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 Archipel Blumm

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Annie Panda
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Annie Panda


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MessageSujet: Archipel Blumm   Archipel Blumm EmptyMer 12 Fév - 21:23

https://www.youtube.com/watch?v=CoPMtU-shcc

L'archipel Blumm n'avait été jamais réputé pour sa puissance guerrière. Cependant, il avait un avantage indéniable : Il était géographiquement situé au centre des autres grands archipels de ce monde. Cela avait énormément aidé pour le commerce et la diplomatie entre les différents royaumes, et ce sur des siècles durant. Et ce fut assez rapidement que grâce à cela, Blumm devint une véritable force de la Nature en terme de géopolitique. A une époque, maîtriser Blumm revenait à avoir un impact immense sur le reste du monde, et c'était pour cela que ses habitants s'étaient toujours attirés les faveurs des Dacotas et des Kentuckys. Cependant, l'arrivée des Légendaires avait complètement perturbée cet avantage, la force devenant la seule valeur fiable à ce moment-là dans le monde. Les familles avaient cependant réussi, grâce à leur intérêt indéniable de médiateurs, à rester en assez bons termes, jusqu'au massacre des Bailerinas, la famille dominante de ce mouvement diplomatique, qui jeta un immense froid sur tout l'archipel. Il ne restait du manoir des Bailerinas que des cendres le lendemain matin, de nombreux membres d'autres familles se trouvant alors sur les lieux, et ce fut un coup dur pour tous, ce qui expliqua une volonté de rester discrets quelques temps le temps de se remettre en place et d'éviter les ennuis. Mais il s'agissait de l'archipel Blumm. Si leur force était la diplomatie, il ne pouvait la laisser se périmer, et à l'aube de temps nouveaux, avec les premiers Légendaires vaincus et remplacés par les Déchus, après quelques semaines d'hésitation, les différentes familles de haute noblesse s'étaient décidé à se réunir afin de reprendre le contrôle de l'archipel, et surtout, de faire des choix. Tout cela grâce à un certain facteur, une certaine nouvelle qui les aida à prendre les devants et à lancer ce grand rendez-vous. Cela se passait dans un immense manoir, celui d'une famille de Ceriflors, les Vinalettas, qui avaient toujours été les responsables et hôtes de ce genre de réunions. Pour cause : La salle de réunion de leur manoir avait entièrement construits à base d'un matériau très rare et très cher, l'Anti-Maj, qui rendait impossible l'utilisation de magie pour toute personne présente dans cette pièce, renforçant le côté neutre et diplomatique de toute réunion s'y déroulant.

Chaque représentant d'une grande famille n'ayant pas encore été détruite par la guerre était présente : Matteo Vinaletta, chef des Ceriflors, Sora Bartida, chef des Jungko depuis la mort de son père dans le massacre d'Artikodin, Nila Pevera, une jeune fille de douze ans dernière représentante des Coxyclaques, Antonio Savietta, chef plus qu'âgé des Melokrik, Fernando Aguilera, le chef des Noadkoko, et enfin, Marla Garzia, chef des Empiflors. Matteo, faisant comme le voulait la tradition et le rôle de sa famille, faisait office de maître de réunion, ouvrant ainsi la conversation alors que tout le monde était assis, l'air solennel, et le regardait fixement.


-Matteo : Nous pouvons commencer. Messieurs, mesdames, mesdemoiselles, je suis ravi de vous revoir, sachez-le.

-Fernando : J'ai entendu de sacrés nouvelles de l'état d'autres archipels. Nous nous en sortons vraiment bien, comparés à eux.

-Marla : Ah ! A quoi vous attendiez-vous ? Les relations, la diplomatie, tout ce genre de choses nous rendent indispensables pour tous !

-Sora : Inutile d'être orgueilleux sur ce sujet... Cela n'a pas sauvé mon père lors du massacre du manoir...

-Matteo : Laissons le sujet du massacre un maximum de côté, d'accord ? Il serait préférable de pas évoquer de mauvais souvenirs à ceux qui y ont le plus perdu, et surtout ceux qui l'ont vécu. N'est-ce pas... ?


L'homme Ceriflor regarda dans une direction précise de la table de l'assemblée, tout le monde suivant son mouvement de manière synchronisé, les regards se posant sur les deux personnes concernés.

-Monsieur et Madame Bailerina.

Côte à côte, Angelina Bailerina elle-même et son mari se tenaient à l'assemblée, complétant ainsi à la totalité les membres de cette réunion. La femme Joliflor afficha un sourire compréhensif et mélancolique, avant d'ajouter d'une voix posée et charismatique :

-Merci de votre compassion, monsieur Vinaletta. C'est effectivement un de ces moments, où vous perdez tout ce qui vous est cher, votre famille, votre maison, vos enfants, qu'il est impossible de surpasser psychologiquement, quelque soit votre tempérament...

-Antonio : Tout de même, quel miracle que vous ayez tous les deux survécu... Un tel massacre...

-Angelina : Ce n'est pas une fierté, croyez-moi... Tant de vies sacrifiées pour nous permettre de nous cacher et de survivre, on peut difficilement parler de chance.

-Fernando : Mais grâce à ça, vous êtes là. Et votre retour a été l'élément perturbateur ayant conduit à cette réunion. En soi, ces sacrifices n'auront pas été vains.

-Encore une fois, votre compassion à tous nous touche énormément, moi et mon mari... Mais nous aimerions parler du futur, et laisser ce passé tragique derrière nous.

-Matteo : Compréhensible. Et en parlant de futur... Nous sommes là pour discuter d'un sujet primordial : Maintenant que les Légendaires ne sont plus, et que nous avons repris notre liberté... Quelle place décidons-nous de prendre dans cette guerre ?

-Marla : C'est évident, aux côtés de ces Déchus !

-Angelina : ... Vous avez un avis bien arrêté, madame Garzia.

-Bien sûr, voyons, les rapports de Fernando sont explicites : C'est clairement la faction dominante actuellement ! Combiner sa force guerrière à notre force diplomatique, nous reprendrons le monopole géopolitique sur cet archipel voir le monde en un rien de temps !

-Sora : Vous vous entendez parler ? Même si il parait qu'il s'agit d'une faction bien distincte, nous parlons des successeurs de ces Légendaires nous ayant causé tant de tort. Et nous ne savons rien d'eux et de leurs vraies motivations. Ils ne sont pas fiables pour deux sous. Nous devrions croire en ceux qui ont toujours été de notre côté et cherché nos faveurs : Les Dacotas et les Kentucky.

-Antonio : Deux camps ayant complètement disparus en outre.

-Officiellement, certes. Mais spirituellement, ils existent encore sous la forme de ce qu'on appelle les Rebelles. Ce parti a résisté jusqu'à maintenant, et d'après toujours Fernando, aurait même vaincu une autre armée, ces dénommés Stalkers. Des alliés fiables, pas si loin derrière les Déchus, pour moi, ceci EST le choix le plus évident.

-Et vous omettez donc le fait que ces dits Rebelles ne sont jamais venus nous aider ? Où était-il lors du massa...

-Matteo : Attention aux sujets qui fâchent.

-... Où était-il depuis l'arrivée des Légendaires ? Ils savent survivre, mais n'ont jamais su avoir de répercussions sur ce monde. Quitte à suivre des personnes aussi peu influentes, autant rester sur nos positions et garder notre neutralité.

-Fernando : ... C'est là ce que vous suggérez ?

-Tout à fait. Ne prenons pas parti, et établissons nous publiquement comme politiquement neutre. Nous apporterons ainsi un soutien diplomatique et commercial à tous les partis en même temps, et quelque soit le gagnant, ce dernier nous sera reconnaissant. Après tout, c'est comme ça que l'on a toujours fonctionné, laisser venir les faveurs d'autrui en ne les acceptant qu'à moitié. Même eux y sont habitués et nous connaissent comme ça. Je ne vois pas pourquoi on changerait aujourd'hui.

-Sora : Parce que nous ne sommes pas aussi puissant qu'avant, peut-être ? La situation n'est pas suffisamment calme pour se permettre un tel statu quo.

-Matteo : ... Et qu'en pensez-vous personnellement, madame Bailerina ?


Tous se tournèrent de nouveau vers Angelina, l'écoutant avec respect, celle-ci leur rendant à chacun leur regard avec prestance avant de finalement répondre :

-Je n'ai pas encore de position fixe. Mais je vais être transparente, j'ai une tendance vers l'une de ces idées bien plus prononcée, et je dois vous montrer pourquoi. Tu peux rentrer.

Les portes de la pièce s’ouvrirent doucement et, après quelques secondes d’hésitation, un Gijinka que personne ici n’avait encore vu entra dans la pièce. C’était un jeune garçon d’une quinzaine d’années qui était entré, la tête basse, les yeux rivé sur le sol, l’air trop intimidé pour regarder les aristocrates de l’archipel droit dans les yeux. Il avait les mains liés, comme s’il jouait avec pour se déstresser et il marchait avec de petits pas rapides. Tout le monde cependant pouvait voir qu’il sortait du lot, même s’il essayait de se faire le plus discret possible. Il avait une épaisse chevelure d’un roux flamboyant, une peau légèrement bronzée et lorsqu’il arriva enfin au niveau des Bailerina, il releva la tête pour révéler son visage aux traits fins, avec de grands yeux bleus où se mêlaient la crainte et la candeur qui faisaient ressortir ses tâches de rousseur. Il essaya de regarder un à un chacune des personnes présentes, son regard fuyant à chaque fois qu’il croisait celui de la personne observée, avant de dire finalement :

-B… Bonjour à tous… Je m’appelle Victini... Et je suis un des Déchus au service d-de Missingno.

-Antonio : Vous… Vous avez amené un éventuel ennemi ici ?


En entendant ça, le jeune homme se mit à rougir de plus belle, prouvant à quel point il était gêné d’être entouré de gens aussi suspicieux avant de répondre :

-Les… Les Déchus ne sont pas venus p-pour tout détruire comme les Légendaires. C’est… C’est Missingno qui a arrêté Arceus et j-je suis venu en tant qu-qu’ambassadeur.

-Angelina : Je vous prie d’accorder du respect à cet homme : C’est grâce à lui que nous sommes encore en vie, il nous a aider à nous cacher par pur altruisme. De plus… Vous pouvez bien voir de vous-même que nous sommes loin de la facette frigide d’Artikodin. Ces Déchus n’ont rien à voir avec les Légendaires, ça, j’en suis certain.

-Fernando : Vous êtes donc de l’avis que Garzia… ?

-Marla : Voyons, ne dites pas ça comme si c’était une mauvaise chose.

-Angelina : Je ne le suis pas. Je vous ai dit, je n’ai pas de position fixe, et je ne suis point le genre de personnes à me laisser biaiser par un sentiment de gratitude alors que nous parlons du destin d’un archipel. Cependant, vous vous doutez que cela pousse à considérer l’option plus amplement. Vous l’avez dit vous-même, mademoiselle Bartida, on ne sait rien d’eux. Eh bien voilà la solution : Laissons cet homme nous en apprendre un maximum sur son camp et leur volonté. Là au moins, nous pourrons faire un choix dans des conditions équitables et prendre la décision la plus juste.

-Fernando : … Nous n’avons effectivement rien à perdre à écouter son point de vue.

-Matteo : Intéressant. Je doute que l’on puisse se forger un avis en l’espace d’une réunion, cependant. Voilà ce que je propose. Coupons court à la réunion ici, et prenons le temps d’en apprendre plus sur Missingno. Des jours s’il le faut. En attendant, vous êtes tous mes invités et je vous réserve un bâtiment respectif à chaque famille, le temps que nous décidions du mieux à faire. Je compte sur vous pour nous donner toutes les informations nécessaires, cher Victini.


Le Déchu sembla surpris lorsque Matteo prononça son nom et se mit à hocher rapidement la tête, comme pour montrer qu’on pouvait compter sur lui.

-Oui, bien sûr, en tant que potentiels alliés, je vous dirai tout ce que vous souhaitez savoir !

-Bien, je vous remercie. Ainsi que vous, madame Bailerina, pour cet important apport au débat. La séance est levée.



__________________________________________________________________

https://www.youtube.com/watch?v=fM4GuLgWi4U

Quelques temps plus tard, madame Bailerina et monsieur Bailerina arrivèrent seuls dans la maison qu’on leur avait dédié toute entière, Victini ayant été réquisitionné par une première famille, les Garzia, pour l’interroger. Vérifiant qu’ils étaient bien seuls, la femme Joliflor afficha un sourire malicieux et commença à provoquer son mari, avec un comportement bien plus nonchalant que devant les autres familles.

-Angelina : Enfin seul à seule… Et si on en profitait, grand fou ?~

L’homme-Rafflesia releva la tête pour afficher un sourire carnassier qui contrastait aussi avec l’attitude réservée qu’il avait pu avoir durant la réunion.

-Héhé, pas la peine de pousser la comédie jusque là. Mais je suis impressionné… Je ne pensais pas que tout pourrait se passer si bien. Avec l’Anti-Maj, j’pensais que le subterfuge serait révélé au grand jour.

-Angelina : Voyons, voyons, je te l’ai dit, non ? Vox Astutia~


A ces mots, les molécules des deux Bailerinas se déformèrent et se dispersèrent, avant de se regrouper de nouveau pour former deux personnes complètement différentes : Giratina, et un homme Krokoribile, Steven Ursal.

Spoiler:

En contraste total avec le personnage qu'il incarnait juste avant, Steven rendit son sourire carnassier à Giratina et continua d'une voix perfide :

-Mon pouvoir n'a aucune faille. Même un Anti-Maj ne suffit pas, il empêche de lancer le pouvoir, certes, mais il n'empêche pas ses conséquences, puisqu'on devient vraiment physiquement ce en quoi je choisis de nous transformer ! J'ai même mis en place un subterfuge pour que de l'extérieur, l'âme semble bien celle de la personne ciblée. Tant que j'en déciderai ainsi, personne ne devinera que je ne suis pas Angelina Bailerina, héhéhé ! J'espère juste que cet abruti de Victini jouera son rôle à la perfection.

-Tu es trop dur avec ton Déchu...


Un sourire ironique et mesquin s’afficha sur le visage de Giratina alors qu’il terminait sa phrase :

-Tu devrais comprendre qu’il est justement trop bête et trop candide pour échouer.

-Haha, c’est vrai. Mais je dois tout envisager, même l’improbable. Tu sais, en tant que représentant de la Corruption, lorsqu’on me donne pour mission de pousser tout un archipel à lécher les bottes de notre “Dieu bien-aimé” de l’intérieur, je tiens à m’appliquer dans la tâche, hinhinhin...


Soudain, Steven sentit un frisson dans son dos, comme un courant d’air, et sursauta pitoyablement en se retournant, comme un gars qu’on aurait pris la main dans le sac. Puis il remarqua la source de sa frayeur, une personne posée calmement près d’un mur du hall. L’homme Krokorible essuya quelques gouttes de sueur, et lâcha finalement d’un ton narquois et vil :

-Tss, ce n’est que toi hein. Tu pourrais éviter de nous faire peur comme ça, déjà que tu es totalement inutile dans notre plan ! A ce rythme là, tu n’auras vite plus ta place parmi nous, héhéhé~

Spoiler:

L’homme qui était rentré dans la pièce était un grand Gueriaigle de grande taille à la peau mat et au visage dur, dont l’air impressionnant était renforcé par ses habits traditionnels, semblables à ceux d’un chef de tribu, et par son regard froid et fier. Il se laissa légèrement tomber en arrière et s’appuya contre le mur, croisant les bras sans rien dire, se contentant de soutenir le regard du Krokorible de manière inflexible avec l’air sentencieux d’un juge impartial. Steven trembla légèrement, des frissons dans tout le corps, et lâcha finalement :

-Steven : H-Hey, tu pourrais répondre au moins, espèce de salaud…

-Giratina : Laisse tomber, va, il sait qu’il ne peut rien faire de plus que de nous regarder méchamment.

-Haha, c’est vrai… Tu as raison…


Steven fit de son mieux pour ignorer l’homme Guériaigle, et lâcha finalement d’une voix perfide, son visage redevenant progressivement celui d’Angelina :

-De toute façon, plus que quelques tours de passe-passe… Et cet archipel est à nous~
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Annie Panda
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MessageSujet: Re: Archipel Blumm   Archipel Blumm EmptyMar 19 Sep - 22:58

https://www.youtube.com/watch?v=jZIVYXicHHI

Steven Ursal se tenait dans l’une des pièces de la résidence dédiée aux Bailerinas, avec Victini et Giratina à ses côtés. L’homme Crocorible se balançait sur une chaise en buvant un verre de bière.

-Steven : Uff, ça fait du bien au gosier…

-Giratina : Je te sens d’humeur festive, Steven~

-Qui ne le serait pas ? Hé, Victini, tu te rends compte, demain, tu vas devenir le grand ambassadeur de cet archipel ! N’est-ce pas génial, gamin ?~


Victini était lui-même assis sur une chaise en face de Steven et Giratina, sirotant un jus de fruit d’une main tandis que l’autre pinçait nerveusement son pantalon. Il était légèrement mal à l’aise. Son regard se baladait à travers la pièce et se posait sur le riche mobilier qui la décorait çà et là. En entendant son nom, il se redressa d’un coup, visiblement embarrassé, ne sachant pas si il devait le prendre comme un compliment.

-Euh… euh oui… c’est génial !

-Ahahahah ! Toutes les pièces sont désormais réunies ! Je connais chacun des acteurs de ce simulacre comme ma poche, et peut vous garantir qu’ils voteront tous en la faveur des Déchus.


Une nouvelle session commençait pour les différents représentants de l'archipel Blumm, chacun reprenant position à sa place habituelle, les habitudes s'étant forgées après les multiples séances ayant déjà été organisées. Pour autant, malgré ce confort de la répétition, l'ambiance était un peu plus sérieuse que d'habitude dans la pièce protégée par l'Anti-Maj. En effet, il s'agissait aujourd'hui de prendre une décision qui potentiellement scellera à jamais le destin de ces îles florissantes. Le secrétaire de l'Assemblée, Matteo Vinaletta, chef des Ceriflors, fut le seul à rester debout alors que les autres s'asseyaient. Puis, lorsqu'il convint que tous ses interlocuteurs étaient à l'aise, il se permit de prendre la parole à tous ses camarades.

-Matteo : Bien, bonjour messieurs, bonjour mesdames, nous pouvons débuter cette nouvelle session de débat. Pour rappel, il a été convenu hier que chacun puisse prendre le temps de réfléchir pendant la nuit afin de déterminer si oui ou non, nous nous joignons aux Déchus, et plus précisément à leur ambassadeur, Victini, que Angelina Bailerina ici présente nous a intelligemment recommandé.

En disant cela, le Ceriflor présenta de la main, paume ouverte vers le haut, la fameuse femme Joliflor, ainsi que son mari à ses côtés. Angelina hocha respectueusement la tête en réponse, alors que Matteo continuait son introduction.

-Bien évidemment, pour éviter une trop grande influence extérieure, le Déchu sera exceptionnellement absent de cette réunion. La proposition que je vous fais est de commencer immédiatement par un vote, au cas où la décision serait déjà tranchée. Pour rappel, notre système impose une parfaite unanimité sur toute décision aussi importante, donc si il y a le moindre avis défavorable, nous continuerons le débat jusqu'à changer cet avis. Si à l'inverse, chacun d'entre nous entend qu'il vaut mieux encore attendre un peu, et que personne ne vote favorablement, nous rajouterons plusieurs sessions de débat afin de faire évoluer nos opinions.

L'homme Ceriflor mit sobrement une main sur la poitrine, comme pour marquer au fer rouge sa déclaration.

Matteo Vinaletta, d’abord. Ce gijinka ne préside pas la tenue de l’assemblée pour rien. C’est une personne extrêmement attachée au règlement et aux traditions. Mais surtout, il fait preuve d’un grand respect pour cette chère Angelina Bailerina, justement pour la réputation que cette salope a d’être droite dans ses bottes.

-Giratina : Sous-entendu que quelque soit le choix d’Angelina… Il aura le même ?

-Tant que le règlement est respecté et que tout est clean, oui, complètement~


-Matteo : Favorable.


Après lui, ce fut sa voisine de droite, Marla Garzia, chef des Empiflors, qui se leva l'air enthousiaste, comme si la réponse positive de son prédécesseur l'avait déjà mis de bon humeur. Elle frappa du poing son torse avec vigueur.

Vient ensuite Marla Garzia. Ah ah ah, cette meuf, je l’aime bien ! Elle a compris qu’on était le camp des gagnants ! Il faudrait vraiment qu’elle soit prise au dépourvu pour qu’elle ne vote pas sans hésitation pour toi, Victini ! T’as une fan, en quelque sorte~

-Victini : Oui, je… Enfin… je suis content qu’elle soit de notre côté.


-Marla : Favorable !

Ce fut ensuite le tour du couple des Bailerina. Malgré la présence autorisée de son mari, seule Angelina comptait comme une voix dans un tel vote. Celle-ci se leva avec élégance, posant avec douceur sa main au même endroit que ses prédécesseurs.

-Angelina : Favorable.

Vint ensuite Antonio Savietta, l'aîné de l'assemblée, et chef des Melokrik. Chacun attendait la réponse de ce dernier avec impatience, sachant qu'il serait sûrement l'un des plus réfractaires à prendre position. Le vieux gijinka se leva et posa avec peine la main sur sa poitrine.

Héhéhé, Antonio Savietta maintenant. Celui-là, je l’avoue, c’était un coriace. Si vieux, si sénile, si sentimental… Vraiment pas besoin de son romantisme dans de la politique, putain. Mais surtout, il prône sans cesse la sacro-sainte neutralité ! Quel con… Jusqu’à hier, je n’étais pas sûr encore de si j’arriverais à le faire changer d’avis pour ma cause.

-Giratina : Et tu penses que c’est chose faite maintenant ?

-Crois-en mon expérience, mon gars… J’incarne la Corruption après tout. Je sais taper où ça fait mal. Ce vieux schnock aime les traditions, mais il aime surtout “l’héritage de ce pays”, les jeunes quoi… Croire en la jeunesse, quelle connerie !


Victini se crispa à ces mots, manquant d’avaler de travers son jus de fruit.

-Oui… c’est… vraiment bête de sa part… hein… haha…

-Steven : J’ai juste eu à bien appuyer sur l’avenir de tous dans la dernière réunion, en pointant du doigt tous les enfants morts qu’on empilera si on reste neutres, et c’était gagné !


-Antonio : Favorable.

-Sora : Tss...


Sora Bartida, récente chef des Jungko, sembla clairement agacée par cette réponse, et commença à tapoter la table de l'index, stressée et frustrée.

Bon, Sora Bartida. Elle, putain. J’ai jamais vu une personne autant détester les dieux. Tout ça parce que son père est mort dans un massacre causé par une givrée, blablabla… Autant dire que même ta bouille de loser mignon ne la convainc pas, Victini.

Le Déchu de la Victoire cligna des yeux, bouche ouverte, confus, ne sachant pas si il était supposé le prendre comme un compliment ou comme une insulte.

-Elle restera persuadée que les Déchus représentent l’ennemi jusqu’au bout… Mais ce n'est pas grave. A chaque argument qu’elle avance, Angelina la remet à sa place. Et plus elle défend son idée, plus elle perd sa crédibilité. Elle finira par craquer sous la voix de la majorité quasiment unanime~


-Matteo : Merci de garder toute réaction pour après la fin du vote. Suivant.

Cette fois, ce fut Fernando Aguilera, chef des Noadkoko, qui se leva. Son air sombre et stoïque s'abattit sur l'ensemble de l'assemblée, puis après une courte réflexion, il prit la même posture que ses congénères, l'air mystérieux.

Fernando Aguilera. Celui qui voit tout. C’est celui qui a le plus d’informations au sein de cette assemblée, et il pourrait s’agir de notre pire ennemi en cet instant. Mais derrière ce côté mystérieux d’espion, se cache un gros point faible… L’argent.

Steven Ursal afficha un sourire avide sur son visage alors qu’il jouait avec ses mains à chaque annonce, comme un chef d’orchestre entonnant chaque corps d’instrument les uns après les autres.

-Quel nigaud… Il a suffi que cette chère Angelina vienne lui parler en privé d’une grande fortune, et d’un partenariat à long terme entre leurs deux familles, pour que d’un coup, il ne fasse que défendre notre cause~ Il a même évité de donner quelque information sur les autres camps ennemis, renforçant cette impression que seuls les Déchus sont la solution.


-Fernando : Favorable.

Alors que le visage de Sora perdait de plus en plus confiance en elle, ce fut désormais au tour de sa voisine et avant-dernière votante, Nila, de se mettre debout. Ce qui ne se vît qu'à peine, du fait de sa petite taille. Elle n'avait en effet que douze ans, et était la seule survivante de la famille des Coxyclaque, les Pevera. La jeune adolescente regarda l'assemblée, semblant impressionnée par tous ces regards et la pression de la situation.

Nila Pevera. La petite conne là. Bon, elle, ça sert à rien de s’attarder dessus, elle sert à rien. Seule survivante de sa famille, blablabla, n’empêche que c’est pas une politicienne. Elle a pas dit un mot pendant les débats, et elle suit clairement la tendance de groupe, pour se fondre dans le moule.

-Giratina : Normal pour une gamine, tu me diras~

-Steven : Ouais bah moi à son âge, je devais déjà escroquer pour gagner ma vie, et je savais baratiner. Et elle, avec une cuillère en argent dans la bouche, bah elle vaut rien. Ridicule… Nan vraiment, elle va juste suivre la majorité, aucun risque avec elle~


-Nila : Hmm...

L'enfant colla finalement sa main sur sa poitrine, reprenant confiance en elle, et répondit :

-Défavorable.

Une véritable stupeur s'abattit sur l'assemblée, personne ne s'attendant de toute évidence à cette réponse. Même Sora fut surprise, bien qu'heureuse de cette réponse, et avec un sourire narquois, se leva à son tour et prit la posture conventionnelle.

-Sora : Défavorable.

-Matteo : Nous sommes à un résultat de cinq contre deux. Le vote n'étant pas unanime, le débat doit donc poursuivre.

-Marla : Poursuivre ?! Ce doit être la première fois qu'on entend cet enfant ouvrir la bouche dans cette assemblée, et c'est pour qu'elle contredise d'un mot tous nos précieux débats de ces derniers jours !

-Matteo : Sa voix n'en compte pas moins pour autant. Et mademoiselle Bartida est également défavorable.


Sur l’archipel Blumm, dans une résidence réservée à la famille des Pevera, c’est-à-dire la seule personne de Nila Pevera, la jeune Coxyclaque, se trouvait cette dernière et deux autres femmes. Dans un salon calme, sur des fauteuils, les trois protagonistes discutaient dans une ambiance saine et patiente, de la situation pour le lendemain.

-Nila : Contester l’avis général de voter pour les Déchus… ?

Ce fut une magnifique et élégante femme Gardevoir qui lui répondit, en posant délicatement sa main sur l’épaule de l’enfant.

-Oui… Je sais que cela peut paraître impressionnant, mais vu que le vote final se déroule demain matin, il va falloir improviser si on veut retarder l’échéance et reprendre les rênes.

-Nila : Et vous pensez… vraiment que j’en suis capable… ? Même si vous me guidez, je ne suis qu’une gamine solitaire…


Nila Pevera interrogea du regard à la fois la femme Gardevoir et sa comparse, une mousquetaire verte. Viridium s’agenouilla face à l’enfant en prenant doucement ses mains dans les siennes. Elle s’adressa d’une voix maternelle à Nila.

-Bien sûr que tu en es capable. Tu sais, tous les adultes responsables ont été des gamins solitaires. Et surtout avec nous tu n’es plus solitaire.

La jeune adolescente eut un léger sourire, semblant rassurée par les mots de la mousquetaire. Anastasia renchérit alors, profitant de l’occasion :

-La situation peut paraître compliquée… Je sais que cela fait plusieurs jours que cette fausse Angelina manipule l’assemblée et qu’elle a mis presque tout le monde dans sa poche… Mais il nous reste un atout. L’effet de surprise.


L’homme Crocorible s’affala sur sa chaise, l’air tranquille. Giratina réfléchissait à la situation, moins confiant que Steven bien que rassuré.

-Et si quelqu’un vote contre nous ?

-Steven : Ça peut arriver. Mais je pense toujours à tout. Déjà, tout le monde s’abattra sur cette personne, je n’aurai presque rien à faire…


-Marla : Oui, 'fin, on parle du destin de l'archipel quand même, et il se retrouve saboter par l'avis d'une enfant qui de toute évidence n'y connait absolument rien !

-Nila : ... Vous sous-entendez que mon avis vaut moins que le vôtre ? N'oubliez pas que je reste une membre de cette assemblée.


La femme Empiflor fut secouée par cette remarque, comme si elle venait de se faire remettre à sa place, et ne trouva quoi répondre.

La femme Gardevoir s’était levée, marchant élégamment devant la cheminée allumée du salon, en train de réfléchir alors qu’elle expliquait tout à la jeune enfant.

-Comment peut-on réagir lorsqu’une petite fille, timide et semblant inoffensive, vient de nous contredire ? Très brusquement, évidemment. Il y aura forcément un gijinka qui se mettra en colère contre toi et essaiera de te rabaisser… Et c’est là que tu dois marquer le coup… Leur faire comprendre que tu es une membre du Conseil, pas juste une figurante…

La femme Gardevoir s’approcha de la jeune fille et continua.

-Tu devras t’affirmer… Et là, la surprise sera totale.


Angelina afficha un sourire délicat, posant ses coudes sur la table avant de croiser ses mains, et posa son menton dessus.

-Angelina : Voyons, Marla, cette jeune femme a raison, nous sommes tous égaux dans cette salle, quelque soit notre âge. Notre chère demoiselle Pevera doit avoir un doute sur un point, et veut sûrement chercher à le clarifier, n'est-ce pas ? Allez-y, mon enfant, dîtes-nous ce qui ne va pas.

-Nila : Je vous prierais, malgré tout mon respect, de ne plus me traiter comme si j'étais votre fille, madame Bailerina.


La femme Joliflor eut un rictus agacé d'une demi-seconde face à la réponse sèche mais justifiée de la jeune Coxyclaque, se taisant de suite.

-Anastasia : Personne ne s’y attendra, pas même Angelina, et tu auras alors le champ libre pour défendre ton point de vue.

-Nila : D’accord… Mais alors, je dirais quoi ?

-Eh bien, exactement ce qu’on t’aura appris~


Nila Pevera, ayant désormais toute l'attention et le silence de l'assemblée, jaugea un par un ses pairs avant de finalement commencer à étayer son point de vue.

-En fait, c'est justement parce que je suis la plus jeune que je ne suis pas satisfaite de la situation. Quand on a perdu toute sa famille comme moi, ou comme madame Bartida à mes côtés... C'est devenu difficile d'envisager qu'on puisse prendre en si peu de temps une décision aussi importante.

Marchant en faisant des va-et-vients dans la pièce, Nila lisait comme elle pouvait un manuscrit dans ses mains. La fille Coxyclaque était hésitante et balbutiante.

-”C'est-c’est devenu difficile d'envisager qu'on puisse prendre en si peu de temps une décision”... “impor”... “importante”... Arf, rien à faire, je n’y arrive pas…

Assise les jambes croisées et la tête posée dans la main, Viridium regardait la diplomate en herbe tenter d’apprendre son discours. La voyant se décourager, elle lui sourit.

-Tu les connais bien les bonhommes en face ? Tu leur a déjà beaucoup parlé ?

-Hmm… Je les connais mais… Je parle pas vraiment d’habitude, j’écoute juste…

-Imagine les à ta place. Comme toi tu t’imagines. Comme une assemblée de petites filles qui ont dû apprendre leur texte par cœur. Je suis certaine que c’est le cas pour certains.


Viridium pouffa légèrement de rire.

-Dit toi qu’eux aussi ils sont en train de se pisser dessus à l’idée de devoir réciter leur texte si Angelina leur adresse la parole. C’est plus simple d’apprendre quand on est détendue.

La jeune Nila eut un pouffement amusé à cette phrase, et retenta sa chance, bien plus à l’aise qu’avant.

-”C’est devenu difficile d'envisager qu'on puisse prendre en si peu de temps une décision importante” ! Nos… Nos pertes n'ont été que trop lourdes, on ne peut pas foncer tête baissée dans la première ouverture qui surgît !


-Nila : Nos pertes n'ont été que trop lourdes, on ne peut pas foncer tête baissée dans la première ouverture qui surgît.

La jeune Nila fixa alors Angelina, avant de dire d'une voix douce mais assurée.

-Je pensais que vous, par votre sagesse et surtout votre vécu, seriez la première à défendre cette idée.

La chef des Bailerina trembla légèrement face à cette pique à peine déguisée, gardant toujours pour autant un sourire mielleux.

-Steven : Et si vraiment la personne se défend bien, Angelina lui rappellera que les Déchus et les Appelés, bah c’est la seule solution, et là, vu qu’ils auront plus rien à dire, ça sera gagné~ Même cette Sora s’inclinerait.

-Angelina : La situation est complexe, mademoiselle Pevera, nous nous devons de nous hâter de prendre position avant que la situation dégénère, et que nous perdions toute possibilité d'alliance bénéfique. De plus, nous avons déjà étudié l'apport qu'aurait pour nous l'alliance avec les Déchus, et ce pendant des heures, en compagnie de ce cher ambassadeur. Je pense que nous avons fait le tour de la question.

-Matteo : Oui, il est vrai, surtout qu'aucune objection n'a été émise par votre personne, mademoiselle Pevera, sur les différents aspects d'une telle alliance lors de nos débats. Aujourd'hui, seule mademoiselle Bartida a encore des points de doute reconnus, que madame Bailerina a largement réfuté.

-Nila : C'est vrai. Mais...


La fille Coxyclaque prit une inspiration profonde, avant de répondre sérieusement.

-Ce n'est pas parce que nous n'avons tous aucune objection à faire sur le parti des Déchus que cela en fait la même solution. Vous ne trouvez pas cela terriblement biaisé ? Nous avons donné toutes nos chances à ce groupe prometteur, sans jamais nous poser la question qui pourtant paraît évidente : Veut-on savoir si les déchus forment un bon parti... ou savoir si c'est LE MEILLEUR parti ?

L'assemblée resta bouche bée, ne s'attendant pas à une telle argumentation, alors que Nila continuait d'étaler son propos.

-Il s'agit d'une terrible guerre... Qui n'aura sûrement qu'un seul gagnant. La moindre erreur de jugement de notre part...

Une légère larme perla à l'œil de la jeune fille, comme si les sentiments l'envahissaient.

-Pourrait causer notre perte, et créer de nombreuses autres orphelines comme moi et madame Bartida.

Sora fut particulièrement touchée par cette phrase, se retrouvant complètement dans ses propos, alors qu'Antonio, à son âge avancée, se montrait également très sensible à ce sujet, et au flambeau de la jeunesse.

-Antonio : Des mots très avisées.

-Nila : Nous ne pouvons pas prendre le moindre risque de nous tromper... Et devons envisager toutes les possibilités. Victini représente une très belle opportunité, d'accord, mais est-ce vraiment la seule ? Nous n'en avons même pas débattu.

-Angelina : Quel débat avoir ? Nous avons déjà évoqué ce sujet au tout début, les Rebelles ne sont pas une option fiable, et je ne parlerais même pas des Destructeurs, inutile d'y réfléchir plus de deux secondes pour voir que c'est une impasse.

-... Non... Il reste une possibilité.


La jeune Coxyclaque regarda Fernando, l'homme Noadkoko, réputé pour ses services de renseignement.

-Vous voyez de qui je parle, monsieur Aguilera, n'est-ce pas ? Si j'en ai entendu parlé, vous aussi.

-Fernando : ... Oui, c'est vrai.


-Anastasia : Fernando Aguilera est forcément un vendu… Je connais cette personne, il m’a donné du fil à retordre par le passé, il sait obtenir des informations. Il est forcément au courant de ce qu’il se passe chez les Néo-Stalkers mais n’en a jamais parlé. Il faut le mettre face à ce fait pour le faire perdre pied.

La femme Gardevoir réfléchit quelques secondes avant de rajouter :

-Un truc du genre… “Vous êtes doué dans votre domaine, tout Blumm le sait. Peu de choses vous échappe. Et pourtant, vous n'en avez pas parlé à l'assemblée. Pourquoi ?”


-Vous êtes très fort dans votre domaine, tout le monde le sait. Peu de choses vous échappe. Et pourtant, vous n'en avez pas parlé à personne. Pourquoi ?

-Je pensais la proposition trop anecdotique pour être soulevée et amenée dans le débat.

-Et vous avez estimé cela de votre propre chef ? Je n'ai guère beaucoup d'ancienneté, mais cela me parait à l'encontre même du principe de cette assemblée. Comment peut-on dire avoir penser à tout si une option est exclue dès le début par un seul avis ?


L'homme Noadkoko devînt blême face à ces accusations, n'ayant rien à redire et se trouvant pris soudain de remord et de honte. Matteo fronça les sourcils en entendant cela, et ajouta d'un ton plein de reproches :

-Nila Pevera a raison. Ce comportement est scandaleux, monsieur Aguilera. Et très irrespectueux envers vos camarades.

-Fernando : C'est... c'est vrai... veuillez me pardonner...


Angelina gardait encore son sourire, mais une goutte de sueur perlait sur son front. Elle croisa les bras et réattaqua Nila.

-Et puis-je savoir qui est ce nouveau parti sorti de nul part, et comment il est rentré en contact avec vous ?

Anastasia eut un sourire en coin et ajouta :

-Tout cela mènera au clou du spectacle… L’alternative. Une faction mystérieuse. Les gens seront trop désarçonnés et curieux… Et finiront forcément par retarder le vote pour les Déchus. Et dès lors… ma chère Nila, tu auras gagné~


-Nila : Eh bien, justement. J'attendais ce débat pour vous l'annoncer. J'ai réussi à aborder une ambassadrice de ce parti. Et même si mon expérience est limitée, je peux vous assurer que cette option offre une opportunité très intéressante, qui mérite d'être comparée à celle des déchues.

La fille Coxyclaque se leva solennellement de sa chaise, la main sur la poitrine.

-Laissez-moi quelques heures, et je pense pouvoir organiser une entrevue avec cette ambassadrice. Vous pourrez alors estimer par vous-même sa valeur. Nous avons concéder des jours entiers à Victini, nous pouvons bien rajouter quelques heures pour ça, non ?

Il y eut un léger silence dans l'assemblée, puis finalement, Matteo Vinaletta se redressa de son siège à son tour.

-Matteo : Une offre très honorable de notre cadette. Je propose un nouveau vote, toujours sur la même base d'accorder notre confiance aux Déchus. Pas besoin de respecter l'ordre ce coup-ci, nous connaissons déjà l'avis de Nila Pevera. Pour ma part… Défavorable.

Sora Bartida se leva fière de sa voisine, et heureuse du dénouement.

-Sora : Défavorable !

Antonio Savietta s'éleva à son tour, encore ému par les propos de l'adolescente.

-Antonio : Défavorable.

Couvert de honte, et pour préserver leur dignité, ce furent ensuite Marla et Fernando qui hésitèrent un instant, puis se joignirent aux autres gijinkas.

-Fernando : Défavorable.

-Marla : Défavorable.


-Victini : Et… euh… si… enfin je veux dire… Si jamais…

Le jeune homme baissa la tête, alors qu’il sentait les regards de ses deux acolytes peser d’un coup sur lui, en attente de sa question. Il voulait la poser… mais sentait venir une réprimande de leur part pour l’avoir ne serait-ce que considérée.

-... Si jamais on a pas l’unanimité… ? Par exemple… Si la Bartida s’obstine à refuser… ?

Face à la question de Victini, l’homme Crocorible se mit à rire aux éclats en tapant de la main sur la table, avant de se calmer et d’approcher son visage du Déchu innocent.

-Laisse moi t’apprendre un truc, p’tit bleu. Dans la politique, tout n’est qu’une question d’image et de position sociale. Et je peux t’assurer quelque chose…

Steven afficha un grand sourire machiavélique en remettant bien ses lunettes.

-Aussi obstiné que tu sois, quand tu es coincé et que tout le monde est contre toi, tu te plies… Car tu sais déjà que tu es foutu. Et ça, c’est l’aveu d’échec ultime, mon gars, dont je me délecte toujours… Quand la personne ne peut rien faire de plus que garder la face~


Et ce fut finalement Angelina Bailerina qui se leva, la main moite sur le torse, avec un sourire se voulant paisible, mais ressemblant plus à une grimace.

-Angelina : Dé... Défavorable.

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MessageSujet: Re: Archipel Blumm   Archipel Blumm EmptyMer 20 Sep - 22:58

https://www.youtube.com/watch?v=DSN7cGb_nKE

-Angelina : Putain de salope de merde ! Coxyclaque de mes couilles !

La femme Joliflor frappait du pied l’un des piliers en bois soutenant le salon de la résidence Bailerina, son visage déformé par la haine et la colère. Giratina, redevenu normal, regardait la scène à moitié amusé, alors qu’il se tenait à côté de Victini, qui n’avait encore aucune idée de ce qui s’était passé.

-Je vais lui montrer, moi, de quel bois je me chauffe… D’où c’est devenu d’un coup la prodige implacable qui avait tout prévu, là ? Fais chier !

-Giratina : Tu devrais reprendre ta forme normale, mon gars, ton corps gâche tout ton panache, là, héhéhé…

-Tss, putain.


Angelina Bailerina redevint en un instant Steven Ursal, qui replaça correctement ses lunettes alors que son visage était toujours aussi colérique.

-Steven : Y a un pépin… C’est pas possible autrement… Y a forcément une embrouille…

Victini regardait successivement Giratina et Steven. L’homme Crocorible paraissait fou de rage, prêt à passer ses nerfs sur n’importe quoi. Le Déchu baissa la tête, espérant ne pas être le n’importe quoi en question.

-Euh… j-j’imagine que tout ne s’est pas… passé comme prévu… ?

-Steven : Bien sûr que tout s’est passé comme prévu, regarde tu vois pas, je suis déjà prêt à sortir le champagne et les confettis… Bien sûr que tout s’est pas passé comme prévu !


L’homme Crocorible plongea son visage dans ses mains, essayant de se calmer, alors que Giratina s’installait nonchalamment sur un fauteuil dans le coin du salon, les bras croisés. Il décida de répondre à la place de sa “femme”.

-Disons pour faire simple que la petite Nila, douze ans, vient de mettre une raclée mémorable à ton Appelé, et de retourner toute l’assemblée pour s’intéresser à une autre faction que la nôtre~

-Nah… nah nah nah nah nah nah…


Un visage sombre sortit des mains de Steven, son regard un peu visible par dessus ses lunettes brillant d’une haine plus froide et plus maîtrisée.

-C’est pas Nila. J’y crois pas. On a une pièce du puzzle qui nous échappe. Elle a dû se faire manipuler par quelqu’un d’autre.

Victini se déplaça pour s’installer sur une chaise de son côté, sans faire de bruit, pensif. Steven semblait pourtant avoir considéré dans son plan tous les acteurs présents sur l’Archipel qui pourraient influencer le déroulement de la réunion. Alors…

-Mais… par qui ?

-Tss… Bah en fait, mon p’tit rouquin, j’en sais rien. Forcément une personne extérieure, comme nous.

-Giratina : Il doit s’agir des Rebelles, non ? Ils ont des grosses têtes, ces gars-là.

-Steven : Non non, ça ne tient pas. La gamine a parlé d’une faction inenvisagée. Et seuls elle et ce Fernando semblent au courant. C’est pas possible, on ne peut pas s’en sortir si on ignore notre adversaire… Hmm ?


L’homme Crocorible fut sorti de ses réflexions par une vision qui l’énerva encore plus. Face à lui, quelques mètres plus loin, contre un mur, se tenait l’homme Guériaigle, toujours en train de le fixer de son regard perçant et insondable.

-... Elohan Kerouac. T’es content, hein ? Avoue mon salaud. T’es là à rien foutre depuis le début, juste à nous regarder en nous jugeant comme si on avait volé ta pâtisserie. Ça te faisait chier notre façon de faire, hein ? Et là, évidemment, t’es trop content de nous voir échouer.

Le dénommé Elohan ne répondit pas aux remarques acerbes de son collègue Appelé, et se contenta de s’avancer vers lui, en marchant lentement mais d’un pas affirmé.

-Steven : Quoi ? T’as quelque chose à dire ? Franchement, c’est à se demander dans quel camp tu es. Si t’étais pas content, fallait pas venir, mon gars.

*BAM*

Personne ne vit rien venir, Victini et Giratina apercevant devant eux Steven Ursal voler sur plusieurs mètres, s’étant pris un coup de poing d’Elohan en pleine face. Les lunettes de l’homme Crocorible explosèrent en morceaux et il cracha du sang avant de s’abattre sur le sol, déboussolé et blessé. Victini ne parvenait pas à fermer la bouche, la surprise étant totale, des gouttes de sueur perlant sur son front. La crainte qu’il avait de Steven venait de s’envoler en un instant, remplacée par la terreur inspirée par l’Homme Guériaigle, qui l’avait mis à terre en un seul coup de poing.

-Mais… mais… mais pourquoi ?!

Victini venait de dire tout haut ce que Steven était incapable de demander tout bas, dans son état. L’Appelé Guériaigle ne répondit pas tout de suite, se contentant d’avancer et de pousser violemment du pied la chaise sur laquelle Steven avait échafaudé son plan la veille. Puis, Elohan prit place face à la dite table, l’air implacable. Puis, finalement… Une voix grave et sérieuse, particulièrement impressionnante, émana du personnage.

-Elohan : Car la plaisanterie a assez duré.


https://www.youtube.com/watch?v=yWaUJv6w2RM


La voix du Guériaigle était incisive, alors qu’il regardait du coin de l'œil l’homme Crocorible, qui peinait à se relever.

-Pathétique. Tu subis ton propre karma, Steven Ursal. Je prévoyais un châtiment bien plus brutal pour ta personne… Mais l’humiliation que tu viens de subir vaut le plus puissant des coups de poing, n’est-ce pas ?

L’homme Guériaigle croisa les bras, jugeant l’usurpateur de haut.

-Je t’ai bien examiné. Manipuler des honnêtes innocents. Ne penser qu’à ton estime personnelle. Corrompre les gens. Tout cela, je peux l’entendre. Car c’est pour la cause de Missingno. Mais ton plus grand tort est ton orgueil.

Steven fronça les sourcils, reprenant un peu sa contenance.

-Steven : De quoi tu parles… ?

-Tu as sous-estimé la situation, voilà tout. Tu as vendu la peau de l’Ursaring avant de l’avoir tué. Et cela aurait pu porter préjudice à la cause de Missingno. Cela, combiné à ton comportement égocentrique et toxique, méritait largement une telle punition.

-Tss, j’aurais aimé t’y voir, toi…

-J’étais occupé. Pendant que tu sirotais à ta victoire… Je me suis renseigné.


L’homme Guériaigle fronça les sourcils, posant les paumes de ses mains sur la table.

-Je pense savoir qui a manipulé Nila Pevera. Une personne dénommée Anastasia Sunchuka ; alias Zero, ancienne chef des Stalkers. J’en tiens pour preuve que cette personne a toujours beaucoup tourné autour de Blumm. Elle tenait des relations assez proches avec les Bailerina évidemment, les Aguilera aussi, mais surtout les Pevera.

-Giratina : Et d’où tu sors ça au juste… ? Comment tu peux savoir tout ça ?


Une aura jaune émit de l’Appelé, ses yeux jaunes perçants commençant à briller.

-Un Guériaigle commence toujours par examiner sa cible avant d’attaquer.

L’aura d’Elohan disparut, alors qu’il continuait son propos.

-Anastasia Sunchuka, donc… Elle est l’une des raisons pour laquelle aujourd’hui, je ne te punirai pas plus pour tes crimes, Steven. Car… elle représente un cas bien pire. Selon mon enquête, il est fort probable qu’elle ait manipulé la famille Bailerina, la conduisant au massacre de Blumm que nous connaissons tous. Elle est aussi une grande ennemie de Missingno, chef des Stalkers qui ont causé tant de ravages. Et… Oui, elle a fait un autre crime bien pire que ça.

Le visage du Guériaigle devint plus sombre encore, alors qu’il semblait penser à quelque chose.

-Cette femme doit être jugée pour tout cela… Mais surtout, elle doit être arrêtée. Car de toute évidence, elle veut recommencer son piège mortel sur une autre victime, Nila Pevera. C’est de mon devoir de l’en empêcher, même si cela entend travailler avec un vulgaire Crocorible comme toi, Steven. Aussi…

Elohan se redressa et s’éloigna de la table, toisant du regard Victini et Giratina.

-... Je reprends les rênes de l’opération. Victini…

L’homme Guériaigle approcha du Déchu de la victoire, avec la même allure que pour Steven. Le jeune homme effrayé recula, trébuchant sur sa propre chaise et tombant à la renverse, paniquant, rampant en arrière jusqu’à se retrouver acculé dans l’angle de la pièce, l’ombre d’Elohan projetée par la lumière au plafond le recouvrant complètement, alors qu’il se couvrait le visage avec ses bras en attente de l’impact. La silhouette du Guériaigle le surplomba quelques instants, mais finalement, celle-ci se baissa peu à peu alors qu’Elohan se mettait à la hauteur de Victini, faisant ressurgir peu à peu la lumière sur le visage du rouquin, comme si la vie elle-même lui avait accordé sa place ici-bas. La main gauche de l’Appelé se posa alors sur l’épaule du Déchu, d’une manière extrêmement douce et bienveillante en contraste total avec la violence du coup qu’avait subi Steven. De plus, le visage du Guériaigle, bien qu’encore stoïque, semblait transmettre une forme de respect pour son interlocuteur.

-Elohan : Tu es une personne pure et sincère. Tu ne mérites pas de te faire manipuler ainsi par un idiot comme ce Crocorible. Sois toi-même. Va voir les habitants de Blumm, discute avec eux de tout et de rien, sois resplendissant. Je sais que tu nous conduiras à la victoire.

https://www.youtube.com/watch?v=Usa00-tdODY

Pour la seconde fois, Victini ne pouvait rien ressentir sinon de la surprise. Il écarta ses bras, baissant doucement sa garde, ses yeux bleus tremblants se plongeant dans ceux du guerrier tribal, alors qu’il parvenait à peine à comprendre ce qui venait de lui arriver. Le coup de poing ou de pied qu’il s’attendait à recevoir n’était jamais arrivé. A la place, Elohan… le complimentait ? Lui ? Victini ? Lui qui n’était d’habitude respecté par quasi personne, à cause de sa taille, de son apparence, de son manque de charisme ? Lui qui ne faisait toujours que suivre sans oser répondre ? Mais cet homme…

-Sois toi-même.

-Sois resplendissant.


Ces mots… Il avait l’impression de ne jamais les avoir entendu auparavant. Il n’avait jamais eu confiance en lui. Alors, être “lui-même”... ? Que quelqu’un lui dise ça… Ces mots le remplissaient d’énergie. Comme si une flamme venait de s’allumer dans son être… Un feu qui n’avait jamais eu droit à son étincelle jusqu’à maintenant. Il en avait presque les larmes aux yeux.

-Je… Je veux être moi-même… Je veux… JE VEUX RESPLENDIR !

Sa chevelure rousse s’alluma d’un coup, prenant feu, ses oreilles de Victini se dressant sur sa tête pour représenter un V flamboyant, alors que ses tâches de rousseur prenaient elles aussi une couleur brûlante. Son visage était comme un ciel étoilé vu de plus près, comme si des dizaines de soleils irradiaient depuis son front et ses joues, illuminant Elohan, illuminant le sol, la pièce, le plafond. Cela faisait un contraste inhumain avec l’enfant terrorisé qu’il était il y a encore une minute, littéralement le jour et la nuit.

Victini se releva d’un bond, semblant être devenu un brasier vivant, dégageant une énergie phénoménale qui ne demandait plus qu’à être libérée, un grand sourire confident se dessinant sur son visage.


-Nous… Grâce à moi… Nous allons gagner !!

L’homme Guériaigle s’était contenté de regarder sobrement le spectacle, sans un mot ni un sourire. Mais à la fin, il hocha quand même la tête en signe d’approbation, avant de se redresser. Puis il se tourna vers Giratina, qui regardait tranquillement la scène l’air intrigué et amusé par la situation.

-Elohan : Giratina… Je pense pouvoir te faire confiance. Pourrais-tu espionner les autres familles dans leur résidence, pour obtenir un maximum d’informations ? Évite juste la demeure des Pevera, on ignore à quels ennemis on a affaire. Je peux compter sur toi ?

-Hahaha… T’es un marrant, toi… Tu sais quoi, ça me va. Je t’aime bien finalement, et tu m’intrigues, donc je vais t’aider.

-Parfait. Quant à toi…


Le guerrier tribal se tourna à nouveau avec une mine impitoyable vers Steven, qui se redressait comme il pouvait, encore sonné par le coup.

-C’est l’heure de ta rédemption, il semblerait. J’ose espérer que ce coup-ci, tes capacités serviront à honorer la cause de Missingno, et non la tienne. Dans le cas contraire, et si tu te montres inutile, je risquerais fort d’être moins clément.

-Tss, okay, okay ! Pas de soucis, mon gars ! Juste, me tabasse pas, okay ?


Elohan Kerouac sembla satisfait de la réponse, et expira longuement dans un mouvement ample. Sa cape glissa légèrement sur le côté, révélant le haut de son bras droit sur lequel se trouvait écrit “JUSTICE”.

-Anastasia Sunchuka… Je te le jure sur mon honneur de Guériaigle… Aujourd’hui, je vais mettre fin à tes horribles crimes et à tes sombres desseins.

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MessageSujet: Re: Archipel Blumm   Archipel Blumm EmptyJeu 14 Mar - 22:42

https://www.youtube.com/watch?v=OoPRfITCS2M (loop)

Cela datait de si longtemps maintenant, au moins plusieurs siècles. Un temps si lointain qu'il en devint difficile à déterminer. La paix régnait sur l'archipel de Falinn, et plus notamment dans sa capitale, prospère et érudite. Si les classes sociales étaient assez hétérogènes, la grande majorité représentait une certaine forme de noblesse, les plus grandes familles de l'archipel s'étant réunis ici. On y trouvait ainsi les plus grandes académies, assurant un élitisme certain à ses élèves. Quelque part dans cette cité déjà florissante, se trouvait un manoir qui dénotait du lot, lot déjà pourtant gratiné. Grand, majestueux, digne des plus grands contes de fées. Et il en allait de même pour les pièces, faisant toutes preuve d'une architecture prestigieuse. L'une de ces pièces était une chambre lumineuse, rappelant les chambres de princesses les plus distinguées que l'on puisse s'imaginer. Le lit, semblant pouvant accueillir quatre personnes, n'en abritait pourtant qu'une seule, une jeune femme Gardevoir, tirant sur la vingtaine. Celle-ci dormait paisiblement, alors que le Soleil pointait au détour de la fenêtre, derrière un rideau blanc transformant le ton ocre des rayons en une lumière bien plus douce et pure.

Au bout d'un moment, la jeune femme fut tirée cependant de ce repos divin par l'entrée en scène de plusieurs servantes, qui commencèrent à tout préparer dans la pièce pour permettre au réveil de la Gardevoir de se passer dans des conditions optimales, le tout dans une routine plus qu'établie. Une gouvernante entra alors alors à son tour dans la chambre, un air sérieux au visage, et s'approcha de la belle endormie.


-Gouvernante : Mademoiselle Sunchuka, il est l'heure de vous lever.

-??? : Hmmmmm... D'accord...


Obéissant nonchalamment, la fameuse demoiselle prit quelques secondes pour se redresser en position assise, se frottant les yeux avec douceur, alors que la gouvernante attendait patiemment sur le côté. Puis la jeune Gardevoir s'extirpa du lit, une servante s'attelant la seconde d'après à s'occuper de la disposition des oreillers et de la couette, comme si un sort magique s'abattait sur la literie pour qu'il reprenne sa forme initiale dès qu'il était débarrassé de son hôte. Tout parut alors flou pour la demoiselle, n'étant pas encore sortie de la torpeur du sommeil, alors qu'elle sentait des mains s'appliquaient sur son corps, pour la guider et la manipuler. Elle était comme une poupée à taille de gijinka, n'ayant pas le moindre contrôle sur la situation, alors que les servantes, d'une efficacité notable, s'assuraient de lui fournir de sa toilette matinale, la déshabillant, la coiffant, la pomponnant, la rhabillant, le tout presque totalement en même temps, et sans que la princesse de ce conte de fées n'ait grand chose à faire, à part suivre machinalement le mouvement. Puis, sans même qu'elle s'en rende compte, la Gardevoir se trouvait désormais dans une autre pièce, une grande et sublime salle à manger, dont la longueur de la table semblait disproportionnée par rapport à son nombre d'usagers. La demoiselle se retrouva à s'asseoir élégamment sur une chaise tout aussi élégante de par son design, face à un petit déjeuner encore plus élégant. De douces pâtisseries colorées, un service à thé coquet, et de multiples autres plats sucrés ou salés offrant un catalogue de choix aussi varié que délicieux. Cependant, comme à son habitude, la demoiselle se contenta de se servir dans l'assiette dédiée aux fruits, prenant une des tranches prédécoupées de pomme s'y trouvant. Elle dégusta alors son mets préféré habituel alors qu'une servante lui servit un thé vert juste assez chaud pour être dégusté immédiatement, sans se brûler les lèvres. Alors que la jeune femme commençait à émerger de son sommeil, elle entendit une voix féminine lui parler.

-N'oubliez pas de rentrer tôt de l'académie ce soir, Anastasia. Vous n'avez pas oublié, n'est-ce pas ?

La personne qui avait parlé était en face de la jeune femme, tout à l'autre bout de la table, en train de boire son propre thé avec un air distingué. C'était une autre femme Gardevoir, bien plus âgée, semblant aussi distinguée que sévère dans sa posture et dans la tonalité de sa voix. La dénommée Anastasia hocha la tête sans même la regarder, alors qu'elle sirotait doucement sa tasse.

-Non, bien sûr, mère... Père sera au manoir pour la nuit, et je ne peux que me languir à l'idée de le revoir.

-Tout comme moi. Il sera sûrement fatigué de son voyage, aussi je compte sur vous pour bien vous comporter dès son arrivée.


La discussion s'arrêta sur ces mots, l'essentiel ayant été dit et aucune information ou émotion bénigne ne semblant avoir besoin de s'ajouter à la conversation. Comme tous les matins. Une fois repue et bien réveillée, toujours en se laissant aller au mouvement des servantes, Anastasia termina de se préparer et partit pour l'université. Du moins, elle se laissa transporter jusqu'à cette dernière. Ce n'est qu'à l'instant qu'elle fut libérée de cet élan extérieur, semblant enfin s'éveiller en tant que la femme Gardevoir qu'elle était. Elégante, populaire, intelligente. Et surtout extrêmement charismatique. Suivant un cursus basé sur la rhétorique et la politique, elle était déjà vu comme la major de sa promotion, dont l'avenir resplendissant était tout tracé. Tout tracé depuis bien longtemps d'ailleurs, ses parents l'ayant clairement aiguillée sur cette voie. Ce qui faisait que très souvent, une bonne partie des hommes de l'université lui faisait la cour. Ce fut notamment le cas d'un jeune homme Gallame très charmant, Ivan, qui vint l'accoster lors de la pause du midi, alors qu'elle discutait tranquillement avec une de ses amies, une femme Brasegali.

-Ivan : Anastasia, encore bravo pour votre performance tantôt en cours lors du débat de groupe. Vos mots brillent toujours autant que les étoiles dans la nuit, sachez-le.

-Anastasia : Oh Ivan, vil flatteur... Vos arguments étaient également très intéressants, vous savez.

-Vous savez, je vous ai déjà fait la proposition j'en conviens, mais je serais vraiment ravi de discuter plus en détails de ce genre de sujets avec vous autour d'une table et d'une boisson raffinée. Je suis sûr qu'on ne pourrait en tirer que des choses plus que positives. On pourrait faire cela ce soir après les courses, par exemple, je connais un excellent endroit, aussi raffiné que vous.

-Oh, votre proposition m'honore, Ivan, mais malheureusement, je me dois de décliner encore cette fois... J'ai déjà quelque chose de prévu après les cours, vous le savez sûrement, mais une femme de mon titre est très tiraillée par son emploi du temps... Mais je n'oublierais pas votre offre, lorsque le temps me le permettra.

-Ivan : Oh, je me languis de ce moment, Anastasia, n'hésitez pas à me proposer à votre tour le moment venu.


L'homme Gallame fit une élégante courbette en disant cela, puis s'éloigna, laissant Anastasia et son amie seules dans le couloir où il les avait interpellé. Les deux femmes échangèrent un regard complice avant de glousser, puis reprirent leur conversation anodine.

__________________________________________________________________________


Plus tard dans la journée, après les cours et à l'abri des regards dans une ruelle en dehors de l'université, les deux mêmes femmes étaient en train de tendrement s'embrasser, Anastasia avec douceur et son "amie" avec un peu plus de fougue, mais tout de même de la tendresse. Rompant amoureusement leur baiser, elles s'échangèrent un regard malicieux, alors que la femme Brasegali, dénommée Sonia, caressait lentement la joue d'Anastasia. De la même université que sa comparse, elle était cependant dans une branche bien plus modeste bien qu'honorable, dans le domaine de la communication.

-Sonia : Alors comme ça, Ivan voudrait discuter de rhétorique avec toi ? Et c'est que tu déclines pas complètement en plus~ "Oh, je me languis de ce moment, Anastasia" !

-Oh, Sonia, arrête, tu sais bien que je dis ça par politesse...

-Oh tu sais, je t'en voudrais pas, il est beau garçon, hein, tu peux pas dire le contraire~


La femme Gardevoir était toute embarrassée, le teint rouge pivoine, alors qu'elle appuyait ses deux mains sur les épaules de la femme Brasegali.

-Eh bien, c'est sûr qu'il est assez mignon et poli... Mais tu le sais bien, je n'ai d'yeux que pour toi~

Anastasia disait cela avec un doux sourire, auquel Sonia répondit avec un visage attendri. Puis elle reprit des mimiques taquines et familières, changeant de sujet.

-Sonia : Ah là là, je me demande tout de même comment tu fais pour vivre dans un monde comme ça. Ils sont tous si droits dans leurs bottes, si guindés, si solennels... Vraiment, on doit s'ennuyer comme un rat mort avec eux dans la vie quotidienne. En admettant qu'ils en aient une.

-Ils ont plus de temps libre que moi, en tout cas...


La femme Gardevoir eut le regard un peu plus sombre que d'habitude en disant cela. En la voyant ainsi, sa camarade changea également de comportement, devenant plus tendre et compatissante.

-Sonia : Ce n'est pas ta faute. Et de toute façon, ce mode de vie est bientôt terminé, n'est-ce pas ? C'est le grand jour, après tout~

-Oui... Mon père arrive dans la soirée. Cette fois-ci, je suis prête à leur annoncer. Ma relation avec toi. Ma volonté de passer moins de temps sur mes études et dans leur manoir. Et surtout, si ils refusent, mon départ définitif.

-Tu n'as pas trop peur de leur réaction... ?

-Pas le moins du monde, Sonia... Je sais déjà qu'elle sera négative, j'ai eu le temps de m'y préparer. Peu importe comment ils le prendront...


Anastasia prit la main droite de Sonia au creux de ses douces paumes, et continua, l'air déterminé.

-A partir de demain, nous vivrons ensemble, librement.

La femme Brasegali fut touchée par les mots de sa dulcinée, et la prit dans ses bras, dans une étreinte pleine d'amour.

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https://www.youtube.com/watch?v=WdUh7rYKk3w (loop)

La soirée débuta, et comme prévu, le père d'Anastasia, un homme Gallame, vint au manoir. Comme prévu, un repas luxuriant fut édifié en l'honneur de ce dernier, ayant demandé au personnel des préparatifs sur l'ensemble de la journée. Comme prévu, les deux parents et leur fille se retrouvèrent dans la salle à manger, après que le père ait baisé la main de sa femme et de sa fille avec élégance. Et comme prévu, les trois personnes s'installèrent à leur chaise, les deux parents face à face d'un côté, la fille en bout de table de l'autre. Tout semblait parfaitement orchestré, comme une pièce longuement répétée. Si le matin était particulièrement silencieux, ce coup-ci, la place était, comme au théâtre, aux paroles et aux longues phrases, les deux parents s'échangeant de longues tirades n'évoquant pourtant que des sujets très simples au départ, sur l'état de la maison, la bonne réussite du mari, les accrochages de la femme avec certaines servantes, et ceci même lorsque celles-ci étaient autour d'eux, en train de les servir. De temps en temps, le père accordait son attention à Anastasia, lui posant encore une fois des questions très convenues, comme sa réussite -évidente- en cours, et si les servantes accusées précédemment avaient fait le moindre faux pas. A tout ceci, la jeune femme n'eut que des réponses tout aussi classiques, parlant avec le même lyrisme et la même élégance que ses parents, mais sans pour autant dire grand chose. Puis elle se taisait à nouveau, laissant ensuite son père et sa mère s'égarer sur d'autres sujets traditionnels. Tout était dans l'apparence, Anastasia se contentant d'attendre un moment opportun pour aborder le sujet fatidique, sa relation avec Sonia. Pour l'instant, cela ne s'y prêtait pas, car évidemment, il fallait d'abord parler des familles riches avoisinantes, concurrentes ou non, et de leurs éventuels déboires, afin de mieux se satisfaire de leur propre situation.

-Père : Et la famille Ostermann‎ ?

-Mère : Rien de bien intéressant, à vrai dire... La femme a l'air toujours aussi soupçonneuse envers son mari. Je pense qu'à un tel degré d'insécurité, il n'est guère décent de venir se montrer grande et fière lors des galas...


Cette portion était vite pliée, très souvent, les mêmes mondanités revenant à chaque fois, et en général, il venait très vite le moment où son père demandait ensuite à sa fille, par convenance, où en étaient ses relations sociales. Sûrement pour s'assurer que ses fréquentations ne se rapprochaient pas trop d'une des familles évoquées plus tôt ?

-Mère : Par contre, j'ai une histoire vraiment croustillante au sujet de la famille Davyda...

-Père : Vraiment ? Ils ont toujours été un peu des électrons libres, cela ne m'étonne point.


La stratégie d'Anastasia avait été mûrement réfléchie et tranchée : Elle annoncerait de manière très directe sa relation amoureuse, sans détour, afin de créer la surprise la plus totale. Si elle laissait à ses parents le temps d'anticiper ce qu'elle allait dire, ils trouveraient plus facilement un moyen de répliquer, et elle tenait à ce que cela n'arrive pas. Elle allait mener la danse et asseoir sa domination sur la conversation, comme elle l'avait déjà fait par le passé avec tant de personnes.

-Mère : Certes, certes, mais cela concerne ce coup-ci leur fils aîné, Boris. Vous vous souvenez de Boris, n'est-ce pas ?

-Oui, il avait un avenir très prometteur, non ? Il était prêt à reprendre les rennes de l'entreprise de son père.


La femme Gardevoir avait tout un panel d'arguments incontestables sous sa manche. De toute façon, les réponses de ses parents étaient si prévisibles. C'est impossible de se coupler avec une personne de la plèbe ? "Von Knorring l'a pourtant fait il y a de ça une vingtaine d'années, et sa famille reste aujourd'hui l'une des plus puissantes." L'image que cela aurait pour notre famille ? "Cela serait au contraire une preuve de force, de par notre capacité à assumer nos choix sans craindre les regards, et d'ouverture d'esprit à l'image de notre modernité." Et la descendance, Anastasia, y avez-vous seulement pensé ? "Il existe bien d'autres solutions que la simple reproduction pour étendre son empire familial." Et évidemment, le fameux, je refuse qu'une fille couchant avec une ribaude gîte sous mon toit ! Ce à quoi sera répondu "Eh bien, reniez moi donc. Je saurais voler de mes propres ailes. Mais vous, qu'adviendra-t-il de votre famille sans votre fille unique ?" Dès lors, l'échec rosira les joues de ses parents, lui donnant un avantage conséquent. Il ne lui restera plus qu'à imposer ses conditions, et Anastasia aura gagné.

-Mère : Hmm, et bien, vous en serez fort abasourdi, mais l'enfant a tout abandonné pour une gamine de son âge.

https://www.youtube.com/watch?v=U9KA33YFUNs (loop)

Anastasia loupa un battement de cœur à ces mots, son esprit arrêtant ses préparatifs pour se concentrer sur la surprise d'une telle nouvelle, la jeune Gardevoir cillant rapidement en regardant sa mère.

-Père : Oh, vraiment ? Moi qui le pensais un minimum responsable, se livrer à la première venue ainsi, en reniant tout un héritage... Quelle idiotie.

-Une femme loin d'être noble, qui plus est. Et vous savez le pire dans tout cela ? La demoiselle s'est enfuie quelques jours après, avec tous les objets de valeur que le fils avait volé à son paternel.

-Père : Oh oh... Monsieur Davyda a dû être d'une drôle d'humeur.

-Il a déshérité son fils, bien évidemment. Je ne l'envie guère lui et sa femme, pour une fois.

-Effectivement... C'est un tel gâchis...


Il y eut un léger silence, et le père se tourna vers Anastasia, l'air interrogateur alors que son cerveau avait déjà changé de sujet.

-Et sinon, ma fille, comment se portent vos relations ?

Quelque chose s'était brisé dans l'âme d'Anastasia, celle-ci s'étant figée tel du marbre. Son esprit, du fait d'un doute croissant, se mit à s'embrumer, son cœur battant la chamade comme si elle perdait pied. Elle resta ainsi quelques secondes, ses parents se demandant ce qui lui arrivait, puis soudain, le visage de la jeune noble, jusqu'ici baissé, se redressa, affichant un sourire digne et confiant.

-Eh bien, mon père, sachez qu'elles se portent magnifiquement biens.

*Quelle idiote je fais. Qu'est-ce qui m'a pris au juste ?*

La main droite d'Anastasia se dressa machinalement et élégamment, paume vers le haut, comme si celui-ci était dirigée par un fil de marionnettiste.

-Vous vous souvenez de Ivan Golovnine, ce charmant jeune homme Gallame ?

*Et si Sonia me trahissait ? Et si ça ne marchait juste pas entre nous ? Et si le destin l'éloignait de moi ? Qu'est-ce qui me restera ?*

La main gauche, comme dirigée par un autre fil, se plaça doucement sur la poitrine de la jeune femme.

-Vous n'êtes pas sans savoir que sa famille est l'une des plus puissantes de la ville, d'éventuels alliés de choix pour nous.

*Je perdrais tout. J'ai passé tant d'années à m'instruire, à m'exercer, à travailler dur pour suivre la voie qui m'est tracée. Ce serait deux décennies de ma vie, juste, jetées à la poubelle.*

Un nouveau fil s'était tracé au-dessus de la tête d'Anastasia, la faisant hocher la tête avec conviction alors qu'elle continuait.

-Eh bien, sachez que ce cher Ivan est de plus en plus entreprenant avec moi, et je pense fortement qu'il n'est pas insensible à mes charmes ! Et à vrai dire, moi non plus...

*J'ai beau l'aimer de tout mon cœur... Ca ne peut juste pas marcher. C'est impossible que ça marche. Je dois me concentrer sur les vraies priorités. Ma famille. Ma carrière. Mon image.*

Comme entièrement contrôlée par une force dont elle avait à peine conscience, la femme Gardevoir tendit ses deux mains sur le côté, ravi de la nouvelle qu'elle était en train de transmettre.

-Pour être honnête avec vous, je songe sincèrement à me rapprocher de lui, par amour, mais aussi pour l'avenir de notre radieuse famille.

*Oui. Aucun doute. C'est le choix raisonnable. Le choix sans lubies. Le choix... Que je ne regretterai pas.*

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CLAP.

Le bruit de gifle résonna dans toute la ruelle, alors que Sonia, en pleurs, tournait le dos à Anastasia. Celle-ci, la joue meurtrie, n'afficha pas la moindre émotion, restant stoïque. C'était pour le mieux. Sonia trouverait mieux. Tout le monde ira pour le mieux ainsi. La vie suivra le cours qui lui était destiné.

Et c'était ce qui s'était passé.
Anastasia se maria à Ivan, comme prévu.
Elle entama une carrière de diplomate, comme prévu.
Elle fut la fierté de ses parents, comme prévu.

Tout, de la première à la dernière lettre, se déroula comme prévu.

Sauf ce jour-là, des années plus tard, où Anastasia et Ivan se déplaçaient dans la rue, en couple, pour rejoindre la maison des Sunchuka, pour un énième repas de famille théâtral. Tout était comme à son habitude, Ivan était poli et galant, Anastasia charmante et élégante. Elle souriait de tout son large, à un point qui aurait pu paraître non naturel si elle ne l'avait pas tous les jours maintenant. Puis, soudain, en arrivant pas loin de l'entrée du manoir familial, quelque chose sortit la femme Gardevoir de son état second, lorsque son pied s'enfonça dans une flaque boueuse, salissant grandement sa chaussure droite ainsi que le bas de sa robe. Quelque chose sembla se stopper net à ce moment-là, un étrange éveil, alors qu'Anastasia regardait son pied sale, sans réagir. La réaction d'Ivan, elle, fut instantanée.


-Ivan : Oh, ma douce ! Ne vous en faîtes pas, je vais vite chercher une servante au manoir, hors de question de vous laisser comme ça !

Et tel un vaillant gentilhomme, l'homme Gallame s'élança vers la grande maison pour aller chercher du secours pour cette situation incongrue. Anastasia regarda longuement sa jambe, comme si elle venait d'avoir un instant de lucidité. Un instant bref, mais intense. Un rappel tonitruant. Celui qu'elle n'était pas heureuse. Et qu’elle ne le serait jamais. Elle fixa encore quelques secondes son pied boueux, et après avoir affiché un air sombre pendant tout ce temps, finit par revêtir son plus beau sourire, comme si tout redevenait normal, avant de crier à Ivan :

-Voyons, mon amour, ce n'est pas la peine ! Je peux très bien aller jusqu'à l'entrée dans cet ét-

Anastasia Sunchuka ne put jamais terminer sa phrase. Un rayon d'énergie vert, extrêmement épais et puissant, jaillit de la gauche du bâtiment, rasant complètement le manoir, ses locataires, ainsi que Ivan juste devant, le tout sous les yeux médusés de la femme Gardevoir. Le souffle propulsa Anastasia, pourtant assez éloignée, en arrière sur le sol, alors que le rayon avait complètement rasé la maison ainsi que celles un peu plus loin dans la même ligne. Il n'en restait plus une trace de l'édifice et de ses occupants. La jeune diplomate resta figée, enchaînant plusieurs émotions dans les minutes à venir. L'effroi. Le déni. La tristesse. L'incompréhension. Tout un panel de sentiments. Mais finalement, au bout d'un certain temps... Un seul sentiment sembla rester. Le terrible sentiment de regret, alors qu'une phrase commençait de plus en plus à raisonner dans la tête d'Anastasia à ce moment-là.

Tout ça pour ça ?

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Anastasia Sunchuka se réveilla en sursaut. Elle avait des gouttes de sueur sur le front et sur la poitrine, alors que son souffle était devenu haletant. Extirpée de son sommeil par ces mauvais rêves, la femme Gardevoir prit quelques secondes pour reprendre le fil, se détendant progressivement. Puis finalement, quand son calme fut revenue, elle se marmonna à elle-même.

-Ce n'est pas le moment de se distraire, Anastasia... Tu as une mission importante qui t'attend.


https://www.youtube.com/watch?v=hiNSu24BNGQ

La femme se redressa du canapé où elle s'était endormie paisiblement, une couverture verte posée sur elle. Elle constata cette dernière, ne se rappelant l'avoir prise quelque part, mais n'y fit pas attention. Elle se souvenait juste qu'après avoir passé la nuit à préparer la jeune Nila Pereva à sa réunion, elle s'était finalement endormie peu après que la jeune Coxyclaque avait pris son envol et était partie défendre leurs intérêts. Cette dernière était partie très tôt le matin, et il ne semblait pas être si tard que ça, Anastasia n'avait sûrement dormi que quelques heures. La rencontre ne doit sûrement pas être terminée, sinon quoi elle aurait déjà été réveillée. Rassurée à l'idée de n'avoir rien manqué, la femme se leva élégamment de son lieu de repos, s'étirant tout en finesse avant de chercher une certaine personne du regard dans le salon, ne trouvant pas de suite celle qu'elle recherchait.

-Viri ? Tu es là ?

La pièce resta désespérément vide à son appel. Après quelques instants de flottement, une voix se fit entendre dans la pièce voisine.

-J’arrive, j’arrive…

Viridium entra joyeusement, amenant un service à thé sur un plateau. L’odeur de l’infusion emplit le salon en même temps que la bonne humeur de la mousquetaire.

-Je ne pensais pas que tu te réveillerais si tôt. Ça va ? Tu es en nage…

La femme Gardevoir, rassurée de voir apparaître sa tendre, surtout avec une si délicate attention dans les mains, se contenta de sourire l’air embarrassé, remettant correctement une mèche de cheveux lui barrant le visage.

-Oh oui, ne t’inquiète pas, un simple mauvais rêve… Cela doit être le stress. Je suppose que Nila n’est toujours pas rentrée ?

-Si tu le dis…J’espère qu’après tout ça on pourra enfin se reposer.


Ayant du mal à cacher son inquiétude, Viridium déposa un baiser sur le front de son aimée en se baissant pour poser le plateau.

-La réunion devrait s’achever en ce moment. Nous ne devrions pas tarder à revoir notre apprentie.

Anastasia s’était laissée faire sans dire un mot, remerciant sa bien-aimée d’une simple caresse sur le bras, alors qu’elle remerciait cette dernière et prenait sa tasse, soufflant doucement et patiemment dessus.

-Oui… Mais malheureusement, si tout se passe comme prévu, on est loin de pouvoir se permettre du repos. En fait, pour être franche, je pense que le pire est à venir…

La femme Gardevoir n’eut pas le temps d’étayer son propos, alors que la porte de la maison s’ouvrait au loin, dans le hall d’accueil. Les bruits de pas légers et hésitants furent un indicateur immédiat pour les deux femmes que c’était bien leur hôte qui approchait. Nila apparut alors sur le pas de la porte, regardant en rougissant ses deux aînées. Entrevoyant l’expression satisfaite de la jeune Coxyclaque, Viridium fût empreinte de fierté pour son élève, attendant en souriant son récit. Anastasia fut moins clairvoyante, encore peu réveillée, et dévorait du regard l’enfant en quête d’une réponse. Nila eut un petit sourire enjoué, et déclara fièrement :

-Nila : Ça a marché ! Ils ont tous annulé leur vote et accepté la rencontre avec le camp mystérieux !

-Ah ! Félicitations ! Je savais que tu pouvais le faire !


Et ne laissant pas à la jeune diplomate le temps de réagir, la mousquetaire la prit dans ses bras. La petite Coxyclaque ne s’y attendait pas mais ne refusa pas pour autant, se mettant à rire de joie et de fierté, alors qu’Anastasia ne bougeait pas, le thé toujours dans ses mains, et se contentait d’un sourire satisfait et fier.

-Nila : C’était très stressant… Mais à la fin, ils faisaient moins les malins ! Surtout madame Bailerina, elle était toute pâle et en sueur !

-Anastasia : Hmm… Ca confirme définitivement mes craintes alors, il s’agit sûrement d’un ou de plusieurs Déchus… Encore merci de nous avoir prévenues de ce conseil, Nila, tu viens potentiellement de sauver ton peuple d’un vil complot.

-Nila : Pas de soucis, madame Sunchuka… Je vous dois beaucoup après ce que vous avez fait pour moi lorsque… Fin, vous savez…


La jeune fille sembla un peu attristée, se remémorant le massacre d’Artikodin, et finalement, ajouta avec un sourire regagné :

-Dans trois heures, une nouvelle réunion aura lieu, sans Victini ce coup-ci. Ils acceptent d’entendre le ou la représentante du camp mystérieux dans leur salle de conseil ! Ce qui me fait me poser une question, d’ailleurs… Vous ne l’avez pas dit, mais qui sera cette personne ?

https://www.youtube.com/watch?v=qo2s7WCdH8g

La jeune Coxyclaque prit un air interrogateur, alors que l’ambiance changea légèrement dans la pièce. Anastasia fronça les sourcils, l’air un peu plus sombre, sachant qu’elle ne pouvait plus repousser le sujet, notamment par rapport à la femme dont elle était amoureuse.

-Anastasia : Viridium étant une ancienne Déchue, il serait risqué de l’envoyer, cela donnerait trop de mou au camp adverse pour la piéger sur ce qu’ils connaissent d’elle, et pourrait perturber les membres du conseil la connaissant. Il n’y a donc qu’une solution…

La femme Gardevoir soupira et sirota un peu de son thé, avant de compléter calmement son propos.

-C’est moi qui me présenterai.

Sa compagne se tourna brusquement vers elle, et l'interpella, la voix pétrie d’inquiétude.

-Sans ton Bouclier Ultime ? Non, c’est encore plus risqué que si c’était moi !

-Nila : Uh ? C’est quoi son Bouclier Ultime ? Pourquoi c’est dangereux ?

-Anastasia : Un bouclier empêchant quiconque de me faire du mal… Mais évidemment, il sera inefficace dans une pièce Anti-Maj. Je serais donc vulnérable à toute attaque physique.


L’ancienne chef des Stalkers se leva en posant sa tasse, et regarda sombrement Viridium dans les yeux, avant de continuer.

-Risqué pour ma vie, peut-être. Mais dans le cadre de notre plan d’obtenir l’appui du Conseil, nous aurons beaucoup plus de chances si c’est une diplomate comme moi qui se présente, tu le sais Viri.

-Anny…Pas le choix, mais je serais au plus près de ce lieu de réunion ! Je veux pouvoir intervenir immédiatement, hors de question que je t’attende ici !


Anastasia regarda sur le côté, attristée et semblant s’en vouloir de devoir contredire la volonté de Viridium.

-Ce n’est pas possible non plus, quelqu’un doit surveiller cette maison. Si personne ne reste ici, un ennemi pourra s’infiltrer à notre insu. Non, tu dois rester ici et nous faire confiance, il n’y a pas d’autre solution.

La mousquetaire fit la moue. C’était la première fois qu’elle allait devoir laisser Anastasia aussi vulnérable et sans protection. Elle se tourna alors vers Nila et la saisit par les épaules.

-...Tu sais te servir d’une épée ? Tu veux que je te donne un cours ?

-Nila : Hein ? Euh, pas trop, après je sais lancer des fléchettes…

-Hum…Eh bien prends-en avec toi. Je te charge de protéger Anny !

-Ah ! Euh, bah, je vais faire de mon mieux alors ! Promis juré !


La femme Gardevoir fut particulièrement attendrie et amusée en voyant cela, et s’approcha doucement de Viridium, lui prenant les mains dans les siennes.

-Ne t’inquiète pas, Viri. Ça reste une zone de diplomatie. Personne, les Déchus les premiers, n’a à gagner à attaquer un autre membre du Conseil. Et je serais prudente, tu as ma parole.

Sa dulcinée planta ses yeux dans les siens et lui donna comme seule réponse un doux baiser, lui accordant toute sa confiance. Finissant cet instant de tendresse, elle fit tout de même un signe à Nila, mimant un lancer de fléchette discrètement dans son dos.

https://www.youtube.com/watch?v=sGpNAeIE6Tw

Alors que cet instant de tendresse se déroulait, de l’extérieur de la maison, une silhouette guettait celle-ci du haut d’un toit avoisinant. Un homme Guériaigle, qui fixait longuement la maison avec ses yeux. Ces derniers brillaient d’un éclat jaune surnaturel. Tout ce qu’il voyait était altéré, son regard traversant les murs de la maison sans le moindre souci. L’ensemble de sa vision était entièrement noir, si ce n’était les silhouettes de gijinkas qui émettaient une lumière jauneâtre variable, comme une aura. L’air stoïque, Elohan fixa tour à tour chacune de ses habitantes.

D’abord, Nila, qui était très peu visible, avec une aura à peine perceptible.

Puis Viridium, donc l’aura était un peu plus forte mais restait légère.

Et enfin, Anastasia, dont l’aura était d’une puissance nettement supérieure, comme une étoile brûlante.

L’homme Guériaigle fronça les sourcils, regardant de nouveau Viridium, puis encore une fois Anastasia, la dévisageant l’air dur.


-Ton âme est vraiment fortement teintée de tes crimes, Anastasia Sunchuka. Je pourrais te voir depuis une autre île, même. Je vais devoir m’assurer qu’après ton jugement, tu seras châtiée à la hauteur de tes méfaits.

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