dans un jardin qui n'avait rien de naturel considérant l'état des îles de l'Archipel du Dingue... Ce n'était pas commun. Ce n'était pas vraiment un endroit pour méditer. Et jusqu'ici, elle n'avait rien fait, rien dit, comme si elle ignorait royalement leur présence. En revanche, il émanait d'elle une réelle énergie. Elle devait être puissante.

-Hmm... En effet, ce ne serait pas très gentleman d'attaquer cette jeune femme maintenant, en dépit du fait qu'elle soit notre ennemie. Elle pourrait préparer quelque chose de dangereux, néanmoins. Va savoir depuis combien de temps elle maintient cette position ~ M'enfin, je suis curieux concernant ce jardin. Je vais essayer quelque chose.

L'Homme Persian se pencha légèrement, plaçant sa main sur son front pour tenter d'y voir plus loin. Puis, il haussa les épaules, l'air désinvolte. Il n'y avait pas grand chose à faire. Ils pouvaient simplement partir et aller nettoyer le reste de l'île. Mais sa curiosité le poussait plutôt à rester, en dépit des risques. Il sortit de sa manche une carte à jouer - un Joker - et la lança en avant, contrôlant avec précision le lancer pour qu'elle se dirige vers Anastasia. C'était une simple carte, aiguisée mais peu dangereuse, et qui libérerait un nuage de fumée multicolore au contact. Il voulait tenter de faire réagir la femme Gardevoir, plutôt que de vraiment l'attaquer. Ainsi, ils connaîtraient peut-être ses véritables intentions.

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Anastasia ne bougeait pas d'un pouce, la carte se dirigeant vers la femme Gardevoir lentement mais sûrement. Cependant, au fur et à mesure que la carte se rapprochait de sa cible, même si peu agressive, Yukimoto put se sentir particulièrement oppressé à cet instant précis, comme-ci une ombre planait autour de lui, lui faisant à tout prix regretter son geste. Comme-ci une épée du Jugement allait s'abattre sur lui à tout moment. Ce n'était même pas effrayant. C'était comme avoir le regard d'une mère réprobatrice plongé sur soi alors qu'on était encore enfant. Mais... L'aura et l'impression de malaise disparurent soudainement, alors que la Lieutenante Stalker ouvrait les yeux, sortant de sa méditation. La femme leva sa main gauche, ses doigts en ciseaux, et intercepta en refermant lentement ces derniers la carte, celle-ci arrêtant soudainement d'émettre de la fumée et semblant redevenir une carte Joker normale. Anastasia afficha un petit sourire bienveillant et amusé, alors qu'elle se levait lentement de sa position en s'époussetant.

-Anastasia : Hmm, excusez-moi, messieurs, je ne vous avais pas vu... J'espère que vous pardonnerez mon indélicatesse, je suis une femme très distraite, vous savez...

La femme Gardevoir avait posé un poing fermé contre sa poitrine et détourné le regard en disant cela, semblant clairement s'en vouloir pour son comportement. Tout chez elle respirait la tendresse, la gentillesse et le pacifisme, pas la moindre once de son aura étant négative. Elle regarda d'un air curieux Démétéros puis l'homme Persian, mettant avec douceur sa main contre sa joue tout en agrippant le coude du même bras avec son autre main, tout en finesse.

-Je sais que je prolonge l'indélicatesse, mais... Pourriez-vous vous présenter ? Je ferais de même après, ne vous inquiétez pas, mais vous comprenez, notre rencontre ne peut être fortuite... Et je n'ai pas particulièrement l'intention de me battre... Alors autant en profiter et faire connaissance, je suis sûr que nous en sortirons tous les trois gagnants.

-... Très bien !

Yukimoto semblait, de l'extérieur, garder son calme. Il l'avait néanmoins ressenti. Parfaitement ressenti. Cette aura... Comme si cette femme possédait une sorte d'ange gardien invisible prêt à le découper en morceaux à n'importe quel moment. C'était terrifiant. Il ne se souvenait pas d'avoir eu une frayeur pareille ces dernières années. Mais il était encore plus effrayé intérieurement par la différence de ton entre cette "chose" et le caractère tranquille, pacifiste, de la Gijinka Gardevoir. Il avait lancé cette carte pour la faire réagir, et c'était chose faite, mais ne savait pas vraiment à quoi s'attendre par la suite. Le joueur de poker se racla la gorge et, s'inclinant devant leur magnifique interlocutrice, lui répondit.

-Je suis Yukimoto Sakurai, amateur de poker et autres jeux de cartes. J'apprécie les nouvelles rencontres, et ma foi, vous m'apparaissez resplendissante, que ce soit visuellement ou en terme d'aura, haha !

Démétéros fronça les sourcils. Il y avait définitivement quelque chose de louche chez cette femme-Gardevoir mais au moins elle n'avait toujours pas l'air agressive. Elle semblait presque intouchable sans être dangereuse pour autant. De manière générale, elle dégageait quelque chose d'étrange mais... Son regard se concentra à nouveau sur le jardin qui entourait Anastasia. Il ne pouvait pas s'empêcher de croire que quelqu'un qui aime la nature ne pouvait pas être une mauvaise personne. De toute façon, elle semblait vouloir discuter plutôt que combattre, ce qui avait l'air d'arranger Yukimoto autant que lui. En somme, il n'avait pas de raison de refuser. Il écouta attentivement la jeune femme et la réponse de son compagnon avant de déclarer de façon respectueuse et solennelle :

-Je suis Démétéros, Dieu du sol et de la fertilité et membre des Déchus. Si cela peut vous rassurer, j'ai été traîné ici par Missingno mais je n'ai pas l'intention de me battre contre qui que ce soit qui ne serait pas hostile. Je pense que cela serait une perte de temps et d'énergie.

Yukimoto ne put qu'acquiescer aux paroles de son compagnon, et continua.

-De même, je me bats aux côtés des Rebelles dans cette bataille, mais comme mon ami, je n'ai pas grand chose à gagner à vous affronter. Je pense que nous pouvons nous entendre tous les trois sur ce terrain. Alors, quel est votre nom, charmante demoiselle ~ ?

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Anastasia afficha un air fortement intéressé et impressionné en entendant les présentations des deux hommes, comme-ci elle venait de rencontrer des idoles pour elle, et ne put s'empêcher de paraître flatter à chacune des remarques galantes de ces hommes.

-Anastasia : Oh, je vois, vous n'êtes pas n'importe qui... Je ne regrette vraiment pas d'avoir sacrifier mon agréable méditation pour aller à votre rencontre...

La femme Gardevoir pencha la tête la main se transférant sur le menton, comme-ci elle était en train de réfléchir intensément, puis finalement, eut un sourire apaisé et souleva des deux mains les bords de sa robe, faisant une courbette très élégante et raffinée. Les deux hommes purent remarqués dans ses mouvements une certaine harmonie, chacun de ses mouvements étant fluide et particulièrement agréable à suivre du regard, pour ne pas dire envoûtant.

-Bien, je suppose que c'est à moi de me présenter... Je ne promets pas d'avoir un profil aussi intéressant que le vôtre... Mais après votre extrême galanterie, je me dois de me présenter avec tout ce que j'ai, sans fioriture ni secrets. Je n'ai pas l'habitude de révéler mon identité mais vous le méritez tellement...

L'ambiance changea alors de nouveau, comme-ci l'aura se mettait à écraser Yukimoto et Démétéros. L'aura n'était toujours pas malveillante, ni agressive, elle était juste là, comme-ci elle venait juste marquer le respect et faire comprendre la position des deux hommes par rapport à la Femme Gardevoir. L’œil visible d'Anastasia, l'autre étant caché par sa frange verte, brillait d'un éclat envoûtant et mystique.

-Je me nomme Anastasia Sunchuka. Par le peu connaissant ma position parmi mes compagnons, je suis aussi Zero, la "Vraie" Muse des Neuf. Je dirige les Stalkers dans l'ombre, et j'en suis la co-fondatrice...

La femme Gardevoir leva alors le regard, un éclair de fierté passant dans son regard, alors qu'elle contenait de sa voix harmonieuse et tranquille :

-Accessoirement... Je suis aussi la Créatrice de l'Art Interdit~

Le Gijinka Persian écarquillait les yeux, abasourdi. Il tentait de comprendre ce que cette femme venait de dire. Zero ? La "Vraie" Muse ? Et une seconde chef des Stalkers ? Et plus important encore... L'Art Interdit, ce pouvoir auquel tous les Rebelles avaient été confrontés à un moment ou un autre en affrontant les Stalkers... Elle en était à l'origine ? Cette unique personne avait créé le pouvoir de tous leurs adversaires ?

Démétéros, de son côté, croisa les bras et hocha lentement la tête, les yeux fermés, semblant nullement perturbé mais prenant tout de même le temps d'intégrer l'information. Au bout d'un moment, il rouvrit les yeux et déclara simplement :

-Je vois, nos sources étaient donc erronées. C'est naturel lorsqu'il y a un dirigeant dans l'ombre.

Le Génie de la Terre ne savait pas s'il devait se sentir rassuré ou non. D'une certaine façon, le fait de gouverner dans l'ombre prouvait bien que c'était une personne qui préférait manipuler les personnes avec élégance plutôt que d'être en première ligne lors d'une bataille. D'un autre côté, il se disait que cela signifiait aussi qu'ils avaient eu un bon pressentiment avec Yukimoto : cette femme devait être forte, très forte, pour diriger une armée aussi puissante que celle des Stalkers. Il ne comprenait pas très bien ces histoires de Muses et d'Art Interdit mais il en savait assez, comme tous les autres Déchus, pour comprendre tout de suite que cela signifiait qu'elle avait inventé cet étrange pouvoirs que tous les Déchus détestaient tant. Cela faisait d'elle une véritable ennemie qui aurait dû être éliminé, mais... Le Déchu lança un coup d'oeil vers l'homme-Persian.

Yukimoto venait de déglutir. Tout d'un coup, il se sentait rassuré de ne pas devoir la combattre. Ce n'était pas n'importe qui qui faisait face au Déchu et au Rebelle. Eins, l'autre chef des Stalkers, semblait déjà d'une puissance démentielle. Mais maintenant, ils venaient d'entrer en possession d'une information capitale. Le fait qu'il existait un deuxième chef, et à en juger par son aura, à nouveau menaçante, il lui semblait qu'elle pourrait être autant, voir plus puissante encore, que l'homme Insécateur. Que faire, alors ? Le parieur bégaya, tentant pour commencer de reprendre son calme à nouveau.

-Eh bien... hem... Ma foi, vous dites n'avoir pas un profil aussi intéressant que les nôtres... C'est fort mal se considérer, haha ! Je n'aurais jamais cru que je tomberais sur quelqu'un d'aussi haut placé dans votre groupe simplement en errant sur ce champ de bataille. Ravi de vous rencontrer, Anastasia Sunchuka. Et même si vous dites que ça ne vous a pas dérangé, je m'excuserai quand même pour avoir interrompu votre concentration mystique.

Lentement, Démétéros hocha de nouveau la tête. Evidemment, il y avait de quoi avoir peur ou être pris d'une légère panique. Yukimoto était un homme intelligent. Il avait compris, tout comme lui, qu'il ne ferait pas le poids. Autant éviter les pertes inutiles. Il répondit donc poliment, comme pour confirmer les propos de son ami :

-En effet, nous sommes loin d'être des chefs de faction tout comme vous, ce serais donc à nous d'être impressionné. Ceci dit, quelque chose m'intrigue... Si votre armée attaque les nôtres en ce moment même, pourquoi vouloir discuter avec nous, qui sommes deux membres importants de nos camps respectifs, plutôt que de nous éliminer sur le champ ?

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L'ambiance redevint petit à petit calme et sereine, alors qu'Anastasia, alias Zero, semblait prendre un air interrogateur face aux remarques de Démétéros et Yukimoto, comme-ci elle trouvait ces dernières étranges et inopinées. Celle-ci afficha alors un petit sourire, semblant amusé de la réaction des deux hommes comme une mère le serait en voyant ses enfants essayer de l'impressionner et de lui faire plaisir, de manière naïve et maladroite. Elle tendit alors sa paume de main en avant, tendue vers le haut, et entama une réponse calme et toujours aussi agréable à écouter.

-Zero : Hmm, je comprends votre question, elle est assez pertinente... Mais permettez-moi d'y répondre en la détournant à mon avantage et en vous la retournant. Pourquoi VOUS ne m'avez pas attaqué sur le champ, et avez totalement approuvé ma volonté de ne pas combattre ?

La femme Gardevoir marqua un léger silence, repliant sa main, et croisa ses bras dans une posture appuyée, qui donnait étrangement envie d'être un bébé et de venir se loger ses bras si fins et blanchâtres, comme des draps de lin tout neufs. Puis, la chef des Stalkers continua de parler avec toujours ce même ton posé, appuyant désormais son propos plus en détails.

-Je pense que vous n'avez pas douté un seul instant que j'avais le statut d'ennemi pour vous deux, et pourtant, vous avez été mis à l'aise face à l'idée de m'attaquer. Certes, ma puissance naturelle vous a poussé à la méfiance, ce qui démontre votre intelligence et votre prudence, mais cela ne peut pas faire tout. Vous ne ressentez pas le besoin de m'éliminer... Alors que je suis probablement l'une des causes de beaucoup de vos problèmes. Tous ces rebelles morts, durant cette bataille ou la précédente, c'est probablement ma faute. Et je suis sans doute un obstacle à la progression de Missingno... Alors, pourquoi, à votre avis ?

Sans attendre la réponse des deux hommes, Anastasia marcha lentement vers eux, sans aucune animosité, sortant de la zone de verdure alors que ses jambes blanches et fines semblaient à peine effleurés le sol à chacun de ses pas. Elle semblait légère comme une plume, et la peau de ses jambes totalement nues, visibles ou sous sa robe qui remontaient jusqu'à ses cuisses à chaque pas, était totalement enivrante. A moins d'être totalement insensible à ce genre de choses, il était bien difficile de ne pas être pris par la tentation de caresser ces douces cuisses, semblant si pures et délicates. De plus, chaque mouvement pour avancer de la femme Gardevoir semblait parfaitement calculé et d'une harmonie sans nom, dans une fluidité envoûtante. C'était comme regarder un pendule d'hypnose, avec le plaisir et la tentation du corps humain en plus.

-Vous avez peur, mes chers amis. Vous avez peur de moi, et d'une manière tout à fait rationnel. Votre esprit, face à mon aura et mon identité, ne peut assimiler le fait que je sois une femme douce et innocente, sinon quoi, cette guerre n'aurait aucun sens, n'est-ce pas ? Et pourtant, vous ne faîtes pas cette guerre juste pour tuer... Sinon quoi, l'un de vous deux serait déjà mort, au lieu d'être devenu si proche de son ancien adversaire. Alliance ou non. Cette jurisprudence... Cette volonté de mener cette guerre à sa fin quelque soit son issue... C'est ce qui fait de vous des Gijinkas admirables.

Au fur et à mesure qu'Anastasia avançait dans sa marche et dans son monologue, Démétéros et Yukimoto ressentaient de plus en plus une sensation étrange, en plus du fait qu'ils se sentaient incapables d'interrompre la femme Gardevoir. Cette femme avait raison. Elle était belle. Elle était douce. Elle était sage. Cette femme avait raison. Il leur devenait de plus en plus difficile d'être en désaccord avec elle. Ce n'était pas comme si ils étaient forcés de penser comme ça, comme si ils étaient manipulés. Non. C'était une persuasion bien réelle. Cette femme... avait raison.

-Voilà pourquoi je ne vous attaque pas non plus, mes amis. J'ai peur de vous faire du mal. J'ai peur de prolonger inutilement cette guerre, de créer une énième tragédie. Cette bataille ayant lieu en ce moment-même... J'ai du m'y résoudre. Cela répondait à un besoin de l'autre fondateur des Stalkers, Eins, comme vous le connaissez... Je voulais juste... atteindre une certaine personne... Et regardez où nous en sommes... Vous trouvez ça normal, vous ?

Les mains sur le cœur, Zero avait pris un air passionné et particulièrement sincère, comme si elle était émue par la situation. Et il était difficile... de lui donner tort... De plus en plus... Difficile... Vraiment...

-Je peux comprend pour vous, Démétéros, car vous vous battez pour un idéal. Mais vous, Yukimoto, pourquoi vous battez-vous ? Ces personnes, ces Rebelles... Dont cette Miranda... Vous êtes tous en train de courir au massacre, pour quoi, sauver UNE personne dont la vie aurait apparemment plus de valeur que la vôtre ? Juste parce que l'une des Chefs l'aimait bien ? Combien de vos alliés sont déjà morts pour ce caprice ?

Alors que la sensation de persuasion devenait de plus en plus forte, Anastasia continuait son monologue en tendant les bras sur les côtés, l'air presque énervé par ces injustices.

-De manière générale, même, pourquoi vous battez-vous ? "Vous rebeller" ? Face à quoi ? Les "méchants" Légendaires ? Nous pouvons bien voir que ce Déchu ici présent vaut bien plus que certains Stalkers ou Rebelles. Contre les Stalkers ? Votre mouvement existait bien avant leur apparition. Ce camp ne vaut pas mieux que celui des Dacotas ou les Kentuckys autrefois. Et pourtant... Nous devrions nous entre tuer pour suivre les ordres de telles personnes ?

La chef des Stalkers s'arrêta alors à quelques mètres des deux hommes, prenant une posture gênée et attristée.

-Je... je regrette tellement... d'avoir écouter cet homme... Ce Eins... Il nous a tous manipulés... Il a utilisé mon propre pouvoir, mon propre désespoir, pour arriver à ses fins. Cela ne peut juste pas durer... Pourquoi nous laissons-nous donc aller aux injustices d'une telle guerre ? Alors qu'on pourrait choisir de ne combattre que ceux que l'on considère vraiment comme des ennemis ? Et non pas ceux que nous imposent une vulgaire entité supérieure ? Encore une fois, Démétéros, je vous met en tant qu'exception... Même si je ne partage pas vos idéaux, je trouve votre Maître incroyable... Mais vous, Yukimoto Sakurai... Ne trouvez-vous pas que nous méritons tout deux mieux que ça ?

Dans la tête des deux hommes, une seule idée semblait bien vouloir résonner : Elle avait raison. Car après... Oui... Elle avait forcément raison.

Yukimoto écoutait silencieusement les paroles d'Anastasia, l'air troublé. Il ne pouvait s'empêcher de la trouver magnifique. D'une grâce sans pareille. N'importe quel homme serait tombé pour elle. Et... elle n'était pas seulement d'une élégance incomparable. Non, c'était plus fort encore. Ce qu'elle disait... Était parfaitement, complètement, vrai. Elle avait raison. Elle était la cause de tout ça. Elle avait raison. Pourtant, elle apparaissait comme une jeune femme d'une telle pureté... Ça devait être une plaisanterie, n'est-ce pas ? Qu'une créature d'une telle beauté soit en réalité le marionnettiste derrière les Stalkers... Mais c'était vrai... peut-être. En tout cas, elle avait raison. Elle parvenait à le faire s'interroger sur les raisons pour lesquelles il se trouvait là, à l'instant, sur ce champ de bataille. Pourquoi il avait rejoint cette armée ces derniers mois... Pourquoi il se battait avec ces "Rebelles"... dont il se fichait majoritairement de la cause. Elle avait raison. Une cause probablement injustifiée, oui. Ils devaient se battre contre les Déchus à la base, non ? Mais Démétéros, qui se trouvait à côté de lui, était un homme bon, calme par nature, et par dessous tout, adorateur de toute chose naturelle. Ce n'était clairement pas une mauvaise personne. C'était même le contraire, et il avait gagné un énorme respect pour lui au travers de leur court affrontement. Plus encore, oui... Elle avait raison, cette bataille n'avait aucun sens. Toute une armée sacrifiant ses membres désespérément pour gagner du temps, pour ramener à la vie UNE personne, qui n'était même pas si forte... Confiant leurs destins à cette Miranda Dysnasty, dont ils ne savaient presque rien... Elle avait raison. Si il continuait à prendre part à cette bataille - à cette guerre - dans la position où il se trouvait... Il mettait en jeu sa vie, la vie d'un homme intelligent et prudent, pour une cause sans aucun fondement. Il risquait de mourir pour rien. Et même à supposer qu'ils gagnent face aux Stalkers... il devrait un jour se battre à nouveau contre Démétéros, et l'un des deux devrait tuer l'autre. Elle avait raison. Elle avait raison, sur tous les points.

-Je... je regrette tellement... d'avoir écouté cet homme... Ce Eins... Il nous a tous manipulés... Il a utilisé mon propre pouvoir, mon propre désespoir, pour arriver à ses fins. Cela ne peut juste pas durer... Pourquoi nous laissons-nous donc aller aux injustices d'une telle guerre ? Alors qu'on pourrait choisir de ne combattre que ceux que l'on considère vraiment comme des ennemis ? Et non pas ceux que nous imposent une vulgaire entité supérieure ? Encore une fois, Démétéros, je vous met en tant qu'exception... Même si je ne partage pas vos idéaux, je trouve votre Maître incroyable... Mais vous, Yukimoto Sakurai... Ne trouvez-vous pas que nous méritons tout deux mieux que ça ?

L'homme Persian affichait maintenant un sourire béat. Le cristal rouge sur son front clignotait lentement. Elle avait raison. Il fallait sortir de ce cycle infernal. Il pourrait certainement faire confiance à cette femme, quoiqu'elle dise. Elle n'avait pas l'air de mentir. Elle disait vrai, elle avait encore une fois raison. Il méritait mieux que ça. Il avait parcouru tant de chemin... Alors qu'il pensait cela, il claqua des doigts, matérialisant un Stetson, beige avec une bande noire, dans son autre main. Il le cala entre ses deux oreilles de Persian, le tenant avec sa main gauche, de telle sorte que le chapeau cachait maintenant complètement la pierre et sa lueur.

-Ma foi, j'imagine que c'est une proposition très intéressante, hahaha ! Il est vrai que je n'ai aucune assignation officielle avec ces Rebelles. Rien qui me relie à eux. Je leur confiais ma force et mes espoirs jusqu'ici, mais... Il serait peut-être temps de changer de rythme ~.

Il avança lentement vers Anastasia. L'idée de se rapprocher de ce corps à l'apparence si parfaite, de cette femme si délicieuse, le faisait frissonner. Il avança, jusqu'à se retrouver extrêmement près d'elle, de sorte à la regarder droit dans les yeux. Et là... de là où elle se trouvait, Anastasia pouvait clairement voir l'expression du Gijinka, jusqu'ici en partie cachée par l'ombre du classieux chapeau. Ses yeux étaient remplis de malice. Il souriait, non pas comme quelqu'un d'hypnotisé, comme quelqu'un de pris dans les filets de la beauté de Zero... mais comme un homme sûr de lui. Comme un homme capable de tout. Comme un homme sur le point de tenter le plus gros coup de poker de tous les temps.

Elle avait raison. Elle avait parfaitement raison. Yukimoto n'avait aucune raison de suivre les Rebelles.

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Le soleil se couchait sur le royaume. On voyait toujours quelques colonnes de fumée noire monter depuis les maisons, ci et là. Au loin, un Gijinka d'une espèce impossible à identifier à cause de la distance, s'éloignait. Il avait un sac sur l'épaule. Il s'éloignait vers l'horizon, marchant par dessus les gravats, tentant de ne pas mettre les pieds sur les corps fumants. Il s'arrêta un instant devant ce qui paraissait être une porte colossale, aux rebords en pierre, taillée à l'intérieur d'une muraille plus gigantesque encore. La porte était complètement défoncée. La grille qui la fermait était tombée à l'horizontale sur le sol. Le Gijinka mystérieux se retourna, regardant derrière lui. Adressant son regard vers un point précis à l'horizon, en hauteur, à des kilomètres de là, de l'autre côté de la ville.
Un regard désemparé.
Puis il se tourna à nouveau et traversa la porte détruite, disparaissant, sans plus se retourner. En hauteur, à des kilomètres de là, de l'autre côté de la ville, deux personnages venaient de l'observer partir. Ils étaient calmement assis, chacun sur un créneau du rempart. Le premier soupira, d'une voix fatiguée. Il s'agissait là d'un homme d'une carrure impressionnante, son corps étant presque entièrement recouvert d'une armure de plaques d'acier pourpre relativement abîmée, avec des épaules et des jambes ornées de pointes. Il avait d'attaché à son flanc une énorme épée, et à sa nuque, une cape vert émeraude, qui tombait derrière lui, et avait probablement subi de nombreux combats au vu de ses déchirures. Cela corroborait l'idée que l'homme Nidoking était âgé - tout comme la barbe blanche qui s'échappait de son heaume. Le second personnage, au contraire, ne faisait pas la moitié de la taille du premier, et balançait simplement ses jambes le long du créneau, d'un mouvement typique d'un enfant. Il avait l'air plutôt tranquille. C'était un jeune garçon qui portait une simple tunique beige, avec une capuche sur la tête. Il avait les joues marquées de traces noires, comme si on lui avait dessiné des moustaches au crayon ; et sur son front, de sous la capuche, jaillissait une lumière rouge, reflet du coucher de soleil en face de lui.

Finalement, le vieil homme brisa le silence.

- C'est fini, gamin. C'était le dernier homme. Maintenant, mon royaume n'est plus qu'un rêve effondré. Une cité fantôme où plus une âme ne vit.

Le garçon ne répondit pas, laissant son aîné continuer.

-Tu devrais partir, maintenant. Il n'y a plus rien à voir. Il n'y a plus que moi. Je ne comprends même pas pourquoi tu es resté aussi longtemps.

-C'est simple.

Le roi tourna la tête pour voir le visage du garçon. Ce dernier le regardait avec un regard innocent.

-Cet homme, c'était un de vos soldats, non ? Pourquoi pensez-vous que cet homme soit resté aussi longtemps, lui aussi ?

-Je ne sais pas très bien, à vrai dire... Autrefois, j'aurais dit qu'il voyait quelque chose en moi. Maintenant...

-Vous avez raison. Il voyait quelque chose.

Le jeune Gijinka se leva, se tenant désormais debout sur le créneau, et s'étira, plaçant ses mains derrière sa nuque.

-Cet homme, Songor, il avait de la puissance. Et je ne parle ni de force physique, ni magique. Ni de quoi que ce soit de similaire. Ce soldat, il avait la puissance, dans ses tripes, de confier ses espoirs et sa personne toute entière à un seul homme, pour que celui-ci accomplisse ses rêves, et l'aide à accomplir les siens en retour.

-C'était stupide de sa part. Regarde où nous en sommes. Je n'ai rien pu accomplir. Je n'ai pas pu empêcher ce royaume de devenir un autre champ de bataille pour les Dacotas et les Kentuckys. Et maintenant, il part, parce qu'il n'a plus aucune raison de rester. J'ai gâché les espoirs qu'il me confiait.

-Je ne crois pas que c'était stupide de sa part. Vous n'avez fait aucune erreur. Vous vous êtes comporté comme le meilleur des rois, et un tacticien sans pareil. En plus vous êtes invincible au poker.

-Arrête ça. Je ne suis qu'un vieux fou ruiné.

-Vous êtes puissant, Songor. Ce soldat le savait. Les puissants ne vont pas tout miser sur quelqu'un de faible. Est-ce que vous pensez que je miserais sur quelqu'un de faible ?

Songor esquissa un léger sourire.

-Tu n'es pas vraiment quelqu'un de puissant pour le moment, haha...

-Peu importe. J'ai une proposition pour vous.

-Hmm ?

Le garçon à la capuche sauta du créneau, en arrière, pour retomber sur le dallage en pierres de la tour de garde. Il regardait à nouveau au loin, mais dans la direction opposée, cette fois, et avait les bras croisés dans son dos. Cela lui donnait un aspect plus comique que sérieux, étant donné son apparence d'enfant. Pourtant, sa voix démontrait qu'il ne plaisantait pas. Son interlocuteur descendit également de son créneau, à son rythme.

-Votre royaume est en ruines, et vous êtes quelqu'un d'âgé. Vous serez probablement mort avant d'avoir pu ne serais-ce qu'essayer de lui redonner vie, ou d'en construire un autre.

-Et donc ?

-Pensez-vous être assez puissant pour confier vos espoirs et votre personne à un seul homme... à moi, Yukimoto Sakurai ?

Le vieux Gijinka Nidoking fronça les sourcils.

-Tu savais depuis le début que ça allait arriver ? C'est pour ça que tu restais ?

-Je ne savais rien. Je saisis simplement l'occasion. Ce qui compte, ce n'est pas la main, mais ce qu'on en fait, n'est-ce pas ? Si vous me confiez vos rêves, je ferais mon possible pour les accomplir, même si ça doit être dans une autre vie. Je pourrais construire un beau royaume, vous ne pensez pas ?

Le visage du roi se décomposa l'espace d'un instant. Puis, il se mit à sourire à nouveau. Un grand sourire. Jusqu'à ce qu'il éclate de rire. Un rire puissant, un rire tonitruant, qui résonnait de tous les côtés sur le rempart, et qui ne semblait jamais pouvoir s'arrêter. Songor riait, riait. Il lui semblait qu'il n'avait pas autant ri depuis des siècles.

Songor : Tu es vraiment la dernière des canailles, hahaha ! Je n'ai jamais vu un charognard pareil ! Si j'avais encore quelque chose à perdre, je te jetterai du haut de ces murs pour t'apprendre le respect !

Yukimoto se mit à rire à son tour.

-Vous savez en quoi consiste mon pouvoir, comme vous l'a expliqué mon prédécesseur. Alors, avez-vous complètement confiance en moi ?

L'homme Nidoking hocha la tête et s'avança, lentement, s'appuyant sur son épée comme si il s'agissait d'une canne, et rejoignant le jeune garçon. Il prit la petite main de ce dernier dans sa propre paume, bien plus large, alors que celui-ci fermait les yeux. Son front luisait d'une puissante lumière rouge.

-Je ne doute pas un instant que tu construiras le plus beau royaume que ce monde de Gijinkas ait jamais porté, gamin.

L'homme au chapeau continuait de sourire tranquillement.

-Vous avez raison, Anastasia. Entièrement raison. Je ne souhaite pas mourir pour les Rebelles. Et en même temps...

... vous avez tort.

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Il recula soudain de deux pas, pour ne pas maintenir une telle proximité avec la jeune femme. Il tenait toujours son chapeau de la même manière.

-En quoi, me direz-vous ? Eh bien, je ne pense pas valoir plus qu'eux, ou eux moins que moi. La raison pour laquelle je les ai rejoint en premier lieu, est une raison complexe et personnelle que je m'en vais vous expliquer sur le champ. On pourrait la simplifier en disant que je recherche des gens puissants. Oh, pas ce genre de puissance non, non ! Je parle d'un autre type de puissance. Des gens qui sont prêts à parier jusqu'à leur vie. A jouer leurs cartes comme si ils n'avaient rien à perdre. C'est ça que je cherche. Et, ma foi, aussi stupide que ça puisse sembler, cette armée en est remplie. Cette bataille entière consiste à gagner assez de temps pour sauver une seule des leurs. Je trouve ça amusant, pour être honnête. C'est pour ça que je respecte les Rebelles. Je dois avouer que je n'en sais pas assez sur les Stalkers - pourquoi un nom aussi brutal, d'ailleurs - pour porter un jugement similaire.

Yukimoto haussa les épaules, et redressa son chapeau, à nouveau l'air désinvolte. Son joyau rouge ne brillait plus. Il fit quelques pas sur la gauche, puis sortit d'une de ses poches l'un de ses fameux paquets de 54 cartes ; et les sortant du paquet, commença à les mélanger sans pression. Alors, Démétéros et Anastasia pouvaient le voir. Il y avait une personne à gauche de lui. Le fantôme d'un vieil homme Nidoking, avec un énorme symbole en forme de Pique gravé à même l'armure, sur son torse.

-J'ai hérité d'une magie assez particulière. J'ai la capacité de porter les espoirs, les projets et les rêves d'autres personnes qui ne se sentiraient pas capables de les accomplir de leur vivant. J'acquiert leurs pouvoirs, comme si il s'agissait des miens, et je me dois de faire mon possible pour suivre ces volontés qui m'ont été confiées. Evidemment, pour certaines, c'est une tâche plus ardue que pour d'autres. M'enfin.

Fixant Anastasia, il était maintenant en train de faire passer le paquet de cartes d'une main à l'autre, habilement, comme le ferait un magicien.

-La seule condition pour qu'un tel transfert s'opère est une confiance totale entre moi et l'autre partie. Je ne vous connais pas encore assez bien, très chère Zero. Si je puis me permettre de vous appeler par votre véritable nom, hahaha. En tout cas, une chose est sûre. Cette personne que vous souhaitez atteindre... Cette volonté que vous avez d'accomplir un de vos rêves... J'aimerais en savoir plus. Si ce Eins, dont vous parlez, a manipulé tant de personnes, y compris vous... Si vous vous sentez incapable d'agir dans votre situation actuelle... Alors, peut-être, m'autoriserez-vous à hériter de vos espoirs.

Yukimoto souriait toujours. Il n'avait pas l'air de mentir. En réalité, il ignorait ce qu'il pouvait bien y avoir dans la tête de la co-fondatrice des Stalkers, et craignait ce qu'elle allait dire par la suite. Mais il pensait sincèrement tout ce qu'il disait. Il laissa un léger blanc, puis sortit trois cartes du paquet, les trois cartes lévitant devant lui, face vers le sol, de sorte à ce que personne ne puisse voir ce qu'il y avait dessous.

-Je ne peux évidemment rien promettre. Peut-être que ce n'est même pas quelque chose que je pourrais accomplir dans cette vie, et qu'il faudra que je laisse à mon successeur. C'est le cas pour nombre des espoirs qui dorment en moi. Mais le fait est qu'à mes yeux, les gens qui sont prêts à se lancer dans quelque chose d'aussi irrémédiable, sont les plus puissants qui soient. C'est un coup de poker. Lancer la roue et tout miser pour peut-être changer la donne via une infime différence. Que pensez-vous de ma façon de voir les choses ?

Capitaine du Space Mountain Messages : 2092 Age : 29

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La femme Gardevoir avait posé une main sur son cœur, semblant complètement éblouie par la passion et l'espoir que portaient cet Homme Persian. C'en était presque éblouissant. Anastasia se mît à avoir un petit sourire satisfait, et lâcha tranquillement :

-Anastasia : Je vois... Je ne m'étais pas trompé... Vous êtes vraiment des Gijinkas admirables... Du coup, quelle question ? Bien sûr que je vous fais confiance. Je fais confiance en chaque être sur cette terre. Chacun d'eux a son existence, sa manière de vivre, son caractère... Quand on arrive à saisir le personnage, plus rien ne nous échappe de sa part... Et on peut alors lui faire totalement confiance pour qu'il fasse ce qu'on espère de lui...

Anastasia s'approcha doucement, saisissant les deux mains de Yukimoto, avec douceur et gentillesse. Tout chez elle respirait la tendresse, et il était impossible pour quelconque Gijinka de ne pas avoir confiance en elle. La femme Gardevoir eu alors un léger sourire plein de sympathie et continua ses propos.

-Je vous fais confiance, Yukimoto Sakurai. Je vous confie ma vie, car je n'ai aucun doute de ce que vous en ferez. Je vous fais... confiance... Je serais même prêt... A ne faire qu'un... Avec vous... Si le Destin le voulait...

La femme Gardevoir ferma les yeux. Une lumière éclata, et enveloppa la personne, celle-ci devenant totalement lumineuse. Puis elle pénétra en la personne lui faisant face, comme un reflet de lumière dans un miroir, et disparut totalement, ne faisant désormais qu'un avec cette dernière. C'était arrivée en un fragment de seconde. Mais les choses ne s'étaient pas passés comme l'une des deux personnes l'avait imaginé.

Yukimoto était celui qui avait été aspiré par Anastasia.

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-Anastasia : Oh, que... Que s'est-il passé... ? Non... Non... Il a... Bon sang...

La femme Gardevoir sembla alors visuellement désespérée, alors que toutes les cartes de Yukimoto étaient tombées à terre. Ces cartes, contenant pour beaucoup de grands personnages, étaient désormais leur prison. Une prison éternelle d'où leur responsable ne pouvait plus les sortir... Car il s'y trouvait soi-même. Anastasia regarda dans les yeux le Joker sur la carte qu'elle avait récupéré tout à l'heure, lors du lancer, et elle ne put s'empêcher de penser pour elle-même.

*Voyons, voyons, Yukimoto... C'était pourtant une si belle offre que je vous avais faite... Et vous avez pourtant choisi de tenter une partie de poker avec moi, sans savoir mes pouvoirs ni mes connaissances sur les vôtres... Quel mauvais pari... Vous avez par ce biais condamner tous vos "compagnons" à une errance éternelle à vos côtés, sans pouvoir mourir, ni pouvoir remplir vos espoirs... Vous voir tous condamner à un tel désespoir... Oui, c'est très plaisant... Après tout... J'avais totalement confiance en vous pour faire cette erreur, et ceci depuis le début ~~ Échec et Mat, Yukimoto Sakurai.*

Anastasia afficha un air affolé, désemparé, détruit de l'intérieur. Elle tomba à genoux, de légères larmes perlant au bout de ses yeux, et elle regarda Démétéros d'un air désemparé.

-Ce... Ce n'est pas moi ! C'est lui, il a tenté d'utiliser son pouvoir contre moi ! Il... Il m'a manipulé pour essayer de s'emparer de moi... Il avait pourtant l'air si... Digne de confiance... J'étais prête à lui confier ma vie... Et le voilà qu'il me fait déclencher mon Art Interdit...

La femme Gardevoir plongea ses yeux dans ses mains, semblant rongée par le regret.

-La Riposte Eternelle. Tout pouvoir, toute attaque, utilisé contre moi se retourne contre son utilisateur, quoiqu'il arrive, et ceci, sans me faire bénéficier des effets néfastes que pourrait avoir son pouvoir, comme par exemple, un sacrifice à faire, comme pour l'Art Interdit... Je ne voulais pas l'utiliser contre vous. C'est pour ça que je ne voulais pas me battre. Et pourtant... Cette tragédie vient d'arriver...

Elle plongea son regard sans défense et désespéré dans celui de Démétéros, appelant clairement au secours.

-Pourquoi ça finit comme ça ? Je voulais juste que l'on fasse la paix, que l'on s'allie pour faire cesser cette guerre... Et nous sommes ainsi trahis... Que pouvons-nous faire face à cela ?!

» L'Archipel Du Dingue