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 Archipel Kan Ikul

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Annie Panda
Capitaine du Space Mountain
Annie Panda


Messages : 2092
Age : 29

Archipel Kan Ikul Empty
MessageSujet: Archipel Kan Ikul   Archipel Kan Ikul EmptyDim 22 Mar - 21:58

https://www.youtube.com/watch?v=0El1ECrZV-0

Un léger vent ensablé soufflait ce jour-là sur l’île cardinale Est de l’archipel Kan Ikul. Celle-ci possédait plusieurs villages nomades, ainsi qu’un avant-poste central fixe, qui était le point central des actions militaires de l’île, en lien direct avec la capitale, qui était au centre de l’archipel. Bien que seul lieu sédentaire de vie dans ce désert inhospitalier, l’avant-poste gardait fortement l’allure d’un lieu prêt à se mouvoir à tout moment, des tentes et des constructions de toiles et de bois se tenant à différents endroits de la base. Seuls quelques constructions de roche à même le sable dénotaient,étant utilisés comme abris lors des plus fortes tempêtes de sable. Tout était calme à un certain degré, seuls des bruits de travail se faisant entendre alors que chacun vaquait à ses occupations sans parler aux autres, la grande majorité étant encapuchonnés pour se protéger du vent, ce qui limitait encore plus la communication avec autrui. Certains pourraient considérer cela comme une forme de tension, mais il s’agissait là du quotidien des habitants de Kan Ikul : Un peuple rustre, qui ne parle que quand ils ont quelque chose de pertinent à dire, et qui préfèrent briller par leurs actions. Au sommet de cette population, l’avant-poste était dirigé d’une main de fer, impitoyable et stricte, par Sari Vanu, un redoutable et fier homme Galeking. Ayant déjà distribué ses ordres à toutes ses troupes, le robuste commandant d’avant-poste était posté sur la vigie, les bras croisés et les yeux plongés vers l’horizon, aux côtés de deux éclaireurs Scorplane. Son visage s’assombrit légèrement jusqu’à ce que celui-ci se radoucisse légèrement en entendant la voix de son fils aîné, Mori Vanu, un Galegon d’une vingtaine d’années qui était en train de monter à l’échelle de la vigie, lâchant d’une voix solennelle à son paternel :

-Mori : Père. Les éclaireurs Triopikeurs de l’Est sont revenus. Ils veulent vous parler.

-Sari : Bien. J’arrive de suite.


L’homme Galeking rejoignit son fils, et très vite, les deux hommes se retrouvèrent face à trois éclaireurs Triopikeurs, dont un légèrement blessé. Sari fronça les sourcils à cette vision, et lâcha finalement :

-... Ils sont arrivés, n’est-ce pas ?

-Triopikeur : Oui… Les rumeurs n’étaient pas faussés, commandant… Ils sont des centaines… Ils seront là d’ici une minute, je dirais.

-Sari : Tss… Ils sont monstrueusement rapides à se déployer… Ecoutez-moi tous !


Tous les soldats accordèrent immédiatement leur attention au commandant, une femme Galeking et un jeune Galekid d’une dizaine d’années sortant d’une tente, la femme ayant l’air particulièrement inquiet.

-La situation est grave. Nos ennemis sont arrivés encore plus rapidement que nous le craignons… Mais inutile de céder à la panique. Nous avons anticipé cette attaque et optimisé notre campement en fonction. Nous sommes préparés. Battez-vous fièrement, et montrez-leur ce que c’est d’être un habitant de Kan Ikul.

-Tous : OUI, COMMANDANT !

-Les éclaireurs Triopikeur, vous partirez prévenir la capitale. Les femmes et les enfants, allez immédiatement dans les abris, et cachez-vous. Un soldat se dévouera à la protection de chaque abri. Mori…


L’homme Galeking se tourna sérieusement vers son fils aîné, et continua :

-Je te confie le commandement de cette tâche. Protège ta mère et ton frère Lori de toutes tes forces et ton âme, mon garçon.

-Oui, père.


Le jeune Galegon se mit au garde-à-vous, et partit immédiatement vers le reste de sa famille pour les accompagner, alors que son père se tournait vers ses troupes.

-Sari : Nous connaissons ce désert comme notre poche. Nous sommes fiers et déterminés. Aussi, nous ne laisserons pas un seul de ces Fermites passer… Et nous tiendrons aussi longtemps que possible jusqu’à l’arrivée des renforts.

-Tous : OUI, COMMANDANT !


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https://www.youtube.com/watch?v=tKOKwfp6Y18

Quatre minutes s’étaient écoulées, alors que Suzan et Shokugeki pénétraient royalement dans le camp, Terrakium et Spiritomb encore une fois derrière eux. Les soldats Fermite et Scalpion avaient neutralisés chaque habitant, tranchant les tendons des soldats récalcitrants pour les faire ployer à genoux. Suzan regarda vers sa droite, à l’opposé de l’avant-poste, où les soldats Fermite ramenaient de force les Triopikeurs ayant essayé de transmettre le message de l’attaque. Puis elle regarda vers sa gauche, où ses soldats, une fois de plus, sortaient du sol en transportant les femmes et les enfants s’étant cachés dans les abris, pourtant bouchés par une couche de sable épaisse installée par un soldat Hippodocus du camp. Enfin, la femme Fermite regarda face à elle, aucune émotion visible sur son visage, alors que les deux Appelés et les deux Déchus arrivaient face à une tente plus majestueuse que les autres, le quartier général de l’avant-poste, deux hommes Fermites armées d’arc et de flèches leur ouvrant la toile d’entrée. Sans la moindre marque de salut ou de remerciement, la chef des troupes Fermite pénétra dans la tente en même temps que Shokugeki, sans vraiment attendre leurs compatriotes Déchus, et la femme Fermite s’installa finalement sur le siège du bureau de commandant, jambes croisées et mains liées avec une assurance totale.
-Suzan : Bien le bonjour, commandant Vanu, c’est cela ? Cet avant-poste est désormais à nous, et je pense qu’au vu de votre préparation préliminaire, vous savez qui nous sommes et comment nous agissons, n’est-ce pas ?

Face à elle, au sol et à genoux, maîtrisé par deux Scalpions, se tenait Sari Vanu, fier et silencieux, alors que Shokugeki arrivait lentement derrière lui. L’homme Galeking ne donna aucune réponse, se contentant de jeter un regard hautain et méprisant sur la femme Fermite. Voyant qu’il ne servait à rien d’attendre, l’Appelée continua calmement et froidement :

-Je vois que votre caractère fort va nous faire gagner beaucoup de temps sur la suite. Aussi, je vais aller droite au but. L’allégeance, ou la mort ?

-...


L’homme Galeking ne répondit pas, dix secondes complètes s’écoulant dans une tension immense alors que les deux personnages fiers se fixaient droit dans les yeux. Face à l’absence de réponse, Suzan soupira, et lâcha finalement :

-Shokuge…

-??? : Pas cette fois.


Alors que le Scalproie levait déjà sa main pour pourfendre le Galeking d’un coup fatal, Terrakium s’interposa, de la même manière qu’il avait pu le faire auparavant, entre le chef de l’Inquisition et le chef du camp, l’Appelé prenant un air légèrement contrarié et s’apprêtant à agir malgré tout, lorsqu’il remarqua que le Mousquetaire avait discrètement posé sa main sur l’épaule du Galeking.

-Cet homme est sous ma protection.

En tout réponse, Suzan roula des yeux, comme si elle commençait à se lasser de ce genre de situations, avant de lâcher froidement :

-Allez-y. Défendez votre point de vue, Terrakium.

De la même manière, Shokugeki croisa les bras, l’air hautain et se mettant clairement dans la position d’un juge, alors que le Déchu, lui, ne semblait pas se laisser impressionner, sa voix pleine d’assurance alors qu’il déclarait :

-Vous avez mis plus de temps que prévu à récupérer les autres îles d’Aquatique. Si vous aviez gardé les miliciens les plus expérimentés à vos côtés, ça n’aurait pas été le cas et pourtant il s’agit principalement de villes sur cet archipel. Ici, il n’y a que du sables et des peuplades nomades, les villages fixes sont rares et les habitants arriveront plus facilement à s’échapper… Vous avez besoin de quelqu’un qui connaisse parfaitement le désert et qui sait y mener des opérations militaires ambitieuses. Qui d’autre que lui pourrait remplir ce rôle ?

-Vous êtes si naïf.


Le ton de la femme Fermite était sec et tranchant, alors qu’elle se levait de son nouveau siège sans lâcher le Déchu du regard.

-Nous avons pris du retard sur l’invasion d’Aquatique car c’était nécessaire. Car nous avions besoin de plus de temps pour asseoir complètement notre domination. On aurait certes pu faire appel aux miliciens, mais si ces derniers ne nous ont pas prêtés allégeance face à la peur de la mort, ils auraient été les premiers à nous piéger ou à essayer de faire fuir les habitants. Ou s’enfuir eux-même.

Suzan Carter posa son regard sur l’homme Galeking, et ajouta :

-Il en va de même ici. Cessez de céder à la facilité. Ce commandant nous serait un grand soutien dans l’invasion de Kan Ikul, je vous l’accorde, ses compétences sont réelles. Mais vous voyez vous-même le personnage, jamais il ne se soumettra. Nous avons besoin d’une armée parfaite, aux rouages fluidement imbriqués. Je ne créerais pas une faille dans ce système si redoutable, juste pour nous faciliter la tâche. Le risque n’en vaut pas le coup.

Terrakium prit un air contrarié, comme s’il avait plus de mal à trouver un contre-argument à ce que disait la Fermite, avant de répondre :

-Vous avez réduit tous ses espoirs de victoire en quelques minutes. Il sait très bien qu’il n’arrivera ni à vous piéger ni à s’enfuir. Accepter de vous aider au lieu de mourir, ce sera ça, le signe de sa “soumission”.

Suzan resta stoïque face aux mots de Terrakium, les jaugeant calmement, avant de regarder la main du Déchu posé sur l’épaule de Sari Vanu, semblant bien plus soucieuse de ce fait-ci que des propos de son interlocuteur. Puis finalement, après un léger silence, elle jeta un regard à Shokugeki, cherchant son approbation pour lui laisser gérer la suite. L’air solennel, celui-ci répondit d’une voix tranchante et pleine de convictions :

-Un infidèle ne sera jamais loyal.

Suzan se contenta d'hocher positivement la tête, semblant complètement en accord avec l’homme Scalproie. Puis finalement, après avoir pris un air songeur, la femme Fermite lâcha froidement :

-Vous avez gagné, Terrakium. Nous n’éliminerons pas Sari Vanu. Cependant, comme l’a dit Shokugeki, il ne nous sera jamais vraiment loyal. Du coup… Même si je rechigne à passer par là car il s’agit de beaucoup d’énergie gaspillée pour rien, nous allons changer de méthode… La domination pure.

A ces mots, du bruit se fit entendre à l’extérieur de la tente avec une synchronisation aux mots de Suzan particulièrement effrayante. Puis soudain, trois Scalproies entrèrent dans la tente, chacun ayant en otage un membre de la famille de l’homme Galeking : La mère, ainsi que les deux fils Mori et Lori. Le fils aîné, Mori, lança un regard désolé à son père, alors qu’il était couvert de blessures, les trois étant placés à genoux face à Sari, et à bonne distance de Terrakium. Suzan soupira, déjà lassée par la situation, et lâcha de son ton impitoyable :

-Suzan : Bien, reprenons, ancien commandant. Il paraît que vous êtes un fort tacticien, avec une capacité à prendre des décisions, aussi difficiles soient-elles, de grande envergure. Si vous êtes à la hauteur de cette réputation, vous mériterez définitivement qu’on vous laisse la vie sauve. Du coup...

Shokugeki apparut soudainement derrière les deux fils, alors Suzan continuait :

-Choisissez. Lequel de vos deux fils doit se faire exécuter ? Vous avez trente secondes, sinon quoi c’est toute votre famille qui meurt.

Sari écarquilla les yeux, ne s’attendant pas à une telle situation, alors que ses deux fils et sa femme le regardaient avec effroi. Pour la première fois, l’homme Galeking perdit un peu sa confiance, alors que Mori, le fils aîné, prenait la parole :

-Père, sauvez Lori et Mère. Je suis gravement blessé, j’ai de fortes chances de ne pas survivre aux prochaines heures !

-Lori : Hein… ? Arrête, grand frère ! Tu es la fierté de Père, il a bien plus besoin de toi que de moi ! Regarde, j’ai été inutile pendant cette bataille…

-Mori : Tais-toi, Lori ! Je dis ça pour te protéger là !

-Suzan : Plus que vingt secondes.


Les deux frères écarquillèrent les yeux à ce rappel glaçant, leur père ne sachant quoi dire face à ce dilemme cornélien. En voyant ça, Mori grinça des dents et ajouta :

-Père, s’il vous plaît… Le campement a besoin de vous ! Le jour où ces monstres seront vaincus, ils auront besoin de vous pour aller de l’avant !

-Sari : Tais-toi, Mori, tais-toi… ! Laisse-moi réfléchir s’il te plaît…


L’homme Galeking avait dit ça d’une voix fébrile, qui arracha un visage désemparé à ses deux fils alors que Suzan, de son regard hautain et perçant, lâchait sèchement :

-Plus que dix secondes.

Sari réfléchissait à toute allure. Son fils avait raison, il devait garder espoir. Il devait faire un choix. Mais lequel ? Quel monstre demanderait à un parent de sacrifier l’un de ses enfants ? Il aimait tellement les deux…
-Cinq.

Mori était bien plus fort, mais gravement blessé et trop fier pour supporter une telle autorité impériale…

-Quatre.

Lori était jeune et faible, il avait peu de chances de survivre à une telle domination, mais il était en meilleur état et donc plus prometteur…

-Trois.

Que faire, que faire, il ne pouvait pas laisser les deux mourir… Mori… Lori…

-Deux.

-Mori… Tuez Mori…


L’homme Galeking avait utilisé toutes ses forces pour prononcer ces mots, une larme coulant sur son visage alors qu’il grinçait des dents et tremblait. Lori et la mère écarquillèrent les yeux, Mori, lui, fermant ses paupières, prêt à mourir depuis longtemps. Suzan fronça les sourcils, et lâcha finalement sobrement :

-Eh bien, eh bien… On dirait que votre réputation n’était pas usurpée… Vous valez peut-être le coup, finalement.

-Mori : Adieu, Père...


Shokugeki, qui avait la tête légèrement baissée vers les deux jeunes hommes qu’il regardait d’un air froid et impérial pendant les quelques secondes de délibération, leva légèrement la main vers le haut au dessus de la tête de Mori, avant de relever la tête et de plonger un regard plein de haine dans celui de Sari Vanu, un regard puissant et terrifiant car la haine qui s’y lisait était froide et maîtrisée, tout comme sa voix qui ne flancha pas lorsqu’il déclara :

-Ni pitié ni liberté pour les infidèles.

Alors, avec une force et une rapidité qui trahissait son dégoût, il attrapa Lori et fit pivoter sa tête en arrière, exposant sa nuque, avant d’y abattre la main qu’il avait utilisé pour menacer le fils désigné par le Galeking, tuant d’un coup précis le plus jeune des deux fils, son corps tombant en avant tandis que sa tête roulait à ses côtés dans une scène d’horreur qui ne semblait pas du tout toucher le Scalproie. La mère craqua et hurla de terreur, le fils aîné ouvrant les yeux et restant tétanisé. Sari, lui, n’arrivait plus à réfléchir, complètement désespéré, alors que Suzan lâchait sombrement, de son regard impitoyable :

-J’espère que vous n’avez pas vraiment cru que la décision finale vous reviendrait. Habituez-vous, Sari Vanu. Une telle situation ne vous appartiendra plus jamais.

-Sari : Non… Non… Lori…


De nouvelles larmes coulèrent sur les jours de Sari, emplies de culpabilité, alors que Suzan continuait calmement, comme si elle était passée à autre chose :

-Bien, finissons-en. Maintenant que vous avez compris VRAIMENT comment nous fonctionnons… L’allégeance, ou la mort ? Par mort… J’entends un mort supplémentaire par refus. D’abord, de votre famille, puis de chaque membre de ce campement, un par un. Vous avez dix sec…

-Sari : J’accepte… ! J’accepte… ! Mais pitié… Laissez ma famille tranquille...


Suzan fixa longuement l’homme Galeking, au bord du gouffre, puis lança un regard provocateur et supérieur à Terrakium :

-Eh voilà. C’est ce que vous vouliez, Terrakium, n’est-ce pas ? Il est à notre service.

Le Déchu, l’air désemparé, avait les yeux rivés sur le corps de l’enfant que le Scalproie avait décapité. Il le savait. Il savait qu’il ne pouvait pas sauver tout le monde et que pour protéger quelqu’un, il fallait parfois faire le choix de ne pas pouvoir en protéger d’autres. Mais là… Cette injustice, cette haine, cette machine implacable, froide et meurtrière que rien ne pouvait arrêter… Il ne pouvait l’accepter. Il releva lentement la tête, soutenant le regard de son Appelée, l’air véritablement en colère pour la première fois, avant de lâcher d’une voix sombre :

-Rien ne vous fera changer d’avis… Mais rien ne me fera plier non plus. Je refuse de coopérer plus longtemps avec vous et lorsque le vent tournera pour vous deux… Je ferais en sorte que la Justice triomphe à nouveau.

Tout en disant cela, le Mousquetaire s’éloigna, lançant un dernier coup d’oeil aux deux Appelés, un regard sombre et déterminé, comme s’ils avaient définitivement perdus toute valeur à ses yeux, avant de quitter la tente sans dire un mot de plus. Suzan l’avait soutenu du regard tout du long, impassible, et lâcha finalement quand il fut sorti :

-Une épine dans le pied en moins. Finissons la domination du campement, et passons au plat principal… La capitale de Kan Ikul.


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https://www.youtube.com/watch?v=9Iqlz_us5Kw

Île centrale de l’archipel Kan Ikul. La capitale était bien plus sédentaire que le reste de la population, avec une véritable ville érigée au milieu du désert. De nombreux murs protégeaient le palais central, ainsi que sur un plus grand périmètre, les maisons de la population avec de hauts remparts. Sur l’un de ces derniers, un soldat montait la garde, sur le qui-vive, quand soudain, un bruit au lointain attira son attention. Posant son regard sur l’horizon, le gijinka plissa les yeux, et afficha un regard écarquillé, se précipitant sur les signaux d’alarme alors qu’une masse grise apparaissait à l’horizon. Une masse grise de soldats Fermites, arrivant d’absolument tous les côtés.

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-Suzan : Nous suivrons le même schéma que sur l’archipel Aquatique, à quelques variantes près.

La femme Fermite était debout face à une carte de l’île principale, aux côtés de Shokugeki, Spiritomb et Sari, qui n’avait même pas eu le temps de se remettre de ses émotions qu’il était déjà stimulé pour la réunion de bataille.

-J’enverrais donc mon armée sur tous les fronts, pour encercler la capitale de nouveau. Cependant, comme vous pouvez le voir sur cette carte, Kan Ikul jouit d’une grande force : Ses sous-terrains. Sous les conseils de Sari, nous allons donc devoir frapper les tunnels en même temps que la surface, pour ne leur laisser aucun échappatoire.

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Dans un tunnel sous-terrain aux murs solidifiés par un matériau semblable à l’argile, des gardes se tenaient dans ce qui semblait être une base intermédiaire à quelques centaines de mètres de la capitale, en train de jouer aux cartes. Cependant, ils entendirent du bruit, et en levant les yeux, constatèrent avec effroi des soldats Fermite surgir de l’obscurité du sous-terrain, leur fonçant dessus comme une véritable vague. Les gardes se mirent en garde, leur chef, un capitaine bien plus fort que la moyenne, sortit son arme et se mit devant ses troupes l’air déterminé.

-Capitaine : Bon sang… Tenez vos positions, je vais en repousser la majorité, je vous laisserai les survivants.

A peine avait-il finit sa phrase qu’un Scalpion surgissait déjà à toute vitesse de son ombre, une dague dans chaque main et son casque enfoncé sur sa tête cachant l’ensemble de son visage sauf son regard cruel et déterminé ainsi que son léger sourire alors qu’il tailladait d’un coup net et précis les tendons du pieds puis le dos du capitaine de manière à le faire tomber au sol. Les soldats se tournèrent vers leur capitaine paniqués, alors que les Fermites déboulaient sur eux sans hésiter.


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-Suzan : Ils auront sûrement un ou plusieurs soldats plus puissants que la moyenne dans chaque tunnel, si ces derniers sont aussi importants. Je pense donc qu’il faudra envoyer un Scalpion dans chacun d’entre eux. Avec les quatorze tunnels… Combien comptes-tu mettre à disposition de tes hommes sur cette bataille sur le total que tu as, Shokugeki ?

L’Appelé resta pensif pendant quelques secondes, avant de répondre :

-Il me reste exactement 36 hommes. Quatre escouades de cinq hommes, une à chaque point cardinal. Voilà qui me semblerait parfait.

La femme Fermite hocha la tête, les bras croisés et l’air sérieux, semblant totalement approuver les propos de l’homme Scalproie.

-Bien. Contrairement aux miliciens d’Aquatique, les habitants de Kan Ikul suivent la logique “la meilleur défense, c’est encore l’attaque”. Ils vont donc probablement répliquer avec des attaques magiques de masse sur nos troupes. Je vais donc déployer des troupes de mages en arrière-ligne afin de gérer la défense avec des barrières magiques, ainsi que des archers sur les points inter-cardinaux pour contre-attaquer. Je pars du principe que vu que les points cardinaux sont dirigés par tes soldats d’élite, Shokugeki, il ne sert à rien de mettre des combattants à distance ici. Autant tout optimiser sur la charge avec des guerriers au corps-à-corps, pour que la percée des remparts soit plus rapide.

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En voyant les troupes de Fermites affluer, les troupes de la capitale se mirent immédiatement en place, étant un minimum préparé à la bataille. Les magiciens, postés à des endroits clés des remparts, envoyèrent des immenses boules de feu sur leur adversaire. Cependant, d’immenses barrières magiques, crées par l’énergie combinée de centaines de mages Fermites, stoppèrent chaque tentative d’attaque des mages de Kan Ikul, plusieurs d’entre eux se faisant abattre par les archers Femites commençant à arriver à leur portée sur les points inter-cardinaux. Ceux des points cardinaux, commencèrent à se faire attaquer et abattre un par un par des Scalpions surgissant de leur ombre, sans leur laisser le temps de réagir. Un des commandants, en voyant cela, grinça des dents, et hurla à ses troupes.

-Commandant : Qu’un maximum de soldats défendent nos mages. Changement de stratégie ! Déployez la tempête de sable ! Nous allons les forcer à nous affronter dans notre meilleur élément !

Les guerriers les plus proches se mirent autour de chaque spécialiste de la magie encore vivant, les protégeant presque au corps-à-corps, avant de déployer tous ensemble, de manière synchronisée, une véritable tempête de sable, violente et aveuglante, qui recouvrit absolument toute l’île, afin de changer complètement le cours de la bataille.

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-Suzan : Le plus complexe à gérer sera sûrement les conditions météorologiques. Sans même parler des probabilités d’un climat naturel défavorable, on peut clairement s’attendre à ce que leurs mages soient capables de provoquer volontairement un temps étant à leur avantage. Et vu que nous sommes sur l’archipel Kan Ikul, leur choix me parait assez évident.

Spiritomb, qui était restée silencieuse jusque là, fit une légère moue avant de déclarer :

-Une tempête de sable ou une chaleur d’enfer ? Uuh, c’est pas bon le soleil pour les spectres comme moi...

Shokugeki hocha lentement la tête, prenant ces nouvelles données en compte avant de déclarer :

-Mes soldats sont entraînés pour se battre dans n’importe quelles conditions. Cependant, ils risquent d’être moins efficaces si une tempête gêne leurs mouvements… Et surtout leur vision.

Suzan hocha la tête, comprenant notamment où voulait en venir Shokugeki, puis finalement, lâcha calmement :

-Spiritomb, je pense que dans le doute, il vaut mieux que vous restiez ici pour cette bataille. Comme vous le dîtes, le Soleil pourrait gravement vous désavantager. Quant au cas de la tempête… C’est indéniable, cela va biaiser notre vision et notre habilité à utiliser nos pouvoirs respectifs. Mais nous allons retourner leur “avantage” contre eux.


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Alors que la tempête de sable faisait rage à l’horizon, les yeux les plus perçants et efficaces des éclaireurs de Kan Ikul, habitués et équipés pour continuer à observer dans de telles conditions météorologiques, cherchèrent la moindre trace de mouvement de la part de leurs adversaires. Mais à leur grand désarroi, ces derniers avaient totalement disparus. L’un des éclaireurs grinça des dents et hurla à son commandant :

-Nos ennemis ont disparu, commandant !

-Commandant : Hein… ? Comment c’est possible, ils se seraient repliés… ?


Cependant, si les yeux efficaces des soldats de Kan Ikul étaient capables de repérer une silhouette de gijinka même dans une tempête aussi violente, ils étaient bien incapables de voir le sable se soulever de plusieurs centimètres, tout partout autour de la capitale, des centaines de chemins de sable traçant leur route à toute vitesse vers le pied des remparts, atteignant plus lentement mais sûrement les remparts de la ville alors que le commandant, au sommet de l’une d’elles, lâchait avec force à ses troupes.

-Commandant : Restez sur vos gardes, même si ils ont probablement battus en retraite, nous ne savons pas quand ils pourraient à nouveau contre-atta…

Alors en un instant, cinq Scalpions surgirent des ombres du capitaine et des soldats qui l’entouraient, chacun s’élançant et usant de leurs dagues avec une dextérité et une rapidité impressionnante, leurs gestes semblables à ceux d’une danse macabre alors que les soldats et le capitaine tombaient au sol, des dizaines de plaies s’ouvrant à chacune de leurs ouvertures de manière à les neutraliser complètement. Au même moment, des centaines de Fermites surgirent en même temps du bord des remparts, s’empilant tels des acrobates à une vitesse prodigieuse pour faire des échelles humaines, les soldats Fermite commençant à s’attaquer aux gardes en même temps que les Scalpions.


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Suzan croisa les bras, un air satisfait au visage.

-Oui, cela ne fait aucun doute, avec tout ceci mis en place… Tout devrait se passer exactement comme nous l’espérons… Et la bataille sera vite terminée.

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Voyant que cela les désavantageait plus qu’autre chose, les mages désactivèrent la tempête de sable et vinrent à la rescousse des autres gardes, ceux-ci se faisant submeger par une armée impitoyable de Fermites et de Scalpions. Un des gardes les plus jeunes trébucha en arrière au sol, tendant sa lance vers les Fermites lui arrivant dessus.

-Garde : Non… Non… Mourrez, espèces de monstres !

Aussitôt dit, aussitôt fait, le garde put entrevoir les soldats Fermites lui fonçant dessus s’écrouler au sol, comme si ses mots avaient suffi à éliminer la menace. Prenant un air hébété, le gijinka regarda vers la source de l’attaque derrière lui, et écarquilla les yeux.

-??? : Je suis venu trop tard pour sauver ces soldats… Mais je suis là à temps pour sauver mon peuple.


https://www.youtube.com/watch?v=vE5uEesakTU

C’était un homme Pyroli qui, dans une gerbe de flammes, avait tué les hommes Fermites qui étaient entre lui et le garde. Pas n’importe lequel, puisque le garde pouvait le reconnaître clairement, celui-ci se mettant même à trembler alors que le jeune homme s’approchait de lui d’un air digne et mesuré tandis que des cages de flammes se formaient autour des Scalpions qui s’approchaient de lui pour l’attaquer. D’un ton calme mais autoritaire, il déclara :

-Va prévenir tous les commandants et les soldats encore en vie. Dis leur de ne pas perdre espoir… Et que Ian Ikul, Roi de cet archipel et dirigeant du clan Ikul, est de retour.

Le soldat acquiesça rapidement avant de se lever maladroitement et de partir en courant vers un autre point cardinal. Ian jeta rapidement un coup d’oeil vers les cieux, voyant de lourds nuages noirs se former au dessus de la capitale. Il allait pleuvoir. Au moment où cette pensée traversa son esprit, il entendu un bruit de bâillement près de son oreille et une averse commença à s’abattre sur la capitale, les gouttes se réunissant pour former des dizaines et des dizaines de clones de Basile qui apparaissaient dans les rangs de Fermites pour les attaquer, les Vibraqua et autres attaques faisant rage du côté de Basile pour éliminer le plus de Fermite possible tandis que Ian concentrait ses efforts sur les Scalpions qu’il scellait ou qu’il repoussait avec ses flammes.

Pendant ce temps, dans les différents tunnels, alors que chaque Scalpion et la troupe de Fermites l’accompagnant avaient éliminés les gardes et capitaines leur bloquant la route et fonçaient à travers les souterrains pour atteindre la capitale, chacun fut stoppé par un obstacle totalement imprévu : Chaque tunnel était à un endroit complète obstrué par un épais mur de miel solidifié, d’une bonne dizaine de mètres de longueur. Et devant chacun de ces murs de miel, se trouvait un clone de femme Apireine en train de s’aérer avec un éventail, dans une posture noble et élégante.


-Mirabelle : Tututu… Aucun de vous ici ne verra le bout du tunnel, je le crains~

Suzan, depuis la base de l’avant-poste, regardait dans le vide, ses yeux brillants de mille étincelles comme si elle était en transe. Elle fronça les sourcils, constatant que ses nouveaux adversaires tenaient tête à son armée, et lâcha finalement à haute voix, comme si elle parlait à ses hommes juste à côté d’eux :

-Ca suffit. Repli.

Aussitôt ce mot avait-il échappé de la bouche de la femme Fermite que tous soldats Fermites abandonnèrent immédiatement le combat, n’hésitant pas à laisser leurs camarades mourir au combat alors qu’une masse grise s’enfonçait dans le sable pour se cacher et s’enfuyait aussi vite qu’elle était arrivée. En voyant cela, les Scalpions que Ian n’avait pas pu capturer disparurent aussi, se jetant dans les ombres des clones ou des soldats les plus proche pour s’enfuir, tandis que ceux scellés par Ian s’asseyaient calmement dans leur cage, semblant attendre. Les gardes, en voyant cela, se mirent à sauter de joie, des cris de victoire résonnant dans toute la capitale

Pendant ce temps, à l’avant-poste, les yeux de Suzan Carter redevenaient normaux, alors qu’elle prenait un air solennel et commençait à se diriger vers la sortie de la tente où elle se trouvait, s’arrêtant pour s’adresser à Shokugeki et Spiritomb, eux aussi présents.


-Suzan : Je rentre sur l’archipel Aquatique. Des renforts sont arrivés et ont sauvé la capitale de Kan Ikul. De “gros” renforts.

Spiritomb haussa les sourcils, l’air surprise et clairement hésitante, comme si elle avait peur de poser une question bête. Finalement, elle demanda :

-Uuh, ça veut dire qu’on abandonne l’archipel ? On laisse tomber la conquête ?

Shokugeki prit un air légèrement contrarié en entendant cette question, ce qui fit grimacer la Déchue qui commençait à comprendre qu’elle avait bien dit une bêtise.

-Shokugeki : Tous les archipels seront purgés. Sans exception.

Suzan hocha la tête, avant d’ajouter :

-C’est tout le contraire, Spiritomb… Je ne fais que prendre une position stratégique. Les personnes que l’on attendait sont enfin là. Ce sont nos nouveaux adversaires. J’ai pu obtenir leur identité, et un aperçu de leurs pouvoirs. Ce qui veut dire qu’à partir de maintenant…

La femme Fermite afficha un air déterminée en sortant de la tente.

-La véritable conquête commence.
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MessageSujet: Re: Archipel Kan Ikul   Archipel Kan Ikul EmptyJeu 26 Mar - 19:52

https://youtu.be/6uD6jjmjCms

Ian profitait de ce court moment pour enfin respirer, aucun sourire n’apparaissant sur son visage malgré les cris de joie des soldats qu’il entendait résonner d’un bout à l’autre des remparts. Il n’était presque jamais venu sur cet archipel mais il se souvenait d’à quel point les remparts étaient grands et offraient une vue spectaculaire sur l’ensemble de la capitale. Il se retourna et pu voir en un seul regard tout ce que la ville avait à offrir, la pluie s’étant arrêté de tomber, la lumière qui perçait les nuages rendaient le spectacle plus beau encore que d’habitude. Des maisons plus récentes faites de briques et de terre sèche en périphérie, au plus près des murs, des ruelles tortueuses et étroites où les étalages des marchands étaient là, laissés vides pour la plupart parce que la majorité des habitants s’étaient enfermés chez eux lorsque l’invasion avait commencé. Au centre, les quartiers plus riches et historiques, avec des rues plus larges et agréables et enfin, au centre, un grand palais blanc, celui qui selon la légende avait été construit par le grand Kan Ikul lui-même, la légende de sa famille, l’homme qui avait dompté les déserts. Il prit un air concerné, presque inquiet, en voyant de loin que certains habitants commençaient à sortir de chez eux, intrigués par la clameur des gardes. Instinctivement, il lança un rapide coup d’oeil vers un des Scalpions qu’il avait emprisonné, celui-ci maintenant son regard sans ciller, un colère calme et froide émanant du soldat.

*Slurp*

L’homme-Pyroli se retourna, semblant tout de suite moins inquiet en apercevant l’homme-Roigada qui sirotait tranquillement du lait de coco comme à son habitude.

-Fait pas la tronche comme ça alors qu’on vient de repousser l’ennemi.

Ian eut un léger sourire avant de répéter, l’air sceptique :

-Repousser, hein… Il s’agit sûrement d’un repli stratégique.

-Tu as plus confiance en toi, d’habitude.

-C’est que…


Il poussa un léger soupir avant d’avouer à son ami :

-Nous sommes toujours sous leur menace et, surtout, je redoute bien plus d’être au palais et de faire face aux habitants de la ville…

Basile s’apprêtait à répondre quelque chose, l’air plus sérieux qu’avant mais se ravisa lorsqu’il aperçut un jeune garde venir vers eux avec des Gijinkas plus imposants les uns que les autres, certainement des haut gradés dans l’armée. L’attitude des deux Disciples changèrent alors subitement, les deux prenant un air plus solennel et moins détendu alors que Ian déclarait :

-Je vais devoir leur expliquer la situation. Est-ce que tu peux aller voir où en est Mirabelle dans les souterrains ? Je pense que vous pouvez me rejoindre au palais dans une petite demi-heure.

______________________________________

Les rues de la capitale, qui s’étaient vidées en un temps record lorsque l’attaque avait été lancée, commençaient peu à peu à se remplir, les habitants des différents quartiers sortant de leurs maisons, tous plus ou moins perplexes. Dans un des quartiers périphériques, plus pauvre et plus proche des remparts que les autres, des régiments de soldats ne cessaient de faire des va-et-vients entre le centre de la ville et les remparts, les bruits de leurs armures résonnant dans les ruelles étroites et désertes. Un homme Tarinorme assis tranquillement en tailleurs sous une toile blanche qui le protégeait du soleil, un verre de thé à la menthe à ses côtés, suivait les soldats d’un regard inquiet, jusqu’à ce que le silence soit interrompu par un petit Tarinor d’une dizaine d’année qui sortit de la maison pour courir dans les rues en montrant les soldats du doigt et en criant :

-Woa, papa, papa, regarde comme leurs armures sont belles, je veux la même plus tard !

-... Ne t’approche pas trop d’eux va, tout cela ne me dit rien qui vaille.


Le père avait dit ça d’une voix douce mais autoritaire qui calma tout de suite l’enfant qui, l’air un peu dépité, demanda :

-Ils font quoi là haut, les soldats ?

-Là haut, hein… Je ne sais pas mais quelque chose d’important est en train de se jouer, c’est certain. Même en cas d’attaque, il y a rarement autant de troupes qui s’amusent à faire des allers-retours entre les postes d’observation et le palais.

-??? : Paraît que notre Roi serait venu nous aider.


La personne qui avait dit ça était une femme-Charmina, grande et anormalement maigre, qui était sortie de chez elle, à la fois alertée par les cris de joie et par le tumulte causé par le Torinor. En entendant ses paroles, le Gijinka moustachu lui lança un regard presque mauvais avant de déclarer, les dents serrées :

-Notre Roi ? Ne dis pas n’importe quoi, Larmina. Tu sais très bien que nous n’avons plus de Roi.

Comme pour renforcer ses propos, son fils s’approcha, l’air à nouveau agité avant de demander :

-Papa, papa, c’est quiii le Roi ?

-Tarinor : Tu vois, qu’est-ce que je disais ? C’est personne, on a plus de Roi. Il a été tué par les Légendaires et on se retrouve sans rien depuis.


La femme-Charmina leva les yeux au ciel avant de déclarer :

-Tu pourrais au moins dire la vérité à ton fils, Abel. Certes, il n’est pas couronné et ne fait pas l’unanimité mais… Il a quand même le sang de Kan qui coule dans ses veines.

-C’est ça oui et c’est pour protéger son noble sang qu’il s’est planqué et a laissé son frère faire face seul aux Légendaires. C’est aussi pour ça qu’il ne se pointe que maintenant, quand il peut vaincre ses ennemis et passer pour un héros ? Génial.


Au moment où il prononçait ces paroles, une troupe de soldats traversa la rue et s’arrêta nette, les soldats imitant la posture droite et figée de leur supérieur, un homme-Sablaireau qui se dirigea vers les deux Gijinkas, l’air sévère.

-Larmina : Tu vas t’attirer des ennuis…

Le Sablaireau s’arrêta face à Abel, l’air grave, son visage endurci par la guerre, le sable et la chaleur lui donnant un côté imposant qui fit se réfugier le Tarinor derrière son père qui ne cillait pas. Au bout d’un moment, le chef de la troupe demanda :

-Est-ce que j’ai bien entendu ?

L’homme-Tarinorme le jaugea du regard, remarquant l’écusson de la garde royale avant de déclarer :

- Une garde royale sans roi, ça ne m’impressionne pas.

-Vous risquez la prison.


Les deux hommes soutenaient leur regard, aucun ne semblant fléchir. Larmina secoua légèrement la tête, semblant habituée à ce genre de confrontations qui était courante au sein d’un peuple aussi fier où personne n’accepte de revenir sur ses mots ou sur ses gestes. Finalement, le Tarinorme répondit :

-Allez-y. Mettez en prison quelqu’un qui exprime l’opinion majoritaire. On verra bien ce qui se passera.

Le Sablaireau fronça les sourcils, l’air clairement agacé cette fois-ci, avant de siffler entre ses dents, l’air mauvais :

-J’ai plus urgent à faire pour le moment mais je me souviendrais de vous, Abel Enitt. Votre dédain face à un Roi venu nous prêter main forte en personne me répugne.

Le garde royal lança un dernier regard fier et dédaigneux au Tarinorme qui n’y prêta pas attention, avant de partir vers les remparts avec ses troupes. Une fois qu’ils étaient assez loin, Abel grommela :

-On ne l’a vu qu’une seule fois au couronnement de son frère et voilà que tous les chiens de gardes l’accueillent avec joie dès qu’il pointe le bout de son nez… Qu’est-ce qui l’amène ici, de toute façon.

La femme-Charmina poussa un léger soupir avant de s’asseoir aux côtés du moustachu et de se servir une tasse de thé.

-La capitale était menacée et elle ne l’est plus, c’est peut-être grâce à lui. S’il est venu aider son peuple, tu devras arrêter de te plaindre.

-J’imagine. Il a intérêt à faire ses pr...


Le Tarinorme s’arrêta nette, avalant la gorgée de thé qu’il venait de prendre dans une sorte de déglutissement, Larmina pivotant instinctivement sa tête pour regarder dans la même direction qu’Abel. Un cortège était en train de passer dans leur rue avec, en tête, un jeune Pyroli, à sa droite, un homme-Camerupt et une femme-Ossatueur à sa gauche, soit respectivement le chef de la garde royale et la dirigeante de l’armée de l’archipel. Derrière eux, de nombreux soldats les suivaient en marchant au pas, l’air fiers et dignes malgré les pertes qu’ils avaient pu subir, le nombre impressionnant de gardes qui les suivaient renforçant l’aspect imposant du Pyroli qui semblait être écouté avec beaucoup de respect par deux des Gijinkas les plus puissants de l’archipel.  En y regardant de plus près, les deux habitants du quartier pouvaient voir que ce jeune homme avait cette couleur de cheveux particulière, majoritairement roux mais avec des reflets blonds au niveau des pointes et surtout une longue cape pourpre, couleur de la royauté, maintenue par une broche avec un rubis en losange en son milieu, qu’ils connaissaient tous deux comme étant le signe de la dynastie des Ikul. Larmina et Abel s’échangèrent un regard interloqué, comme si les deux se demandaient silencieusement s’ils voyaient bien la même chose et s’ils avaient tous les deux compris de qui il s’agissait. La femme-Charmina se releva et enleva négligemment le sable et la poussière sur son pantalon avant de déclarer :

-Ils vont vers le palais et ça a l’air important. Suivons-les.

Rapidement, un deuxième cortège se forma derrière celui des soldats, tous les habitants qui les voyaient s’agglomérant autour d’eux, certains sortant de chez eux et les rejoignant en entendant le bruit, d’autres partant pour revenir plus tard avec des proches, jusqu’à ce qu’une foule immense suive les soldats et surtout Ian Ikul qui, malgré son air noble et sérieux, était perturbé par toute l’attention que lui donnait ce peuple et surtout par le brouhaha provoqué par l’ensemble des chuchotements plus ou moins discrets de ce nouveau cortège, vacarme duquel il pouvait saisir quelques bribes par-ci par là.

-Tu crois que c’est lui ?

-Il ressemble à son frère et à son père.

-On a la chance d’avoir une belle famille royale.

-On peut être beau quand on ne fait pas la guerre.

-C’était lui, la cause des cris de joie ?

-Moi, c’est la pluie qui m’intrigue.

-Ca doit être grave pour qu’il intervienne…

-On se passait bien de lui.

-L’archipel sera plus stable maintenant qu’il est là.


Ian ferma douloureusement les yeux l’espace d’un instant, se concentrant sur le bruit monotone des pas des soldats et sur les informations donnés par les commandants afin d’oublier au maximum la cohue provoquée par le peuple qui le suivait avec un mélange de sentiments ambivalents. Après plusieurs minutes qui lui semblèrent interminables, il arriva enfin dans les beaux quartiers du centre-ville. La soudaine largeur des rues lui permettaient enfin de respirer et de ne plus se sentir écrasé par le poids de la foule mais en levant les yeux il put apercevoir que, depuis leur fenêtre ou leurs balcons, les habitants les plus riches et les plus nobles de la capitale pouvaient le regarder de haut. Certains avaient l'air sceptique, d'autres intrigué, d'autres semblaient même dédaigneux. Intérieurement, Ian grinçait des dents. Il voyait bien qu'il s'agissait de personnes influentes mais il ne connaissait aucune de ces familles. Et surtout, même s'ils ne se mêlaient pas à la foule, il pouvait sentir que tout le peuple avait ces sentiments partagés sur son retour. Pendant quelques secondes, il ressentit une véritable colère que son visage calme ne révélait à personne mais il s'apaisa de suite en voyant les grandes marches blanches de l'escalier qui menait au palais avec, au sommet, ses deux Disciples et un homme-Pyroli d'une cinquantaine d'années. Au moment où il foula l'escalier du pied, tous les soldats de la garde royale cessèrent d'avancer pour former une véritable barrière entre la foule et le palais, Ian n'étant plus suivi que par le Camerupt et l'Ossatueur. Une fois arrivé au sommet, le Pyroli plus âgé esquissa un léger sourire avant de lui dire à voix basse :

-Je suis fier de te voir enfin prendre ta charge royale à cœur, Ian.

-Et moi je suis ravi de vous voir et je vous remercie pour votre travail de Régent, mon oncle.


Ces paroles avaient été échangées sur un ton solennel, pleines de respect mais dénuées d'affection malgré les liens familiaux qui unissait les deux Pyroli. Le sourire de Ian se fit bien plus chaleureux lorsqu'il croisa le regard de Basile et Mirabelle à qui il murmura :

-Merci d'être là.

https://www.youtube.com/watch?v=7WK7EH0qVX0

Il se retourna enfin pour faire face à tous les Gijinkas qui l'avaient suivi ou qui le regardait depuis leur résidence. Il n'avait jamais fait face à une telle masse d'individus. Si ses proches et les plus haut placés pouvaient comprendre son absence, tous ces habitants de la capitale ne savaient rien de Shibusen ou de Rensha. Pour eux, il n'était qu'un prétendant au trône qui avait eu de la chance et qui avait refusé de régner le plus tôt possible. Il ne pouvait pas leur dire pourquoi il avait laissé son oncle diriger les affaires de l'archipel depuis la mort de son frère puis celle de Oh-Ho. Pour eux, il n'était sûrement pas un Roi. Intérieurement, il sentait qu'il devait faire ses preuves maintenant ou abandonner son titre à jamais. Il s'avança enfin, la lenteur de sa démarche trahissant légèrement son assurance, afin de prendre la parole :

-J'ai conscience que la majorité d'entre vous ne me connaissent pas et ne m'ont sans doute jamais vu avant. Comme en témoigne ce rubis, signe de la dynastie, je suis Ian Ikul, fils de Neis Ikul et frère de Caen Ikul, tous descendants du grand Kan. Par les lois du sang et par les traditions de notre clan mais aussi de cet archipel, je suis le nouveau Roi suite à la mort tragique de mon frère.

Les paroles avaient été prononcées avec assurance et droiture, le peuple l'écoutant silencieusement. Chacun savait qu'il n'était pas dans les mœurs de l'archipel de s'étendre sentimentalement sur les raisons de cette succession hasardeuse. Si Ian était là, c'était pour expliquer la situation et montrer qu'il était à la hauteur.

-Il est vrai que je n'ai pas encore été couronné et que vous ne me connaissez peut-être pas assez pour m'accorder votre confiance. Cependant, les journées à venir ne se prêtent ni aux cérémonies ni à la division. Je ne suis pas ici pour faire un retour triomphal après avoir repoussé les troupes qui viennent de nous attaquer. Si je suis là, face à vous, c'est parce que la menace plane toujours et qu'elle est trop grande pour que nous l'ignorions. Si je suis là, c'est pour vous empêcher d'avoir le même destin que l'archipel Aquatique.

Un brouhaha inquiet et désordonné commençait à agiter la foule mais ce bruit continu commença à s'estomper alors que Ian reprenait la parole.

-Je suis certain que vous savez ce qu'il s'est passé. Les fidèles de Missingno commencent à agir sur chaque archipel pour rallier les habitants à leur foi, chacun avec une méthode particulière. Ceux qui ont attaqué Aquatique ont un mode opératoire très simple : se convertir ou mourir. Ils ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin. Leur cible actuelle, c'est cet archipel. Ce sont ces mêmes troupes que nous venons de repousser à l'instant.

Lorsque le Pyroli prononça le nom de son archipel, Basile pu sentir la majorité des regards se concentrer sur lui, une vague de chuchotements traversa à nouveau la foule. Pour autant, le Roigada semblait toujours aussi calme. Aussi tragique que ce soit, Ian ne faisait qu'énoncer des faits que son peuple avait le droit de connaître. Et surtout, il pouvait comprendre la réaction des habitants de la capitale en le voyant. Après tout, les Légion et les Ikul n'avaient pas soutenus le même camp pendant la guerre. Sa présence était donc inhabituelle, pour ne pas dire suspicieuse. Ian sembla réaliser à son tour les raisons de cette agitation et continua :

-Face à de tels ennemis, une alliance entre les différents archipels est absolument nécessaire, d'où la présence de mes deux alliés. Nous l'avons tous vécu ici mais la guerre entre les Dacota et les Kentucky appartient au passé et notre survie dépend de nouvelles alliances qui nous permettront de faire face aux fidèles de Missingno. Je ne vous demande pas de paniquer. Je ne vous demande pas de vous enfermer chez vous. Je ne vous demande pas de désespérer à cause de cet ennemi qui est sans doute encore tapis dans les recoins de nos déserts. Je vous demande simplement de me croire lorsque je vous dis que je suis venu pour protéger mon archipel, pour protéger mes sujets. Si je suis là, ce n'est pas simplement parce que nos adversaires préparent un massacre. C'est parce que je sais que nous pouvons y échapper et résister, ensemble. C'est aussi la raison de ce cortège. L'ensemble des soldats de la garde royale et de l'armée nationale vont combattre pour s'assurer de votre protection. Je m'en vais bientôt m'entretenir avec les Gijinkas qui m'accompagnent pour établir un plan de défense de l'archipel et de reconquête d'Aquatique.

Enfin, d'une voix plus calme et douce mais pleine d'autorité, le descendant des Ikul déclara :

-Notre rôle à tous sera de vous protéger, c'est à cela que servent les armées professionnelles comme les gardes. La majorité des troupes de l'archipel seront mises à contribution. Cependant, sachez que face à cet ennemi exceptionnel, tous ceux qui souhaitent nous aider à défendre notre patrie pourront postuler auprès des recruteurs de l'armée pour nous rejoindre. Certains sont morts aujourd'hui en défendant les remparts. D'autres mourront, c'est certain. Mais ensemble nous vivrons et nous triompherons, unis comme le plus valeureux de tous les peuples.

Au moment où il termina son discours, Basile put apercevoir l’oncle de Ian faire une légère grimace. L’homme-Roigada prit un air concerné avant de jeter un coup d’oeil à la foule qui semblait stoïque.

*Ian se débrouille plutôt bien… Mais ça n’a pas l’air d’être un peuple qui accepte les flatteries ou qui croit en l’homme providentiel. Ils ont besoin de quelqu’un en qui ils ont confiance et qui a fait ses preuves, pas d’un discours.*

Tout en pensant à ça, le Disciple concentra à nouveau son attention sur son camarade qui avait toujours l’air noble et impassible malgré le manque de réaction populaire. Au bout de plusieurs secondes qui devaient être éprouvantes pour le Pyroli, l’homme-Camerupt à sa droite frappa le sol de sa hallebarde et déclara :

-Vivre et mourir aux côtés de notre Roi, tel est notre fierté !

Il posa ensuite un genou à terre, en signe d’allégeance, sous le regard légèrement étonné de Ian qui reprit sa contenance alors que la femme Ossatueur répétait la même phrase et posait un genou au sol. D’un coup, d’une même voix, tous les membres de la garde royale et les soldats de l’armée nationale répétèrent d’une même voix :

-Vivre et mourir aux côtés de notre Roi, tel est notre fierté !

Les soldats restèrent ainsi pendant quelques minutes, sous le regard à la fois surpris et hésitant de la foule, des chuchotements s’élevant à nouveau ça et là, comme si chaque membre du peuple essayait de se mettre d’accord sur la conduite à adopter jusqu’à ce que, dans un même mouvement et contre toute attente, chaque Gijinka se mette à genoux à son tour avant de déclarer la suite de la devise de Kan Ikul :

-Nous suivrons notre Roi vers le triomphe ou la mort.
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MessageSujet: Re: Archipel Kan Ikul   Archipel Kan Ikul EmptyMer 1 Avr - 16:57

https://www.youtube.com/watch?v=fymr2ZBZN4U

Basile, Mirabelle, l’homme-Camerupt, la femme-Ossatueur et les deux représentants de la dynastie des Ikul s’étaient tous rassemblés autour d’une épaisse table en pierre ocre dans la salle de réunion du palais. En passant à travers ses couloirs et certaines de ses pièces, l’homme-Roigada avait pu constater la sobriété des lieux. Si le palais, de l’extérieur, était l’édifice le plus impressionnant de la capitale, tant par sa taille que par sa beauté, l’intérieur était tristement vide et poussiéreux, dénué de tout signe de richesse, de toute décoration, sauf dans la salle du trône et la salle de réunion où les murs étaient couverts de vastes tapisseries majestueuses qui représentaient les hauts faits des Ikul. Une tapisserie en particulier où on voyait deux hommes-Pyroli se battre en duel attira le regard du Roi d’Aquatique mais celui-ci resta silencieux, conscient qu’il ne s’agissait pas du moment idéal pour demander à Ian quelques précisions historiques sur son archipel. Au moins, en voyant ce palais aussi aride et vide que le désert, il comprenait enfin pourquoi le Pyroli ne s’était jamais plaint de la sobriété des lieux une fois arrivé à Shibusen.

Lorsqu’ils arrivèrent dans la salle de réunion, chacun pu voir qu’un plateau avec une carte de l’archipel gravée dessus trônait sur la table. Celle-ci était particulièrement détaillée. On pouvait y voir, bien sûr, la capitale au centre de l’archipel et les deux autres villes les plus importantes de l’archipel, Safar au Nord-Ouest et Séfir au Sud. En plus de ça, les Gijinkas pouvaient y voir les oasis, les différents ponts qui reliaient les îles et, fait plus étrange, des petits points, soit fixe soit en mouvement, les figures bougeant lentement sur la carte, qui semblaient représenter les villages nomades, bien plus nombreux que les villes fortifiées sur l’archipel. Enfin, sur l’île cardinal Est se trouvait un figuré différent des autres, un triangle marquant la présence de l’avant-poste le plus important de Kan Ikul. Ian fronça les sourcils, l’air contrarié pendant quelques secondes. Cette carte lui montrait à quel point il était ignorant au sujet de son propre pays. Lui, qui avait toujours vécu soit à Renouveau, soit à Shibusen, ne connaissait aucune de ces villes, ignorait tout des différentes peuplades qui traversaient les déserts et était incapable de comprendre l’importance de tel ou de tel postes d’observation, si ce n’est celui de l’Est qui semblait plus important que les autres. Finalement, il demanda :


-Avons-nous des nouvelles des autres points stratégiques de l’archipel ? Aucun éclaireur, aucun messager n’est encore venu ?

La femme Ossatueur, Bianca Marrow, croisa les bras et secoua la tête avant de déclarer :

-Impossible de savoir si l’ennemi à attaquer d’autres endroits de la capitale pour l’instant. J’ai envoyé des éclaireurs à Safar, Séfir et aux avants-postes. Il faudra adapter notre stratégie aux informations qu’ils nous donneront.

Le jeune Roi hocha lentement la tête, ne montrant pas à quel point il se sentait désavantagé par rapport à leurs adversaires qui savaient pertinemment qu’ils avaient concentrés leurs forces sur la capitale, eux. Son oncle, qui fixait l’île à l’Est depuis un moment, déclara, d’un ton neutre mais avec une certaine gravité :

-Notre meilleur stratège, Sari Vanu, se trouve à l’avant-poste. Ses choix tactiques nous auraient été d’une grande aide, tant pour protéger la capitale que l’archipel en général.

Ian acquiesça à nouveau, faisant un visible effort de concentration pour assimiler les différentes informations qu’on lui donnait petit à petit. Il répondit à voix basse, comme s’il parlait plus pour lui-même :

-Je vois. Peut-être arrivera-t-il à nous rejoindre ou à protéger l’île où il se trouve.

-Tu ne devrais pas miser là-dessus, Ian.


Basile avait répondu ça naturellement, de sa voix calme et flegmatique mais qui trahissait un léger reproche que seul les deux autres Disciples semblaient percevoir.

-Selon les informations que nous ont partagés les Rebelles, la capitale d’Aquatique est tombé en quelques minutes, malgré un système de défense sophistiqué. Ce qui nous a sauvé tout à l’heure, ce sont les remparts et leur décision de se replier. Aucun avant-poste ne pourrait tenir face à leur nombre.

Le Roi de Kan Ikul acquiesça lentement, un sourire amer se formant sur son visage alors qu’il répondait :

-En effet, j’ai peut-être été trop présomptueux. Cependant, s’ils utilisent la même méthode que pour Aquatique, il semblerait logique qu’ils concentrent leurs forces sur la capitale.

L’homme-Camerupt, Sael Jamal, hocha la tête et ajouta, pour confirmer les propos de Ian :

-Avec la présence de ma garde royale, il s’agit de la ville où il y a le plus de troupes. Faire tomber la capitale, c’est faire tomber d’un coup la monarchie et l’armée de l’archipel.

L’ancien Régent s’approcha de la carte et posa son index sur Safar avant de déclarer :

-Safar est la seconde ville la plus importante car il s’agit de la capitale économique du pays. Elle est construite autour d’un oasis et assure donc notre autonomie alimentaire. Une fois ces deux villes tombées, Safir ne fera jamais le poids.

-Ian : Tout se joue donc ici ?

-Bianca : Ici et à l’avant-poste, qui est comme une extension militaire de la capitale...


La femme-Ossatueur prit trois pions rouge qui se trouvaient, avec des pions noirs, à côté du plateau et les déposa sur l’avant poste, la capitale et Safar, avant de faire tomber le pion sur l’avant-poste en signe de défaite.

-... Il faut donc partir du principe que l’avant-poste est tombé, tant que nous n’avons pas de nouvelles de Vanu.

L’ambiance se fit encore plus pesante alors que la chef des armées venait de prononcer ces paroles. Ian prenait de plus en plus conscience qu’il faisait affaire à des vétérans qui connaissaient assez l’archipel et la guerre en général pour qu’il puisse se fier à eux.

-Dans ce cas, dans l’idéal, il faudrait que le reste de l’archipel concentre ses forces sur la capitale pour repousser l’ennemi. Mirabelle, quelle est la situation dans les souterrains ?

La femme Apireine, qui s’offrait le maximum d’air avec son éventail afin de pouvoir supporter la forte chaleur de l’archipel, répondit d’une voix posée et élégante :

-Le repli a été total, mais la majorité des troupes en place au moment de l’attaque n’ont pas survécu. Je peux cependant gérer ces derniers seule aussi longtemps que vous le désirez. J’ai posté un mini-clone de ma personne dans chaque tunnel, afin de pouvoir détecter la moindre attaque, et laisser un stock considérable de miel latent dans ces derniers. Si le moindre ennemi se montre, je ferai apparaître grossir mes clones avec le miel stocké, et je pourrais créer des murs extrêmement solides et épais avec ces derniers. Je ne peux pas garantir de les stopper éternellement avec, mais suffisamment de temps je pense pour un siège d’une très longue durée, partez donc du principe qu’aussi longtemps que j’en ai la responsabilité, personne ne passera ces souterrains~

Mirabelle prit un air songeur et ajouta :

-Cependant, si je suis monopolisée par les tunnels, je ne pourrais clairement pas vous aider pour défendre le reste de la ville.

-Les mini-clones...


Ian avait répété ça à voix basse, l’air songeur. Au même moment, l’ancien Régent tapa deux fois le plateau au niveau de la capitale, deux coups brefs comme on toque à une porte et l’ensemble du réseau souterrain se dessina sur la carte, révélant quatorze tunnels qui partaient tous de la capitale pour s’étendre sur l’ensemble de l’archipel. Enfin, il déclara :

-Les tunnels sont de la plus haute importance. En temps normal, ils permettent à la population de fuir plus rapidement vers les autres îles mais aussi aux troupes extérieures de nous rejoindre directement dans la capitale et aux troupes de sortir de la ville en toute discrétion pour prendre l’ennemi à revers.

-Ian : Si les Fermites et les Scalpions déferlent dans les tunnels, ils seront en un rien de temps dans les rues de la capitale, en train de massacrer la population. Si cela te convient, Mirabelle, je voudrais que tu consacres toutes tes forces sur les tunnels en cas d’attaque. Le reste des troupes se concentreront sur les remparts et la ville en générale.


Tout le monde dans la pièce acquiesça, chacun semblant approuver la décision du jeune Roi. L’attention de Ian se porta ensuite sur Sael, le commandant de la garde royale.

-Qu’en est-il des remparts ?

L’homme-Camerupt afficha un léger sourire avant de déclarer :

-Plusieurs équipes patrouillent non seulement sur les remparts mais aussi dans les rues de la capitale. Tous les lieutenants et les capitaines sont aux aguets et veillent à ce que tout se passe bien. Quant aux Scalpions que vous aviez capturé, nous avons utilisé des sceaux physiques, comme vous nous l’avez demandé, pour qu’ils restent emprisonné indépendamment de vos pouvoirs.

Ian se permis de sourire à son tour, mis en confiance par les paroles du commandant.

-Je vois, il semblerait qu’on soit en sécurité le temps d’établir une stratégie pour la bataille à venir. Bien, Mirabelle, j’ai eu une idée lorsque tu as mentionné tes mini-clones. Est-ce qu’il serait possible que toi et Basile d’utiliser vos clones pour entrer en contact avec certaines des tribus nomades de l’archipel ? Puisque des éclaireurs de l’armée sont déjà envoyé à Safar et à Séfir, s’ils ne sont pas attaqués les gardes des villes pourraient nous prêter main forte. Mais il me semble important de prévenir aussi les différentes peuplades guerrières de l’archipel qui pourraient nous prêter main forte.

L’homme-Pyroli passa rapidement sa main sur la carte, comme pour mettre en avant les différents points en mouvement sur celle-ci.

-Est-ce que vous pensez en être capable ?

-J’irais seul.


Basile avait répondu ça d’une voix calme et pleine d’assurance avant de déclarer :

-Si on se fait attaquer pendant que Mirabelle envoie ses clones prévenir les différentes tribus, elle ne pourra plus se concentrer sur les tunnels. Et surtout, je doute qu’elle connaisse assez le désert pour ne pas s’y perdre.

-Mirabelle : Oh, et puis, cette chaleur… Si je me balade seule et insouciante dans ce désert, je ne garantis pas mes performances dans une tâche aussi importante...


Comme pour appuyer ses propos, la femme Apireine s’éventait encore plus qu’avant, des gouttes de sueur perlant discrètement sur son front et sa joue. Ian acquiesça, semblant comprendre qu’il en demandait trop, pendant que la femme-Ossatueur s’adressait au Roigada.

-Mais vous, est-ce que vous serez capable de vous repérer dans ce désert et de les retrouver ?

Le Prince se contenta d’abord de sortir une brique de lait de coco de sa poche et de commencer à en boire, tout en fixant la carte pendant plusieurs secondes avant de répondre :

-Hm, ça devrait aller. J’ai mémorisé l’ensemble de la carte, de ses détails et j’ai calculé les trajectoires des différents groupes nomades. Je pense que je peux m’en sortir tout seul.

L’oncle de Ian, qui semblait réfléchir pendant un moment en passant sa main dans sa barbe, déclara finalement :

-Il me semble qu’on perdrait trop de temps si on prévenait chaque tribu ou chaque village… Mais l’archipel est réputé pour ses excellents mercenaires.

Le vieil homme montra du doigt un point sur l’île cardinale Sud avant de désigner celle de l’Ouest.

-Le clan des Scorvol au sud et celui des Bastiodon à l’ouest sont les meilleurs guerriers de Kan Ikul. Ils nous ont déjà prêté main forte car ils sont attaché à ces terres… Mais jamais gratuitement. Il faudrait réussir à les convaincre.

-Ian : S’ils veulent de l’or ils en auront, s’ils veulent la gloire ils nous suivront. A partir de maintenant, tout se joue sur le temps. Le temps que les éclaireurs préviennent Séfir et Safar, le temps que Basile nous ramène les mercenaires… C’est certainement le paramètre qui nous fera perdre ou gagner.


L’homme-Camerupt fronça les sourcils, semblant peu convaincu pour la première fois avant de déclarer :

-C’est un paramètre trop hasardeux pour qu’on puisse y placer tous nos espoirs.

-Ian : Évidemment…


Le jeune Roi avait prononcé ce mot tout en poussant un léger soupir avant de reprendre son air noble habituel.

-Il faudra profiter des mercenaires pour les prendre à revers et par surprise. En plus des gardes qui défendront les remparts, il faudra aussi penser à installer des pièges autour des murs. S’il est possible, il faudra se jeter dans la mêlée à un moment ou à un autre mais il faudra être assez nombreux… C’est la taille de cette armée de Fermites qui va nous poser le plus de problème, d’où l’importance d’avoir le plus de guerriers de notre côté... L’autre problème, enfin, c’est qu’on ne sait pas quand est-ce que l’ennemi viendra nous attaquer.

Au moment où il finissait de parler, la réunion fut interrompue par un bruit, quelqu’un toquant à la porte de la pièce. Lentement, celle-ci s’ouvrit pour laisser entrer une femme-Dodrio qui portait l’insigne de la garde royale et qui se prosterna devant ses supérieurs.

-Un émissaire de l’armée ennemie souhaite s’entretenir avec vous. Ai-je la permission de le laisser entrer ?

L’homme-Pyroli sembla pensif l’espace d’un instant, hésitant presque. S’il s’agissait d’un simple soldat, ils n’auraient rien à craindre puisque les combattants les plus puissants de l’archipel se trouvaient dans la même pièce. Finalement, il acquiesça.

-Laissez-le entrer.


https://www.youtube.com/watch?v=GrtipI7dP2Y

A cette autorisation, la femme Dodrio hocha la tête et s’écarta, laissant passer un cortège complet de troupes de la garde royale, encerclant complètement un seul personnage enchaîné : Un homme Fermite désarmé, stoïque et patibulaire, alors qu’il se laissait traîner dans la salle. L’homme Fermite apposa immédiatement ses yeux, d’une manière mécanique, sur les différentes personnes présentes, s’attardant plus longtemps sur Basile, avant de finalement s’arrêter définitivement sur Ian, une voix de femme forte et au tempérament impitoyable émanant tel un écho de l’homme Fermite en même temps que celui-ci bougeait les lèvres, dans une coordination parfaite.

-Ian Ikul, je présume ? Je ferais mine d’avoir de l’étonnement face à votre identité. Je me nomme Suzan Carter, et je suis l’une des responsables principales de l’invasion que vous subissez.

L’homme Fermite ne laissa pas passer le moindre blanc, enchaînant ses propos comme si la réponse de ses interlocuteurs lui importait peu pour le moment.

-Vous êtes, je dois le reconnaître, un adversaire que j’estime beaucoup plus que les faibles ayant essayé de me barrer la route jusqu’alors. Ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour vous. Effectivement, nous serons bien obligés de nous donner à fond contre de tels combattants, et nous chercherons à vous éliminer directement plutôt qu’à vous capturer. Malheureusement, cela ne se prête guère au principe que moi, l’Appelée de la Domination, cherche à inculquer.

Le visage toujours stoïque de l’homme Fermite se pencha sur le côté, et ajouta d’un ton macabre et froid :

-Aussi, votre seule et unique chance aura lieu de manière prématurée. Je vous laisse le choix, Ian Ikul. Capitulez maintenant, et la capitale sera prise sans violence… Ou résistez, et nous massacrerons chacun de vos amis ou gardes jusqu’au dernier, sans reddition possible.

Malgré le statut de prisonnier qu’avait le soldat Fermite, celui-ci se comporta comme si il maîtrisait voir dominait la situation, en ajoutant :

-Je vous laisse une minute pour prendre cette lourde décision. Ne répondez pas à la va-vite, il n’y aura pas de retour possible pour vous après ça.

-Pour qui me prenez-vous ?


L’homme-Pyroli avait répondu d’une voix sèche et tranchante, ce qui était assez rare de sa part, son regard fier plongeant dans celui du soldat Fermite avant de répondre :

-J’ai eu tout le temps d’hésiter avant mais mon peuple m’a prêté allégeance et me suivra vers le triomphe ou vers la mort. J’ai compris qu’ils préféraient cela à un noble sacrifice.

L’homme Fermite n’émit aucune émotion face à la réaction de Ian, se comportant telle une marionnette qui n’exprimait point les émotions de la personne en tirant les ficelles. Puis finalement, le soldat Appelé répondit :

-Réaction prévisible, mais logique. La fierté et l’honneur sont des vertus très répandus dans ces contrées, après tout. Dans ce cas, nous allons finir ça de la manière la plus propre et rapide qu’il soit.

Le prisonnier regarda vers l’extérieur de la pièce, constatant que le Soleil commençait à se coucher à l’horizon, puis finalement conclut :

-Nous attaquerons de nouveau à l’aube. Préparez-vous bien, parce que ce coup-ci, ce sera une bataille décisive. Que le meilleur dirigeant gagne.

Et ainsi, sans attendre de réponse, le soldat Fermite perdit sa voix féminine, crachant un peu de sang avant de tomber à genoux, mort sur le coup comme si une force supérieure venait de lui ôter la vie. Mirabelle afficha une moue pensive, puis lâcha finalement d’une voix malicieuse qui brisa l’ambiance monotone qu’avait posé leur adversaire :

-Eh bien, eh bien, on peut dire que cette femme va à l’essentiel… Que fait-on alors ? De toute évidence, la volonté de nos ennemis est limpide~

Ian hocha la tête avant de répondre, d’un ton autoritaire mais doux, comme s’il prenait de plus en plus conscience de sa charge royale :

-Renforçons nos défenses et préparons-nous. Basile, mets-toi en route. Nous devons montrer à cette Appelée de la Domination… Que les Disciples et les habitants d’Ikul ne ploient jamais.
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MessageSujet: Re: Archipel Kan Ikul   Archipel Kan Ikul EmptyMar 7 Avr - 14:05

https://youtu.be/XK8wnqOEiDw

Ian contemplait le ciel au-dessus de sa tête, l’air pensif, alors qu’il marchait dans les rues de la capitale. Le ciel commençait à être étoilé alors que le soleil se couchait enfin. La journée avait été longue… La nuit le serait aussi. Seuls les soldats avaient le droit au repos car une armée fatiguée serait catastrophique. Mais lui, les commandants, les capitaines, les forgerons, toute une foule de Gijinkas sans qui la victoire serait impossible, devaient rester éveillés cette nuit, pour préparer le terrain, dans la crainte d’une victoire écrasante de leurs adversaires mais aussi dans l’espoir de résister aux Appelés.  Seuls les pas des quelques troupes qui patrouillaient le long des rues et des remparts, les chuchotements de certains et le bruit des forges de la ville perturbaient le silence. L’homme-Pyroli se dirigea promptement vers le nord-est de la ville où se trouvaient la majorité des fourneaux de la ville où étaient réunis des Machopeurs et des Rhinoféroces qui battaient le fer encore chaud pour forger de nouvelles armes, le tout sous le regard intransigeant d’un homme-Bastiodon qui les passait entre les différents ateliers les bras croisés, vérifiant la qualité des matériaux et des différentes armes, reprenant certaines pour les retaper. Chacun aperçu la présence du Roi mais aucun des forgerons ne cessa son activité pour autant. Ils savaient qu’ils n’avaient pas le temps de s’arrêter. Ian s’approcha du chef des forgerons avant de lui demander :

-La production avance bien ?

-Bastiodon : Pas autant que je le voudrais. Difficile d’allier rapidité et qualité… Mais nous aurons de quoi armer les civils et les volontaires d’ici demain matin.

-Je vois. Je compte sur vous, comme l’ensemble de l’archipel. Merci pour votre travail.


Le représentant des Ikul avait dit ça en hochant la tête, l’air satisfait. Il s’apprêtait à partir, lorsque le Bastiodon lui répondu, d’une voix calme :

-Inutile de nous remercier. Nous faisons ce que nous avons à faire, tout comme vous. Lorsque nous aurons fini… Nous aussi, nous prendrons les armes pour défendre cet archipel.

Le Pyroli acquiesça à nouveau avant de partir silencieusement. Il comprenait mieux ce que son père voulait dire lorsqu’il parlait à son frère d’un peuple fier et dévoué. Seulement, ce dévouement devait aller dans les deux sens. Il devait continuer à tout superviser. Tout en ressassant ses nouvelles responsabilités, il continua à marcher vers le Nord avant de retrouver Bianca Marrow au pied de la muraille. La femme-Ossatueur était en train de discuter avec plusieurs hommes-Triopikeur qui avaient l’air expérimenté, quelques Taupiqueur étaient aussi à leurs côtés et écoutaient calmement les ordres. A nouveau, lorsque les sujets aperçurent leur Roi, ils ne firent aucune révérence mais s’écartèrent légèrement pour l’inclure dans la discussion. Tout le monde semblait sur le qui-vive, alors que la commandante résumait la situation :

-Comme prévu, des galeries sont creusées tout autour de la capitale. Nos adversaires ne devraient pas soupçonnées leurs présence. Ils devraient s’effondrer sous leurs poids quand ils attaqueront.

Ian acquiesça, l’air satisfait, avant de se tourner vers les Triopikeurs et de leur demander :

-Vous savez combien de temps ça vous prendra ?

-Triopikeur : C’est que, creuser une galerie ça prends un peu de temps parce qu’il faut qu’elle tienne tant que le poids du Fermite ne la fait pas s’effondrer. Mais on devrait en avoir creuser une bonne centaine d’ici ce matin.

-Parfait. Nous ne devons rien lâcher jusqu’à la victoire. Chaque minute de perdu baisserait nos chances de gagner.


Tous les membres du groupe acquiescèrent en même temps avant que Ian ne reparte. Pour l’instant, il avait l’impression de s’en sortir et d’être écouté. Il pensait même s’en sortir plutôt bien dans son nouveau rôle… Il secoua la tête, comme pour se remettre les idées en place. Il avait toujours eu tendance à crier victoire trop tôt. Auprès des Disciples, il pouvait passer pour quelqu’un de prétentieux, surtout à son arrivée mais cela ne lui avait jamais valu autre chose que des quolibets ou que quelques coups à encaisser. Cette fois-ci, s’il se montrait trop prétentieux, c’était tout son peuple qui pouvait mourir. Tout en pensant à sa part de responsabilité dans la victoire ou dans la défaite à venir, l’air grave, Ian montait les marches qui menaient au sommet des remparts. Une fois arrivé, il lança un rapide coup d’oeil autour de lui. Les gardes patrouillaient à la fois en bas, le long des murs et en haut, le long des remparts. Au dessus d’eux, il pouvait voir la silhouette de Mirabelle à qui il avait demandé de survoler la capitale pour voir avant tout le monde l’arrivée des ennemis ou des renforts. L’homme-Pyroli s’alluma une cigarette. La première depuis longtemps. Il n’avait plus beaucoup de temps pour lui et avait l’impression d’avoir une charge immense sur ses épaules. Une charge dont il avait rêvé, il y a longtemps. Il se rendait compte de l’ancien quotidien de son frère, maintenant.

-Vous ne m’avez pas habitué à vous voir songeur, partenaire~

Mirabelle venait de descendre du ciel, après une de ses énièmes rondes autour de la ville, ses ailes battant dans un bruit presque envoûtant alors qu’elle se posait doucement à côté de l’homme Pyroli.

-Le destin de la ville doit beaucoup vous accabler.

-Oui. Cette ville, cet archipel, ce peuple...


Le Roi de Kan Ikul avait répondu ça d’une voix douce mais pleine de fatigue, semblant se relâcher pour la première fois maintenant qu’il était seul avec sa camarade. Il continua, en regardant au loin les étendues désertiques qui entouraient la ville :

-Ils ont besoin d’un Roi fort et inflexible. Je n’ai jamais été préparé à cela.

-Je pense que l’on ait jamais vraiment prêt pour cela...


Mirabelle eut un petit sourire amer et et un regard pensif, avant d’ajouter :

-Mais le Peuple semble vous faire confiance. Au vu de la situation actuelle dans ce monde de guerre et de désespoir, je pense que vous vous en sortez très bien~

Ian lança un regard reconnaissant à la jeune femme, avant de répondre :

-Merci, Mirabelle. Sans Basile et vous, je serais certainement paniqué à l’heure qu’il est. C’est un peuple compliqué et taciturne, je ne sais pas s’il m’accordera toujours cette confiance… Mais qu’importe, pour l’instant, je souhaite seulement que tout soit prêt pour demain.

Au même moment, à un autre endroit sous le sol, l’un des hommes Triopikeurs au service de Ian était en train de creuser sa propre galerie, partant de l’un des remparts, et allant vers l’Ouest de l’archipel. Le mineur s’essuya la sueur de son front avec son bras, soufflant un bon cours pour obtenir un bref regain d’énergie, et cala correctement sa lampe frontale sur son casque avant de se remettre à creuser devant lui, lorsque que soudain, il y eut un vif affaissement sur là où il venait de frapper. L’homme Triopikeur se cacha le visage pour échapper à la poussière et au sable qui se soulevèrent, puis constata avec étonnement… qu’il venait de croiser un autre tunnel, venant du sens inverse. Et surtout, juste devant lui, un homme Fermite. Le mineur de Kan Ikul écarquilla les yeux, réagissant enfin, mais avant qu’il puisse crier d’effroi, une lame passa et le trancha, le faisant taire à jamais alors que sa lampe se brisait et que l’obscurité tombait totalement dans le tunnel. Il y eut un long silence, puis finalement, des bruits de pas, accompagnés d’un son d’armure en fer, s’enchaînèrent par dizaines à la seconde dans le dit tunnel.


https://www.youtube.com/watch?v=9kHCp4PkhEc

Petit à petit, dans chaque galerie que creusait les Triopikeurs, la même chose arrivait, les bruits de pas s’accumulant dans les tunnels alors qu’ils se rapprochaient dangereusement des remparts de la ville, les lieux étant encore totalement calmes et paisibles à la surface. Cependant, un à un, les gardes en bas des remparts, en train de patrouiller, disparaissaient dès qu’aucune autre personne ne les regardait, attirés violemment dans le sol comme si ce dernier s’était effondré sous ses pieds, chaque combattant ayant à peine le temps de lâcher un petit bruit de surprise qu’ils étaient déjà enfouis dans le sable. Des ombres sortirent à leur place dudit sol, disparaissant tout aussi rapidement qu’ils étaient apparus. Un des gardes au sommet du rempart fronça les sourcils en ne voyant pas la patrouille habituelle lui faire son rapport en bas du mur comme il en avait l’habitude au moment où ils se croisaient horizontalement. Légèrement méfiant, le garde voulut être fixé et se rapprocha du bord du rempart, regardant par dessus pour vérifier comment allait son camarade. Il écarquilla alors les yeux, tombant nez à nez avec un homme Scalpion, plaqué contre la muraille juste en dessous de lui, à moins d’un mètre, et le regardant dans les yeux de son regard perçant. Encore une fois, le garde n’eut pas le temps de donner l’alerte, sa gorge étant immédiatement tranché, dans un bruit fin et léger à peine perceptible à l’oeil nu, le soldat tombant lentement en avant vers le bas de la muraille, ce même scénario se déroulant sur l’ensemble des remparts de la ville dans un silence presque complet, les gardes tombant un à un. Finalement, l’un d’eux, un homme Machopeur, eut suffisamment de réflexe en faisant face à un Scalpion pour reculer la tête au dernier moment, se faisant blesser à la gorge mais pas suffisamment pour le tuer. Se tenant douloureusement la plaie, l’homme complètement étouffé et incapable de s’exprimer utilisa toutes les forces qu’il avait en lui pour se précipiter vers la cloche d’alerte la plus proche. L’homme Scalpion jaillit alors du haut du rempart en grimpant, lançant une de ses dagues vers le garde qui le toucha en pleine tête alors qu’il arrivait devant la cloche. Cependant, la force de l’inertie oblige, le cadavre de l’homme Machopeur s’abattit en avant, cognant contre la cloche qui résonna dans toute la ville, attirant immédiatement l’attention de Mirabelle et de Ian quelques centaines de mètres plus loin. La femme Apireine écarquilla les yeux.

-Mirabelle : Ce… bruit… Ne me dîtes pas que…

Le teint de l’homme-Pyroli devint subitement pâle alors qu’à son tour il réalisait ce qu’il se passait. Il lança un rapide coup d’oeil vers l’endroit où étaient rassemblés les Scalpions qu’il avait capturé la veille et put constater de loin que les cages de flammes s’éteignaient une à une. L’ennemi était là, en train d’oeuvrer au plein coeur de la nuit et non à l’aube comme il en était convenu. Les forgerons n’auront jamais le temps d’armer l’ensemble des civils et de prêter main forte aux gardes. Basile n’aurait jamais le temps de revenir avec des alliés. Le jeune Roi écrasa avec rage sa cigarette sur le sol.

-Nos adversaires sont dépourvus d’honneur. Il faut leur montrer qu’ils ne gagneront pas même avec de telles méthodes. Je vais rejoindre Mallow et Jamal. Je te laisse t’occuper des souterrains comme prévu.

La femme Apireine hocha la tête, et partit s’envoler vers le palais, s’abritant pour pouvoir contrôler ses clones de toutes ses forces et en pleine sécurité. Les Scalpions jaillirent du haut des remparts, s’attaquant aux gardes encore déstabilisés par la situation tant que cela était possible. De très loin, depuis l’archipel Aquatique, Suzan Carter fronça les sourcils en entendant la cloche via plusieurs de ses hommes, et lâcha alors sèchement.

-Suzan : La deuxième phase du siège peut commencer.

Il y eut une véritable explosion de sable en disque tout autour de la ville, le désert semblant se soulever sur absolument tout le périmètre autour de la capitale, faisant sursauter tout ceux dans la ville n’ayant pas encore totalement réagi au bruit d’alerte. Abandonnant toute discrétion, des centaines de soldats Fermites jaillirent du sol et se mirent à grimper aussi qu’ils pouvaient les remparts, les murailles étant désormais recouvertes d’une véritable lierre rampante grise envahissant les lieux, les premiers hommes Fermites n’en ayant déjà plus que pour quelques dizaines de secondes à atteindre le haut des murailles. En voyant cela, Ian  eut l’air inquiet l’espace d’un instant et s’approcha des remparts, regardant les soldats qui montaient vers lui. Il prit une profonde inspiration. Il savait qu’il devait se concentrer sur son souffle dans ce genre de moment. Une vague de chaleur émana de son corps, la température fraîche de la nuit semblant monter à toute vitesse alors que d’un coup il expulsa l’air inspiré, un torrent de flammes sortant de sa bouche dans le but de calciner ses adversaires. L’homme-Pyroli fronça les sourcils, alors que la température descendait à nouveau, sa cape et la fourrure de ses vêtements semblant capter la chaleur autour de lui. Il n’avait pas les pouvoirs de Basile ou de Mirabelle pour couvrir à lui seul l’ensemble des remparts. Il avait besoin de renforts et vite. Au moment où cette pensée traversa son esprit, Bianca et Sael arrivèrent, accompagnés de gardes et de soldats, les troupes qui les accompagnaient se divisant en deux groupes, chacun partant d’un côté différent pour affronter les adversaires alors que les deux commandants restaient aux côtés du Roi, semblant attendre quelque chose. Il n’avait pas le temps d’établir une nouvelle stratégie mais il devait donner de bonnes directives. D’un ton bref et autoritaire, il énonça les ordres qui lui semblaient les plus cohérents :

-Ian : On doit à tout prix tenir jusqu’à l’arrivée des renforts ! Les mages et les archers doivent attaquer ceux qui n’ont pas encore atteint le mur et les repousser. S’ils sont trop nombreux dans un espace aussi étroit, on sera submergé. Les bretteurs doivent se concentrer sur les Scalpions en particulier. Interdiction de les attaquer seuls pour tous ceux qui ne sont pas Commandants, ce serait du suicide.

La femme-Ossatueur et l’homme-Camerupt acquiescèrent, chacun partant à son tour dans une direction différente alors que Ian reprenait son souffle pour attaquer à nouveau les Fermites qui montaient le long du mur. A ce moment-là, depuis sa cachette, les les yeux de Suzan se froncèrent, alors qu’elle constatait la réaction de son adversaire à travers ses soldats.

-Suzan : … Archers, première salve.

De nouveaux soldats Fermites jaillirent soudainement et de manière synchronisée du sable, se mettant en place en quelques secondes et formant des rangées d’archers tout autour de la capitale qui tirèrent tous en même temps vers l’intérieur des murailles, dans une salve circulaire parfaitement calibrée. Une véritable pluie de flèches s’abattit alors sur les défenses de la ville, l’un des commandants qui se dirigeait vers le Scalpion le plus proche le voyant et hurlant de toutes ses forces :

-TOUS AUX ABRIS !!!

Le commandant prit une plaque de fer déposée contre un mur et se mit à couvert derrière, alors que tout ceux ayant entendu l’appel se protégèrent ou s’abritèrent comme ils pouvaient, certains soldats, pas assez réactifs, se faisant transpercés par les flèches et tombant au sol. Aussitôt l’attaque lancée, les archers Fermites creusèrent le sable pour se cacher de nouveau sous le sol, se mettant hors de portée d’une contre-attaque ennemie, alors que les soldats escaladant les murs, exceptée la portion protégée par Ian, profitèrent de ce temps mort imposé à leurs adversaires pour finir de grimper au mur, les premiers soldats arrivant au sommet des remparts et engageant le combat avec les gardes sortis de leur cachette. Les commandants et les bretteurs en groupe, eux, s’attaquèrent directement aux Scalpions comme prévu, alors que les corps tombaient dans les deux camps au fur et à mesure que la mêlée s’engageait. Le but des défenseurs de la capitale était désormais de gagner la maximum de temps possible jusqu’à l’arrivée des renforts.


____________________________________________________


https://www.youtube.com/watch?v=8QpUGCXwOks


De manière simultanée dans chaque souterrain principal de la ville, une dizaine de soldats Fermites accompagnée d’un mage de la même espèce courait à toute vitesse dans le tunnel, jusqu’à atteindre le cap où ils avaient été bloqués hier. Et sans surprise, à leur arrivée à chacun, un mini-clone de Mirabelle se mit à grossir jusqu’à prendre taille humaine, l’air sérieux, chacune disant d’une même voix mielleuse mais solennelle.

-Vous êtes tous arrivés à la même distance de la ville en même temps… Vous faîtes preuve d’une synchronisation aussi rigoureuse qu’effrayante… M’enfin.

Chaque clone de Mirabelle leva ses mains grandes ouvertes devant lui, et fit apparaître un mur de miel épais et solide, exactement comme la dernière fois. Les soldats Fermites prirent alors une posture défensive face à cette protection, sans partir en retraite ce coup-ci. Puis soudain, dans l’un des tunnels, un des soldats Fermite s’élança vers le mur de miel, essayant de le trancher avec sa lame, mais dans une réaction instantanée, une pointe jaillit du miel et transperça le crâne du soldat Fermite. La pointe se rétracta, et le combattant s’écroula au sol raide mort, alors que le mur de miel, à peine entaillé, se régénèrait déjà. Dans un autre tunnel, le mage Fermite du groupe s’avança devant les autres, et chargea une puissante boule de feu pour faire fondre le mur. Cependant, encore une fois, une pointe jaillit beaucoup plus loin ce coup-ci pour empêcher le mage d’agir. Un soldat eut beau s’interposer avec son armure de fer, prêt à se sacrifier, il fut transpercé de part en part en ralentissant à peine la pointe de miel, qui transperça le lanceur de sorts à son tour. Une fois encore, la pointe se rétracta et laissa tomber les cadavres, Mirabelle n’agissant à chaque fois que pour se défendre. Elle ne laisserait personne passer, et économisera son énergie pour pouvoir tenir jusqu’à l’aube s’il le faut.

-Mirabelle : Vous perdez votre temps, chers adversaires… Vous feriez mieux d’abandonner de suite, vous ne passerez jamais mes barrières~

Au moment où Mirabelle prononça cette phrase, elle put apercevoir une lumière verte et fluorescente briller au loin dans la pénombre, qui se rapprochait et grandissait à toute vitesse, jusqu’à ce qu’elle prenne l’apparence d’un disque semblable à une scie circulaire qui se projeta à toute vitesse vers un des murs de miel dans le but de le briser. La femme Apireine haussa les sourcils en voyant ça, l’attaque étant très différente de celles tentées jusqu’à maintenant, la scie commençait à s’enfoncer dans le mur de miel en le pénétrant dans un bruit strident. Mirabelle fronça les sourcils et modifia l’espace d’une seconde la composition dudit mur, le rendant tout mou afin que la scie s’y embourbe profondément et fut bloquée, le mur redevenant solide comme du roc la seconde d’après. Cependant, même si la menace était gérée, la Sinistre fut tout de suite beaucoup plus méfiante qu’avant.

-Mirabelle : … Qui que tu sois, tu n’es pas comme “eux” hein…

En guise de réponse, elle pu entendre un léger rire, semblable à celui d’une enfant amusée. Un rire qui semblait innocent mais qui avait quelque chose d’effroyable.Au même moment, sans un bruit, la personne qui avait lancée cette attaque apparaissait enfin. C'était une jeune femme qui avait l'air à la fois joviale et un peu intimidée par son adversaire, à qui elle jetait de temps en temps de rapides coup d'œil avant de se raviser, comme si elle n'avait pas le courage de plonger son regard dans celui de la Disciple. Malgré son apparence, il y avait quelque chose de malsain qui se dégageait d'elle. Quelque chose de différent, son aura menaçante et légèrement instable n'ayant rien à voir avec celle d'un Gijinka lamba. En plus de cette énergie particulière, il y avait autre chose qui se dégageait de la jeune femme aux cheveux mauves. Une sensation de vide. Comme si Mirabelle faisait face à un gouffre vivant.

-Spiritomb : Hihi, c'est vrai ! Mais toi aussi, tu es différente, pas vrai ? Uuuh…

Tout en poussant un léger gémissement, la Déchue posa ses mains sur son visage, comme pour masquer son excitation, alors qu’elle commençait à enfoncer ses ongles dans sa chair et à se gratter furieusement tout en passant sa langue sur ses lèvres, l’air excitée en pensant à la Sinistre. Au même moment, son énergie devenait de plus en plus instable alors que des lumières verdâtres s’échappaient des cadavres de Fermites et de gardes qui jonchaient les tunnels. Dans l’ensemble de la capitale aussi, une énergie verte et fluorescente s’échappait de chaque cadavre, peu importe le camp, l’ensemble de cette énergie s’agglomérant pour entourer Spiritomb qui semblait l’absorber à toute vitesse. Une fois toute cette énergie assimilée en l’espace de quelques secondes, elle releva la tête et déclara en plongeant son regard malsain dans celui de la jeune femme :

-Tu as l’air bien plus délicieuse que ce menu-fretin.
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MessageSujet: Re: Archipel Kan Ikul   Archipel Kan Ikul EmptySam 11 Avr - 19:29

La femme Apireine fronça les sourcils, de plus en plus sur ses gardes, notamment face à la dernière remarque de cet adversaire inconnu. Puis finalement, après un léger silence, Mirabelle Thones reprit une facette malicieuse, riant légèrement avant de lâcher courtoisement et jovialement :

-Voyons, très chère… On ne demande pas à une jeune Apireine de butiner son miel sans lui décliner son identité, voyons… C’est vraiment déplacé de votre part, je trouve~

-Uuh, c-c’est vrai ?


Le teint pâle et morbide de la jeune Déchue s’empourpra légèrement, celle-ci semblant terriblement gênée d’un coup, comme si elle venait d’être prise en flagrant délit.

-J’ai… J’ai tellement faim que j’en oublie mes bonnes manières, je suis désolée. Je m’appelle Spiritomb et je suis la Déchue qui travaille avec les Appelés qui attaquent votre ville en ce moment même.

-Oh, et bien enchantée… Je me nomme Mirabelle Thones, vous savez j’étais l’une des Sinistres, une haut gradée des Stalkers, tout ça tout ça, hahaha~

-Uuuh…


Mirabelle avait un ton enthousiaste et très bavard. La Déchue au contraire avait l'air bougonne, presque dépitée, alors qu'elle baissait la tête en maugréant :

-Elle est belle, elle est forte, elle a de meilleures manières que moi et en plus elle a déjà eu des postes à responsabilité… Pourquoi j'ai pas tout ça moi… Je veux, je veux, je veux, je veux, je veux, je veux, je veux, je veux, je veux !

La jeune femme releva soudainement la tête, affichant à nouveau un sourire malsain et pervers cette fois-ci, son attitude ressemblant de plus en plus à celle d'un prédateur alors qu'elle déclarait :

-Je ne ressentirais plus ce vide… Quand tu feras partie de moi !


https://www.youtube.com/watch?v=T9QmKYttBt4

Pendant qu'elle prononçait ces paroles, une aura mauve se mit à entourer les cadavres présents dans les souterrains. Dans un même mouvement, chacun de ses corps se releva, une lumière verte et fluorescente émanant de leurs regards alors qu'ils s'élançaient vers les murs et vers les clones, attaquant dans chaque tunnel alors qu'ils prononçaient tous en même temps :

-Ou plutôt quand tu feras partie de nous !

Mirabelle fronça les sourcils, constatant ses adversaires en train d’essayer vainement de détruire le mur, ne faisant que l’effleurer de quelques centimètres, ce qui n’était rien à côté du mètre complet d’épaisseur, et du fait que le mur se régénérait instantanément. La femme Apireine ne prit cependant pas la peine de répliquer avec des pointes comme tout à l’heure, son instinct lui hurlant que c’était une perte de temps face aux capacités nécromanciennes de son adversaire. En voyant ça, la Déchue fronça les sourcils et fit la moue avant de maugréer :

-Oh non, en plus de pas être très nourrissants ils sont nuls !

Alors que la Déchue se plaignait, l'aura des corps sous son contrôle se mettait à augmenter. D'un coup, un grand craquement sinistre se mit à résonner dans l'ensemble des souterrains alors qu'un sourire malveillant, de couleur verte, se dessinait de force sur le visage de chacune des marionnettes de Spiritomb. Ces derniers recommencèrent alors à se jeter vers les barrières pour essayer de passer au travers, redoublant de force et d’intensité par rapport à avant. Au même moment, des disques crantés semblable à la scie circulaire qu’avait envoyée Spiritomb plus tôt commençaient à se matérialiser sur les poignets des corps possédés qui se mirent à les utiliser pour attaquer les barrières à coup de scies cette fois-ci. En voyant cela, la Déchue se mit à sautiller légèrement en arborant un sourire à la fois amusé et cruel.

-Oui, allez-y ! Apportez moi mon repas !

Mirabelle fronça les sourcils, de moins en moins sereine, essayant de régénérer le mur. Mais ce coup-ci, les entailles étaient plus profondes et lui coûtaient de l’énergie, elle ne tiendrait pas comme ça jusqu’à l’aube. Elle devait prendre du risque pour pouvoir tenir sa position. La femme Apireine claqua des doigts, et d’un coup, les murs de miel devinrent mous et liquides comme tout à l’heure, ceux tapant à ce moment-là se retrouvant embourbés partiellement. Mirabelle eut un sourire malicieux, et ses murs “avalèrent” complètement les soldats pris au piège, comme le ferait un pièce à sucre traditionnel. Puis elle solidifia de nouveau son mur, une bonne partie des combattants se retrouvant complètement immobilisés à l’intérieur du mur de miel, comme figés dans de la glace à jamais. La Sinistre gloussa et lâcha :

-A être trop gourmand, on finit par se faire prendre~

-Oooh...


La Déchue avait dit ça d’une voix sombre, en fixant ses pions qui se faisaient capturer d’un regard vide et froid, jusqu’à ce qu’un sourire sinistre se dessine sur son visage.

-E-est-ce que tu veux jouer à ça ? Est-ce que tu veux jouer à qui absorbera l’autre en premier ?

Alors qu’elle disait ça, l’énergie qui animait les soldats emprisonnés commençait à disparaître, ceux-ci redevenant de simples cadavres dépourvus de force, mais au lieu d’être récupérée par la Déchue, l’énergie verte et mauve se concentra autour des scies circulaires qui triplèrent de taille d’un coup, avant de se mettre à tourner sur elle-même à toute vitesse de façon à éclater ou à fissurer les murs de part en part, tandis que Spiritomb trépignait d’impatience avant de déclarer :

-Uuuuh, je ne sais pas si la situation m’effraie ou m’excite !

La femme Apireine fronça les sourcils, laissant librement Spiritomb s’extasier toutes les dix secondes pendant qu’elle réfléchissait à un plan. C’était un véritable duel d’endurance, le premier qui aura l’autre à l’usure. Vaincre son adversaire comptait peu pour la Sinistre, il fallait juste que ses défenses tiennent jusqu’à l’arrivée des renforts, et à ce rythme-là, elle ne tiendrait pas bien longtemps, surtout si ses ennemis s’impatientaient et se devenaient encore plus sérieux dans leurs attaques. Vu la situation… Elle allait devoir passer au plan B.

-Mirabelle : Hmm… Ian va sûrement beaucoup m’en vouloir pour ce que je vais faire…

La femme Apireine arrêta d’utiliser son énergie pour régénérer les murs, ses adversaires creusant ces derniers petit à petit, alors que la clone faisant face à Spiritomb dans l’un des tunnels sortait un éventail et s’aérait le visage l’air pensif.

-Vous savez, chère Spiritomb, j’ai beaucoup de mal avec cet archipel… Il fait chaud, sec, et surtout, leurs habitants sont bien trop fiers. Fiers de leurs origines, de leur ville, et même de leurs galeries. Mais on va être honnête, si vos adversaires connaissent ces souterrains si utiles d’habitude, leur effet durant une période de siège ne fait que se retourner contre vous… Vous ne pensez pas ?~

Les clones des autres tunnels devinrent liquides, des tentacules de miel s’élançant soudainement tout du long des souterrains, avant de solidifier à nouveau et de se planter avec une force surpuissante dans tous les piliers et points de soutien des galeries, tout commençant à se fissurer sur les centaines de mètres de tunnels disponibles. Mirabelle eut un petit sourire narquois :

-Pour moi, être vraiment fier de son patrimoine, c’est savoir lui dire au revoir pour protéger son peuple. En tout cas, vous sembliez avoir très faim, chère Spiritomb…

Le dernier clone se transforma en miel et fit de même que ses prédécesseurs, dans un vif craquement tout autour d’eux.

-Bon appétit~

Les tentacules de miel explosèrent en morceaux tous en même temps, brisant totalement les fondations des galeries situés à un périmètre hors de la ville. Tout s’effondra sur le miel, les cadavres de soldats et surtout sur Spiritomb, condamnant totalement le passage des souterrains de la ville. La vraie femme Apireine, dans la salle du palais, lâcha échapper un soupir de soulagement avant de s’effondrer au sol, totalement en sueur. De l’extérieur de la ville, à la surface, tout cela se traduisit par des profonds enfoncements dans le sol, qui déstabilisa tous les Fermites à la surface et piéga ceux encore dans leurs propres tunnels, malheureusement situés entre les galeries en dessous et la surface. Du haut des remparts, Ian fronça les sourcils en constatant les dégâts provoqués par la femme-Apireine.

-J’imagine que Mirabelle n’aura pas eu d’autres choix...

L’homme-Pyroli s’enferma lui-même dans une cage de flamme en voyant les Fermites s’avancer vers lui, empêchant celles-ci de l’attaquer pendant qu’il analysait la situation. La plupart des soldats qui n’étaient pas en haut des murs étaient déstabilisés ou même ensevelis dans le sable. Au loin, dans la pénombre éclaircie ça et là par quelques flambeaux, il pouvait voir Bianca et Sael en train de combattre tant bien que mal les Scalpions, l’homme-Camerupt profitant de chaque instant de “répit” pour envoyer d’épaisses coulées de lave sur les Fermites afin de réduire leur nombre. La plupart des commandants tombaient un à un face aux soldats de l’Inquisition. L’homme-Pyroli prit un air contrarié. Il n’avait pas de temps à perdre.

-Inutile de se lamenter sur quelques dommages collatéraux… Seule la victoire importe cette nuit. RENVERSONS LA SITUATION !


https://www.youtube.com/watch?v=MTrGOLtQesQ

Alors qu’il criait ces mots, la cage explosa en un torrent de flammes qui déferla sur les toutes les Fermites qui l’entouraient, avant que les flammes ne se rassemblent pour former une grande colonne semblable à un signal d’alerte. En entendant et en voyant cela, plusieurs dizaines de mages sortirent des postes où ils avaient attendus en sécurité, protégé par les efforts des soldats, tandis que d’autres soldats de la garde royale et des civils armés sortaient du palais pour se précipiter vers les murailles afin d’aller assister les soldats qui avaient réussi à survivre à la salve des archers et aux coups des Fermites. En un instant, les hommes-Hippodocus avaient changé toute la zone entourant la capitale en de vastes sables mouvants dans lesquels il était impossible de se mouvoir sans s’embourber, pour piéger définitivement les Fermites dans les tunnels mais aussi pour entraver celles qui n’avaient été que déstabilisées.

-Ian : Chargez les ennemis ! Faites les tomber des murs ! Que les gradés assurent la protection des mages !

La voix du Roi résonnait parmis le fracas des coups, les Commandants répétant les ordres à tous les soldats pour transmettre le message alors que les premières troupes de soldats qui venaient prêter main forte arrivaient enfin en haut des remparts, une nouvelle mêlée commençant entre les Fermites et les soldats de Kan Ikul. Suzan, de son côté, restait cependant imperturbable.

-Trop tôt, Ian Ikul. Tu utilises tes atouts trop tôt.

Ian, de son côté, continuait de repousser tant bien que mal les Fermites qui l’entouraient tout en essayant de comprendre ce qui se passait. Il avait bien l’impression de commencer à prendre le dessus pour l’instant. Peut-être que tout n’était pas perdu. Le bruit et l’agitation de la mêlée ne cessaient d’augmenter, le tumulte rendant difficile de discerner quoi que ce soit tant pour les Commandants que pour le Roi qui n’avaient pas l’occasion de prendre plus de recul pour analyser la situation et donner de nouvelles directives. Il était alors incapable de remarquer les silhouettes qui surgissaient des ombres, des Scalpions arrivant à leur tour en renfort. Parmi ces silhouettes s’en trouvait une, plus grande et plus imposante que les autres, avec un casque de Scalproie. Shokugeki Mihiro était là, le mot “Inquisition” brillant sur sa main droite alors qu’il donnait discrètement quelques directives à ses Scalpions, ceci semblant le comprendre sans qu’ils s’échangent un seul mot, la même lueur meurtrière passant dans leurs yeux gris, avant qu’ils ne se dispersent.

Ce fut l’affaire de quelques secondes.

Les Scalpions fraîchement arrivés pouvaient profiter de la lumière des flammes dans la nuit pour se déplacer aisément d’ombres en ombres. Avec une rapidité et une aisance inouïe, ils surgissaient sans un bruit des ombres des mages, les faisaient ployer en quelques coups bien placés et, tel des voltigeurs macabres, disparaissaient aussitôt pour s’élancer ailleurs, vers d’autres groupes de mages.


*SLASH*
*SLASH*
*SLASH*
*SLASH*
*SLASH*

Dès que les Scalpions étaient partis, c’était Shokugeki qui surgissait à son tour, impitoyable, et qui achevait chaque mage en un coup net et précis, n’en épargnant aucun avant de disparaître pour attaquer aussitôt un autre groupe. Les gradés chargés de leurs protections, trop acculés par les Fermites et par les Scalpions qui étaient déjà là depuis le début et qui commençaient à les mener à bout, n’avaient même pas le temps de réaliser ce qu’il se passait alors que chaque Hippodocus était maintenant abattu, le sable autour de la capitale retrouvant son aspect normal et libérant les Fermites qui y étaient embourbés. Lorsque Ian remarqua cela, il fronça les sourcils, l’air paniqué pour la première fois depuis le début de l’invasion. Il n’avait pas le temps de vérifier ce qui se passait. Mais il n’eut pas à le faire. Dans un même élan, tous les Scalpions s’éloignèrent de leurs adversaires et levèrent leurs dagues dans les airs pour les faire s’entrechoquer dans un bruit d’acier terrifiant, comme pour symboliser leurs victoires, avant de se remettre à attaquer de plus belle. Au même moment, Shokugeki, l’air calme et intransigeant, jetait au sol deux têtes d’Hippodocus qui roulèrent jusqu’au pied de Ian, ce dernier relevant la tête avec horreur pour voir l’Appelé qui plongeait un regard assassin dans celui du jeune Roi. L’homme-Pyroli tendit la main pour sceller le Scalproie mais il était déjà trop tard. Celui-ci s’était fondu dans les ombres. Il pouvait être n’importe où. Alors que cette pensée traversait son esprit, Ian fut parcouru d’un frisson. Jamais… Non, jamais il n’aurait pensé faire face à des adversaires aussi redoutables. Ils ignoraient la pitié. Ian savait que lui et ses hommes n’auraient aucun temps mort. Il ignorait s’ils seraient capable de tenir jusqu’à l’arrivée des renforts de Basile. Il ne lui restait plus beaucoup d’atouts...

-Merde… Merde ! RESTEZ SUR VOS GARDES ! Protégez-vous les uns les autres, surveillez toujours ceux qui sont à vos côtés !

Voyant la scène de part ses intermédiaires, les yeux impitoyables de Suzan brillaient, trahissant malgré son visage stoïque un vrai plaisir à la scène qui se déroulait.

-Parfait, Shokugeki. Ne leur laissons aucune chance.


https://youtu.be/xJdHHVQ5oes?t=12

Au moment où les Scalpions avaient attaqués quelques dizaines de secondes plus tôt, les archers Fermites n’ayant pas été touchés par l’effondrement des galeries avaient jailli du sol, et lançaient une nouvelle salve de flèches un peu plus faible que la précédente. Cependant, elles furent lancées à un bien meilleur moment que les premières flèches, les soldats proches de mages ayant été terrorisés et donc concentrés totalement sur les assassinats de leurs confrères magiciens. Le commandant qui avait remarqué la première salve put la voir arriver de nouveau.

-ATTEN…

*TCHAC. TCHAC. TCHAC. TCHAC. TCHAC. TCHAC. TCHAC.*

Mais trop tard ce coup-ci, le commandant tomba lentement à genoux, puis au sol, criblé de flèches, comme pas mal des soldats mobilisés pour protéger les mages. Les soldats Fermite, ayant profité de la mort des mages et de l’absence de sables mouvants pour se libérer du désert, reprirent leur attaque dévastatrice, faisant ce coup-ci une percée totale dans les défenses de la capitale, débordant complètement les soldats survivants. Seul le côté sud des remparts, où se trouvait Ian, semblait un peu mieux s’en sortir au début parce que le jeune Roi avait eu le réflexe de protéger ses soldats des flèches grâce à une épaisse barrière de flammes qu’il avait ensuite éteinte. Malheureusement, la supériorité numérique des Fermites était insurmontable même pour ce versant des remparts. De loin, il pouvait toujours voir Bianca et Sael qui semblaient mis à mal par les Scalpions. Il ne savait pas combien de temps ils tiendraient. Il ne savait pas combien de temps il resterait encore avant que la capitale ne soit envahie. Les civils allaient devoir prendre les armes. L’agitation de la ville se mêlait à celle des remparts. Des tourbillons de flammes se mirent à traverser l’ensemble de son versant des remparts avant de se déverser sur les murs pour attaquer les Fermites qui grimpaient ces derniers. Ils devaient tout faire pour survivre jusqu’à l’arrivée des renforts. D’une voix puissante, il s’écria :

-Vers le triomphe ou vers la mort ! Aucune autre pensée ne doit occuper votre esprit !

Et juste après, les voix des civils, des soldats, des Commandants retentirent dans un même cri :

-VERS LE TRIOMPHE OU VERS LA MORT !

Avant que chacun s’élance à nouveau vers les Fermites dans l’espoir de tenir face à la menace qui les écrasait un peu plus à chaque seconde. L’homme-Pyroli, lui, continuait à gérer tant bien que mal les Fermites sur son côté des remparts, en maniant ses flammes du mieux qu’il pouvait pour ne pas blesser ses propres soldats. Il y avait trop de choses à prendre en compte. Trop de choses qui se bousculaient dans son esprit. En plus de se concentrer sur ses propres adversaires qui, bien que faibles, étaient de plus en plus nombreux et menaçants, il devait essayer de trouver un plan, une solution pour les éradiquer le plus rapidement possible. Mais entre le bruit, la peur, l’inquiétude, les coups des ennemis, il n’arrivait plus à se concentrer. Il n’arrivait presque plus à comprendre ce qui se passait autour de lui. Il n’arrivait plus… à tenir.

-??? : Votre Altesse, non !

Ian fut sorti de sa torpeur par un homme-Sablaireau haut-gradé de la garde royale qui s’était jeté sur lui et qui l’avait poussé sur le côté, l’homme-Pyroli se retrouvant projeté. Le Disciple avait à peine eu le temps de comprendre qu’il était déjà trop tard. Dans un bruit terrible, l’armure du Sablaireau fut transpercée, tout comme son corps, par la main de Shokugeki qui s’était glissé derrière Ian dans le but de le tuer. C’était lui qui aurait dû mourir de la main de l’Appelé. C’était lui qui n’avait pas réussi à être à la hauteur, à tel point que ce soldat avait dû donner sa vie pour lui. Dans un gargouilli répugnant, du sang se mit à sortir avec violence de la bouche du garde alors que le Scalproie retirait sa main de son corps et l’envoyait valser comme s’il s’agissait d’un simple déchet. L’Inquisiteur regarda avec dégoût le sang sur sa main, dont il se débarassa dans un grand mouvement qui fendit l’air, avant de s’approcher de Ian, qui était toujours à terre et qui se releva d’un bond. Le Roi prit une profonde inspiration avant de cracher du feu au-dessus de lui, un écran de flammes se formant autour du Disciple pour effacer toute ombre possible. L’Inquisiteur, lui, se contenta de secouer légèrement la tête.

-Ce n’est pas ce qui retardera votre mort.

Pour toute réponse, Ian envoya un violent torrent de flammes vers l’Appelé mais celui-ci n’essaya même pas de l’esquiver. Il se contenta de donner un coup vers les flammes, comme pour les trancher et celles-ci se divisèrent en deux flots qui partaient chacun dans une direction différente, épargnant le Scalproie qui n’avait même pas la moindre trace de brûlure et qui continuait à avancer vers Ian avant d’arriver face à lui et de l’attaquer directement au niveau des côtes, que le jeune Roi réussit à esquiver tant bien que mal. Il devait reprendre son souffle et se concentrer. Son ennemi était à la fois puissant, précis et rapide. Il avait déjà pu voir à quel point cela le rendait redoutable. Au niveau du corps à corps, il ne faisait pas le poids mais au niveau des pouvoirs… Cet homme ne devait pas à être capable de tout contrer après tout. L’homme-Pyroli se concentra, l’écran de flammes se changeant en une large cage qui entourait à la fois Ian et Shokugeki, dans le but de s’isoler des Fermites et des Scalpions et de pouvoir se concentrer uniquement sur l’Appelé. Il devrait faire face à cet ennemi redoutable à un moment ou à un autre de toute façon. Alors qu’il s’apprêtait à faire déferler des flammes dévastatrices sur son adversaire, celui-ci le prit de court en disparaissant avant de réapparaître face à lui et de le taillader en quelques coups au niveau du visage et du torse, une entaille légère s’ouvrant sur sa joue alors qu’une plaie plus profonde apparaissait sur sa poitrine. Si d’habitude l’Inquisiteur se contentait de tuer ses victimes en un coup, cette fois-ci l’Appelé semblait prendre délibérément son temps dans le but de faire souffrir Ian le plus possible, enchaînant les coups sans laisser le moindre répit au Disciple pour qu’il puisse se défendre. Les coups de pieds, de poing, les plaies qui s’ouvraient ça et là sur son corps, c’était comme si le Pyroli n’était plus capable de ressentir autre chose que la douleur, jusqu’à ce que l’Inquisiteur le fasse tomber au sol et s’approche de lui pour plonger son regard cruel dans celui du Roi.

-Soyez heureux, Ian Ikul. En mourant, vous participez à la purification de ce monde.

Le Pyroli grimaça. C’était peut-être maintenant. Le seul moment de répit qu’il avait pour contre attaquer. D’un coup, tout son corps s’embrasa, se recouvrant de flammes, l’aura de Ian augmentant d’un coup. Mais au lieu de fuir, Shokugeki se contenta de fixer sa victime d’un regard à la fois agacé et consterné avant de donner un grand coup dans les flammes qui se dispersèrent, comme s’il s’agissait d’un jeu d’enfant, sous le regard effrayé du Disciple. Il allait le tuer. Il n’avait même pas la force de lutter de toute façon, alors que l’Inquisiteur levait déjà le bras au ciel, s’apprêtant à l’abattre, Ian le suivant du regard. Le ciel… Soudainement, il écarquilla les yeux et fit disparaître la cage qui le coupait, lui et son adversaire, du reste de la bataille.

https://www.youtube.com/watch?v=Efan9JgUv_A

Des gouttes. De l’eau tombait du ciel qui s’était couvert d’épais nuages noirs qui cachaient la lueur des étoiles. Mais ce n’était pas des nuages porteur d’un mauvais signe. L’obscurité, pour une fois, était un signe d’espoir. Alors que la cage de flamme disparaissait complètement, une épaisse pluie commença à s’abattre sur la capitale, des centaines de Basile se formant ça et là sur les remparts, dont un qui était apparu derrière le Scalproie et qui l’arrêta au moment où il allait tuer Ian en l’attrapant avec force au niveau du poignet, tandis qu’un autre Basile apparaissait directement entre Ian et Shokugeki, tous ses bracelets explosant alors qu’un Vibraqua surpuissant déferlait sur l’Inquisiteur qui fut projeté au loin une fois que le Basile qui le tenait l’avait relâché. Lorsque l’Appelé se releva, il était déjà encerclé par une dizaine de Roigada. Celui qui était resté aux côtés du Pyroli lança un regard à la fois fier et triste à son ami, constatant à la fois qu’il avait réussi à tenir jusqu’à son retour mais aussi à quel point il était blessé. Le Roi de Kan Ikul esquissa un sourire malgré son air affaibli.

-Basile… Tu as réussi à revenir aussi vite…

Sans répondre d’abord, le Roigada posa sa main sur le front du Pyroli, le cristal sur sa couronne s’illuminant alors qu’il utilisait un Vibra-Soin sur son camarade, ses plaies se fermant petit à petit et ses forces lui revenant peu à peu, jusqu’à ce que Basile esquisse un sourire en retour et réponde :

-Et je ne suis pas revenu seul.

Alors qu’il prononçait ces mots, tout le monde pouvait entendre un bruit de martèlement, comme des pas brefs et rapides alors que le sable se soulevait au loin, semblable à une véritable tempête et que le sol se mettait à trembler sous les pas de l’armée qui s’avançait. Il s’agissait à la fois des armées de Safar et de Sefir qui avaient reçu les messages des éclaireurs et des clones de Basile mais aussi des mercenaires Dinoclier que le jeune Légion avait réussi à convaincre. Dans un grand fracas, l’armée s’était divisée en deux pour attaquer des deux versants les Fermites qui étaient encore devant les remparts. Dans le ciel, Ian pu apercevoir de nombreuses silhouettes qui virevoltaient ça et là, semblant planer dans les airs, jusqu’à ce que des troupes de Scorvol, l’autre clan de mercenaire que Basile avait été chercher au milieu du désert, se posèrent ça et là sur les remparts avant de se mettre à prêter main forte aux soldats de Kan Ikul en aidant surtout les commandants qui étaient encore assaillis par les coups des Scalpions. Ian sentit une montée d’adrénaline qui s’éveillait en lui, comme un nouvel espoir qui renaissait grâce au retour de son ami. Il avait eu raison de lui faire confiance. Il avait eu raison de s’acharner face à ces ennemis. Une fois l’ensemble des blessures du Pyroli soignées, Basile l’aida à se relever et lui afficha un sourire confiant.

-Allez, il est trop tôt pour se reposer. Tu as encore une bataille à gagner, Ian.

Suzan, elle, restait imperturbable, alors qu’elle tournait sa tête à gauche et à droite, les Fermites encore en dehors de la ville faisant exactement la même chose comme pour donner une vision omnisciente de la scène à leur chef. Celle-ci fronça les sourcils, et laissa échapper un léger soupir.

-Ils ont été plus rapides que je ne le pensais. Shokugeki…

Un soldat Fermite s’était précipité vers le Scalproie, comme pour lui transmettre le message, et lui parla comme si Suzan lui parlait directement.

-On passe à la dernière phase du plan. Battez en retraite avec vos hommes, mes troupes vous couvriront aussi longtemps que possible… Et surtout…

Des flammes semblèrent passer dans les yeux de chaque Fermite à ce moment-là, alors qu’elle ajoutait :

-Elles feront en sorte de faire le plus de dégâts possible.

Tous les soldats Appelés changèrent immédiatement de stratégie. La vague de Fermites qui s’élançait sur les gardes se laissa volontairement empaler par chacun des gardes, comme si ils se suicidaient. Cependant, au lieu de juste mourir, chaque Fermite agrippa l’arme de son adversaire, pour l’immobiliser le plus longtemps possible sur sa position, alors que la vague de Fermites qui suivait profitait de cette courte occasion pour s’élancer vers la ville, commençant à s’attaquer directement aux citoyens, qu’ils soient armés ou non. Plusieurs innocents tombèrent, tués par la sauvagerie des Fermites qui ne cherchaient plus qu’à faire le plus de morts possible. Cependant, alors que la vague de Fermites allait arriver sur le forgeron Bastiodon et ses hommes, chacun se préparant à un combat perdu d’avance, des projectiles fins passèrent à une vitesse folle autour de leurs têtes, dans un bruit de sifflement, telles des flèchettes qui transpercèrent les armures des envahisseurs de part en part. Les forgerons se retournèrent et purent voir Mirabelle Thones, haletante et tenant à peine debout, qui avait fait apparaître des petits pointes de miel solides autour d’elle.

-Mirabelle : BAISSEZ-VOUS !

Le Bastiodon et ses confrères obéissèrent sans hésiter, une nouvelle salve de points de miel partant de la position de la femme Apireine et tuant tout Fermite cherchant à pénétrer dans la ville par cette ruelle. Dans les autres rues et ruelles de la capitale, des dizaines et des dizaines de clones de Basile ne cessaient d’apparaître, chacun donnant l’ordre aux habitants qui n’étaient pas encore armer de s’enfermer chez eux avant de s’élancer vers ses adversaires se battre. Les Roigadas et les Fermites ne cessaient de s’échanger des coups, le jeune Légion utilisant principalement des Vibraquas pour attaquer plusieurs soldats en même temps mais il usait aussi de sa force physique pour repousser et parer les coups des Fermites, comme il l’avait appris pendant des années auprès de Genkishi. Lorsqu’un des Roigada se faisait trancher ou “tuer” par son ennemi, il explosait en une masse d’eau qui se divisait en deux pour former deux nouveaux Basile, si bien que la capitale était rapidement remplie de clones du Roi d’Aquatique. Sans pour autant le montrer, le Roigada commençait à ressentir une légère fatigue. Il ne savait pas combien de temps il arriverait à tenir en dépensant assez d’énergie pour maintenir autant de clones. Cependant, au moment où cette pensée traversa son esprit, tous les Scorvols et les gardes qui avaient réussi à survivre à l’offensive suicidaire des Fermites quittèrent en même temps les remparts pour charger les soldats de Suzan qui étaient dans la capitale. Un des mercenaires, probablement chargé de prévenir Basile, lui déclara :

-Tout le monde a reçu l’ordre d’évacuer les remparts pour vous aider à protéger la ville !

Là haut, l’homme-Pyroli et l’homme-Camerupt faisaient face seuls à tous les soldats qui déferlaient sur eux. Mais ils s’étaient mis d’accord pour isoler leurs hommes. Ils s’étaient mis d’accord pour se mettre en danger si cela signifiait qu’ils n’avaient plus personne autour d’eux à protéger et donc qu’ils pouvaient utiliser toute leur puissance pour arrêter ce fléau. Depuis la ville, les clones de Basile qui ne cessaient de combattre pouvaient apercevoir deux grandes flammes, deux puissantes lumières briller dans la nuit jusqu’à ce que, d’un coup, un torrent de flammes de plusieurs mètres de haut ne déferle sur l’ensemble des remparts pour brûler tout ce qui s’y trouvait, avant que les flammes de Ian et de Sael ne se mettent à déferler sur les murs eux-mêmes, brûlants ainsi par la même occasions les Fermites qui essayaient d’accéder à la ville. En voyant cela, un des Roigada dans la mêlée, le véritable Basile, eut un grand sourire victorieux s’affichant sur son visage. Il savait qu’il n’y avait plus assez de gardes et de mercenaires pour l’aider après le massacre des Fermites mais voir Ian déverser toute sa puissance de cette manière le motivait. Ils pouvaient le faire. Il se battrait jusqu’à l’épuisement s’il le fallait. En un instant, il se téléporta pour se mettre en hauteur, son regard semblant scanner les différents coin de la ville comme s’il était à la recherche de quelque chose alors qu’il marmonnait, semblant compter ou calculer à toute vitesse. Il l’avait. Il avait le nombre précis de Fermites qu’il devait combattre. Il n’avait qu’à être aussi nombreux qu’eux maintenant et il arriverait facilement à les vaincre. En même temps, tous les clones du Roigada se mirent à bailler, la pluie semblant réagir à ce son pour devenir de plus en plus forte, un véritable déluge s’abattant sur la capitale afin de fournir assez d’eau à Basile pour se constituer une armée de Roigada aussi grande que l’armée de Fermites. La voix du Roi d’Aquatique résonnait dans l’ensemble de la capitale alors qu’il déclarait :

-Nous sommes Légion… Et rien ne nous arrêtera !

Tout se passa très vite. L’ensemble des clones laissèrent éclater leur aura écrasante et brisèrent leurs bracelets qui libérèrent leurs pouvoirs avant de frapper de plus belle chacun des Fermites à coup de Vibraqua ou à main nue jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucun ennemi debout. Alors que la pluie tombait de plus belle et que les flammes sur les fortifications finissaient de s’éteindre, Ian, haletant, trempé par la pluie et par la sueur, relevait la tête pour contempler sa capitale. Les remparts étaient maintenant noirs comme du charbon. Le sol était endommagé en partie aux endroits où les souterrains s’étaient effondrés. Mais qu’importe… Malgré les dégâts, malgré les corps qui jonchaient les rues, la ville était libre. Ils avaient réussis. Il avait mené son peuple vers le triomphe, comme il le leur avait dit. Les habitants qui s’étaient enfermés chez eux commençaient à sortir en comprenant qu’ils n’entendaient plus rien d’autre que le bruit de la pluie qui faiblissait jusqu’à ce qu’elle s’arrête, le soleil commençant à percer les épais nuages noirs alors que partout dans la capitale résonnait ces cris de joie :

-Longue vie au Roi ! Longue vie à Kan Ikul !
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MessageSujet: Re: Archipel Kan Ikul   Archipel Kan Ikul EmptyMer 15 Avr - 21:29

Le soleil commençait à se lever au loin, sa chaleur, douce mais bientôt écrasante, se diffusant sur l’archipel, Ian Ikul et ses hommes baignant dans la lueur de l’astre solaire alors qu’ils marchaient avec discrétion sur l’île cardinale ouest. Le cortège qui avançait dans ce désert n’était pas bien imposant. En tête de fil, aux côtés du Roi, se trouvaient ses camarades, Basile et Mirabelle. A leurs côtés, Sael et Bianca, légèrement en retrait et enfin, derrière eux, une trentaine d’hommes, des gardes et des mercenaires qui avaient eu à la fois la chance de survivre à la bataille nocturne mais aussi le courage d’accompagner leur Roi à l’avant-poste, qui était considérée comme une extension militaire de la capitale et que Ian voulait à tout prix récupérer dans la foulée. De toute façon, s’ils n’avaient pas eu de nouvelles des soldats qui s’y trouvaient, cela signifiait certainement qu’ils étaient soit pris en otage soit massacrés par l’ennemi. Il fallait être fou pour s’attendre à trouver un avant-poste intact qui n’aurait simplement jamais reçu de nouvelles des éclaireurs. Surtout après l’incendie des murs qui devaient être visible en pleine nuit depuis le poste et qui auraient dû pousser les soldats à se précipiter vers la capitale pour comprendre ce qu’il s’y passait. C’est pourquoi ils avaient décidé de partir dans la nuit pour atteindre l’avant-poste au matin. Ils y étaient presque maintenant. Ian chancelait légèrement. Il n’avait pas l’habitude du climat de cet archipel, lui qui avait toujours grandi à Renouveau et à Shibusen. Il ne comprenait pas comment son ancêtre avait pu dompter des terres aussi arides et inhospitalières. Même si la chaleur était encore légère, les dunes et le vent rendaient le trajet pénible et il peinait à marcher autant après avoir dépensé toute cette énergie durant la bataille. Mais qu’importe. Ils ne pouvaient pas se permettre de prendre une pause maintenant, il fallait profiter des pertes de l’ennemi pour le vaincre définitivement.

-Bianca : Nous y sommes presque, votre Altesse.

https://www.youtube.com/watch?v=ejmcvtZRQ-U

Devant le cortège se dressait les premiers abords de l’avant-poste. Là où les plus naïfs auraient pu s’attendre à un camp indemne, ou à l’inverse des troupes ennemies en train de monter la garde, personne ne s’attendait vraiment à la vision qu’ils eurent réellement. Des soldats Fermites les attendaient de pied ferme, chaque ayant la lame dégainée… et placée sous la gorge de chacun des habitants de l’avant-poste. C’était un véritable peloton d’exécution qui se tenait devant eux aux abords de la ville, chaque soldat de Suzan étant prêt à abattre son prisonnier en moins d’une seconde si il le fallait.

-Mirabelle : J’ai un très mauvais pressentiment...

Devant le peloton se tenait le seul Gijinka n’étant pas sous menace de mort, c’est à dire Sari Vanu, son imposante allure de Galeking faisant trembler les soldats les moins téméraires de la troupe royale. Celui-ci restait interdit, les bras croisés, attendant que ses interlocuteurs soit à quelques dizaines de mètres de portée pour lâcher sombrement.

-Sari Vanu : Je vois que le nouveau Roi nous fait l’honneur de sa présence… Je suis heureux de savoir que vous savez su défendre la capitale. Je n’ai pas été aussi efficace sur la défense de cet avant-poste, malheureusement.

-Suzan : Cela suffit. Nous ne sommes pas là pour ce genre de discussions.


La voix avait résonné à travers tous les Fermites, une voix féminine mais sèche, dénuée de sentiments.

-Je suppose que vous êtes venus récupérés l’avant-poste, n’est-ce pas ? Cela ne me dérange pas. A part les troupes que vous voyez ici, le repli a déjà été engagé. Cette base est à vous.

Il y eut un léger silence, personne n’ayant vraiment d’espoir que cela s’arrête ici après le coup de la nuit dernière, et Suzan ajouta, voyant qu’il n’y avait pas besoin de s’étendre plus longtemps sur le sujet.

-Pour ses habitants, ce sera différent, comme vous pouvez le voir. Leur survie ne dépendra que de vous, Ian Ikul.

Le jeune Roi resta interdit pendant un court moment. Il avait d’abord plongé son regard dans celui du Galeking. Il avait le souvenir d’avoir vu cet homme lors du couronnement de son frère, ni plus ni moins. Comme tous les hauts gradés et les nobles de l’archipel, il connaissait Ian mais lui ne savait rien à propos de Sari. Il sentait néanmoins que ses paroles étaient sincères. Son attention se porta ensuite sur les différents habitants qu’il voyait menacé par les Fermites, avant de répondre d’un ton sec et dur :

-Je suppose que vous attendez quelque chose de ma part en échange de leur liberté. Parlez, je suis prêt à vous écouter. Vous savez déjà qu’il serait inutile de me demander d’abandonner.

-Suzan : Bien sûr. L’abandon ou la fuite ne sont pas pour vous des concepts familiers, je le conçois. C’est pour ça que vous ne refuseriez pas un duel, n’est-ce pas ?


Le visage de Sari s’assombrit, ce dernier ayant de légers tremblements de rage, alors que la voix de la femme Fermite continuait.

-Le nouveau roi Ian Ikul contre le redoutable Sari Vanu. C’est plutôt simple, peu importe la gagnant, vous devez vous affronter dans un combat à mort, sans magie ni aide extérieure, où chacun de vous deux se donne à fond pour vaincre l’autre. Si je vois l’une de ces règles brisées, l’un de vous deux retenir ses coups…

Les lames se ressérèrent sur les gorges des habitants.

-Je les abat tous d’un coup.

-Ian : ...


L’homme-Pyroli resta silencieux quelques secondes, semblant réfléchir sombrement. Il n’avait ni la carrure, ni la musculature du Galeking. Au contraire, il était plutôt fin et athlétique et pouvait plus compter sur ses réflexes que sur sa force brute. Certes, il avait la technique, la discipline que Genkishi lui avait inculqué mais ce n’était rien face aux années d’entraînement à l’armée de Sari Vanu. Il ne faisait absolument pas le poids. Il lança un rapide coup d’oeil vers Sael et Bianca, qui restaient intransigeant malgré la tension que chacun pouvait ressentir. Il aurait aimé leur demander conseil. Il aurait aimé demander à Sari ce qui avait le plus de valeur à ses yeux : sa vie, celle de son Roi ou celle de ses hommes. Mais quelque part, il savait que de telles questions seraient inutiles. Finalement, l’homme-Pyroli répondit, d’une voix calme mais qui laissait transparaître sa colère  :

-Le peuple de Kan Ikul préférera toujours l’honneur au sacrifice et vous m’envoyez vers la mort. Cependant… Je ne peux pas laisser tous ces innocents mourir. Je vaincrais.


https://www.youtube.com/watch?v=Ies6sP0gqoo

Sari resta stoïque et se contenta d’hocher la tête, s’approchant d’une caisse en bois, et agrippant dessus un immense marteau en fer, à une seule main. Puis il la posa calée contre son épaule avant de s’avancer de quelques mètres vers Ian, en garde.

-Sari : Ne vous retenez pas, mon Roi. Quant à moi… Je me livrerais à la mort si je viens à gagner, pour purger de mon régicide. Mais bon… Si vous êtes vraiment digne du trône, un tel cas n’arrivera pas, et seul l’un de nous deux succombera à cette épreuve.

-Je suis fier de faire face à un adversaire aussi honorable. Face à un homme tel que vous, j’utiliserais les armes royales.


Tout en prononçant ces mots, l’homme-Pyroli dégaina la cimeterre qu’il portait sur lui, une arme à la lame étincelant de mille feux et qui avait, incrusté dans sa garde, un rubis semblable à celui de la broche qui maintenait la cape du jeune Roi : la pierre des Ikul. Ian fronça les sourcils, l’air inquiet. Il n’avait pas spécialement l’habitude d’être armé mais son oncle avait insisté pour qu’il prenne avec lui les armes royales. C’était contraire au réglement de Shibusen… Mais il n’avait pas le temps de s’embêter avec ça. La survie de ses hommes en dépendait. En un instant, l’homme-Pyroli changea de posture, prenant une garde naturelle qui laissait peu d’ouvertures, preuve de ses années d’entraînement au combat. Son adversaire était trop puissant pour lui. Il n’aurait sans doute pas d’autre choix que de le prendre par vitesse. En un instant, Ian Ikul se déplaça à toute vitesse vers le Galeking pour changer de direction à la dernière minute et tenter un coup d’estoc, puissant et précis, vers les côtes de son adversaire. A la surprise cependant de l’homme Pyroli, Sari fit ce qui sembla à ses yeux une rapide esquive de côté, la lame frôlant son armure dans un bruit strident, un coup de poing jaillissant de manière tout aussi surprenante et rapide vers le côté droit du Disciple. Le jeune Roi grimaça avant de bondir en arrière et de se réceptionner tant bien que mal pour éviter le coup. Il avait failli être pris de justesse, lui aussi. Malgré son air impassible alors qu’il se remettait en garde, il réalisait qu’il ne pourrait pas se contenter de tout miser sur sa vitesse. Mirabelle fronça les sourcils.

-Mirabelle : Cet homme Galeking n’est pas si rapide… Comment a-t-il pu prendre de vitesse Ian comme ça ?

Basile hocha lentement la tête sans détourner les yeux du combat, comme pour approuver les dires de la Sinistre. Le Roigada semblait réfléchir à toute vitesse, légèrement à cran et laissant clairement tomber sa façade flegmatique habituelle, alors que la Commandante des armées croisait les bras avant de répondre :

-C’est parce que vous n’avez pas encore compris que le véritable atout de Sari Vanu n’est pas sa puissance brute… Mais ses talents de stratège. La feinte de Son Altesse n’est rien pour lui.

Sari se mit en position défensive, prêt à contre-attaquer à tout moment, semblable à un bastion en béton armé et armé de mille et un canons. Ses yeux brillèrent d’une lumière perçante, avant de dire sombrement.

-Sari : Votre frère commençait toujours par une feinte de ce genre, lui aussi.

-Je n’ai… Rien à voir avec mon frère. C’est pour cela qu’il était destiné à être Roi, contrairement à moi.


Alors qu’il finissait cette phrase, l’homme-Pyroli s’élança à nouveau vers son adversaire, avant de donner au dernier-moment un grand coup dans le sable pour déstabiliser et aveugler son adversaire avant de tenter une attaque au niveau de la poitrine. Cependant, le marteau de Sari jaillit du sable, dans une attaque circulaire frontale qu’avait fait l’homme Galeking en réaction, et qui frappa Ian en plein bras. Cependant, le coup n’ayant pas beaucoup d’élan, l’homme Pyroli fut juste repoussé brutalement sur le côté, roulant sur le sable quelques mètres alors que Sari s’approchait calmement de lui, marteau agrippé à deux mains. Puis, lorsqu’il arrive à portée de son roi, Sari leva son marteau haut au-dessus de lui, l’abattant violemment sur la position actuelle de Ian au sol. Le Disciple, pris au dépourvu, n’eu d’autre choix que de rouler par terre pour esquiver le coup de peu avant de se relever tant bien que mal, ses habits couverts de sable et sa respiration saccadée. Il s’en était fallu de peu. S’il n’avait pas esquivé, son crâne aurait été écrabouillé. Par chance, son bras n’était pas endolori par le coup qu’il avait encaissé mais il savait que si le Galeking frappait sérieusement, le moindre coup pourrait lui être fatal. Ne prenant pas le moindre temps mort, Sari releva sa main et s’élança en chargeant vers Ian, tenant une attaque circulaire à nouveau, ample et difficile à esquiver. L’homme-Pyroli hésita une demi-seconde, se demandant s’il devait se mettre en danger pour être sûr de toucher l’épaule du Galeking ou esquiver. Finalement, il tenta de se dérober mais ce court temps d’hésitation fut fatal : alors qu’il s’élançait en arrière, il se prit le coup de marteau au niveau des côtes et qui le propulsa en arrière, le Roi de Kan Ikul s’effondrant dans le sable. Des murmures s’élevèrent dans les rangs des soldats alors qu’un homme-Bastiodon s’apprêtait à faire un pas en avant pour intervenir, jusqu’à ce que Bianca Mallow l’interrompt d’un simple geste du bras suivi d’un regard assassin. Mirabelle, elle, se contenta de laisser perler plusieurs gouttes de sueur sur son front, que ce soit à cause de la chaleur grandissante ou du stress, alors qu’elle pensait pour elle-même.

*Allez, Ian...Tenez bon…*

https://www.youtube.com/watch?v=XdHr0R-Nd1A

Ian se releva, en chancelant un peu. La douleur était forte et parcourait l’ensemble de son corps. Sa cape et ses insignes royales étaient salies par le sable, sa tête tournait légèrement à cause du choc et de la chaleur. Mais surtout, depuis le début, ce qui le perturbait le plus, c’était la phrase de Sari sur son frère. Ce n’était qu’une coïncidence s’ils commençaient toujours tous les deux par ce genre de feinte. Il n’avait… Rien à voir avec cet homme.

Ian devait avoir six ans la première fois qu’il était venu sur Kan Ikul. Et il n’y avait plus jamais mis les pieds. Ce jour-ci, toutes les personnes importantes de l’archipel, les nobles, les hauts dignitaires, l’ensemble du clan Ikul mais aussi des nobles et des familles royales d’archipels alliés étaient réunis dans la salle du trône. Pendant un moment, le jeune-Evoli avait été fasciné par les sculptures, les tapisseries, tous ces objets qui racontaient l’histoire d’un homme, le grand Kan, puis celle d’une dynastie mêlée à celle d’un peuple. Il se souciait peu des personnes qui l’entouraient et même de son père, Neis Ikul, assis sur le trône en train de discuter avec l’homme-Pyroli qui était chargé de la gestion du clan sur Renouveau, le frère de Neis. Pensif, le jeune Evoli n’arrivait pas à détacher son regard d’une tapisserie sur laquelle on pouvait voir deux Pyroli se battre. Deux frères. Kan et Ivan Ikul. Sa rêverie fut interrompue par l’entrée d’un homme-Pyroli dans la pièce, qui devait avoir à peine vingt ans. Caen Ikul. L’homme qui allait être couronné. Tout le monde s’écarta religieusement pour le laisser passer alors qu’il marchait d’un pas assuré vers le trône où se trouvait son père, avant de se prosterner devant celui-ci. Le roi Neis se leva alors de son trône, avant de se tourner vers son frère, le dirigeant de Renouveau, qui enlevait ses insignes de dirigeant tandis que Neis enlevait lui aussi ses insignes de pouvoir, ôtant sa large cape écarlate. Lentement, d’un geste solennel, l’oncle d’Ian déposa ses insignes sur Neis avant de s’agenouiller et de déclarer :

-Que tous mes titres, que toutes mes charges, que tout mon pouvoir revienne à celui qui les mérite, Neis Ikul, chef du clan, plus grand Pyroli de sa génération.

En même temps, Neis déposait sa cape sur les épaules de Caen, avant de lui offrir sa cimeterre, les deux trésors des Ikul et de déclarer :

-Que ta gloire n’ait d’égal que ton mérite, que ta force n’ait d’égal que ton courage, je te donne mon titre, je te donne mon rang afin que, pour toujours, notre Royaume réside entre les mains de l'Émérite. Caen Ikul, plus grand Pyroli de ta génération, te voici maintenant roi.


Ian eut un sourire amer. Il ne savait pas pourquoi il repensait à cette journée en particulier, alors que la voix de son père ne cessait de résonner dans son esprit.

-Neis : Seul le meilleur fils peut régner sur l’archipel. C’est cette sélection qui a fait la grandeur de notre famille.

Oui, il n’était pas comme son frère.

-Ce n’est pas que vous n’avez pas la même valeur. C’est que vous n’appartenez pas au même monde. Tu ne pourras jamais prétendre au titre d’Emérite.

Il le ressentait bien, là. Même après toutes ces années d’entraînement, il n’était même pas capable de se battre correctement sans ses pouvoirs. Il n’était même pas capable de défendre son peuple… Pire encore, il était incapable de prendre la bonne décision. Car il savait que tous les Gijinkas autour de lui auraient préféré qu’il refuse ce duel et laisse les habitants de l’avant-poste mourir. Lorsque son père lui disait qu’il ne serait jamais un émérite, cela ne signifiait pas qu’il ne serait jamais capable de diriger l’archipel. Cela signifiait qu’il n’aurait jamais le talent, la prestance, la force, le charisme d’un Roi. Qu’il ne serait jamais plus qu’un faire-valoir bon qu’à administrer les affaires du clan jusqu’à ce que Caen décide de reprendre les choses en main une fois son propre fils Emérite sur le trône. Voilà ce que cela signifiait.

-Ian, je peine à t’annoncer cette nouvelle mais… Caen est mort. Après avoir massacré une partie des habitants de l’archipel, les Légendaires ont pris l’ensemble de la capitale en otage. Cet Entei… Il avait posé des bombes partout. Ce n’était pas seulement les habitants qui seraient mort mais aussi toute la ville qui aurait été détruite, toute une histoire réduite en cendres… Il aimait trop son peuple et son archipel pour l’accepter et il a préféré se sacrifier. Tu es le fils de Neis, du dernier Émérite, tandis que j’ai échoué face à lui. C’est un cas exceptionnel mais ni moi ni mes enfants ne pouvons prétendre au trône… Il ne reste que toi. Tu es le seul à pouvoir régner sur cet archipel.

Il n’était pas comme son frère… Et pourtant, lui aussi était certainement en train de se sacrifier pour son peuple.

Malgré le choc du coup, sa tête qui tournait et tous ces souvenirs qui remontaient, Ian se remit en garde face à Sari.

Il n’était pas comme son frère mais il se souvenait qu’il avait commencé à fumer pour l’imiter. Il se souvenait que c’était lui qui lui avait appris à se battre avant qu’il ne parte à Shibusen. Il se souvenait que son frère lui avait dit en souriant que ses années de Disciples étaient les meilleures de sa vie. Il se souvenait de la fois où il lui avait dit qu’il avait du mal à comprendre le peuple de Kan Ikul aimait se sacrifier pour son Roi mais détestait que son Roi se sacrifie pour lui. Tout comme il avait du mal à le comprendre, lui aussi. Il n’était pas comme son frère… Mais ils avaient tous les deux un amour inconditionnel pour l’honneur et pour leur devoir de roi.

Il n’avait donc pas d’autre choix que de gagner ce combat et de réussir là où son frère avait dû abandonner. Il n’avait pas d’autre choix que de prouver à tous ceux qui le regardaient que, si les dons de la naissance ne l’avaient pas rendu digne de régner, son courage et les valeurs qu’il partageait avec son frère faisaient de lui un roi légitime. Il devait le prouver.


-Sari Vanu… Ces hommes que je protège aujourd’hui, je voudrais leur offrir le meilleur des règnes. L’échec… n’est pas une option.


https://www.youtube.com/watch?v=4rv40_hVQAo


L’homme Galeking eut un frisson qui parcourut tout son corps, le commandant ne lâchant plus son roi des yeux, ses mains fermement agrippées à son arme.

-Vous savez alors ce qui vous reste à faire. A Kan Ikul, pas de belles paroles…

Sari s’élança vers son adversaire, retentant la même attaque que précédemment qui avait grandement amochée l’homme Pyroli.

-... Que de grands actes.

Ian acquiesça, semblant bien plus serein et déterminé qu’auparavant, même lorsque le Galeking essaya de l’attaquer. Il avait pris le temps d’y réfléchir. Le marteau de son adversaire était plus redoutable que sa cimeterre en terme de puissance brute tout en ayant clairement une plus longue portée qui maintenait le Pyroli à distance à chaque fois. Mais cette portée… C’était sûrement ce qui pourrait gêner son adversaire si le combat devenait un véritable duel de corps-à-corps. Tout en n’écoutant que son courage, Ian esquiva le coup mais pas en bondissant en arrière ou sur le côté comme les autres fois. Cette fois-ci, il s’abaissa avant de se propulser en avant pour se retrouver à quelques millimètres du Galeking, loin du poids du marteau, avant de se relever à toute vitesse, son arme fendant l’air pour tenter de trancher le Galeking au niveau de la gorge. Sari fronça les sourcils, esquivant de peu alors que la lame lui éraflait la gorge et abîmait fortement son armure, du sang coulant sur l’acier. La réaction de Sari fut cependant instantanée, alors qu’il repoussait violemment son adversaire d’un lourd coup de pied dans le ventre, cherchant à le déstabiliser ainsi. Puis, il attaqua de nouveau de front, toujours avec une attaque circulaire, profitant du manque de stabilité de Ian. L’homme-Pyroli grimaçait, son visage tordu de douleur face à la brutalité du coup de pied de Sari. Il n’avait pas le temps de se remettre sur pied ou de récupérer ses esprits… Qu’importe, il devait esquiver. Alors qu’il chancelait légèrement à droite et à gauche, Ian se propulsa d’un coup vers le sol sur sa droite, avant de se relever le plus vite possible en essayant de pourfendre la jambe de son adversaire. Cependant, Sari avait anticipé le coup, et se laissant délibérément blessé à la jambe, l’homme Galeking enfonça le manche de son marteau dans les côtes de Ian, à l’endroit où il l’avait blessé plus tôt, dans un bruit d’os peu agréable. Le jeune Roi fut violemment projeté en arrière alors que du sang sortait de sa bouche, une violente quinte de toux le frappant tandis qu’il essayait de reprendre ses appuis. Un bout de côte brisée aurait très bien pu percer ses poumons mais il savait que si c’était le cas, il serait déjà mort. La douleur était insupportable… Mais il devait prendre sur lui. Il combattait pour son peuple, pour son titre. Il ne reculerait pas. Les paroles de son oncle lorsqu’il lui avait annoncé la mort de son frère ne cessaient de tourner dans son esprit. Il comprenait à présent. Il comprenait qu’il avait toujours sous-estimé ses adversaires avec prétention parce qu’il ne voulait pas avouer sa propre infériorité. Et il comprenait que cette infériorité qu’il avait toujours ressentie n’existait pas. Qu’il n’était pas là par hasard, qu’il n’était pas Roi par hasard… Et qu’il ne gagnerait pas ce duel par hasard. Alors que toutes ces pensées traversaient son esprit à toute vitesse, il reprit son souffle et se mit en garde. Il ne pouvait clairement plus courir vers son adversaire pour l’attaquer après une telle blessure. Mais il pouvait encore tout donner lorsque celui-ci attaquera à nouveau. Tout le public retenait son souffle, la tension étant à son comble. Seule Mirabelle avait un comportement différent, puisqu’elle commençait à avoir de plus en plus de gouttes de sueur sur son front, et haletait fortement. Ce fut à un point où elle commença à tituber et faillit s’effondrer sur le sable juste à côté de Basile. Le Roigada posa doucement sa main sur son dos, l’aidant à se stabiliser de manière rassurante avant de lui dire d’une voix douce :

-N’angoisse pas trop. C’est sans doute parce que tu n’as jamais vu Ian combattre… Mais crois-moi, il peut être remarquable. Tiens, rafraîchis-toi.

Tout en disant cela, il décrocha de sa ceinture une gourde remplie d’eau fraîche qu’il donna à l’Apireine, sans pour autant détacher son regard du duel, ses yeux rivés sur Ian alors qu’une expression solennelle régnait sur son visage. Mirabelle, cependant, fronçait les sourcils, se contentant d’une gorgée rapide de la gourde avant de rendre vivement celle-ci à Basile. Sari Vanu, lui, boitait légèrement en se tenant le coup, clairement aussi affligé par ses blessures que l’était Ian. Puis l’homme Galeking jeta un vif regard à sa femme et son fils, situés quelques mètres derrière, alors que les soldats Fermites ne lâchaient pas les deux combattants du regard. Le commandant soupira, et agrippa finalement de toutes ses forces son arme.

*Chérie… Mes enfants… Je suis désolé… Pour Kan Ikul.*

L’homme Galeking hurla de rage et s’élança dans une troisième attaque frontale et circulaire vers Ian, mais ce coup-ci, feinta en faisant un saut en l’air, imposant et lourd malgré la hauteur et la douleur que provoquait sa blessure à la jambe, afin de prendre Ian par surprise le frapper par au-dessus, pouvant anticiper une éventuelle esquive sur le côté grâce à son bluff. L’homme-Pyroli, qui était resté en garde et qui avait repris son souffle jusqu’à ce que l’homme-Galeking bondisse, plongea son regard dans celui du stratège et, au lieu d’esquiver comme il aurait dû le faire, se jeta sur son adversaire comme s’il se précipitait dans la gueule du loup, jouant le tout pour le tout en se rapprochant le plus possible avant de bondir lui aussi pour essayer de planter sa lame dans la gorge du Galeking, un des seul endroits qui n’était pas protégé par son armure. Un bruit désagréable de chair et d’acier résonna dans les environs, et les deux guerriers retombèrent au sol. Mais là où Ian retomba sur ses jambes, Sari, lui s’écroula au sol, ne donnant plus le moindre signe de vie. Un silence sinistre s’installa, alors que le fils de Sari prenait un air à la fois peiné et fier, et que sa femme versait des larmes muettes. Ian lança un regard peiné au Galeking qu’il venait d’assassiner, avant de ranger lentement son arme dans son fourreau et de dire à ses hommes :

-Si Sari Vanu a accepté ce duel, c’était pour défendre la vie de ces hommes. Il sera enterré avec les honneurs qu’il mérite.

Alors qu’il finissait sa phrase, Ian chancela subitement, le souffle court, avant de poser ses mains sur ses côtes brisées, une grimace sur son visage. Il releva avec difficulté son visage avant de plonger un regard à la fois fier et meurtri dans celui d’un Fermite et de déclarer :

-Et maintenant… Relâchez vos otages.

Les soldats Fermites regardèrent tous en même temps Ian de leur visage stoïque, restant interdits quelques secondes avant de répondre avec la voix résonnante de Suzan :

-Suzan : Eh bien, bravo, cher Ian Ikul. Vous avez gagné votre duel, et ceci en respectant toutes les conditions que je vous avais imposée sous peine d’élimination de vos compatriotes. Je ne m’attendais pas à ce que vos belles paroles soient suivies d’actes aussi impressionnants. Cependant…

Tous les visages des habitants de Kan Ikul s’écarquillèrent, autant du côté de l’avant-poste que des troupes de Ian, alors qu’ils voyaient ou sentaient les hommes Fermites commençaient un vif mouvement du bras.

-Suzan : … Je n’ai jamais dit que je les épargnerais si vous gagniez non plus.

*SLIIIIIIIIING*

Un bruit résonna de manière synchronisée dans le désert alors que chaque Fermite finissait son mouvement, pour trancher la gorge des habitants sous les regardes médusés et désemparés de Ian et ses compagnons. Un long silence macabre suivit cette action, tout le monde restant figé. Tout le monde y compris les soldats Fermites qui venaient de terminer leur mouvement. Suzan haussa les sourcils. Le bruit qu’elle venait d’entendre… Ce n’était pas un bruit de chair. Par réflexe, la femme Fermite fit regarder à chacun de ses soldats leur lame, pour y vérifier le sang de leur victime, et dans une synchronisation loufoque, écarquillèrent tous les yeux en voyant une couche de miel solide à la place du liquide rouge espéré.

-Suzan : Qu’est-ce que…

-Mirabelle : RAAAAH !!!



https://www.youtube.com/watch?v=Sv93yQE8bRo

La femme Apireine, silencieuse jusque là, plaqua ses deux mains l’une vers l’autre, et des pointes de miel jaillirent du miel sur lesdites lames, transperçant en plein crâne chaque Fermite en même temps, les abattant tous sans leur laisser le temps de réagir. Tous les habitants, ne comprenant pas eux-mêmes ce qui se passait, regardèrent ou tâtèrent des mains leur gorge, totalement indemne, et surtout, recouverte d’une couche de miel solide. Seul un soldat Fermite survécut, gravement blessé au visage et borgne, regardant la situation l’air décontenancé, alors que Mirabelle, totalement épuisée mais fière d’elle, se mit à sourire.

-Mirabelle : Merci à vous deux, Ian et Sari… Votre combat… a duré assez longtemps pour que je mette en place mon piège…

Suzan écarquilla les yeux, constatant avec l’oeil de son dernier homme les filées de miel au sol et montant le long des corps des habitants jusqu’à leur cou. La femme Fermite comprit alors. La femme Apireine avait discrètement passer son miel liquide dans le sol jusqu’aux différents habitants, puis l’avait solidifié entre la gorge de chacun et la lame de chaque soldat Fermite. Alors que la femme Fermite constatait cela, elle put alors voir Mirabelle, en sueur, voler jusqu’à devant elle, alors que tous les habitants partaient en sécurité au plus vite du côté de Ian et ses troupes.

-Vous savez, chère Suzan Carter, je vous observe depuis le début… Votre comportement face à Ian, votre attaque nocturne, votre ultimatum à l’instant… Je n’ai rien dit, mais j’ai pu vous analyser, et je pense que je commence à vous comprendre… Et en fait… Il me paraissait évident que vous ne laisseriez pas ces habitants vivre. Pas après avoir tout donné pour faire un maximum de morts, innocents ou non, lors de l’attaque de la capitale…

L’homme Fermite fronça les sourcils, avant de lâcher sombrement :

-Suzan : Mirabelle Thones… Vous avez pris le risque de contre-attaquer sachant que si je vous remarquais, je les éliminerais… C’est un risque inconsidérée…

-Mirabelle : Roh, pas tant que ça… Je pense avoir compris sans difficulté que vous ne voyez qu’à travers les yeux de vos hommes… Et vous étiez tout du long rivés sur Ian, afin de vous assurer que vous réussissiez votre domination sur lui~

-...

-Vous voyez, je vous l’avais dit… J’ai compris quelle genre de dirigeante vous étiez...


Le visage de Mirabelle devint soudainement très sérieux, alors qu’elle se penchait vers l’homme Fermite, le regardant de haut et avec mépris.

-La pire de toutes. Une personne qui ne pense qu’à la victoire et à la domination de ses adversaires. Peu vous importe la vie de vos hommes. Peu vous importe la vie de vos adversaires. Vous voulez juste gagner à la fin, peu importe les moyens. En fait vous n’êtes pas une dirigeante ou une conquérante. Juste une mauvaise joueuse.

Pour la première fois, le soldat Fermite afficha une expression sur son visage, une expression de colère intense, alors que Mirabelle continuait.

-Et ça, pour une personne comme moi et ce que j’ai vécu, rien ne m’insupporte plus. Il est hors de question qu’une personne comme vous gagne par dessus des personnes dignes du trône comme Ian ou Basile. Préparez-vous donc bien, Suzan Carter, car je vais venir vous chercher et vous faire payer vos crimes. Et comme en ce moment même, il va falloir… Vous habituer à être la dominée.

-Suzan : Espèce de…


*TCHAC*

Mirabelle ne laissa pas le temps à la femme Fermite de répondre, transperçant le crâne de son intermédiaire avec une pointe de miel. Suzan, depuis sa cachette, serra les poings et grinça des dents, retenant sa rage.

-Mirabelle… Thones…

La femme Apireine, de son côté, relâcha finalement la pression, commençant à tomber raide de fatigue après toute l’énergie qu’elle avait dépensé. En voyant cela, Basile se téléporta pour réapparaître sans un bruit derrière elle et l’épaula à nouveau, l’air fier et inquiet à la fois alors qu’il répondait :

-J’aurais dû comprendre tout à l’heure… Tu as été la plus maligne d’entre nous.

Mirabelle se contenta d’un sourire à Basile, semblant flattée et heureuse d’entendre ça, mais n’eut pas l’occasion de répondre, s’évanouissant de fatigue dans ses bras. Ian s’était approché lentement, inquiet lui aussi mais incapable de se dépêcher à cause de sa blessure, avant de remarquer que la Sinistre s’était évanouie avant qu’il ne puisse la remercier. Il eut un léger sourire en se disant qu’ils pourraient tous la féliciter en temps voulu. Enfin, il se retourna, faisant face maintenant aux habitants de l’avant-poste et à ses hommes avant de déclarer :

-Nous avons perdus des hommes. Nous avons perdus des héros. Cependant… Hier, je vous ai demandé de me suivre vers le triomphe ou vers la mort. Aujourd’hui, grâce à nos efforts communs, nous sommes TRIOMPHANTS !

L’homme-Pyroli avait prononcé ce dernier mot en levant son poing en l’air avant de s’exclamer, restant droit malgré la douleur :

-Ce soir toute la capitale, non, tout l’archipel célébrera les hommes qui l’ont libéré !
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MessageSujet: Re: Archipel Kan Ikul   Archipel Kan Ikul EmptyMar 26 Mai - 23:56

https://youtu.be/S4ro1_hC1gs

Ce soir là, l’ambiance dans la capitale de Kan Ikul était bien différente des autres journées que Ian avait pu y passer. Partout dans les rues, les habitants riaient et discutaient, un brouhaha chaleureux résonnant dans toute la ville alors que certains jouaient de la musique, que certains dansaient et que de grandes flammes, symboles de victoire, étaient allumées ça et là dans d’immenses coupoles en or sorties pour l’occasion. La journée avaient été longue, comme la nuit de la bataille. Ils avaient dû enterrer les morts. Prononcer les mots qui accompagneraient leur âme vers un au-delà potentiel et qui étaient plus là pour soulager les familles, les proches, que ceux qui étaient vraiment partis. Ils avaient dû rendre les honneurs à ceux dont la mort avaient permis le triomphe de tout un archipel. Et maintenant, après ces dures cérémonies, sobres, dénuées de pleurs, dignes comme le veut la fierté des habitants, les survivants se permettaient enfin de fêter à la fois l’arrivée de leur Roi et leur victoire. Il s’agissait d’événements très rares sur cet archipel. Même les cérémonies de couronnement ne suscitaient pas une telle effervescence populaire. La victoire, cependant, était toujours le moment de fêter et surtout de boire, à la mémoire des morts et aux exploits de tous. Même la garde royale dont les membres affichaient toujours un air solennel prenaient part aux festivités et se mêlaient à la foule des habitants ordinaires. Sur une des places centrales de la ville, les gijinkas ayant survécu à la vague suicide des Fermites ne cessaient de s’échanger leur version de l’histoire, la façon dont ils avaient vécu le siège. Abdel, l’homme-Tarinorme, sirotait un verre d’alcool en gardant un oeil sur son fils qui courrait partout en jouant avec d’autres enfants. Finalement, il lâcha dans un soupir :

-Notre survie tient du miracle. Mon quartier est proche des murailles et la plupart de mes voisins se sont fait égorgés par les Fermites quand ils ont déferlé sur la ville. Heureusement que le Roigada est intervenu au moment où un des soldats a voulu entrer chez moi. Et ensuite…

Il marqua une pause, un rare éclat d’admiration brillant dans son regard avant qu’il ne déclare :

-L’incendie des murs, tout de même, c’était quelque chose.

Le Gijinka releva la tête pour regarder son interlocuteur droit dans les yeux. Il ne parlait pas à Larmina. La femme Charmina faisait partie des victimes des Fermites, elle. Au fond, les familles pauvres, qui vivaient dans les quartiers excentrées, étaient celles qui contenaient le plus de victimes parmis les civils. Les familles nobles, qui avaient toujours eu une place de choix dans l’armée et dans la garde royale, déploraient leurs morts, eux aussi. C’était un moment étrange, de joie et de tristesse. C’était un moment d’unité. Un moment qui n’était possible que grâce à ce nouveau Roi qu’il avait tant critiqué sans le connaître. L’espace d’un court instant, le Tarinorme sembla ému. Les habitants de Kan Ikul célébraient les morts sans jamais les pleurer. C’était comme ça. Avant de finir son verre d’une traite, il le leva vers le ciel et s’écria :

-Vive le Roi, vive Kan Ikul !

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Dans le palais de la capitale, la fête battait son plein elle aussi, mais celle-ci était d’une toute autre nature. La résidence royale, d’ordinaire si sobre, avait changée pour retrouver un éclat digne de celui qu’elle avait lors du couronnement de Caen Ikul. Les plus belles tapisseries étaient exposées, des flammes dans des coupoles éclairaient les pièces et leurs donnaient une ambiance chaleureuse et tous les nobles et les commandants de l’archipel s’étaient réunis pour fêter la victoire et acclamer leur nouveau dirigeant. Ian était justement acculé dans un coin, une coupelle remplie d’alcool dans une main alors que de nombreux nobles dont il ignorait l’existence jusqu’à ce soir se pressaient autour de lui pour le féliciter, le flatter ou simplement échanger quelques mots pour les moins ambitieux. Les voix, les musiques, les danses, le bruit, tout envoûtait le jeune Pyroli qui ne savait plus où en donner de la tête, jusqu’à ce qu’une voix familière parviennent à ses oreilles :

-Mon Roi, il est temps pour moi de vous présenter à vos concubines.

-Quoi, maintenant ?

-Cela fait partie de vos devoirs, voyons.


Lentement, le Régent fit s’éloigner Ian de la foule de nobles qui l’entouraient, avant de l’emmener dans une autre pièce. Comme le protocole l’exigeait, personne ne pouvait voir les concubines à part le Roi et son conseiller. Le jeune Roi essayait d’expliquer quelque chose en grommelant, avant de constater que la pièce était vide. Il lança un regard interrogateur à son oncle qui eut un léger sourire avant de déclarer :

-Il fallait bien une bonne raison pour t’éloigner de tous ces rapaces. Tu apprendras que notre peuple est souvent plus noble que tous ces imbéciles.

-Il y avait une vieille femme Ossatueur qui essayait de m’expliquer qu’il valait mieux ne pas s’allier aux Légions.


Ian avait lâché ça d’un ton assez neutre, presque blasé, comme s’il n’en tenait pas vraiment compte. Son oncle, au contraire, semblait exaspéré. Le Disciple avait conscience du double jeu qu’impliquait souvent le pouvoir mais il était toujours impressionné de voir à quel point son oncle était capable de prendre sur lui en public.

-Ah, n’écoute pas les sornettes de la vieille Mallow, dans quelques mois elle ne sera plus là et c’est Bianca qui dirigera la famille. Les vieux contentieux n’ont plus de raison d’être maintenant. Enfin, ce n’est pas pour les critiquer que je t’ai fait venir ici.

Subitement et sans prévenir, le vieil homme-Pyroli posa ses mains sur les épaules du jeune Roi avant de le pousser vers lui pour lui offrir une accolade paternelle, avant de déclarer :

-Je suis fier de toi, mon garçon. Lorsque tu seras habitué aux moeurs de la cour, tu seras un grand Roi.

Ian recula de quelques pas lorsque le Régent le lâcha, l’air perdu comme quelqu’un qui n’a jamais l’habitude d’entendre ce genre de paroles, surtout venant d’un Ikul. Les rares compliments qu’il avait pu recevoir d’une figure paternelle venaient de Genkishi. L’oncle remarqua la confusion de son neveu avant de déclarer :

-Montrer ainsi nos sentiments ne fait pas vraiment partie de nos habitudes, j’en conviens. Avec l’âge, tu apprendras deux choses. Tout d’abord, à dissocier le Roi de l’homme, tant chez toi que chez les autres. Et enfin…

Le régent plongea son regard dans celui de Ian. Un regard unique, celui d’un homme qui a vécu énormément de choses et qui sait exactement ce que pense et ce que ressent le jeune homme en face de lui.

-L’avantage de ne pas être l'Émérite, c’est qu’on a le droit à l’erreur.

-... Eh ?


Avant même que Ian ne puisse poser plus de questions à son oncle, celui-ci afficha un sourire amical et poussa le Disciple en dehors de la pièce pour retourner dans la salle du banquet en lui mettant une petite claque sur le dos avant de lui dire :

-Sa Majesté devrait profiter de ce temps libre pour rejoindre ses amis tandis que règle quelques affaire avec les nobles locaux.

Le jeune Ikul afficha et sourire reconnaissant et acquiesça avant de partir dans la direction opposée de celle de son oncle pour rejoindre Basile et Mirabelle. L’homme-Roigada était dans une des chambres à l'étage, assis au chevet de la femme-Apireine qui avait toujours besoin de repos après la puissante attaque qu'elle avait utilisée dans la matinée et qui lui avait coûté une quantité considérable d'énergie. En voyant Ian arriver, Basile lui adressa un léger sourire avant de lui demander d'une voix calme :

-Alors, tu profites bien de ta soirée ?

-Maintenant que je suis avec vous, oui.


Le Roigada semblant surpris par la sincérité des paroles de Ian, comme si ce dernier relâchait enfin la pression et laissait tomber quelques instants son rôle de Roi pour redevenir un Disciple comme un autre, même au sein de son propre palais. Le jeune Ikul enchaîna :

-Cette fête honore tous ceux qui se sont battus pour sauver l'archipel. Je me sentais mal d'être loin de ceux qui m'ont le plus aidé.

Il se tourna ensuite vers la Sinistre avant de lui demander, d'un air préoccupé :

-Comment te sens-tu, Mirabelle ? Tes forces commencent à revenir ?

Cette dernière était en tenue de chambre, plongée sous les draps avec une serviette mouillée sur le front, ce qui semblait inquiétant au premier abord. Mais son sourire tendre et malicieux compensait cela, alors que Mirabelle rigolait doucement avant de répondre.

-Ouiiii, je vais très bien, ne vous inquiétez pas pour moi, c’est rien de plus qu’une grosse fièvre qui ne fait que descendre progressivement. Je serais totalement sur pied et apte à me battre d’ici un ou deux jours, selon vos médecins~

-Un ou deux jours...


Basile avait répété ces mots, l’air plus sombre et inquiet que d’habitude. Ian, au contraire, semblait plutôt rassuré.

-Ian : Tant mieux… En attendant, l’ensemble des servants sont à ton entière disposition. C’est pour le bien de notre archipel que tu t’es mise dans cet état, tu mérites donc le meilleur des traitements.

-Merci, Ian… Mais le meilleur des traitements, je l’ai déjà avec vous deux~


Mirabelle jeta un petit coup d’oeil à l’homme Roigada en disant cela. Malgré son air maussade, le Roi d’Aquatique ne put s’empêcher de sourire en entendant cela et en croisant son regard. Ian souriait à son tour, l’air amusé par la remarque bienveillante de la jeune femme avant de déclarer :

-Bien, je suis soulagé de te voir ainsi et je sais que Basile saura veiller sur toi. Malheureusement, mon rôle et ma qualité d’hôte me forcent à rejoindre mes invités… Prévenez-moi si vous avez besoin de quoi que ce soit.

Tout en terminant sa phrase, il leur fit un vague signe de la main pour les saluer avant de s’éclipser, l’air plus serein qu’il ne l’était auparavant. L’homme-Roigada, de son côté, semblait toujours préoccupé, comme s’il réfléchissait à quelque chose qui le contrariait avant de déclarer, d’une voix calme et flegmatique, dénuée de reproches :

-Je pense que tu en as vraiment trop fait… Il te faudra plutôt deux bons jours de repos qu’un seul pour être sur pied, pas vrai ?

-Mirabelle : … Roh, mon cher Basile, vous vous inquiétez vraiment trop pour moi… Je sais que mon pouvoir vous fait peur, enfin, ce qu’il pourrait faire sur moi, mais je sais en faire usage avec parcimonie. Vous auriez préféré que je laisse mourir tous ces prisonniers ?

-Bien sûr que non… Tu as fait ce qui était juste, après tout, en sauvant ces innocents. Mettre sa vie en danger pour protéger certains, c’est aussi ce qu’on apprends en tant que Disciples. Je suis fier de toi, Mirabelle.

Mirabelle laissa échapper un petit sourire amusé, l’air pensif, et regarda ailleurs :

-J’aurais aimé avoir un tel comportement quand c’est mon propre peuple qui avait besoin de moi…

Basile resta silencieux quelques secondes, comme s’il réfléchissait à un réponse appropriée. La souffrance d’une jeune femme qui avait dû abandonner son peuple, d’une noble qui a tout perdu, c’était quelque chose qu’il ne pouvait pas réellement comprendre. D’une voix plus douce et rassurante que d’habitude, il répondit :

-Tu étais jeune lorsque tu as vécu cette tragédie, n’est-ce pas ? Tu ne devrais pas… Te sentir responsable de ce qui ne dépend pas de toi. Cette fois-ci, tu as pu sauver des vies et tu l’as fait… La grandeur de tes actions est la véritable marque de ta noblesse.

Mirabelle afficha un léger sourire triste, et répondit :

-C’est vraiment gentil… Mais vous vous trompez. Il n’y a pas d’âge pour devenir un roi ou une reine, cela peut même arriver de manière prématurée. J’aurais du être prête. Le jour où mes conseillers ont décidé de me faire quitter l’archipel le temps que tout se calme, j’aurais dû refuser. Le jour où j’ai entendu des rumeurs venant de cet archipel, j’aurais du y retourner de suite. Le jour où j’y suis allé, et que tout mon peuple avait été décimé jusqu’au dernier, j’aurais dû m'ôter la vie pour punir ma faiblesse. Mais je n’ai rien fait de tout cela. Et aucune vie que je sauverai aujourd’hui ne repentira la disparition de tout un peuple.

La femme Apireine regardait ailleurs, son sourire triste refusant de quitter son visage alors qu’une larme coulait sur sa joue.

-Regardez-moi… Je n’ai rien appris de notre rencontre et de cet entraînement. Il suffit d’une légère fièvre et d’un moment de faiblesse, et je suis déjà replongé dans le regret et la culpabilité. Je suis vraiment pathétique…

Basile écouta calmement la femme-Apireine, l’air concerné et touché par ses paroles. En ces temps troubles, il était en effet courant d’arriver sur le trône avant l’heure, dans la précipitation, suite à la mort d’un proche. Cependant, lui qui avait toujours été prêt pour régner depuis son évolution en Roigada, depuis qu’il était devenu Basile Légion, il ne savait pas s’il pouvait comprendre le désarroi dans lequel ces événements avaient pu jeter ses deux camarades. Ce qu’il pouvait comprendre, cependant, c’était la façon dont son coeur se serrait en voyant la larme de la Sinistre, en entendant ses paroles. Ce qu’il pouvait comprendre, non, ce qu’il savait, c’était que…

-Tu es une femme formidable, Mirabelle.

Il avait laissé échapper cette réflexion à voix haute, alors qu’il se levait pour se rapprocher de la jeune femme, plongeant un regard sérieux et passionné qui tranchait avec sa flegme habituelle dans celui de l’Apireine.

-Que ce soit lors de notre première rencontre ou ce matin, je vois une telle détermination et une telle noblesse en toi. Même maintenant, l’idée que tu sois faible ou pathétique ne m’a jamais traversé l’esprit… Parce qu’au contraire, je vois en toi le calme, la force et l’abnégation dont rêvent les plus grands monarques.

Mirabelle se contenta d’un soupir amusé en entendant ces mots, puis plongea son regard malicieux et d’un jaune perçant hypnotisant dans celui de l’homme Roigada.

-Tss… Je ne puis rétorquer… Vous êtes comme toujours un bien doué flatteur…~

Le Roigada lui souriait de façon douce et sincère alors qu'il répondait :

-Les flatteries sont mensongères… Pas mes paroles. Ni mes actes.

Alors, alliant définitivement l'action à la parole, il se pencha vers la jeune femme et l'embrassa tendrement, comme pour lui faire ressentir toute la passion et l'admiration qu'il avait pour elle. La femme Apireine ne sut comment réagir, ne voulant en aucun cas interrompre la pensée de son interlocuteur, alors qu’elle se laissait faire et emporter avec cette vague de chaleur.

*Ma fièvre… est peut-être plus forte que je ne le pensais…*


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https://youtu.be/rrt2vJOtpLs

Le lendemain, Basile quitta discrètement la chambre de la femme-Apireine qui dormait encore, pour rejoindre Ian dans la salle du trône. Malgré sa démarche tranquille et la soirée délicieuse qu’il venait de passer, le jeune Roi d’Aquatique avait le regard plus sombre qu’à l’accoutumée, l’air sur les crans alors qu’il réfléchissait, avant d’afficher une expression plus amical en voyant son ami Pyroli. Ce dernier lui afficha un grand sourire en retour, avant de lui demander :

-Je vois que Mirabelle n’est pas avec toi, j’imagine qu’elle a toujours besoin de repos.

-Oui, sa fièvre n’était toujours pas descendue ce matin.


Le Pyroli acquiesça, comme s’il s’y attendait. Basile comprit alors que Ian avait certainement caché son inquiétude hier pour ne pas gâcher les efforts de Mirabelle lorsqu’elle disait qu’elle allait mieux. Comme pour confirmer cette pensée, le descendant d’Ikul déclara :

-Je m’en doutais… Elle en a trop fait mais c’était pour le bien de mes sujets. C’est à nous de nous ratrapper maintenant. Tu as…

Le Disciple s’arrêta, comme s’il n’osait pas finir sa phrase, pour ne pas brusquer son ami. Même si Basile faisait de son mieux pour paraître le plus détendu possible, Ian sentait que le jeune homme était préoccupé par ce qui était arrivé à son archipel et que, depuis, une expression sombre flottait souvent sur son visage ou dans son regard. Finalement, il poursuivit, d’une voix plus douce :

-J’imagine que tu penses souvent à Aquatique.

-Je ne pense qu’à ça.


La réponse du Roigada avait été simple et rapide, presque brutale. Il se ravisa ensuite, avant de continuer d’un ton plus nonchalant :

-Oh, excuse-moi. Bien entendu, j’étais aussi préoccupé par l’avenir de ton peuple et je ne t’ai pas aidé à contrecoeur. Mais même au milieu de la mêlée, j’étais incapable de ne pas penser à ce que ces Fermites ont dû faire à ma ville, à mes sujets, à mon archipel.

Ian acquiesça, l’air grave. Il avait déjà ressenti de la colère et de la détresse lors de la bataille, il ne pouvait imaginer ce que ressentait le jeune Légion qui, d’une certaine manière, avait déjà perdu. Il pouvait cependant prendre sa revanche. Et il ferait tout pour l’aider. Sans un mot, il se retourna et comme ça à marcher, Basile le suivant de près, jusqu’à ce qu’ils entrent dans la salle de réunion, celles où ils avaient déjà mis en place la stratégie pour défendre la capitale. Dans la pièce se trouvaient, comme la dernière fois, l’oncle de Ian ainsi que Bianca Mallow et Sael Jamal. En plus d’eux, l’ensemble des mercenaires Scorvol et Bastiodon était présent, accompagné par les membres de l’armée et de la garde royale. Presque une centaine d’hommes, pour la plupart ceux qui les avaient déjà accompagnés lors de l’affrontement entre Ian et Sari Vanu. Au centre, près de la table sur laquelle était gravée la carte de Kan Ikul, se trouvait une femme-Kaorine qui fouillait dans une caisse en bois, avant d’en sortir une carte poussiéreuse d’Aquatique qu’elle déroula sur la table pour que tout le monde puisse la voir. Basile haussa un sourcil en s’approchant, l’air intrigué. Il n’y avait rien d’étonnant à ce que d’anciens adversaires aient une carte de son archipel pour planifier les attaques mais celle-ci était incroyablement datée, certaines informations étant inexactes depuis. Mais ce serait suffisant pour établir une stratégie. Ian se retourna vers le Roigada après avoir lancé un regard circulaire sur les différentes personnes présentes avant de déclarer :

-J'ai réuni tous les bons éléments qui nous restaient et j'ai demandé à ce qu'on retrouve les cartes d'Aquatique. J'ai tout mis en place pour qu'on attaque le plus tôt possible… C'est à notre tour de de t'aider à récupérer ton archipel.

Certains soldats acquiescérent, comme pour montrer qu'ils étaient d'accord avec les propos de leur Roi mais Basile pouvait voir certains regards sceptiques qui le scrutaient, jusqu'à ce qu'un Sablaireau déclare :

-Je pense que nous sommes tous d'accord pour dire qu'il serait injuste de ne pas payer notre dette, mais… Justement, cet homme nous a aidé à protéger notre capitale et nous devrions l'aider à récupérer tout un archipel ?

Ian sembla tiquer en entendant cette remarque alors que Basile ne réagissait pas, comme s'il s'y attendait. Bianca Mallow croisa les bras, l'air sévère et sceptique elle aussi avant d'ajouter :

-Si nous avons eu tant de mal à défendre une ville avec une véritable armée et des renforts, nous n'arriverons pas à récupérer un archipel déjà tombé avec moins de cent soldats. C'est peine perdue.

Le Roi de Kan Ikul s'apprêta à réagir mais la femme Ossatueur ne lui laissa pas cette chance, ajoutant comme pour l'achever :

-Vous êtes le dernier descendant direct de Neis Ikul. Si nous vous perdons, nous perdons toute l'histoire et les traditions de notre archipel. Soyez raisonnable, je vous le demande pour votre propre bien.

Basile resta silencieux, se contentant d'écouter, tandis que Ian ne savait quoi répondre face à un tel argument, jusqu'à ce que Sael déclare à son tour, pour prendre la défense des deux Rois :

-Enfin, je vous le demande, n'aurions nous aucun honneur, au point d'abandonner un homme sans qui nous aurions tous péri ?

-L'honneur n'a aucun intérêt lorsqu'il mène vers la mort.


Chacun se retourna, surpris d'entendre ces mots prononcés par le Roi d'Aquatique lui-même. Il avait dit cela d'un ton amer mais pragmatique, avant d'enchaîner avant que quiconque ne puisse contester :

-Je ne crois pas qu'il soit utile d'argumenter avec des concepts aussi vagues que l'honneur. Vous avez été très braves de vous battre ainsi du jour au lendemain pour votre archipel, je ne peux pas vous demander d'en faire autant pour moi.

Le jeune prince sortir une brique de lait de coco de sa poche et y planta une paille avant de déclarer :

-Mais dans ce cas vous allez mourir, tôt ou tard. Nous les avons repoussé. Ils reviendront. Tout ce que nous pouvons faire, c'est les attaquer tant qu'ils sont perturbés par notre victoire pour mieux les repousser. S'ils ne reprennent pas cet archipel de suite, ils finiront par en prendre un autre, puis un autre, jusqu'à revenir bien plus puissants, insurmontables. Et alors, il n'y a aura aucun survivant.

Les remarques du Roigada, froides et pragmatiques, semblaient mettre certains contestataires mal à l'aise, comme s'ils ne savaient pas vraiment quoi répondre.

-Basile : Est-ce vraiment ce que vous voulez ? Si nous essayons de reprendre Aquatique, vous vous mettez en danger mais si nous les laissons récupérer leurs forces, nous signons notre arrêt de mort. Vous avez vu mes pouvoirs, je ne saurais pas égaler les Fermites en nombre si elles sont trop nombreuses mais avec moi nous n'aurons pas quelques troupes mais une armée. Ça vaut la peine d'essayer.

-...


Un long silence pesant s'installa dans la pièce, tous les regards rivés sur le Roigada qui restait calme malgré la pression, jusqu'à ce que Ian declare :

-Nous serons au moins deux à y aller. Pour l'avenir de ton archipel comme du mien.

L'homme-Camerupt en charge de la garde royale acquiesça, avant de répondre :

-Protéger le Roi a toujours été la raison d'être de la garde royale. Je ne peux que vous accompagner.

Ce fût autour des mercenaires de se concerter silencieusement, en quelques regards, avant que l'un d'eux déclare :

-Nous vivons pour nous battre et nous nous battons pour vivre. Vous pouvez compter sur nous.

L'attention se porta alors sur la chef de l'armée. Celle-ci acquiesça lentement, semblant toujours intransigeante tout en prenant en compte les paroles de chacun, avant de dire sobrement :

-Vous avez ma confiance et ma force. Mais il nous faut un plan efficace pour compenser nos faiblesses.

-Bien entendu.


Le Roigada avait répondu en se dirigeant vers la carte, qu'il regardait d'un air concentré, plongé dans une intense réflexion.

-Ian : Je pense que nous y réfléchissons tous les deux depuis que nous savons que cet archipel a dû capituler. Nous n'aurons certainement pas de renforts à Aquatique, n'est ce pas ? C'est pourquoi il vaut mieux ne pas être trop ambitieux mais continuer à déstabiliser l'adversaire.

-Je suis d'accord…


Basile avait répondu lentement, ses doigts parcourant la carte jusqu'à s'arrêter sur une île particulière qui semblait attirer son attention.

-Le but sera principalement de percer leur défense. Ils n'ont pas réussi à percer la nôtre ici. Si nous arrivons à le faire, ils seront affaiblis et déstabilisés. Ensuite, ce ne sera plus qu'une question de temps avant qu'on récupère l'ensemble de l'archipel.

-La capitale sera donc notre objectif final … C'est plus simple comme ça en effet. Il faut les acculer le plus possible sans leur laisser l'occasion de nous écraser ou de nous prendre à revers.


Ian avait prononcé ces paroles en s'approchant de la carte à son tour, pour appuyer les propos du Roigada et suivre le fil de sa réflexion. Sael fronça légèrement les sourcils, avant de demander :

-Mais est-ce qu'on peut vraiment percer leur défense sans attaquer la capitale ?

-Eldi.


Basile avait prononcé ça avec plus d'assurance qu'à l'accoutumée. Après une longue étude des différentes possibilités, il avait posé son index sur cet île au sud-est de l'archipel.

-Cette île est une des régions les plus importantes de l’archioel. Le port en fait un centre économique important mais surtout elle abrite plus de bases militaires que les autres, nous avons tendance à la considérer à Aquatique comme notre réserve de soldats. A tel point que la milice dit que l'île entière est son QG.

Le Roigada montra tour à tour trois bases militaires sur l'île avant de faire un signe de cercle autour d'un port au bord d'un grand lac.

-Il faut réfléchir à une disposition mais je pense qu'il faudra attaquer au moins ces points stratégiques pour récupérer l'île. Grâce à mon pouvoir, je pourrais certainement être présent sur chaque lieu pour vous guider. La priorité doit être mise sur les bases militaires selon moi.

Ian secoua la tête, semblant désapprouver avant de déclarer :

-On n'arrivera pas à attaquer les quatres en même temps. S'il faut se concentrer sur les bases militaires, on le fera tous ensemble pour augmenter nos chances de victoire.

Basile fronça les sourcils, semblant hésiter quelques secondes. Ian n'avait pas tout à fait tort. Le pouvoir de la Légion serait moins puissant s'il se dispersait et il n'avaient pas beaucoup d'hommes. Sael, qui avait écouté silencieusement, ajouta :

-Si nous voulons être le plus efficace possible, il faut attaquer la base la plus importante en premier et le reste tombera plus facilement.

Chacun acquiesça : rien n'aurait pu être plus terrible que de faire face à la base la mieux gardée avec une armée démotivée ou décimée. A force de discussion, la stratégie se dessinait de plus en plus, jusqu'à ce que Basile et Ian acquiescent ensemble en s'échangeant un regard assuré.

-Ian : Nous sommes peu nombreux et nous faisons à nouveau face à un grand danger… Mais bientôt, grâce à nous, Kan Ikul, Aquatique mais aussi l'ensemble des autres archipels seront délivrés de cette menace. Cette fois-ci, pour Aquatique…

Chacun leva son poing, même les plus sceptiques semblant stimulés et plein d'espoirs face au plan des monarques, avant de s'écrier d'une seule et même voix :

-Vers le triomphe ou vers la mort !

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MessageSujet: Re: Archipel Kan Ikul   Archipel Kan Ikul EmptyDim 31 Mai - 0:21

https://www.youtube.com/watch?v=06_hpk2Pe0w

Un vent aride soufflait sur les plaines désertiques de Kan Ikul et soulevait le sable dans de vastes tourbillons qui donnaient un air particulièrement austère à l’archipel alors que les troupes qui revenaient d’Aquatique se posaient devant la porte imposante et les larges murs de la capitale. L’obscurité nocturne s’amenuisait à mesure que le soleil commençait à se lever, aucun bruit si ce n’est celui du vent ne troublait le calme de la nuit. Aucun bruit… Pas une seule parole n’était prononcée par l’ensemble des soldats. Basile, lui, avait définitivement retrouvé ses esprits mais restait impuissant, incapable d’utiliser le moindre de ses pouvoirs. Il n’osait pas dire quoi que ce soit. Silencieusement, Bianca Mallow fit un signe aux gardes qui patrouillaient depuis les remparts pour qu’ils viennent ouvrir les portes de la ville. Un bruit sourd et lourd accompagné d’un léger grincement résonna dans la nuit alors que les portes s’ouvraient. Les soldats entrèrent, l’air sombre. Ils formaient un bien funeste cortège alors que les gardes les observaient, cherchant du regard Ian et Sael avant de prendre un air perturbé ou interrogateur en constatant leur absence. Aucun d’eux n’osait s’approcher des soldats pour leur demander ce qui s’était passé. Ils marchèrent ainsi jusqu’au palais, Basile sentant une tristesse mêlée de culpabilité monter en lui alors qu’il observait la ville. Dans cette obscurité et dans ce silence pesant, la ville semblait morte. Privée de sa lumière. Alors qu’ils entraient dans le palais, toujours sous le regard inquiet des gardes tenaient les portes, le Régent, accompagné de ses propres gardes, s’avançait vers les troupes. Sa démarche hâtive trahissait son inquiétude, malgré le calme qui régnait sur son visage.

-Alors, qu’en est-il ? Et… Où est notre Roi ?

-Nous avons échoué, Votre Altesse.


Bianca avait prononcé ces mots d’un ton neutre, presque sec, comme un soldat qui ne fait que son rapport. Pourtant, ces quelques mots suffirent au Régent pour comprendre, son visage se tordant de douleur et d’effroi alors qu’il demandait, comme s’il n’arrivait pas à y croire :

-Pourquoi… Me nommez-vous ainsi ?

-Nous avons essuyé de lourdes pertes, Votre Altesse. Parmis elles… Les valeureux Sael Jamal et Ian Ikul. Il me semble que vous êtes son héritier et que ses titres et ses biens vous reviennent de droit.

-...


L’oncle d’Ian resta interdit pendant plusieurs secondes. Malgré ses efforts, tout le monde pouvait lire la douleur qui le frappait en plein coeur lorsqu’il entendait les paroles de l’Ossatueur. Ce garçon qu’il chérissait comme s’il s’agissait de son fils, ce jeune prince dans lequel il s’était souvent retrouvé tant il lui ressemblait, cet espoir, non seulement pour lui mais pour tous les sujets de l’archipel… S’était donc éteint. En voyant l’expression troublée et atterrée sur le visage du Pyroli, Basile avait l’impression de sentir une part de lui mourir. Il se sentait responsable… Mais d’une certaine façon, il ne savait pas pourquoi. Il y avait encore certains passages qui étaient trop troubles pour lui.

-Sont-ils…

Le vieux Pyroli s’arrêta, sa voix étranglée par l’émotion, avant qu’il ne retrouve sa contenance et demande :

-Sont-ils au moins morts en héros, en protégeant les leurs ?

Cette fois-ci, un léger silence suivit la question pendant quelques secondes, la guerrière semblant hésitante avant de déclarer :

-Sael est mort pour protéger son Roi. Notre Roi est mort pour protéger son ami. Il me semble que les deux ont été dignes et valeureux.

-... Je vois.

-Hein ?


Basile avait prononcé ce mot à voix basse en entendant la réponse de Bianca. Ian était mort… En protégeant son ami ? Elle ne pouvait pas parler de quelqu’un d’autre que de lui. Est-ce qu’il s’était sacrifié pour lui permettre de fuir avec la Légion ? Est-ce qu’il avait placé tous ses espoirs en lui de cette manière ? Est-ce que… Est-ce que son impuissance avait vraiment mener son camarade à sa perte ? Il comprenait maintenant. Cette sensation de malaise qu’il ressentait depuis le début n’était pas seulement liée à la défaite. Personne ne le regardait… Ou plutôt chacun des soldats le fuyait du regard, comme s’il était maudit ou banni, depuis qu’ils avaient quitté Aquatique.

-Bianca : Je devrais assumer la totale responsabilité de ces pertes.

Chacun sembla étonné par les paroles de l’Ossatueur, presque gêné, alors que le Régent s’empressait de répondre :

-Voyons, Commandant Mallow, ne soyez pas si dure envers vous-même… Si vous étiez restés pour essayer de protéger le Commandant Jamal et… Et Ian, nous aurions certainement perdu nos trois meilleurs éléments.

-Je ne faisais pas allusion à cela, Votre Altesse.


Pour la première fois, la voix de la femme-Ossatueur tremblait, sans qu’il soit possible de comprendre s’il s’agissait de colère ou de tristesse alors qu’elle continuait :

-Lors de la réunion… Je savais que Sael et le Roi attendaient mon accord et je l’ai donné. Lorsque j’ai pensé à tout ce que ma Matriarche avait pu me dire au sujet d’Aquatique et des Légion, j’ai pensé qu’il était temps de passer à autre chose et de s’unir face à une telle menace. J’ai accordé ma confiance à… A cet homme.

Les trois derniers mots avaient été prononcés avec un dégoût qui glaça le sang de Basile mais ce ne fût rien par rapport au regard que lui lança la commandante lorsqu’elle se retourna vers lui. Un regard empli de rage alors qu’elle déclarait avec un profond mépris :

-Faire confiance à un tel homme, capable de retomber en enfance à la moindre secousse et qui finit par dépendre de ceux qu’il voulait protéger… A cause de cette erreur, nous n’avons plus notre Roi mais nous avons parmis nous ce Roi sans royaume ni couronne. Jamais je ne pourrais me le pardonner.

Alors, comme si elle sentait qu’elle était sur le point de craquer et de montrer à tous la profonde tristesse qu’elle ressentait, la femme-Ossatueur décida de partir, lançant un dernier regard, semblable à un avertissement, au Roigada avant de quitter la pièce pour gagner ses quartiers personnels. Le Régent, lui, semblait décontenancé. Malgré les propos de la commandante et la perte d’un être cher, il devait garder la face. Son regard se porta sur Basile. Il était le premier à oser regarder le Roigada depuis des heures. Il avait l’impression de voir un Roi déchu, un homme humilié et rongé à la fois par le regret et l’inquiétude. Un triste spectacle qui contrastait avec l’attitude du jeune homme ces derniers jours, toujours calme et flegmatique même en pleine bataille. Comment devait-il réagir ? Si son neveu était véritablement mort en le protégeant… Alors, il ne pourrait pas le porter responsable mais cela ne pourrait être sans conséquence. Au bout de presque une minute de silence, il s’éclaircit la voix avant de déclarer :

-Je suppose que ce fut une expérience douloureuse et épuisante pour chacun d’entre vous. Vous pouvez bien évidemment tous loger au palais. Après cette défaite, il sera nécessaire de se préparer à une nouvelle invasion de Fermites… Mais pour l’instant, vous feriez mieux de dormir. Rompez.

Tous les soldats s’en allèrent, l’air maussade et sans prononcer un seul mot, le silence régnant à nouveau alors que Basile restait là, immobile, comme paralysé. Où devait-il aller ? Dans la chambre de Mirabelle ? Est-ce qu’il serait capable de la voir, de lui parler, de lui dire ce qui s’était passé ? Avait-il même le droit d’être encore ici, dans le palais d’un Roi prometteur et mort par sa faute, sous le regard de l’oncle de son ami, qui était toujours là et ne bougeait pas lui non plus ? Lentement, il baissa son regard sur sa main droite et l’ouvrit pour observer le cristal qu’il tenait si fermement. Ian était le seul à savoir son secret… C’était lui qui avait dû récupérer le cristal et lui dire de le tenir fermement. La lumière rouge pulsait doucement, comme un coeur qui bat. La Légion… La bénédiction et la malédiction de toute une dynastie. Il avait envie de hurler, de jeter ce cristal de malheur loin de lui et de ne plus jamais le voir mais il savait que s’il faisait ça, non seulement il redeviendrait Ismaïl, cet être pitoyable et imbécile mais en plus il salirait l’honneur et la mémoire de son ami qui s’était sacrifié pour qu’il puisse redevenir Basile Légion. Lentement, il ferma les yeux en essayant de se concentrer sur sa respiration pour se calmer. La colère descendait doucement mais rien ne pouvait combler le vide, la peur et le manque causé par l’absence de son ami. Le jeune Disciple releva la tête pour plonger son regard dans celui du Régent. Le Pyroli avait l’air calme, presque imperturbable malgré la situation. Au bout d’un moment, il prononça, d’une voix noble mais austère :

-Mon garçon… Tu as sauvé notre ville et sans doute notre archipel tout entier. Tu es libre de rester ici le temps que tes blessures et celles de ton amie soient guéries. Cependant… Je pense qu’il vaudrait mieux que tu quittes l’archipel au plus vite.

-Bien… Je comprends.


Basile avait prononcé ces paroles avec beaucoup de peine, comme s’il avait encore un peu de mal à prononcer des phrases cohérentes et intelligibles ou comme s’il était encore sonné par ce qui venait de se passer. Au bout de quelques secondes à rester là, figé, incapable de bouger, il répéta d’une voix vide et triste : “Je comprends.” En voyant cela, le Régent poussa un léger soupir avant de quitter les lieux sans dire un mot de plus. Un rictus désespéré se forma sur le visage du Roigada. Ce vieil homme devait le trouver détestable et pathétique mais il avait trop d’honneur pour lui refuser toute hospitalité après la défense victorieuse de la capitale. Il ne devrait pas trop en profiter. Tout ce qui comptait, c’était que Mirabelle aille mieux et n’ait plus besoin d’être alité. Ensuite, ils partiraient… Si elle acceptait encore de le suivre quelque part. S’il y avait encore un endroit où aller et quelque chose à faire. Il ne supporterait ni le regard de son Maître ni le regard de ses camarades s’il retournait à Shibusen. Il serait incapable de reconquérir Aquatique à lui tout seul, encore moins sans couronne pour catalyser le pouvoir de la Légion. Il… N’avait plus rien à faire. Il ferait mieux de fuir et de tout quitter. C’était sans doute la solution la plus raisonnable et la moins douloureuse sur le long terme. Son regard s’arrêta à nouveau sur le cristal dans sa main mais aussi sur les débris de couronne qu’on lui avait donné. Ah, bien sûr. Il était incapable de consulter la Légion pour y trouver conseil. Il n’y avait que lui maintenant. Il était le seul qu’il pouvait écouter… Et malgré tout, de façon presque égoïste, toutes ses pensées le ramenait à Mirabelle. Même s’il devait lui annoncer une terrible nouvelle, même si elle allait sûrement le renier et le détester, il avait envie de la voir. Plus que tout, il avait besoin d’être auprès d’elle. Alors, lentement, le pas lourd, comme si un terrible poids l’entravait, il monta les marches de l’aile ouest du palais jusqu’à arriver devant la porte de sa chambre.

https://www.youtube.com/watch?v=QvvuWefggR8

Sans toquer et sans faire le moindre bruit pour ne pas la réveiller si jamais elle dormait, il ouvrit la porte, dans l’espoir de pouvoir s’asseoir à ses côtés et de pouvoir profiter de quelques instants paisibles en la voyant dormir. Mais bien sûr, Mirabelle était réveillée. Elle était là, debout dans la chambre, inquiétée par ce qu’elle avait vu à la fenêtre, et s’approcha immédiatement de Basile lors que celui-ci entra dans la pièce.

-Mirabelle : Basile… Que… Que s’est-il passé… ?

-...


Le Roigada resta silencieux pendant de longues secondes, comme paralysé, avant de murmurer quelque chose, d’un souffle si faible qu’il était inaudible. Enfin, comme s’il comprenait seulement au bout de quelques temps qu’il n’avait fait que soupirer quelques mots, il répéta, plus fort, d’un ton vide et triste :

-J’ai tout perdu. Ma couronne… La Légion… Ian… J’ai foncé droit dans leur piège et j’ai tout perdu.

La femme Apireine écarquilla les yeux, trop choquée et bouleversée pour trouver quelques mots de réconfort pour son compagnon. Ainsi, ne trouvant la parole, la Sinistre se laissa aller à son instinct, et se plongea dans les bras de Basile dans un câlin se voulant le plus réconfortant possible. Il y eut un long moment de silence où les deux restèrent immobiles. Puis Mirabelle s’éloigna un peu de lui et répondit finalement :

-Allons nous asseoir… Racontez moi tout dans les détails…

-Je… Oui, je ferais mieux de tout expliquer dès le début.


Le regard du Roigada se porta sur les restes de la couronne qu’il portait encore sur lui et sur son poing qu’il fermait toujours avec autant de force par peur de perdre à nouveau le cristal, de faire tomber les débris à nouveau et de voir symboliquement sa couronne se briser une deuxième fois. Jamais… Il ne voulait jamais que Mirabelle ou que qui que ce soit d’autre le voit à nouveau ainsi. Lentement, il alla s’asseoir sur le lit à côté de la femme Apireine et commença à tout expliquer, de façon un peu confuse à cause du choc mais en essayant de n’omettre aucun détail : le début de l’attaque, le piège tendu par Spiritomb, le sacrifice de Ian et de Sael.

-Lorsque je perds mes… Facultés, je ne me souviens plus de rien au moment où je retrouve mes esprits. Malgré tout, avec les paroles de cette femme-Ossatueur, j’ai pu comprendre que Ian avait dû venir me secourir, récupérer les morceaux de la couronne et mon cristal…

Il marqua une légère pause, le regard au loin, vidé de tout espoir, avant de déclarer, d’une voix plus basse et morne comme s’il pensait à voix haute :

-Il était le seul à être au courant pour la Légion de toute façon… Il n’y a pas d’autre scénario envisageable.

-... Ian...


Mirabelle resta interdite quelques instants, clairement affectée par la mort de leur compagnon d’arme et de royauté. La femme Apireine laissa échapper un soupir de tristesse, puis tendit ses mains vers Basile :

-Donnez-moi… Vos morceau de couronnes, s’il vous plaît.

Une expression profondément peinée s’afficha sur le visage de Basile lorsqu’il entendit la jeune femme répéter le nom de leur camarade. La disparition de Ian, la tristesse de Mirabelle mais aussi de tout un peuple, tout était sa faute. Il devrait porter tout ce poids sur ses épaules jusqu’à la fin de sa vie. En entendant la requête de l’Apireine, il ramassa lentement, avec sa seule main de libre, les débris de couronne avant de les déposer devant sa compagne.

-Je doute qu’elle soit réparable.

-Ca vaut la peine d'essayer.


Du miel surgit des manches de la robe de chambre de la Sinistre, commençant à se répandre sur les débris de la couronne.

-De toute évidence, le peuple de Kan Ikul ne nous aidera pas vu leur situation… Et maintenant… ? Qu’est-ce qu’on fait ?

-Sincèrement, je l’ignore… Je voudrais simplement disparaître de la face du monde. Et en même temps… Si nous quittons l’archipel, ils ne résisteront jamais à une nouvelle invasion de Fermites.

-... Je vois...


La femme Apireine regarda ailleurs, puis fixa de nouveau l’homme Roigada sérieusement, et lâcha finalement :

-Ils ne survivront pas à une nouvelle attaque, ça ne fait aucun doute. Et ce que tu m’as dit… Ton peuple ne survivra pas longtemps à leur domination. Ils n’ont pas hésité à sacrifier plusieurs d’entre eux pour arriver à leurs fins.

-Arriver à leurs fins…


Le jeune Roi avait répété ces mots, l’air sombre et pensif, presque ailleurs, comme s’il revivait en boucle le moment où Spiritomb a brisé sa couronne et les paroles de Bianca Mallow. Finalement, il répondit, d’une voix lasse et fatiguée :

-Qui pourra les en empêcher ?  Ils ont compris mon point faible. Ils ont compris que… sans la Légion, je ne suis plus rien. Plus rien qu’un imbécile pathétique et dégoûtant.

Mirabelle fronça les sourcils, semblant clairement renfrognée face aux paroles de l’homme Roigada. Elle reste silencieuse un instant, puis lâcha d’un ton réprobateur :

-Nous avons tous un point faible, Basile. Nous avons tous nos imperfections. Aucun personne, même en tant que Roi, n’est parfaite.Cela n’en fait pas pour autant une personne incapable ou pathétique. Vous vous êtes fait piéger par cette Fermite d’un manière pitoyable de sa part, puisqu’elle a attaqué là où n’importe quel seigneur doit s’imposer : Agir pour son peuple. Et ça, c’est tout sauf dégoûtant pour moi. C’est admirable.

Le miel s’activait de plus en plus sur la couronne de Basile, alors que Mirabelle continuait :

-Vous n’avez pas encore compris ? Ce n’est pas que par amitié que Ian s’est sacrifié pour vous sauver la vie. Il savait, tout comme moi, que malgré votre point faible, vous êtes notre meilleur espoir dans ces batailles. Vous ne pouvez pas perdre confiance en vous. Au moins pour lui… Vous ne pouvez pas…

Si Basile avait l’air peu concentré sur les paroles de l’Apireine au début, comme s’il écoutait à moitié sans vraiment assimiler ses paroles mais une lumière nouvelle s’alluma soudainement dans son regard lorsqu’elle mentionna le nom de Ian et les raisons de son sacrifice. Cependant, malgré les paroles rassurantes et pleine d’affections de Mirabelle, le Roigada semblait toujours perdu et dépité, complètement sous le choc de l’échec, des milliers de questions résonnaient dans son esprit et l’empêchaient d’accepter les mots de consolations de sa compagne.

-Est-ce qu’il me faisait confiance à moi… Ou à mon pouvoir ? Est-ce que je ne suis pas bon qu’à être une armée ?

Le Disciple sembla se recroqueviller sur lui-même avant d’ouvrir son poing et d’observer le cristal rouge dont la lumière pulsait au même rythme que les battements de son coeur.

-Ce cristal est la bénédiction et la malédiction de notre famille… A cause de lui, je ne sais même plus où j’en suis.

-Vous...


Mirabelle sembla perdre un peu le fil de ce qu’elle apprêtait à dire sous le coup de l’émotion, puis continua finalement :

-Vous n’êtes pas qu’un simple cristal. Vous n’êtes pas qu’une armée. Vous êtes Basile Légion. Un grand Roi, dont le peuple a besoin d’être sauvé. En fait… Ce sont deux peuples qui ont besoin de vous aujourd’hui.

La femme Apireine tendit une couronne réparée à son interlocuteur, aux fissures comblées par un miel extrêmement solide. On pouvait ressentir un peu moins de puissance qu’avant dans cette couronne du fait de la réparation, mais l’effet qu’avait cet amplificateur était bien là. Mirabelle prit un air noble et ajouta :

-Ce que vous appelez une malédiction, nous le subissons tous en tant que royauté. Et vous vous trompez sur le terme. Il s’agit d’un devoir, d’une responsabilité. Et cela pourrait être un fardeau pour une personne fuyant ses responsabilités… Mais je sais que vous n’êtes pas de ces personnes, Basile. Vous êtes trop inquiet pour votre peuple pour ça.

Mirabelle termina finalement en posant la couronne dans la main de l’homme Roigada :

-Prouvez à nos adversaires que vous restez droit et fier malgré vos faiblesses. C’est ce qu’un peuple attend de nous. Et votre peuple… L’attend plus que jamais, je pense. Ne ratez pas votre chance de les combler, Basile… Ne faîtes pas… La même erreur que moi…

L’expression sombre et maussade du jeune Roi sembla s’effacer petit à petit, à mesure qu’il écoutait les paroles de la Sinistre qui chassaient ses doutes et ses craintes. Elle avait raison… Il n’était pas un fuyard qui pouvait abandonner et laisser ces peuples se faire écraser par des tyrans. Il n’était pas non plus un simple cristal ou une armée. Il avait été choisi pour devenir Roi, Ian s’était sacrifié pour lui, il avait bien des devoirs et des responsabilités mais ils ne devaient pas l’écraser, ils devaient le rendre digne. Il regarda longuement la couronne réparée par Mirabelle qui lui semblait être comme un symbole de leur union.

-Tu as raison, Mirabelle. Je n’aurais pas dû dire ça. Ma dynastie, mon peuple, mon archipel…

Le Disciple posa la couronne sur sa tête avant de poser le cristal dans la cavité à cet effet, une lumière rouge et pleine d’énergie se mettant à briller dans la pièce pendant quelques secondes alors qu’il déclarait :

-Je ne peux pas oublier ceux qui croient en moi parce que je dois me montrer digne de leur confiance.

Mirabelle eut un sourire bienveillant en voyant Basile reprendre confiance en lui, hochant la tête sympathiquement. Le Roigada prit un air pensif pendant quelques secondes, avant de continuer, d’un ton moins assuré :

-Le problème… C’est que je ne sais pas si on peut vraiment agir. Ce Spiritomb pourrait sûrement se cacher parmis n’importe lequel de nos adversaires et si nous n’avons pas réussi à prendre une île, ce sera encore plus difficile de récupérer l’archipel entier… Même si les bases militaires n’avaient pas l’air difficiles à récupérer, la situation peut vite se retourner contre nous.

-.... Effectivement. J’ai beau me sentir nettement mieux, je vais devoir m’économiser et je ne pourrais fournir une armée de clones comme toi. On a un gros désavantage en nombre, en terrain et en informations. Surtout que cette femme Fermite a trouvé le point faible de ton armée...


La femme Apireine écarquilla les yeux, soudainement, comme si une idée venait de s’illuminer en elle.

-... Mais… Mais oui, bien sûr…


https://www.youtube.com/watch?v=GemFNfdzOMw

La Sinistre leva un regard déterminé vers Basile et continua :

-Et si cette Suzan Carter… avait exactement le même point faible que toi ?

-Comment ça ? Un point précis à toucher comme mon cristal ?

-Non, pas forcément… Je pensais plus… à son armée elle-même.


Mirabelle semblait encore réfléchir à ce qu’elle disait, puis ajouta finalement :

-Ca fait un moment que quelque chose me triturait… J’avais un peu du mal à y réfléchir avec la fièvre mais… J’ai eu l’occasion dans ma convalescence de discuter avec le fils de Sari Vanu, alors qu’on soignait ses propres blessures. Suzan Carter s’était montré en personne lorsque l’avant-poste a été conquis, afin d’asseoir sa domination. Et cela colle totalement à son personnage, une tyran qui s’affiche après la victoire face au peuple soumis… Mais après cela, elle a disparue. Et c’était pas les occasions de s’exposer qui manquaient. J’ai toujours vu ça comme de la prudence, mais ça ne colle pas à son côté dominateur…

La femme Apireine regarda son interlocuteur dans les yeux.

-Elle contrôle chacune de ses unités, peut parler à travers d’eux, voir à travers eux. Exactement comme nous. Elle a donc en toute logique le même point faible : Si la vraie Suzan Carter meurt ou est neutralisée… Ses soldats mourront avec elle.

Le regard du Roigada s'illumina. Son raisonnement était cohérent et s'il était correct… Alors ils pouvaient gagner.

-Ils perdraient leur plus grand atout d'un coup… Dans ce cas, il faudrait viser un lieu où on est sûr de la trouver ou agir de façon à ce qu'elle intervienne directement.

-Cette femme est intelligente, mais son orgueil est sa faiblesse. Elle se cachera, certes, mais pas n’importe où. Pour montrer que Aquatique est totalement sous son emprise, il n’y a qu’un endroit où elle peut avoir élu domicile.

-... Le Palais. Le lieu le plus important de l'archipel, en plus d'être une façon de montrer qu'elle a remplacé les Légions. Mais on ne peut pas l'atteindre comme ça… La capitale est l'endroit le plus difficile à prendre de l'archipel, sans parler du palais. On ne peut pas juste y faire déferler une armée.

-C’est bien vrai… Si j’ai vu juste, elle a sûrement misé énormément sur sa défense et donc celle de la capitale. On ne pourra pas l’avoir via une bataille de front…


Mirabelle eut un sourire malicieux, un plan semblant prendre forme dans son esprit.

-Du moins… Sauf si cette bataille sert de diversion~
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