L'Archipel du Grand Shibusen

Sakura Shirogami était assise sur son lit, dans une belle chambre, spacieuse et joliment décorée. Elle lança un regard dépité sur ce qui l’entourait. Tout cela n’était rien de plus, pour elle, qu’une prison dorée. Elle n’avait qu’une seule envie, sortir et retrouver sa fille adoptive. Et en même temps… Elle savait que cet homme et ses disciples, d’une façon plus ou moins intéressée, lui avaient sauvé la vie. … Il était si difficile pour elle d’y voir clair. Entre ça et la trahison de Perséphone, elle n’arrivait plus à comprendre ce qui l’entourait. Elle voulait simplement être auprès d’Arceus.

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Elle entendit un bref toquement à la porte avant que la figure brillante de Genkishi Shibusen n’apparaisse dans la pièce, son masque renvoyant toujours ce même regard froid et vide.

-Comment vas-tu, Sakura ? Ta chambre te plaît ?

-... Je n’ai rien de plus à te dire que la dernière fois.

-J’aimerais pouvoir aider l’enfant que j’ai connu autrefois. Des siècles ont passé mais son visage est toujours le même. Le temps a coulé mais elle, reste figée à jamais. Elle et ses convictions. Sa rancune. Sa haine. Elle reste immobile et pourtant… Nul ne peut être insensible au temps et au destin. Je ne peux donc y voir qu’une énième expression de son immaturité.

La Prêtresse se renfrogna pendant un moment, silencieuse et pensive, avant de marmonner :

-Je dois être maudite.

-Parce que tu le veux ainsi. Nous sommes toujours les causes de nos propres malédictions, c’est pourquoi nous sommes hantés par nos propres fantômes. Au fond, tu prouves à nouveau à quel point tu refuses de changer.

-Mais qu’est-ce que tu en sais à la fin ?!

La femme-Mentali se leva d’un bond, faisant face à l’homme-Munja qui, malgré la différence de taille et de puissance entre lui et l’Immortelle, semblait se sentir presque menacé par le brusque changement d’attitude de l’adoratrice d’Arceus.

-Tu as passé tellement de siècles à répéter les mêmes phrases que tu es incapable de comprendre que le monde fonctionne autrement ! Qu’est-ce que ton air hautain et tes maximes toutes faites peuvent faire pour moi ? Qu’est-ce que Rensha et ton Arsenal peuvent faire pour ça ?!

Tout en prononçant ce dernier mot, elle empoigna vivement la main de l’homme en armure avant de la porter sur sa nuque, Genkishi pouvant sentir un pouls faible et étrange, comme si le coeur ne battait pas. Lentement, elle abaissa cette main vers sa poitrine, puis vers son ventre, comme pour faire comprendre à cet homme la raison de sa fureur. Celui-ci baissa légèrement la tête avant de dire doucement, presque piteusement :

-Dans ces conditions, peut-être que rien ne peut te sauver ou te sortir de cette souffrance.

Il releva ensuite la tête, avant de continuer d’une voix plus forte et affirmée :

-Cependant, j’ai fini par comprendre que, si lutter contre le Destin s’avérait souvent inutile, sombrer dans le désespoir l’était toujours. Repose-toi bien, Sakura Shirogami. Je reviendrais te voir.

L’homme-Munja disparut aussi rapidement qu’il était arrivé, la porte se refermant avec un claquement sec tandis qu’il s’adossait contre la porte, réfléchissant jusqu’à ce qu’un vieil homme-Absol vienne lui demander si tout s’était bien passé.

-... La situation semble plus compliquée que prévu en ce qui la concerne. Cependant, de mon point de vue… Disons que j’ai plus de cartes en main que ce à quoi je m’attendais. Je vais trouver un moyen de sauver cette femme, William. J’y arriverai.

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Peu de temps après, le Précepteur apparut dans une grande pièce dont le décor contrastait fortement avec la belle chambre de la femme-Mentali. Ici, il n’y avait aucun ornement, rien d’autre que de la roche et qu’une grande table avec une dizaine de chaises qui semblaient plutôt inconfortables. Autour de cette table se trouvaient d’un côté les Disciples qui s’étaient battus contre les Sinistres et, de l’autre, ceux qui avaient sauvés Sakura face à Dès. L’homme-Munja resta immobile un instant avant de se retrouver, d’un coup, les bras grands ouverts dans un geste de sympathie et d’accueil :

-Je suis, mes chers élèves, ravi de vous voir ! Le temps loin de vous me semble toujours long. Je vous ai réunis ici pour plusieurs raisons… La première, j’aimerais que ceux qui ont fait face à Dès nous disent en toute sincérité ce qu’ils ont pensé de lui. N’importe lequel d’entre nous pourrait peut-être lui faire face… Il vaut mieux être préparé face à un tel adversaire.

Ian haussa les épaules, l’air légèrement lassé.

-Il ne m’a pas semblé être une réelle menace. La facilité avec laquelle nous avons pu récupérer Shirogami était déconcertante.

-Cronch Cronch. T’es chûr de cha ?

La personne qui venait de répondre se trouvait être sa voisine, la femme Pachirisu également présente lors de l’enlèvement de Sakura, Lily. En dépit de l’ambiance plutôt solennelle de la réunion des Rensha, elle paraissait complètement tranquille, mâchant bruyamment les noisettes contenues dans un petit bol en plastique. Sa main plongea à nouveau dans le bol, alors qu’elle continuait, la bouche pleine :

-Cronch. Che chite “On ne peut rien faire fache au Dechtructeur, che l’ai clairement chous-echtimé. Cronch.

Elle se couvrit la bouche et avala, affichant après coup un sourire innocent.

-Désolée ! M’enfin, tout ça pour dire que tu me sembles faire beaucoup le fier, alors qu’on a réussi grâce au succès de l’attaque surprise d’Ugo, sinon on se serait probablement tous faits réduire en cendres au dernier degré, hihi !

L’homme-Pyroli se mit à regarder ailleurs en se grattant la joue, l’air clairement embarrassé avant de dire :

-A...Ah, j’ai dis ça moi ? C’est… Pourtant pas mon genre…

En entendant cela, Ugo ne put retenir un léger ricanement qui agaça clairement l’héritier des Ikul.

-Désolé, Ian, mais on sait tous que tu sous-estimes ton adversaire A. CHAQUE. FOIS. C’est ce qui a rendu ton premier combat contre Genkishi si drôle, d’ailleurs, haha !

-Erm… Qu’importe… Ce n’est pas du tout le sujet de la réunion....

Regen sembla réfléchir un moment, l’air passive, avant de dire doucement, sur le simple ton du constat :

-Ah… Lorsqu’il a passé trois heures à pleurer après avoir perdu en disant que s’il ne s’était pas retenu il aurait pu gagner en un coup ?

-Ce n’est PAS le sujet de la réunion !

L’homme-Pyroli avait dit cela sur un ton ferme mais calme malgré son embarras, comme s’il avait compris qu’il ne servait à rien de s’emporter face à ses camarades. L’homme-Cradopaud croisa les bras, l’air plus sérieux, avant de donner son avis :

-D’une certaine façon, Ian a raison, on a réussi à récupérer notre cible assez facilement. Mais si mon attaque surprise avait échoué, il nous aurait sûrement tué sur le champ. Je pense sincèrement… Qu’aucun de nous ne ferait le poids seul face à lui. Il semble mériter son titre de plus puissant des Gijinkas…
L’ambiance sembla devenir un peu plus pesante comme si chacun, malgré les plaisanteries prononcées à l’instant, comprenait la lucidité des paroles d’Ugo. Genkishi hocha lentement la tête, avant de tourner d’un coup son regard vers l’autre côté de la table.

-Nous pouvons passer à la deuxième cause de cette réunion qui, d’une certaine façon, nous concerne tous aussi. Comme vous le savez tous, avant de partir nous battre, nous avions prévu de lancer un pari un peu risqué aux “Sinistres”... Mais évidemment, comme prévu, nous avons gagné : ils doivent donc devenir, eux aussi, des Disciples. Cependant… Je ne me vois pas accepter des personnes qui ne vous conviendraient pas. Vel, Regen, Basile… Est-ce que vous pensez chacun que le Gijinka que vous avez combattu mérite de nous rejoindre ?

Entendant son nom, Vel Qestir ouvrit les yeux, semblant quitter l’état de silence et de méditation dans lequel il se trouvait. Son regard se tourna vers l’expression toujours immobile de Genkishi, comme s'il sondait cette dernière. Evidemment, il n’y avait pas grand chose à sonder, et il le savait très bien, mais… il continuait néanmoins de rechercher quelque chose, par habitude. Ne serait-ce qu’un fragment indétectable d’approbation dans les fissures du heaume de l’homme Munja. Il se décida finalement à répondre, avec calme :

-Je pense que Johnny Darsh fera un bon disciple. Il s’est battu avec panache, et j’espère avoir réussi à lui faire réaliser les possibilités qui s’offrent à lui. Néanmoins, je désapprouve de contraindre les Sinistres à nous rejoindre via un pari. Je pense que c’est quelque chose qui doit venir du fond d’eux, ou ne pas être.

Tout le monde écouta attentivement les paroles du Lockpin, jusqu’à ce que Genkishi acquiesce et réponde :

-Voilà de sages paroles. Il me semble cependant que tu te méprends sur un point… Le pari n’est qu’une impulsion mais à aucun moment nous n’aurions pu gagner s’ils n’avaient pas voulu perdre. Il ne s’agissait pas de parier sur notre supériorité… Mais sur leur volonté de nous rejoindre. Ainsi, s’il est clair que je n’aurais pu perdre le combat, il est évident, en ce qui concerne la femme que j’ai affronté, que c’est elle qui a choisi de perdre ce pari. Et je pense qu’il en est de même pour l’ensemble de ce groupe.

Le Gijinka tribal se contenta d’hocher la tête, fermant à nouveau les yeux pour réfléchir. Il n’adhérait pas complètement à la vision des choses du Maître, mais savait reconnaître la justesse de ses arguments. Ce pari lui semblait être une “impulsion” avec bien plus d’impact que l’homme Munja ne semblait le dire… mais dans le présent, cette impulsion allait probablement porter des fruits positifs. En plus de ça, Vel ne pouvait pas mentir sur son souhait de revoir Johnny et de l’affronter à nouveau. Il n’avait donc pas de raison d’argumenter. Il rouvrit les yeux, se calant dans le dossier de sa chaise, et croisant les bras, sans pour autant paraître vexé ou perdant de la discussion.

-Bien, j’ai donné mon avis. Que disent Basile et Regen sur leurs adversaires ?

-Mon adversaire, hein...

Basile avait prononcé ces mots, l’air rêveur, penchant légèrement sa chaise en arrière pour regarder le plafond avant de boire bruyamment une gorgée de lait de coco.

-... Elle est vraiment mignonne. Je crois qu’elle me plait.

Il y eut un nouveau silence où tout le monde semblait attendre la suite, qui fut simplement interrompu par un nouveau *SLURP* provoqué par le Roigada.

Ugo : Et… C’est tout ?

-Hm ? Ah, désolé, je pensai que c’était suffisant. Vous ne pensez tout de même pas que je m’intéresserais à quelqu’un qui ne serait pas digne de nous rejoindre.

Tous acquiescèrent, semblant faire véritablement confiance à Basile sur ce point. La femme-Archeodong prit ensuite la parole, marmonnant :

-Il ne reste plus que moi, hein… Mon adversaire, comment dire… Elle est complètement folle. Pour ne pas dire attardée.

Le calme et la douceur de sa voix contrastait avec la dureté de ses paroles, la plupart des Disciples semblant surpris que Regen emploie de tels mots.

-Elle n’a pas hésité à nous mettre toutes les deux en danger et elle prenait clairement notre combat pour un jeu…

-Genkishi : … Et donc, tu penses qu’il serait dangereux de l’accepter ?

La jeune fille resta silencieuse un instant, avant d’esquisser un léger sourire et de répondre :

-Au contraire… S’il y a bien quelqu’un qui a besoin de discipline, c’est elle. Une maîtrise de soi et un idéal vers lequel diriger sa force… Voilà deux choses que nous pouvons lui offrir, n’est-ce pas ?

L’homme-Munja acquiesça avant de changer en un instant de masque, passant d’un visage stoïque à un visage souriant.

-Je vois que nous sommes tous d’accord ! Ce que tu as dis, Regen, peut certainement s’appliquer à chacun d’entre eux… Ils ont besoin d’un idéal. Ils ont besoin d’espoir. C’est ce que j’ai ressenti face à la femme-Blizzaroi avec qui j’ai pu discuter… Un tel désespoir, un tel nihilisme, quelle tristesse… A nous de saisir leurs mains et de les mener vers l’espoir que Rensha nous accordera. A nous de leur montrer qu’ils ont, eux aussi, leur place dans le schème du monde.

Le Précepteur resta pensif un instant avant de déclarer :

-Bien, cela nous fait donc six nouveaux Disciples.

-Basile : Hm ? Je suis persuadé qu’ils étaient quatre.

Genkishi resta silencieux un moment, semblant attendre quelque chose, jusqu’à ce que William entre dans la pièce, avant d’annoncer :

-Monsieur, deux étrangers ont été déposé non loin du bâtiment principal par un homme-Corboss qui vient de s’en aller ! Que dois-je faire ?

-Accueille-les comme il se doit, bien sûr. Tu n’auras qu’à les faire patienter dans la même pièce que les Sinistres.

Le vieillard hocha rapidement la tête avant de disparaître aussi vite qu’il était arrivé, tandis que le Précepteur continuait :

-Vous voyez bien que nous avons six nouvelles recrues… Je sais que je ne vous ai pas consulté concernant ces deux là, mais ne vous inquiétez pas, vous verrez bientôt qu’ils ont tous deux l’étoffe des meilleurs Disciples. J’ai eu l’occasion de tester leurs capacités par le passé et j’ai toujours voulu les avoir comme élèves. Avec ces six personnes à nos côtés, nous avons tous nos pions disposés sur l’échiquier. D’ailleurs, le temps presse. Chaque camps finit de se mettre en place. La guerre atteint son point culminant. L’Equilibre est plus perturbé que jamais… Et nous sommes les seuls à pouvoir le rétablir. Nous ne devrions pas perdre trop de temps à discuter, malheureusement…

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Les Sinistres, de leur côté, étaient assis depuis plus d’une heure dans une petite pièce de l’école Shibusen, qui ressemblait trait pour trait à une salle d’attente des plus clichés, chaque Gijinka se trouvant assis sur une chaise molletonnée, autour d’une table basse où se trouvaient quatre tasses de thé plus ou moins pleine, tandis qu’au fond, un petit tourne-disque diffusait une musique d’attente toute aussi clichée. Au bout d’un moment, une des deux portes de la pièce s’ouvrit, le majordome-Absol entrant accompagné d’un homme-Démolosse et d’un homme-Pingoléon à qui il parlait.

-Monsieur vous attendait avec impatience… Il devrait arriver d’une minute à l’autre, comme je l’ai précisé il y a une heure à ces personnes.

Tout en disant cela, il balaya du bras l’espace les séparant des quatre personnes assises, Eldor remarquant avec surprise qu’il s’agissait des Sinistres. Il s’apprêta à dire quelque chose, avant d’être interrompu par l’arrivée subite de l’homme-Munja qui apparut au milieu de la pièce avant de se déplacer d’un coup, arrivant face à Eldor, sa main sur son épaule :

-Alors, Eldor, pas trop long ce voyage ? Ta famille se porte bien ? Et toi, Sylvain, ça va ? Ravi de voir que tu as survécu jusqu’ici !

Les deux Gijinkas essayèrent de bredouiller une réponse, mais Genkishi les coupa net en demandant :

-... C’est Mavis qui vous a dit de venir, n’est-ce pas ?

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L’ambiance changea tout à coup, chacun comprenant que l’homme-Munja ne posait pas cette question à la légère. L’homme-Démolosse hocha la tête, avant de s’incliner légèrement :

-Il m’a dit que vous étiez le seul à pouvoir m’aider… Et je m’en suis remis à son jugement.

-Genkishi : Vous avez tous les deux pris une sage décision. Bien. Eldor Stein, Sylvain Icegton, Mirabelle Thrones, Devora Ben, Johnny Darsh et Blizza… Vous êtes tous acceptés en tant que Disciples. Si vous avez des questions, c’est le moment car après cela…

Lhomme-Munja marqua une pause avant de continuer, d’un ton presque effrayant :

-Vous serez trop épuisés mentalement et physiquement pour pouvoir réfléchir à quoi que ce soit.

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Lorsque Eldor était entré dans la pièce avec Sylvain, puis Genkishi quelques secondes après, ce fut quatre regards sombres qui se tournèrent vers eux. De la malice. Du désespoir. Du désabusement. De la méfiance. De la folie. Du mystère. De la supériorité. Tant de sentiments si hétérogènes mais ayant pour point commun leur noirceur se mélangeaient dans les yeux des quatre Sinistres, ne donnant pas l'impression d'avoir des disciples au cœur noble en face de soi. Le contraste avec la volonté de bien faire d'Eldor et plus particulièrement de Sylvain était fulgurant, comme si quatre de ces six futurs élèves s'étaient immédiatement établis un rôle de cancres voir de caïds de la classe avant même que quoi ce soit n'est commencé. Et pourtant, il n'y avait pas pour autant d'animosité sur leur visage, ni même de volonté de lutter contre cet apprentissage. Juste un grand désintérêt, comme si ces chers Sinistres étaient clairement là par dépit et par obligation plus qu'autre chose. La seule un peu plus ouverte à la chose que les autres était Mirabelle Thones, la magnifique et noble femme Apireine, mais malgré une curiosité et une ouverture d'esprit clairement visibles face à l'entraînement de Genkishi, on ressentait aussi dans son regard une méfiance plus grande que chez tous les autres membres réunis, en particulier envers l'homme en armure. On pouvait presque sentir dans son regard soutenu qu'elle semblait le connaître, et que cela la perturbait clairement, comme une personne pensant à quelque chose n'étant pas à sa place.

Pour autant, la belle princesse n'émît aucun commentaire à ce sujet, et se contenta de réfléchir à la question de son interlocuteur, ne trouvant rien à y redire. A vrai dire, pour le moment, elle était surtout pressée de revoir Basile plus qu'autre chose, et elle sentait que quelque fussent leurs questions, les Sinistres seraient forcément surpris par les événements à venir, surtout connaissant les loustics les ayant neutralisés et "convaincus" de les rejoindre. Aussi, la femme Apireine resta silencieuse jusqu'à ce que quelqu'un d'autre qu'elle réagisse. Et cette personne fut Devora Ben, la sadique femme Vortente, qui se leva en bondissant de sa chaise avec beaucoup d'entrain, bousculant au passage la table et les tasses d'y trouvant, les plus remplies renversant légèrement du thé sur le tapis de table pourtant si soigneusement cousu. Aucun des trois SInistres ne fut surpris de cette réaction. Ils attendaient tous depuis plus d'une heure, et leur camarade était loin d'être connue pour son patience, ayant passé tout ce temps à se dandiner sur sa chaise d'excitation et à grignoter la mousse de son siège. Désormais, toute son énergie se libérait d'un coup.

-Devora : Aaaah, enfin de l'action ! C'est qu'on commençait à s'ennuyer, kss kss~ Pourquoi on perdrait une seconde de plus, papy, je n'attend que ça, moi, que tu nous épuises physiquement et psychologiquement, je veux qu'on s'amuse jusqu'à ce qu'en perdre nos dernières forces, voir notre vie !

-Mirabelle : Roh, calme-toi, Devora... Tu as renversé mon thé, il avait l'air succulent...

-Aaah, pardon, pardon ! Promis, je le ferai plus, kss kss !~

Devora croisa les doigts en disant ça et tira gentiment la langue à sa camarade, d'une manière plus infantile et insouciante que narquoise, alors que Mirabelle était soucieuse de sa boisson et s'empressait de finir cette dernière tant qu'il en restait dans la tasse. Ce qui était sûr, c'était qu'aucune des deux ne prenait au sérieux la prévention de Genkishi, et dans le cas de la femme Vortente, encore moins son entraînement. Juste après l'intervention des deux compères, ce fut le seul homme du quatuor, l'homme Smogo Johnny Darsh, qui intervint, le débauché aspirant une grande bouffée de son joint fraîchement roulé, planant quelques secondes, avant de lâcher d'une voix rauque et désintéressé :

-Johnny : Franchement, je suis pas emballé du tout par votre entraînement. Lancez votre truc qu'on en finisse et passe à autre chose, ça me saoule déjà, tout ça...

Au final, la seule personne qui prendra la parole pour poser une question et non un commentaire déplacé, sera la dernière et la plus puissante des quatre Sinistres, Blizza, la femme Blizzaroi. Celle-ci était restée profondément silencieuse et stoïque, les bras sagement croisés, ayant plongé quelques secondes son regard froid et sans vie dans celui d'Eldor, avant de l'orienter vers Genkishi. Puis elle lâcha de sa voix glaciale et sinistre :

-Blizza : ... Malgré que je partage l'avis de mon camarade, je me pose tout de même une question... "Qu'on en finisse", comme il dit... Et après... ? Combien de temps va durer ce numéro d'entraînement, et que nous réservez nous après cela ? Autant ces deux nouveaux arrivants sont-ils sûrement libres de leurs mouvements, autant nos vies sont désormais à votre merci... Permettez-moi d'être curieuse sur le sort que vous nous réservez.

Genkishi pencha légèrement la tête sur le côté, comme s'il ne comprenait pas vraiment le sens des propos de Blizza, avant de répéter :

-Vos vies sont désormais à ma merci ?

Il s'apprêta à répondre, mais fut devancé par Sylvain. Ce dernier avait assisté à la réaction des Sinistres, médusé face à leur air désabusé ou inintéressé qui ne pouvait que contraster avec la fierté qu'il ressentait à l'idée de retrouver l'héritier de la famille Légion mais surtout de suivre enfin une formation plus approfondie chez cet homme-Munja dont l'ancien Basile lui avait tant vanté les mérites. Aussi, il n'avait pas pu s'empêcher, tout d'abord, de se crisper, puis de s'avancer vers eux avant de déclarer :

-Vous avez l'honneur de rencontrer et en plus de devenir l'élève de Genkishi Shibusen, l'homme qui fait et défait les dynasties, celui qui a formé les plus grands princes et sortis des milliers de Gijinkas de la fange, et voilà tout l'effet que ça vous fait ? Votre comportement est tout simplement indigne de la personne qui vous fait f...

-Je crois que tu en as assez dit, Sylvain Icegton.

L'ancien garde royal s'arrêta de suite en entendant ce reproche venant du Précepteur, qui haussa les épaules avant de croiser les bras pour se figer ainsi pendant plusieurs minutes, telle une statue, sa voix continuant cependant de résonner dans la pièce :

-Je pense qu'il y a encore un malentendu entre nous... Ou peut-être ne m'avez vous tout simplement pas compris ? "Si nous gagnons tous nos combats sans vous tuer, alors vous devrez tous nous rejoindre et devenir des Disciples". Il me semble que le pari a bien été formulé ainsi et, qu'évidemment, il fallait aussi que vous acceptiez. Il n'a jamais été question de quoi que ce soit d'autre chose et je ne compte pas vous traiter différemment que les autres Disciples : vous serez formé et, lorsque j'aurais jugé votre formation comme étant terminée, vous pourrez soit rester ici, sois partir. Autrement dit, vous êtes et vous serez toujours libre de vos mouvements. Enfin, il y a un second malentendu...

https://www.youtube.com/watch?v=RVE-c7kGxk4

L'homme-Munja disparut subitement, pour arriver juste en face de Johnny, saisissant l'extrémité brûlante de son joint entre ses deux doigts pour l'éteindre comme si de rien n'était.

-Qu'on en finisse ? Tu n'es pas emballé ? Vraiment ?

Il disparut à nouveau pour réapparaitre en un instant face à la femme Vortente, plongeant son regard vide et profond dans celui de Devora.

-Quant à toi tu souhaites t'amuser jusqu'à en perdre la vie ? Tss... Un qui s'intoxique avec du poison pour échapper à la réalité et l'autre qui s'intoxique à l'adrénaline au point de ne plus comprendre la valeur même de son existence. Pitoyable.

Il disparut à nouveau, se déplaçant cette fois-ci au dessus de la table, lévitant ainsi à un endroit où tout le monde pouvait le voir et où il pouvait, lui aussi, regarder chaque personne présente avec plus d'aisance.

-Comment est-il possible de ne pas être emballé par quelque chose que vous avez vous-même choisi ? Car, je le dis haut et fort, il ne s'agissait pas de parier sur la puissance de mes Disciples ou sur votre faiblesse mais bien sur votre détermination, sur votre volonté à changer ! Vous auriez certainement tous pu lancer une attaque suicide à un moment ou à un autre, en particulier vous, Blizza et Johnny. Alors, pourquoi ne l'avez vous pas fait ? C'est une question dont vous êtes les seuls à avoir la réponse et pourtant, je peux le deviner, car il s'agit de quelque chose que nous avons tous ressenti à un moment ou à un autre. Vous avez en vous, comme chacun de nous, une volonté impossible à briser et dont vous ne soupçonniez pas l'existence. Cette volonté, vous l'avez d'abord ressenti à travers mes élèves ! Chaque coup, chaque mot était pétri de volonté et d'espoir, à la fois celui de gagner, certes, mais surtout celui de vous convaincre, de vous hisser vers le haut ! Et vous l'avez compris. Vous l'avez ressenti, que ce soit par la douleur des coups, des paroles, vous avez été conquis et ceci uniquement parce que vous l'avez voulu, inconsciemment ou non.

Il marqua une légère pause avant d'enchaîner, sur un ton moins solennel :

-A moins bien sûr que, tels des poissons morts, vous vous laissez emporté par le courant des événements et des émotions. Si tel est le cas, alors, je n'ai pas peur de le dire, vous êtes tout simplement ridicules et je ne peux rien pour vous. Si, au contraire, vous sentez cette force en vous, cette force inépuisable qui vous fait sentir à chaque instant que vous êtes votre propre finalité et que vous n'avez pas besoin d'exutoire comme la drogue ou l'adrénaline, même si vous ressentez cela de façon infime sans être encore capable de changer entièrement, alors nous pouvons cheminer ensemble, alors vous pouvez progresser, pas à pas, à mes côtés. A nouveau, c'est aussi votre choix. Bien sûr, partir d'ici reviendrais tout simplement à briser le pari... Mais ce ne serait pas moi qui y perdrait. Car vous ne feriez que briser votre parole. Briser l'espoir qui sommeille en vous, celui d'un changement, que je peux vous apporter si vous acceptez mon aide. Dans ce cas, je serai toujours là pour vous. Je vous apprendrai à vous contrôler et à vous dépasser pour atteindre des sommets que vous ne pensiez même pas imaginable... Et ce qui vous étonnera le plus, c'est que tout cela ne viendra jamais de moi, mais de vous.

Genkishi changea d'un coup de posture, les bras ouvert cette fois-ci, tandis que ses paroles semblaient de plus en plus énergiques et convaincantes :

-Mais dois-je vraiment vous demander à nouveau si vous souhaitez nous rejoindre ou non ? Je ne crois pas. Car nous vous avons déjà tendue la main avec ce paris et vous l'avez déjà saisie, tout d'abord en acceptant puis en perdant. Je ne crois ni au hasard ni aux actes manqués... Je ne peux donc y voir qu'une expression libre de votre volonté. C'est pourquoi je sais qu'avec tant de bien que de mal, vous allez assimiler peu à peu certaines règles et préceptes qui sont les maîtres mots de cette école. La plus essentielle sera peut-être la plus difficile à suivre pour vous, Sinistres... Elle est pourtant d'une simplicité monstrueuse. Votre corps est sacré en ce sens où vous n'êtes rien de plus ni de moins que votre propre corps. Cela signifie, bien sûr, qu'il faut éviter tout type d'attaque qui peut, sur le long terme, endommager votre corps de façon irrémédiable voire le détruire.

Il avait dit cela en regardant tour à tour chaque Sinistre, son regard s'arrêtant sur l'homme-Smogo lorsqu'il déclara :

-Il s'agit aussi d'éviter, dans votre quotidien, tout ce qui peut nuire à votre corps et à la perception du monde qu'il vous offre.

Son regard se dirigea ensuite vers Eldor et Sylvain, pour s'arrêter sur le katana que portait l'homme-Démolosse.

-Enfin, cela signifie de manière générale que vous devez apprendre à ne dépendre au maximum que de votre corps dans toutes les situations possible. Moins vous dépendrez des objets qui vous entoure, plus vous serez libre. Soyez votre propre épée, mais avant tout, soyez votre propre bouclier. Ce serait une devise acceptable pour résumer cette formation.

L'homme-Munja marqua à nouveau une pause, comme pour ménager son audience, en profitant pour défaire le bout de joint qui était resté entre ses doigts, émiettant le papier et les cendres avant de reprendre :

-Bien, j'espère que j'ai été clair et que vous m'avez compris. Faites déjà de votre mieux pour suivre cette règle et le reste viendra naturellement. Encore une fois, vous êtes tous libres de vos mouvements mais aussi de vous exprimer. Si vous avez un quelconque reproche, une remarque pertinente ou quoi que ce soit, je vous laisse faire... Mais sachez que je me réserve évidemment la liberté de vous répondre.

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Johnny grogna légèrement en se faisant confisquer son joint, alors que Devora, malgré les mots de Genkishi, ne faisait que sautiller légèrement sur place pleine d'impatience, semblant supplier l'homme en armure du regard d'arrêter le blabla et de passer à l'action. Mirabelle se contenta de regarder faire ses compagnons l'air amusé, sa concentration restant focalisée sur ce qu'avait dit Sylvain, comme si elle cherchait à détecter la moindre faille d'informations dans ses propos. Blizza, elle, resta stoïque, se contentant d'écouter ce que leur nouveau "précepteur" avait à leur dire. Puis finalement, Johnny se pencha en avant, et répondît de sa voix sombre et blasée :

-Johnny : Bien sûr qu'on est pas là pour rien. On a tous senti ce petit quelque chose, d'un manière ou d'une autre. J'ai ressenti contre votre pote Lockpin une étrange sensation, une sensation de vivacité très courte. Et ouais, j'aimerais bien en savoir plus sur celle-ci, y accorder un peu d'attention avant de me laisser mourir. Mais il y a un autre malentendu je pense...

L'homme Smogo plissa les yeux, une lueur de provocation contrastant avec son visage désabusé apparaissant dans ses yeux.

-Ça veut pas pour autant dire que ça fait de vous notre sauveur, ou je ne sais quel bullshit du genre. Je suis assez curieux pour ne pas laisser passer ma chance, mais je suis loin d’être convaincu en votre capacité à changer notre vision du monde. Juste parce que vous avez réussi à secouer et revigorer le peu de vie qu'il semblait nous rester, nous devrions vous faire totalement confiance, en vous et en vos méthodes ?

Johnny Darsh se leva de sa posture nonchalante de la chaise avant d'ajouter finalement :

-Bah z'avez tort. Ça m'a l'air pompeux, prétentieux, et simplement recouvert de belles paroles. Ne jouez pas sur le peu d'émotions positives que nous avons ressenti pendant ces combats pour les retourner contre nous, et si vous voulez vraiment qu'on vous accorde notre confiance, montrez-nous que votre si fameux et célèbre entraînement en vaut la chandelle. Et surtout, si vous voulez nous faire changer ce que l'on est, montrez-nous qu'on est vraiment sur le mauvais chemin.

Johnny fit sortit de la fumée de sa bouche, comme si son corps tout entier était une source toxique, alors Devora acquiesçait, trépignant sur place à n'en plus se retenir. De toute façon, aucun d'eux ne semblait avoir assimiler vraiment les mots de Genkishi, demandant plus des preuves concrètes que de simples mots. Blizza ne put s'empêcher de laisser échapper un très court sourire, que Mirabelle put voir de manière très succincte, la faisant sourire à son tour.

-Blizza : Au vu des dires de cet homme Pingoléon, vous êtes plutôt habitués à de la haute noblesse... Je doute que nous soyons aussi... Réceptifs que l'ont été vos disciples précédents. Mais au vu des belles paroles que vous m'avez dite lors de notre combat, cela ne doit représenter que peu de challenge pour vous, n'est-ce pas ?

Sans que le masque de Genkishi ne change, les différentes personnes purent sentir une différence d’ambiance, comme si le Précepteur souriait aux remarques des différents Sinistres. Finalement, après un léger silence propice à la réflexion, il répondit d’une voix douce mais assurée :

-Au contraire, si ce n’était pas un défi, vous n’auriez ni besoin de mon aide, ni moi besoin de vous faire face. Mais c’est un défi qui vaut la peine d’être relevé… Et c’est tout ce qui compte. Bien, je laisse à William le soin de vous accompagner jusqu’à vos chambres. Je vous donne une demi-heure pour me rejoindre dans le dojo, cela devrait suffire, n’est-ce pas ?

Et sans même attendre de réponse, il s’en alla, aussi prestement et discrètement qu’il était venu.

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Après avoir fait un bref tour de l’école souterraine avec le majordome Absol, les nouveaux Disciples furent effectivement amenés dans une pièce qui s'apparentait à un dojo : seulement, il n’y avait aucune trace de tatami. Le sol, tout comme le reste de la pièce, n’était que de la roche pure, froide et dure. Au milieu de celle-ci se trouvait l’homme-Munja, assis en tailleur, dans une position que son armure ne semblait pas lui permettre mais qu’il adoptait tout de même.

https://www.youtube.com/watch?v=SgTDun94820

-Cette pièce sera bientôt votre pièce préférée, je n’en doute pas. Elle fait à la fois office de lieu d’entraînement et d’enseignement. D’échec et de réussite. De joie et de déception… Un lieu de persévérance qui offre bien des miracles. J’aimerais que vous puissiez les entendre, les sentir, les voir, tous les combats qui ont eu lieu ici, tous les Gijinkas qui sont tombés, se sont relevés et se sont affrontés en cette pièce… Mais je ne suis pas ici pour ressasser le passé et vous ennuyer avec des histoires de vieillard. En fait, je voudrais commencer par une simple question...

L’homme leva son index, son visage toujours masqué et semblant stoïque, avant de demander :

-A votre avis… Pourquoi avez-vous perdu ?

Même si son visage ne bougea pas, chacun put se sentir comme traversé par un regard qui souhaitait les sonder au plus profond d’eux-même. L’homme-Munja tourna brusquement la tête vers les anciens Rebelles, avant d’ajouter :

-Vous aussi. Je ne parle plus du pari en particulier. Aucun de vous ne serait ici s’il n’avait perdu un combat, un être cher, un statut, qu’importe… La véritable question est : pourquoi ? Comment auriez vous pu faire pour ne pas perdre ? C’est une chose à laquelle vous devez réfléchir.

Il y eut un silence entendu entre trois des quatre Sinistres, ceux-ci répondant tout naturellement dans un enchaînement à la coordination presque narquoise :

-Johnny : J’ai pas tapé assez fort.
-Devora : J’ai eu la plus grosse malchance de ma vie !
-Mirabelle : Mon adversaire était juste si puissant et charismatique….

Blizza fronça les sourcils et se racla légèrement et calmement la gorge. Les trois autres Sinistres se sentirent embarrassés, comme rappelés à l’ordre, et avec un effort qui sembla atroce, Johnny se gratta la tête pour réfléchir à la question.

-Johnny : Bon bon okay... Je sais pas moi… En m'entraînant bien, j’aurais pu m’auto-détruire plus vite et emporter mon adversaire avec moi… Ah, et j’aurais du être plus discret. Il aurait pas pu anticiper mon attaque et aurait perdu du temps pour me stopper.

-Devora : Moi, ce que je retiens, c’est plus jamais d’échange de corps ! C’est pas les bons bails ! Okay, c’est fun d’être dans la peau d’un autre, mais c’est le pire plan dans un combat, plus jamais, kss kss !

-Mirabelle : Je manquais clairement de concentration… Mon adversaire avait un contrôle bien plus précis de son pouvoir, je pense que ça a fait la différence… Et puis, il y avait un vrai écart de puissance, je n’avais quasiment aucune chance contre lui, au final.

Genkishi hocha lentement la tête, semblant satisfait des réponses des différents Gijinkas, sans faire de commentaire pour autant. Sylvain, de son côté, regardait le sol d’un air sombre. Il n’appréciait pas l’attitude de ces Sinistres mais il se retrouvait, d’une certaine façon, dans ce que venait de dire la femme-Apireine.

-... J’ai tout simplement été écrasé par la puissance de mon dernier adversaire. Et j’ai compris que je ne contrôlais pas assez mes pouvoirs.

L’homme-Munja resta à nouveau pensif pendant un moment, avant de demander :

-Et toi, Eldor ?

Le Démolosse fronça légèrement les sourcils, ne s’attendant visiblement pas à être interrogé. Il y avait bien eu son combat contre Erina qu’il avait perdu, certes, mais ce n’était pas pour cela qu’il était venu. D’une certaine façon, il avait l’impression d’avoir perdu face à Miranda aussi, mais il savait que ce n’était pas non plus la raison de sa venue ici.

-Si je suis là… C’est à cause d’une victoire. Une victoire qui n’est pas vraiment la mienne.

Eldor sentit le regard dubitatif de Sylvain se tourner vers lui et celui, fixe et insistant, de Genkishi, tandis qu’il continuait :

-En ce moment, j’ai l’impression que le contrôle de mon corps m’échappe. On m’a dit que c’était le seul endroit où je pouvais régler ce problème.

Le Précepteur hocha lentement la tête avant de répondre :

-Mais je crois que c’est l’endroit où vous pourrez tous régler vos problèmes… Car c’est un endroit qui vous forcera à trouver des solutions. Manque de technique, manque de concentration, manque de puissance… Toutes ces lacunes ne sont pas des erreurs qu’il faut regretter mais bien l’espoir d’un progrès à venir. Si je devais rajouter quelques remarques à cela, concernant les Sinistres du moins, ce serait le fait que vous n’avez pas l’habitude de combattre seul ou avec d’autres personnes. Unis, vous êtes puissants, mais il vous manque peut-être un trait essentiel du véritable guerrier : la capacité d’adaptation. Enfin, n’oubliez pas ce que vous venez de dire. Ce sera comme des objectifs à atteindre. Tout comme le forgeron ne forge pas simplement une arme en battant le fer encore chaud mais en la concevant d’abord dans son esprit, vous ne pourrez pas atteindre votre objectif sans, à la fois, combattre et réfléchir à celui que vous voudriez être.

Il resta silencieux quelques secondes, le temps que ses paroles imprègnent véritablement les nouveaux Disciples, avant de reprendre :

-En fait, quand j’y pense… Sylvain est un ancien membre de la garde royale et Eldor l’ancien chef d’une grande armée. Ils sont donc déjà avantagés par rapport à vous…

Son visage se tourna subitement vers le groupe des Sinistres, alors qu’il ajoutait, d’une voix sombre mais sans reproches :

-Car vous… Vous ne vous battez toujours que pour vous-mêmes, n’est-ce pas ?

Blizza fronça les sourcils, semblant se retenir de dire quelque chose, et face à la tension froide que celle-ci imposa en silence, aucun Sinistre n’osa parler à sa place, laissant Genkishi sans réponse. L’homme-Munja, de son côté, n’attendit pas bien longtemps avant de répondre :

-Pour être franc, votre réponse m’importait peu. Dans tous les cas, je dois bien voir ce que vous donnez à plusieurs. Est-ce que vous connaissez cette ancienne légende à propos des Munjas ? Il y a longtemps, on pensait qu’il ne s’agissait que d’une simple mue, qu’un rien pouvait briser. Autrement dit, je serais le plus faible d’entre vous.

Au moment où le Précepteur finissait sa phrase, de l’eau se mit subitement à tomber du plafond, mais, au lieu que celle-ci n’asperge les Gijinkas présents, les gouttes se rassemblèrent en un même endroit pour prendre la forme de Basile Légion, pour ensuite en former un autre, puis un autre, tandis que Genkishi continuait :

-Cette légende est un excellent prétexte pour notre premier exercice. Rappelez vous de ce qui vous a causé du tort durant votre dernier combat et protégez-moi. Nous sommes dans une situation où cet élève sera votre ennemi et où je ne peux pas me défendre. S’il arrive à m’attaquer, vous avez perdu. Si vous arrivez à me défendre durant le temps imparti, vous gagnez. Evidemment, vous pouvez le blesser mais vous ne devez ni me blesser ni vous blesser entre vous. Il est interdit d’utiliser des pouvoirs qui ne sont pas purement physiques ou d’utiliser des armes, sans quoi l’entraînement n’aurait aucun intérêt.

Genkishi se releva rapidement, avant d’ajouter :

-Jeunes gens, c’est un pauvre vieillard qui vous le demande… Soyez mon bouclier.

https://www.youtube.com/watch?v=bg1WxTTk3JA

Six clones, en plus du véritable Basile, faisaient déjà face au groupe censé défendre Genkishi, encerclant les nouveaux Disciples tout en gardant une certaine distance, alors que l’eau continuait à ruisseler, comme s’il pleuvait à l’intérieur de la pièce, conférant un avantage précieux pour le Roigada, qui sirotait tranquillement une brique de lait de coco en observant la situation avant de déclarer :

-Désolé, les nouveaux… Mais on compte pas vous laisser gagner.

Alors qu’il disait cela, trois des clones bondirent pour sauter vers l’homme-Munja et essayer de l’attaquer. Au même moment, un énorme bruit résonna hors de la pièce, comme un coup de tonnerre retentissant soudainement, Lily apparaissant dans un flash aux côtés de Basile. La femme Pachirisu leva les bras, faisant coucou aux Sinistres avec ses deux mains, un sourire excessivement joyeux au visage.

-Saluuuuuut ! Moi c’est Lily ! J’ai trop hâte de jouer avec vous, je suis super forte à Chat-Genkishi en plus !!

Tandis que l’attaque continuait, la jeune femme prit une position de coureur, les mains sur le sol et la jambe droite tendue vers l’arrière, comme si elle s’apprêtait à foncer en avant. Blizza resta impassible comme à son habitude. Cependant, la teneur derrière ses propos était bien plus intense, la femme Blizzaroi étant de toute évidence froissée.

-Blizza : … Hors de question qu’on leur… lui concède cette “victoire”. On donne tout.

Chacun des trois Sinistres restants hocha la tête avec compréhension, leur comportement changeant brutalement alors qu’ils prenaient très au sérieux la demande de Blizza. Ils savaient pertinemment pourquoi elle disait ça, et c’était pour cette raison qu’aucun d’eux n’hésita alors qu’ils s’élançaient directement dans l’exercice. Johnny retira vivement sa veste, la mettant sur son épaule et se plaçant face à Lily, la surveillant de son air sombre. Devora, elle, fit surgir des lianes de ses doigts, sans utiliser son art interdit pour autant, s’en servant comme des fouets pour repousser avec précision l’attaque des trois Basile. Mirabelle prit un air malicieux alors qu’elle regardait le groupe de ces derniers.

-Mirabelle : Ah là là, quel désavantage… On ne m’a même pas laissé le temps de mettre une tenue de combat appropriée… Soyez doux, mon cher Basile, mettez-vous à la place de la pauvre femme devant se battre en robe que je suis~

Le Roigada porta lentement la paille de sa brique à sa bouche, léchant échapper un léger “slurp”, l’air pensif, avant de répondre :

-Doux ? J’espère que vous n’en douterez pas...

Le jeune homme lança sa brique de jus vers la jeune femme, celle-ci se transforma soudainement en une réplique de Basile qui tira un Vibraqua vers la femme-Apireine, cette dernière esquivant en virevoltant un grand sourire malicieux au visage, tandis que Basile ajoutait :

-Ce serait un manque de tact de douter de vos capacités, et ce peu importe la situation, n’est-ce pas ?

-Lily : Attention, j’arrive !

Le pied droit de la femme Pachirisu se mit à marteler le sol violemment, avec un bruit similaire à celui d’un moteur lancé à pleine puissance, puis soudain, elle disparut à nouveau dans un coup de tonnerre. Johnny put alors sentir l’air autour de lui chauffer brutalement, comme si quelque chose lui tournait autour avec une rapidité effarante, avant que Lily ne réapparaisse, non pas à son niveau ou à côté de Genkishi, mais les mains recouvertes d’électricité sur le ventre d’Eldor, chatouillant celui-ci avec entrain.

-Oups, mauvaise cible ! Guili-guili !

L’homme-Démolosse, visiblement désorienté et ne s’attendant absolument pas à ça, se mit à rire légèrement pendant quelques secondes tout en grimaçant à cause de l’électricité, faible mais présente, avant de froncer les sourcils et d’essayer de se reprendre.

*Des chatouilles… Ils se foutent vraiment de nous. Parce qu’ils savent très bien qu’ils vont gagner.*

En un instant, il se dégagea légèrement des bras de la femme-Pachirisu avant de lui asséner un coup de coude au niveau du ventre, plus pour s’éloigner que pour la blesser.

-Vous nous prenez vraiment pour des débiles… On peut rien face à des adversaires qui peuvent utiliser leur pouvoir.

-Ouais, j’avoue ! C’est grave de la triche !

Devora, clairement frustrée en voyant leurs adversaires utiliser de la magie, regarda d’un air désinvolte et agacé Genkishi.

-C’est vraiment pas du jeu ! Comment on peut s’amuser dans de telles conditions, en plus leurs pouvoirs sont super pétés !

-Genkishi : Ce n’est pas parce qu’une de vos adversaires s’amuse que c’est un jeu. Pour vous… C’est un exercice de sauvetage.

-Mais c’est n’importe quoi ! Je…

-Blizza : Devora… Ce n’est pas grave… Continuons leur “exercice”.

Devora haussa les sourcils, un léger et très court échange de regards silencieux ayant lieu entre les deux filles, jusqu’à ce que finalement, la femme Vortente quitte sa camarade des yeux l’air encore plus énervée qu’avant.

-Rah, c’est bon, j’en ai encore plus marre qu’avant ! Je me casse, moi !

Ignorant complètement l’exercice, Devora Ben laissa tomber la défense de Genkishi et partit s'asseoir dans un coin de la salle pour se prélasser, aucun Sinistre ne la retenant. Lily gonfla les joues, visiblement irritée de la voir abandonner si vite.

-Quoi ? C’est quoi, le problème ? Elle veut pas jouer ? J’y suis allée trop fort ? Ou pas assez ? C’est nul !

-Johnny : Hoy, on est toujours là nous. Et pour l’instant, vous n’avez toujours pas réussi à atteindre votre cible. Ptet que l’avantage de la magie n’est pas de trop pour vous.

Johnny avait lâché cette remarque d’un ton certes blasé, mais empli de provocation. La femme Pachirisu se tourna vers lui, remarquant sa présence après l’avoir complètement ignoré précédemment. Elle le jaugea du regard rapidement, l’examinant de la tête aux pieds, puis sourit à nouveau, répondant à la provocation avec un air également provocateur.

-Oh. C’est vrai. J’avais oublié le but du jeu, hihi…

Son pied vibra à nouveau pendant quelques secondes, puis une fois de plus elle disparut, tournoyant encore autour de Johnny comme une rafale de vent brûlante inarrêtable, mais apparaissant cette fois derrière l’homme Munja, son poing levé se déplaçant au ralenti vers la nuque de Genkishi. Elle s’exclama alors, avec un sarcasme non dissimulé :

-Oh noooon ! Je vais le frapper ! Mince ! Je ne peux pas l’arrêteeeeer…

Johnny ne bougea pas d’un pouce, ayant clairement senti dès la première fois où elle avait bougé qu’il perdait son temps à vouloir réagir à sa vitesse, restant immobile face à Lily alors qu’elle bougeait son bras lentement vers Genkishi et ne la lâchant pas du regard.

-Ouais, c’est ballot… Et j’ai vraiment la flemme de t’arrêter là…

Johnny eut alors un léger sourire cynique, alors qu’il n’avait toujours pas bougé d’un pouce de sa position.

-Enfin, ça c’est pour moi, en tout cas.

Avant qu’elle n’ait le temps de le remarquer, Lily put sentir des “liens” se resserrer dans les angles morts de son champ de vision, qui s’étaient faufilés et l’avaient encerclée pendant que son attention était rivée sur Johnny.

-Johnny : T’es super rapide, ma cocotte… Ça te rend un peu hyperactive, non ? L’attention, ça doit vraiment pas être ton fort.

Les liens ayant totalement agrippé avec force Lily soulevèrent celle-ci légèrement au-dessus du sol, Blizza et Mirabelle regardant la scène sans un mot. Il s’agissait de lianes s’étant faufilées discrètement dans le sol, et ayant surgi sous les pieds de la femme Pachirisu pendant la diversion de Johnny. Depuis son coin, les mains contre le sol légèrement planquées dans son dos alors qu’elle faisait toujours style de se prélasser, Devora tira légèrement la langue.

-Devora : Kss kss, je plaisantais ! Je suis pas prête d’abandonner, ni de te lâcher, ma vieille ~~

-OH ! JE ME SUIS FAIT AVOIR, EUH ! MINCE ! BASILE, SAUVE-MOI !

Tandis que la femme Pachirisu paraissait se débattre, clairement amusée par ce retournement de situation, Basile et ses clones secouèrent la tête en poussant un léger soupir.

-C’est ce qui arrive quand on n’est pas assez concentré.

-Exactement.

-Hein ?

Le véritable Roigada se retourna rapidement en entendant cette voix, Sylvain Icegton se trouvant derrière lui, son corps changé entièrement en métal, l’homme-Pingoléon s’apprêtant à frapper le monarque. En un instant, un des bracelets du Roigada se brisa, un puissant Vibraqua s’abattant sur l’ancien milicien qui permit à Basile de s’éloigner à temps.

-J’ai eu chaud…

Le jeune Roigada avait dit ça en passant sa main sur sa joue, une fine blessure d’où coulait quelques gouttes de sang s’y trouvant, le différenciant ainsi de tous ses clones. Il laissa échapper un léger “Tss”, qui montrait qu’il était plus blasé et fatigué par la situation plutôt qu’agacé.

-C’est bientôt l’heure de la sieste… Je vais mal dormir si je suis stressé par le combat… Alors autant essayer d’en finir.

Les dix clones présents se changèrent en eau qui fonça vers Genkishi pour former à nouveau des clones tout autour du Précepteur, chacun se trouvant à portée de main de l’armure et essayant de l’atteindre.

-Blizza : Johnny, Mirabelle.

La femme Blizzaroi, qui n’avait toujours pas bougé depuis le début du combat, avait prononcé ces noms pendant la transformation de Basile, calmement et sans la moindre fermeté, de la manière la plus naturelle qu’il soit d’interpeller quelqu’un. Ainsi, l’homme Smogo et la femme Apireine s’étaient positionnés entre les clones et Genkishi. Johnny repoussa les clones à coups de pied et de poing avec une vitesse très surprenante au vu de sa nonchalance. Bien qu’il ne fut pas aussi rapide que Lily, de loin, l’homme était néanmoins précis et efficace dans ses mouvements, cherchant à économiser un maximum ses forces. Il dut cependant s’occuper de presque tous les clones, Mirabelle peinant à repousser ne serait-ce qu’un clone. Cette dernière tiqua, clairement gênée par ses vêtements.

-Mirabelle : Bon, cela suffit.

D’un geste vif et décidé, la Sinistre arracha toute la partie ample de ses vêtements ainsi que ses manches, révélant sa silhouette fine et harmonieuse, alors qu’il ne restait de sa robe que le justaucorps et des collants noirs, la rendant tout de suite beaucoup plus apte à se déplacer et à se battre physiquement. La peau nue de ses bras était d’une pâleur légère et envoûtante, alors qu’elle se mettait en garde dans une position de combat beaucoup plus sérieuse et martiale.

-On ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs, hein ?~ J’ai compris lors de notre dernier affrontement que j’avais des désirs dans la vie à accomplir et qu’il faudrait que je m’investisse dans ces derniers sans me retenir, sans regretter. Alors au Diable la noblesse, je ferai tout pour avoir cette victoire, tenez-vous le pour dit, très cher Basile~

Le Prince eut un sourire satisfait en entendant les paroles de la femme-Apireine, le cristal sur sa couronne se mettant à briller d’une lumière rouge et inquiétante.

-C’est précisément ce dont il est question. Nous devons tous… Nous donner à fond en tout moment pour atteindre la victoire !

Alors qu’il disait ça, cinq autres répliques se formèrent dans la pièce, une vingtaine de Basile étant ainsi présent, les cinq nouveaux fonçant à leur tour vers Genkishi pour l’atteindre, avec une rapidité et une force bien supérieure à celle des répliques auxquelles les nouveaux Disciples avaient pu avoir affaire avant. Cependant, sans la moindre panique, Blizza fit sortir ses doigts frêles de ses manches, à moitié apparents et pointés vers le sol, et les bouger légèrement, ces derniers provoquant de légers sifflements de vent, une combinaison précise de sons différents. Sans même avoir besoin de regarder autour d’eux, et tout aussi efficacement qu’à la première salve, Johnny et Mirabelle se placèrent à chaque fois précisément là où ils devaient être pour pouvoir repousser les attaques successives des Basile, la femme Blizzaroi les fixant de loin avec concentration.

-Vous êtes coriaces… Ca me demandera plus d’efforts que prévu.

En finissant sa phrase, Basile Légion claqua des doigts et les différentes répliques éclatèrent en trombes d’eau qui à leur tour reformèrent des clones, encore plus nombreux, une cinquantaine de répliques étant présentes un peu partout dans la pièce, en particulier autour des Sinistres qui défendaient Genkishi. L’homme-Roigada afficha un sourire satisfait, sûr de sa victoire. Peu importe leur force, ils n’arriveraient pas à repousser autant d’adversaires en même temps. Il regarda tranquillement les clones foncer ensemble vers Genkishi et les Sinistres, faisant apparaître une nouvelle brique de lait de coco dans sa main droite, portant la paille à ses lèvres, lorsque soudain, il écarquilla les yeux. En un instant, Eldor, qui était resté à la traîne depuis le début même s’il avait repoussé chaque réplique qui l’avait attaqué, s’était interposé face à la majorité des clones et, en frappant rapidement dans le vide, faisait disparaître les assaillants, un sourire démoniaque au visage.

-Hahaha ! J’ai mis du temps à comprendre le but de l’entraînement et ton pouvoir…

De la fumée semblait s’échapper petit à petit du corps du Démolosse tandis que la température autour de lui ne cessait d’augmenter, son corps semblant avoir atteint une chaleur assez élevée pour qu’il puisse réduire la Légion du Roigada en vapeur, l’atmosphère de la pièce devenant de plus en plus étouffante.

-Je n’en étais pas certain jusque là… Mais ces répliques ne sont définitivement composé que d’eau. Face à quelqu’un qui peut naturellement chauffer sa peau et l’air autour de lui… Tu ne peux plus rien faire ! C’est parfait !

-Parfait… En effet.

L’homme-Roigada avait prononcé lentement ces trois mots, l’air calme et amer à la fois, comme quelqu’un qui abordait sereinement la défaite.

-Je ne peux rien faire face à toi ou autour de toi. Lily et moi vous avons clairement sous-estimé. Cependant… Tu as mis de la vapeur dans toute la pièce. Ce qui signifie que…

Son sourire se transforma soudainement en celui de quelqu’un sûr de sa victoire, tandis qu’Eldor semblait comprendre son erreur. S’il pouvait transformer la moindre gouttelette en une réplique et que la vapeur est justement constitué d’infimes gouttes dispersées dans l’air, alors...

-Je suis partout.

Au moment où il prononça ces mots, la vapeur se dissipa entièrement, laissant place à une centaine de répliques, qui semblaient plus faibles mais qui avaient une véritable supériorité numérique et qui étaient cette fois-ci dans l’ensemble de la pièce, attaquant véritablement sous tous les fronts. Au même moment, Basile tendit ses mains vers le sol et brisa deux autres bracelets, lançant un Vibraqua qui le propulsa dans les airs vers Genkishi, pour foncer directement au-dessus de lui et tenter de le frapper. Blizza fronça les sourcils, ses doigts s’agitant rapidement, Johnny et Mirabelle arrêtant les clones comme ils pouvaient, quitte à s’interposer physiquement comme des boucliers et prendre les coups. De son côté, Eldor était submergé par les attaques des répliques, chacun de ses coups faisant apparaître plus de vapeur d’où surgissaient plus de clones, plus faibles mais attaquant sans cesse. Seul Sylvain eut le temps de se propulser vers Genkishi à toute vitesse et arriva à temps et se prendre le coup du Prince à la place du Précepteur. Les deux hommes se lancèrent un regard déterminé, le Pingoléon serrant son poing de toutes ses forces. Il savait qu’il devait être prêt à tout pour montrer sa valeur. A toute vitesse, il fonça vers le Roigada et lui envoya un puissant coup qui l’envoya dans les airs, le touchant quelques secondes avant de se prendre un puissant Vibraqua à bout portant qui l’envoya à l’autre bout de la salle. Pour la première fois, Basile afficha un sourire carnassier et déterminé. Il n’y avait plus personne près de Genkishi qui ne soit occupé par les répliques à part cette femme Blizarroi. Il réunit ses forces pour lever son bras vers le plafond et lança à nouveau un violent Vibraqua qui le propulsa vers Genkishi, prêt à entrer en collision avec ce dernier.

Mais à ce moment, une forme blanchâtre fila sous ses yeux. A une vitesse faramineuse, presque instantanée, Blizza s’était interposée entre Basile et Genkishi dans les airs, les bras devant elle en garde alors qu’elle flottait légèrement avec ses vêtements amples telle un voile mystique. Le regard sérieux et sans vie de la femme Blizzaroi pénétra celui de Basile la fatale vérité. Elle était le dernier atout. Et même si elle n’arrêtait pas totalement son coup, elle le privait de sa dernière chance. Elle était l’incarnation même de sa défaite. Et cette incarnation attendait l’air déterminé que l’homme Roigada et son attaque. Basile grimaça, clairement déstabilisé mais continua à avancer, s’apprêtant à frapper Blizza à la place de Genkishi, prêt à tout pour vaincre et essayer d’atteindre le Précepteur. Devora eut un grand sourire carnassier alors qu’elle resserrait la pression de Lily par prudence.

*Blizza est trop forte ! La victoire est à nous ! Dans ton cul, Genkishi !*

Mais au dernier moment, alors que la femme Blizzaroi était à deux doigts de rentrer en contact avec l’homme Roigada, celle-ci put avoir le poing de son adversaire en gros plans devant ses yeux, et écarquilla les yeux.

Sa peau.

Son poing.

La douleur.

La honte.

La douleur.

La peur.

La honte.

La peur.

La peur.

La peur.

-Enlève tes vêtements, Blizza.

-AAAAAAAHHHHHHHHHHH !

D’un seul coup, Blizza se mit à hurler de terreur, et lorsque le poing la frappa, la Sinistre n’était déjà plus qu’un mirage, qui s’évapora en un amas de neige en un instant, n’empêchant ainsi pas Basile de frapper Genkishi, le Précepteur se prenant le coup sans pour autant reculer, comme si celui-ci ne lui avait rien fait. Le Roigada tomba enfin à terre, l’air complétement abasourdi par la réaction de la jeune femme.

-Elle avait pourtant l’air déterminée… Qu’est-ce qui s’est passé ?

-AAAAAHHHH !!!

https://www.youtube.com/watch?v=SxLLWW7Tt54

Blizza réapparut un peu loin, toujours en hurlant, assise les genoux au sol et les mains agrippant fermement sa tête alors que des larmes coulaient sur son visage, complètement vulnérable. Basile lui lança un rapide coup d’oeil, complètement décomposé et paniqué par la réaction de la Sinistre. Comme pour chercher conseil, il se tourna rapidement vers le fondateur de Shibusen, qui semblait toujours stoïque comme une statue mais qui chuchota d’une voix douce :

-Tu n’as pas à t’en vouloir, c’est certainement un mal plus grand qui la ronge. Hélas, ce n’est pas à nous d’intervenir.

Comme pour illustrer les propos de Genkishi, les trois autres Sinistres s’étaient immédiatement élancés vers Blizza, Devora lâchant sans ménagement Lily. Cependant, en arrivant devant la femme Blizzaroi, aucun de ses trois camarades ne la prit dans ses bras. Ils savaient déjà que cela n’aurait pas l’effet escompté. Aussi, en triangle autour d’elle, Johnny, Mirabelle et Devora restèrent silencieux, se contentant de rester à portée de main de leur compagnon. C’était comme-ci il cherchait à lui réchauffer le coeur tout en la ménageant au maximum, tout trois semblant totalement la comprendre.

Ils ne pouvaient pas la toucher.

Ils ne pouvaient pas lui parler.

Ils ne pouvaient rien faire, car il n’y avait rien à faire.

C’était là la philosophie des Sinistres. Ne pas donner d’espoir, ne pas parler d’avenir, ne pas faire preuve, ne pas se laisser emporter par ses émotions et ses désirs. Tout ce qui comptait, c’était que chacun d’eux soit là pour les trois autres. Quatre ombres unies dans les ténèbres de ce monde. Et c’était avec cet état d’esprit qu’aucun ne fît la moindre action, jusqu’à ce que les larmes de Blizza ne cessent. Ses larmes semblèrent se gelaient sur son visage, jusqu’à se disperser en poudre glaciaire. La femme Blizzaroi ne releva cependant pas le regard, sa voix redevenant stoïque et sans vie, comme si ces points d’émotions ayant surgi ces derniers jours venaient de geler à nouveau pour une énième ère glaciaire.

-Blizza : J’ai… J’ai échoué… J’ai été faible, et j’ai gâché tous vos efforts. Malgré votre confiance en moi, malgré ma volonté d’être votre tremplin vers vos objectifs. J’ai tout gâché…

Encore une fois, aucun de ses trois camarades ne prit la parole, alors que Blizza se relevait dans un silence absolu, évitant au maximum le regard des autres Sinistres. Puis, finalement, la femme Blizzaroi lâcha sombrement à Genkishi, sans le regarder pour autant :

-... Désolée d’avoir fausser votre entraînement. Je pense finalement ne pas être à la hauteur de vos espérances.

Et sans un mot, Blizza se dirigea de quelques pas vers la porte, avant de se dissoudre sous forme de neige cristalline tel un mirage.[/i]

https://www.youtube.com/watch?v=EG37T4wLoRU

Blizza s’était isolée à l’extérieur de l’école, assise sur la plus haute marche de l’escalier menant à l’entrée, recroquevillée sur elle-même. Malgré sa posture défensive et faible, son visage était loin de transfigurer cet état, la femme Blizzaroi se contentant de fixer silencieusement le lointain, de son air glacial et sans vie. C’était comme si elle attendait que le monde s’arrêtait, sans la moindre motivation en elle. Au bout d’un moment, une silhouette apparut, assise de l’autre côté de la marche de l’escalier, gardant ainsi une certaine distance entre les deux personnes. Genkishi, après être allé à toute vitesse à de nombreux endroits à la recherche de la Sinistre, était finalement arrivé ici. Il resta silencieux pendant quelques secondes, son esprit se concentrant sur les récents événements puis sur ce que la jeune femme devait ressentir, si elle ressentait quoi que ce soit. Chaque élève était délicat à sa manière, il le savait. Ce qu’il ne savait pas, à chaque fois, c’était s’il était véritablement capable de les aider ou non. D’une certaine façon, il avait déjà échoué. L’entraînement était censé prendre en compte leurs caractéristiques, les pousser à se surpasser, pas les briser.

-Tout mon entraînement repose sur le renforcement et le bien-être du corps. Sur la force physique et mentale. Sur l’acceptation et la compréhension de son corps. Cet exercice n’était pas le meilleur pour commencer, je m’en rends compte maintenant. Tu as un long chemin à parcourir… Mais j’ai vu dès le début en toi toutes les qualités requises pour arriver au bout du voyage.

-Uh… Des qualités, hein… ?

Le ton de Blizza était particulièrement incrédule sans être désagréable, alors que ses yeux se plissaient légèrement.

-Je pense que vous vous trompez. Je ne suis pas fait pour être heureuse, pour avoir une vie accomplie en bien-être avec moi-même. Car je ne crois pas en ce monde ni en le rôle que j’y apporte. La seule raison pour laquelle je suis là, et vous le savez, c’est pour “eux”... Pour continuer à être leur tremplin vers leur destinée, que celle-ci soit emplie de désespoir ou d’espoir. Et même dans ce but-là, j’ai échoué. Je ne suis même pas capable d’assumer la seule misérable étincelle d’espoir me traversant sans devenir fragile et instable.

La femme Blizzaroi ferma les yeux, aucun ressentiment négatif ou positif ne se lisant sur son visage, alors qu’elle finissait calmement :

-Votre entraînement était très pertinent, cher professeur. Il m’a rappelé pourquoi j’avais gelé ainsi mon coeur et mon corps. Pour ne plus avoir à faire face à cette faiblesse, et être à la hauteur pour protéger et soutenir mes camarades.

Le Précepteur resta immobile, prêtant toute son attention à chaque mot prononcée par son élève. Il savait que tout se jouait en ce moment, que chaque parole était cruciale.

-Je crois qu’ils ont tous pris beaucoup de plaisir durant ce combat, même s’il a été frustrant. Peut-être était-ce justement parce qu’il était frustrant. Tu les as guidé avec brio de façon à déstabiliser mes Disciples et j’ai donc pu voir à quel point je ne m’étais pas trompé sur ton potentiel de meneuse… Et tu as le défaut qu’ont toutes ces personnes qui veulent aider leur confrère à mener de grandes choses, celui de ne pas penser assez à toi, celui de privilégier leurs buts à quelque chose qui te serait plus personnel. Dans tous les cas, tu as fait preuve d’une trop grande détermination pour t’arrêter maintenant. Si tout ton corps a su être animé par ton envie de gagner, alors il le sera à nouveau. Car ce que tu as ressentie au moment où tu t’es jeté vers Basile, cette impulsion, cette volonté, c’est la vie elle-même, c’est le mouvement initial qui motive toute notre existence. Vivre en se privant d’une chose aussi belle et précieuse… Il vaudrait mieux mourir que de mener une existence aussi déplorable.

-Ne dîtes pas ça alors que vous êtes celui qui m’en a empêché, de mourir. C’est très déplacé, professeur.

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La première émotion de Blizza depuis le début de la conversation fut une pointe d’agacement dans la voix de la jeune femme. Puis, ce fut un regard légèrement attristé qui prit place sur son visage, la voix de cette dernière s'attendrissant.

-La seule raison qui fait que je suis encore en vie, c’est mon égoïsme. Cette sordide volonté de vouloir voir mes camarades aller au bout de leurs objectifs, de les y aider. Et à cause de ça, j’entrave leur chemin maintenant. Ils n’ont plus besoin de moi pour progresser avec vous. Et au contraire, la moindre de mes faiblesses peut les dévier du chemin qu’ils essaient d’emprunter. Même me suicider maintenant les stopperait dans leur élan. J’aurais dû disparaître à jamais quand il était encore temps. Mais cet… immonde et puéril égoïsme, cet “espoir” dont vous parlez tant, a tout gâché. Je ne mérite plus ma place en tant que Sinistre…

En entendant cela, le Précepteur secoua la tête, l’air attristé un instant avant de répondre :

-D’une certaine façon tu as raison, l’espoir est un égoïsme. Mais c’est aussi un altruisme. Je n’ai jamais compris comment on pouvait séparer les deux de façon aussi catégorique. Au fond, peu importe si tu as l’impression que tu aides tes camarades par égoïsme, puisque tu les aide toujours et agis ainsi pour eux, de façon altruiste. A quoi cela te sert-il de réfléchir sur le passé, sur ce que tu aurais dû faire, puisque de toute façon, tu es là, tu es en vie et ce pour une bonne raison. Peut-être que tu ne la connais pas encore, mais tu as tout le temps de vivre et de comprendre pourquoi tu es là, de comprendre pourquoi cette once d’espoir est né en toi et t’as sauvé. Baisser les bras maintenant, cela revient à renoncer aux efforts que tu as pu faire jusqu’ici mais aussi à ceux que font tes amis. Cela revient à renier l’espoir qui est né en chacun de vous. Je ne pense pas que ce soit ce que tu souhaites.

-Bon… Bon sang… Mais de quoi vous parlez… ?

La voix de Blizza se cassa légèrement, comme si une surdose d’émotions retenues en elle suffisait à la faire frémir tel un séisme ravageant son corps.

-Vous savez très bien que je n’y crois pas… je ne suis pas là pour une bonne raison… Personne ne l’est. Nous sommes en vie qu’à cause de notre propre volonté. Mon égoïsme les aide ? Soyons réalistes, c’est moi qui ai fait échoué leur épreuve. Vous avez vu comment j’ai craqué ? A quel point je suis une bouilloire prête à exploser à la moindre faille ? Ce rôle convenait parfaitement à un monde de désespoir et de ravage, mais comment voulez-vous que j’ai ma place dans un monde d’espoir et de sentiments nous rendant vulnérables et versatiles ? L’être que je retiens à l’intérieur de moi n’est pas à la hauteur de cette tâche… Vous l’avez vu vous-même...

Les mains de Blizza se resserrèrent sur sa tenue, alors qu’elle avait de plus en plus du mal à se contrôler, se mordant la lèvre inférieure alors que des larmes perlaient sur ses yeux.

-Je ne sais plus quoi faire, professeur… Je ne sais plus quoi faire…

Pendant un court instant, l’homme-Munja fut pris d’un léger tremblement, comme s’il avait frissonné. Il resta pensif un moment, ne sachant que faire, ne sachant que dire. Enfin, il répondit, d’une voix changée, plus émotive qu’avant :

-Est-ce vraiment ce que tu penses ? Crois-tu être brisée ou inutile ? Lorsque quelque chose se brise, il y a deux attitudes différentes qu’il est possible d’adopter : soit on jette les débris, soit on les répare. C’est à toi de prendre cette décision, pas à moi, mais je voudrais que tu saches que…

Il marqua une pause, comme si son esprit était trop embrouillé pendant quelques secondes pour qu’il trouve tout de suite les mots justes, avant d’ajouter :

-Peu importe à quel point le monde ou ceux qui l’habitent peuvent donner l’impression de te rejeter, la vérité, c’est qu’il n’appartient qu’à toi de tomber ou de te relever, de te briser ou de te renforcer. Puisque tu penses que le suicide n’est plus une option, alors tu dois affirmer ton existence. Si tu n’as pas ta place, crée-la.

Les yeux de Blizza s’écarquillèrent quelques secondes à ces mots, puis la femme Blizzaroi reprit sa posture sobre et son visage apathique.

-Me créer ma place, hein… J’ai… J’ai besoin de réfléchir un peu seule, si cela ne vous dérange pas.

L'homme-Munja acquiesça avant de se lever, semblant légèrement rassuré par rapport au moment où il était arrivé. Il se retourna, prêt à partir, quand soudain, la femme Blizzaroi ajouta légèrement, sans se retourner ver le professeur :

-Merci beaucoup.

Sans que Blizza ne puisse le voir, l'expression sur le masque de Genkishi changea, montrant à quel point il était touché par les mots de l'élève. Avant de disparaître, il prononça, d'une voix douce et sincère :

-Je n'ai fait que remplir mon devoir de professeur... C'est la place que je me suis créé.

Les autres Gijinkas attendaient toujours dans la salle d'entraînement, comme le leur avait demandé Genkishi avant de partir. Basile attendait, l'air soucieux et les bras croisé. C'était assez rare que Genkishi parte à la recherche d'un élève qui s'en va comme ça. D'habitude, il le laissait juste partir et attendait qu'il revienne une fois calmé. La situation devait vraiment être urgente pour que le Précepteur ressente le besoin de réconforter directement la nouvelle disciple.

-Aah, c'est là que y a les nouveaux.

Le groupe se tourna vers l'entrée de la pièce, où se trouvait Ugo qui avait lâché ça d'un air désinvolte, les mains dans les poches et un sourire goguenard au visage. Il fut rapidement suivi de Regen, de Vel puis de Ian, comme si les quatre disciples avaient été appelé ici. L'homme-Cradopaud se tourna vers Basile et Lily avant de demander :

-Alors ? Vous leur avez mis la pâté ?

-Pas vraiment non.

Celui qui venait de répondre à la place des deux disciples était le Précepteur lui-même, qui venait d'apparaître au milieu de la pièce, immobile comme une statue, les bras croisé dans une posture déterminée et autoritaire.

https://www.youtube.com/watch?v=jhBJfA6WOOE

-Je dirais même ceci : Lily, Basile... Vous avez encore besoin d'entraînement. N'est-ce pas merveilleux, que vous ayez toujours une telle marge de progression malgré votre force déjà prodigieuse ? De manière générale, vous avez tous besoin d'entraînement et vous le savez. C'est pour ça que vous êtes ici. C'est pour ça que Blizza va rester parmi nous, car c'est quelque chose qu'elle a compris, elle aussi. Je pense qu'elle reviendra bientôt vers nous, si cela peut vous rassurer.

En prononçant cette dernière phrase, il avait tourné légèrement son visage vers les Sinistres, avant de reprendre une posture immobile.

-Je dois vous avouer quelque chose. Personne n'a jamais réussi cet examen tout en respectant les consignes. Des personnes comme Ugo on finit par réussir en utilisant leur propre pouvoir mais de manière générale, les élèves qui arrivent à me défendre sont très rare. Vous m'avez offert une excellente protection malgré les nombreux handicaps et pour cela, je vous félicite. Cependant, si vous avez perdu, ce n'est pas uniquement à cause de la différence de niveau entre vous et mes Disciples ou à cause des handicaps, vous devez vous en douter. Certains ont eu plus de mal à interagir avec le groupe que d'autres, certains ont agi de manière moins réfléchi, d'autres ont sous-estimé leurs adversaires. Blizza a été une excellente meneuse mais, à côté, Eldor et Sylvain ont eu du mal à se débrouiller par eux-même, ils ont été plus timide. Lily s'est comportée... Comme d'habitude, on va dire. Basile n'a été véritablement sérieux qu'à la fin. De manière générale, anciens comme nouveaux, vous avez tous des problèmes sur lesquels nous devons travailler ensemble. Oui... Ensemble.

L'homme en armure resta un moment immobile, comme s'il réfléchissait intensément sur la signification profonde de ce mot, avant de changer subitement de pose, son index et son majeur levés comme s'il faisait un V de la victoire.

-C'est pourquoi à partir de maintenant vous allez travailler en groupe de deux ! J'espère que vous êtes enthousiastes de pouvoir vous aider à vous dépasser l'un l'autre dans un esprit de franche camaraderie ! Des groupes réfléchis, bien pensés, bien sûr, qui vous permettront à chacun de donner le meilleur l'un de l'autre.

L'homme-Munja marqua un nouveau temps de pause, regardant tour à tour chaque Gijinka présent avant de déclarer :

-Basile ira avec Sylvain, Regen avec Eldor, Vel avec Devora, Ian avec Mirabelle, Ugo avec Johnny et... Lily avec Blizza. J'espère que votre duo vous plait. A partir de maintenant, je voudrais que vous passiez tous vos entraînement ensemble, à tout faire pour vous améliorer. En fait, je voudrais même dans l'idéal que vous pensiez chaque duo comme étant une entité à part entière, une seule et unique personne. Ce n'est peut-être pas l'expérience de pensée la plus agréable mais pensez ceci : s'il y avait une personne qui combine toutes vos qualités et vos défauts, comment feriez vous pour qu'elle soit au maximum de ses capacités ? Ou pour que cette personne ne s'effondre pas mentalement à cause des différences trop importante qu'il y a au sein du duo ? Quoi qu'il en soit, pensez ainsi et pensez que vous êtes tous en compétition pour voir quel duo arrivera le plus à s'améliorer et à exploiter ses capacités ! ... Tiens c'est une bonne idée ça. A partir de maintenant, vous serez noté par équipe et celle qui aura le plus de point aura une récompense. A partir de maintenant... Il ne s'agit plus d'évaluer mais d'entraîner. Vous avez quartier libre aujourd'hui pour faire connaissance et vous entraîner de votre côté si vous le souhaitez. Essayez de vous connaître un peu mieux avant l'épreuve de demain !

Le professeur n'avait pas encore fini sa phrase que déjà, Lily sautillait et trépignait d'excitation. Son impatience surchargée d'énergie se traduisait par des arcs électriques qui sautaient aléatoirement le long de ses jambes nues, jaillissant parfois sur Basile juste à côté ; mais celui-ci n'avait cependant pas l'air de s'en soucier beaucoup. La femme Pachirisu prenait très à cœur toute forme d'entraînement ou de compétition : sous son apparence innocente et joueuse se cachait entre autres une philosophie de battante. Et se mettre en équipe avec une nouvelle personne pour s'améliorer au niveau plus ultra ne pouvait que l'enchanter au plus haut point. Ce genre de choses était commun dans la formation de Genkishi, avec les nouveaux disciples, mais n'arrivait habituellement pas aussi tôt.

-Genkishi : Quoi qu'il en soit, pensez ainsi et pensez que vous êtes tous en compétition pour voir quel duo arrivera le plus à s'améliorer et à exploiter ses capacités ! ... Tiens c'est une bonne idée ça. A partir de maintenant, vous serez noté par équipe et celle qui aura le plus de point aura une récompense.

A cet instant, l'impatience retenue de la femme Pachirisu explosa.

https://www.youtube.com/watch?v=gXQXvCmIssw Vitesse X2

-OUAIS ! JE VAIS CARRÉMENT CHOPER LA RÉCOMPENSE !!

Elle disparut d'un coup, toutes les personnes dans la salle pouvant sentir la rafale d'air chaud signifiant qu'elle était en train de leur courir autour à une vitesse trop grande pour être aperçue. Lily freina brusquement devant chacun des nouveaux disciples un par un, leur soulevant le bras et leur serrant la main sans leur demander leur avis ni leur laisser le temps de réagir.

-Hé Mirabelle on va trop bien s'entendre moi aussi je me bats uniquement en robe les pantalons c'est carrément surfaits tu vas voir je te montrerai ma garde-robe plus tard, ET Johnny t'as trop la classe mec j'avoue ta diversion était géniale je me suis laissée prendre hihi mais fumer c'est pas bien pour la santé attention ET Dévora pareil c'était géant ton embuscade quand t'as fait semblant de plus vouloir jouer faut trop que tu m'apprennes à faire des embuscades parce que Genkishi il désamorce toujours mes embuscades trop vite et c'est nul ET Sylvain t'as l'air un peu coincé mais j'aime bien ta façon de te battre ça donne envie d'imiter le grand officier Sylvain hahaha !! ET Eldor...

La Gijinka écureuil s'arrêta plus longuement devant Eldor, secouant sa main plus lentement, et semblant le jauger du regard, avec un air beaucoup plus neutre et sérieux qui faisait un contraste drastique avec l'overdose de positivité précédente.

-... T'as l'air cool. Y'a un truc dont faudra que je te parle plus tard, rien de trop important, t'inquiètes pas. MAIS SURTOUT MAIS SURTOUT MAIS SURTOUT

Repartant au quart de tour, Lily s'arrêta cette fois devant l'espace vide où aurait normalement dû se trouver Blizza à droite des autres Sinistres, effectuant le même mouvement qu'avec eux en serrant cette fois la main d'une personne invisible, parce qu'absente.

-BLIZZA, ma partenaire, la plus incroyable de tous qui en plus peut même se rendre invisible (c'est trop balèze) je sens en toi un potentiel giga-géant on va bien travailler et on sera les meilleures et on va choper la récompense à la fin CA VA ÊTRE GÉNIAL ! Moi c'est Lily Sunsaw, vingt-huit-moins-vingt ans, trop ravie de jouer avec toi !

Il lui fallut quelques secondes à agiter son bras dans le vide avant de prendre un air surpris, la réalisation que sa partenaire n'était pas invisible mais tout simplement absente arrivant enfin au cerveau.

-Mais... mais... ah... euh... Elle est pas là... C'était ça que tu voulais dire, Genkishi, quand tu disais qu'il fallait penser chaque duo comme une seule et unique personne... ?

Laissant la Gijinka Pachirisu à sa confusion, Vel, qui comme à son habitude se tenait plutôt tranquille, soupira et s'approcha de la femme Vortente, souriant sans prétention dans sa marche.

-Eh bien, j'aurais bien aimé faire équipe avec Johnny, mais on dirait que je suis tombé sur quelqu'un d'intéressant néanmoins. Devora, c'est ça ? Je suis Vel. J'espère que nous formerons une paire efficace.

Capitaine du Space Mountain Messages : 2092 Age : 29

Devora Ben avait écouté d'un air assez désabusé le professeur, semblant avoir du mal à digérer leur défaite. Sans en vouloir à Blizza, elle était surtout énervée par le comportement de leurs adversaires, ayant complètement manqué de fair-play. Sans cette tricherie, leur victoire aurait clairement été totale. La répartition en binômes rajouta de l'huile sur le feu, sortant une grimace étrange et presque effrayante à la femme Vortente dont l'esprit semblait bousculé par des idées peu saines. Non seulement elle était séparée des autres Sinistres, mais en plus, elle était forcée de s'allier à l'un de ces Disciples au comportement déloyal ? Déjà, si les autres ne lui avaient pas demandé de se contrôler par respect pour leur professeur et la promesse qu'ils lui ont fait, elle aurait déjà essayé trois fois de trucider ces deux tricheurs. Surtout la Pachirisu, elle tenait sa vie entre ses mains, seule la volonté de victoire dans les règles l'avait poussé à résister à la tentation de l'éliminer avec ses pouvoirs. Un jeu sans règles, sans aléas, sans avantages et handicaps prédéterminés bien à l'avance, perdait tout son fun, particulièrement quand il s'agissait de combats. Les bras croisés, clairement d'humeur macabre, Devora détourna brusquement et visiblement son corps de Vel quand celui-ci s'approcha d'elle, l'ignorant fermement et silencieusement. La Sinistre resta ainsi plusieurs secondes, jetant un grand froid sur le duo. Puis finalement, Mirabelle laissa échapper un petit soupir gêné et posa sa main sur l'épaule de Devora, lui lâchant discrètement :

-Mirabelle : Allez, Devora... Pense à Blizza et aux efforts qu'elle fait pour nous...

https://www.youtube.com/watch?v=kJKwMjNnhUg

Devora resta encore un peu silencieuse, plissant les yeux à ces mots, et finalement, dans un revers total de tempérament, la femme Vortente se tourna vers Vel. Son visage haineux et sinistre avait laissé place à son air enthousiaste et espiègle habituelle, Devora serrant vivement la main de l'homme Lockpin.

-Devora : Kss kss, oui bien sûr~ ! Mon cher Vel, je suis vraiment dég... enchantée de te rencontrer ! T'inquiète pas, j'ai l'habitude ces derniers temps de tomber que sur les pires lots sur mes tirages au sort !

Alors qu'elle lui serrait toujours la main, les doigts de la femme devinrent des lianes qui s'enlacèrent autour du poignet de l'homme Lockpin comme des serpents autour de leur proie, se contentant de se frotter à sa peau sans pour autant resserrer l'étreinte. Puis son sourire narquois devint progressivement sadique et joueur, presque provoquant.

-Par contre, je te préviens, je n'aime pas perdre à cause de causes extérieures à ma personne... Donc je compte sur toi pour être aussi utile et peu gênant que possible pendant notre entraînement, kss kss~

Mirabelle laissa échapper un deuxième soupir : Elle ne pouvait pas vraiment attendre plus de Devora, son comportement était tout à fait normal. Si les quatre Sinistres étaient ensemble aujourd'hui, c'était parce qu'ils était une forme de famille, seuls contre le reste du monde. Tout étranger à ce groupe était une personne théoriquement mauvais et inspirant la haine ou la méfiance. Et en même temps... La femme Apireine avait eu tendance à changer d'avis à ce sujet-là. Basile lui avait redonné foi en les Gijinkas, ne serait-ce qu'un peu, et elle voulait faire son possible pour que ses trois camarades puissent l'observer autant qu'elle. D'ailleurs, Mirabelle put difficilement cacher une point de déception en voyant qu'elle n'était pas en binôme avec l'homme Roigada. En même temps, c'était assez prévisible, Genkishi avait forcément remarqué que leur comportement mutuel était... différent d'avec les autres. Le professeur avait sans doute peur qu'elle et Basile ne soient pas assez productifs ensemble. Et pourtant, c'était bien ce jeune et beau noble qui avait poussé la Sinistre dans ses retranchements, l'avait poussé à se surpasser, jusqu'à finalement la sauver et lui redonner goût à la vie et confiance en ses désirs. Elle ne pouvait s'empêcher de ressentir un petit pincement au cœur face à cette ingratitude du Destin. S'y résignant néanmoins, Mirabelle se dirigea vers Ian, son coéquipier, non sans pas jeter un petit coup d’œil furtif à Basile en le croisant. La personne avec qui elle était un homme Pyroli avec une posture aussi imposante que noble, la femme Apireine haussant les sourcils gênée et se demandant un instant sur quel journal de playboys douteux Genkishi trouvait ses élèves. La Sinistre ne se laissa cependant pas perturber pour autant, et fit une révérence douce et élégante face à Ian, un sourire malicieux au visage.

-Enchantée, très cher, je me nomme Mirabelle Thones... Je suis ravie de voir que je vais pouvoir faire équipe avec un homme de votre stature, on ressent immédiatement vos origines nobles ne serait-ce qu'à votre posture~

» L'Archipel du Grand Shibusen